Saignée triangulaire...

Les différentes raisons évoquées pour expliquer le retard de développement de l'Afrique...
 
Mondialisation...
[Selon John Christensen (directeur de TJN)], l'une des failles les plus dangereuses de l'économie mondiale [les paradis fiscaux], a privé, par exemple, 33 pays africains de 1 000 milliards de dollars de capitaux depuis 1970.
Alain FAUJAS, Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 3.

Paludisme
L'Afrique est le premier continent touché (avec 85 % des cas et 90 % des morts) [...]. Le paludisme y fait encore 660 000 morts par an, essentiellement des enfants. 
[...] En 2000, l'OMS publie [...] une étude choc : elle montre que le PIB de l'Afrique subsaharienne, 300 milliards de dollars à l'époque, serait supérieur de 100 milliards si le paludisme avait été éliminé dans les années 1960.
Le coût économique direct annuel du paludisme en Afrique est estimé à  12 milliards de dollars. On évalue à 1,1 millions, le nombre de victimes sauvées cette dernière décennie grâce aux nouveaux traitements.
Chloé HECKETSWEILER, Le Monde, 05/11/2013, p. 9.

Esclavagisme...
[...] Nathan Nunn (Harvard) montre que les pays d'Afrique les plus pauvres, comme l'Angola, l'Ethiopie et le Tanzanie, sont aussi ceux qui ont fourni le plus d'esclaves. Or, ces régions étaient initialement les plus riches, cette richesse leur permettant de procéder aux opérations d'échange et de crédits nécessitées par la traite des hommes. 
[...] James Fenske (Oxford) et Namrata Kala (Yale) montrent que, durant les périodes de sécheresse, la hausse du prix de la nourriture et l'augmentation de la mortalité avaient pour effet de réduire le commerce d'esclaves. Or, il se trouve que les ports situés près de ces zones sont aujourd'hui ceux qui connaissent le niveau de vie le plus élevé. 
Enfin, le découpage arbitraire du continent par les pays colonisateurs a entraîné la multiplication de conflits civils, et donc retardé le développement
[...] Selon Nunn, l'esclavage expliquerait 70 % de l'écart de niveau de vie entre l'Afrique et le reste du monde. S'il n'avait pas eu lieu, l'Afrique connaîtrait un niveau de vie semblable aux autres régions en développement.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 102.

Pas si net...

Serions-nous victimes d'Internet-centrisme, comme le pense le chercheur Evgeny Morozov ? Selon lui, la promesse portée par Internet autour des valeurs d'horizontalité, de décentralisation et d'émancipation nous porte à vouloir réformer le monde autour de nous selon les mêmes principes. Un biais idéologique naïf, selon lui. D'abord parce qu'Internet cache une autre forme de centralisation et de nouvelles hiérarchies. Ensuite parce que la participation et la décentralisation ne sauraient résoudre tous les problèmes.
Alternatives Economiques, 06-07/2013, p. 87.

Immobilisant...

Il existe une forte corrélation entre le taux de chômage et la proportion des ménages propriétaires de leur logement. Ce constat, dressé par l'économiste Andrew J. Oswald, se fonde sur l'examen des statistiques américaines, Etat par Etat, sur plusieurs décennies : quand le taux de propriété double, le taux de chômage est multiplié par plus de deux. Explication avancée : la propriété du logement freine la mobilité et allonge les temps de trajet domicile-travail...
Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 82.
High Home Ownership as a Driver of High Unmployment, www.voxeu.org.

Dommages...

[Suite à l'abolition de l'esclavage,] le Parlement de Londres a versé, en 1833, 20 000 000 de livres [de dommages et intérêts] aux 3 000 propriétaires d'esclaves, soit l'équivalent de plus de 30 000 000 d'euros chacun.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 102.

Mini...

Si le chômage est bas en Allemagne, c'est grâce aux dispositifs permettant de réduire le travail en période de crise, tels que le chômage partiel et les comptes épargne-temps.
[...] Si plus de 2 millions d'emplois ont ainsi été créés entre 2002 et 2011, le nombre de CDI à temps plein a lui... reculé ! A l'inverse, les mini-jobs, payés au maximum 450 euros et qui n'ouvrent pas droit à l'assurance chômage, représentent désormais un emploi sur cinq.
Gilles RAVEAUD (propos de Arnaud CHEVALIER), Alternatives Economiques, 06/2013, p. 88.

Trop de pauvres tue le pauvre...

Comme toujours en période de difficultés économiques, il se trouve une partie de la population pour estimer que les droits en question [Sécurité sociale...] sont trop généreux, et pour souhaiter punir ceux qui y ont recours : le devoir se mue alors en contrepartie, car il s'agit de faire rembourser par le pauvre valide ce que la société lui a accordé. L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) s'en indigne, et montre que cette logique, d'esprit marchand, est aux antipodes de la solidarité et détruit le lien social, puisque le pauvre est suspecté d'abuser. Mais de quoi abusent les 62 % d'allocataires potentiels du RSA qui ne le demandent pas, s'indigne l'Onpes ?
Daniel CARDOT, Alternatives Economiques, 06/2013, p. 86.
Penser l'assistance, Rapport de l'Onpes, La Documentation française, 2013.

In and out...

Sous la surface de l'immigration et de l'émigration...
9. Le solde migratoire de la France est plus faible qu'ailleurs : il ne représente que 0,1 % de la population chaque année, contre 0,2 % en moyenne en Europe. Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques  06/2013, p. 60.
8. La France accueille la plus grande communauté musulmane d'Europe, 5 millions de personnes, dont la moitié est française. Le Nouvel Observateur, 09/2012, p. 104. 
7. Selon l'Institut national d'études démographiques (INED), la France comptait 5,1 millions d'immigrés [toute personne née étrangère, à l'étranger, et résidant sur le territoire national] au 1er janvier 2006 (soit environ 8 % de la population totale), dont 3,6 millions d'étrangers (5,8 % de la population totale). Ce qui signifie que 1,5 millions de ces immigrés sont en réalité de nationalité française. Alternatives Economiques, 05/2011, p. 60. 
6. Selon les Nations unies, la part des immigrés [toute personne ayant franchi au moins une frontière depuis leur naissance, donc y compris les français nés à l'étranger], dans la population hexagonale passe alors à 10,6 % selon les projections réalisées pour l'année 2010 [14 % en Espagne, 13 % en Allemagne, 13,5 aux Etats-Unis...]. Alternatives Economiques
05/2011, p. 60. 
5. Les immigrés originaires des pays membres de l'actuelle Union européenne à 27 représentent 35 % de la population immigrée totale, et près de 40 % si on y ajoute les pays européens non membres de l'Union. Alternatives Economiques, 05/2011, p. 60. 
4. Depuis 2003, ce sont entre 200 000 et 210 000 ressortissants étrangers qui s'établissent [légalement] en France chaque année [dont un quart de ressortissants de l'Union européenne]. Alternatives Economiques, 05/2011, p. 61. 
3. La famille reste le premier motif d'admission : il concernait 77 000 personnes en 2008, selon l'INED [dont 58 % sont des conjoints, des descendants ou des ascendants de Français]. Alternatives Economiques05/2011, p. 61. 
2. Depuis 1990, le solde migratoire [différence annuelle entre les entrants et les sortants] a augmenté, passant de 40 000 personnes par an à 75 000 en 2010 selon les estimations de l'INSEE. Ce chiffre reste deux fois moins important que celui enregistré dans les années 1960. Alternatives Economiques05/2011, p.62. 
1. Près de 32 000 personnes entrées irrégulièrement ont obtenu un titre de séjour en 2009 selon le rapport du Comité interministériel [...]. 228 000 ont été régularisés depuis 2002, contre 164 000 expulsionsAlternatives Economiques, 05/2011, p. 63.

Plus de place...

La France arrive en dernière position au sein de l'Union européenne pour le poids de la fiscalité environnementale dans ses recettes fiscales.
Eloi LAURENT, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 79.

Collectivisation latente...

[...] On se trompe [...] quand on assimile nos économies monétaires à des économies purement marchandes, en associant du coup le combat en faveur de la décroissance à la lutte contre la "marchandisation du monde" : les économies développées se caractérisent en effet par une hausse tendancielle de la part des richesses qui échappe à une logique purement marchande et privée, via les fameuses "dépenses publiques".
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 71.

Diviser pour mieux unir...

La recherche de l'abondance par la production et le travail est aux yeux d'Adam Smith, par exemple, le moyen de renforcer la cohésion des sociétés en accroissant les liens d'interdépendance entre les individus. Un siècle plus tard, le sociologue Emile Durkheim reconnaîtra à son tour la fonction morale de la division du travail. Cette dernière induit une solidarité fonctionnelle qui tient au fait que chacun a besoin des autres pour produire.
Sébastien LEGAY, Alternatives EconomiquesHors-Série n° 97, p. 69. 

Agro-écologie, ou pas...

Sous la surface des pratiques agricoles  et de leur impact écologique. Sous la surface de l'écologie, et son impact sur l'agriculture...
5. La surface totale des surfaces agricoles disponibles sur Terre stagne depuis 1991 et est même repassée sous les 1,4 milliards d'hectares. Manuel DOMERGUE, Alternatives EconomiquesHors-Série n°97, p. 60. 
4. L'agriculture a doublé sa consommation d'eau depuis 1960 et triplé ses prélèvements sur les stocks d'eau non renouvelables dans les nappes phréatiques. Thierry PECH, Alternatives Economiques09/2012, p. 33. 
3. Il faut à peu près une tonne d'eau pour produire un kilo de céréales, quelle que soit la céréale. Pour produire un kilo de poulet, il faut quatre tonnes d'eau. Pour produire un kilo de porc, il faut six tonnes d'eau. Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012. 
2. [...] Les terres arables se font plus rares : on comptait 0,35 hectare par personne en 1960, contre 0,2 aujourd'hui, soit un tiers de moins. Thierry PECH, Alternatives Economiques, 09/2012, p. 33. 
1. 10 000 mètres carrés de terres agricoles disparaissent chaque seconde dans le monde (dont 25 mètres carrés en France). Alternatives Economiques, 07-08/2012, p. 99.

L'origine des langues - Merritt Ruhlen

[...] Depuis au moins deux siècle, les linguistes [... ont] montré que les langues actuellement parlées sur Terre (environ 5 000) sont toutes les descendantes d'une seule langue ancestrale. Page 13. 
[... Pourtant] la plupart des linguistes (en fait, pratiquement tous) n'ont pas conscience de l'existence d'une telle preuve dans la littérature linguistique. En effet, la plupart des détenteurs d'un doctorat en linguistique croient non seulement qu'elle n'existe pas, mais surtout qu'elle ne peut pas exister, pour des raisons imaginaires [...]. Page 14. 
[...] Les langues n'empruntent que certains types de mots. Le cas le plus fréquent est celui où le nom d'une chose est emprunté en même temps que la chose elle-même. En revanche, des mots du vocabulaire de base comme "je, moi", "tu, toi", "deux", "qui ?", "dent", "coeur", "oeil", "langue", "non", "eau" et "mort" sont rarement empruntés, et même jamais empruntés dans un grand nombre de langues couvrant des zones géographiques étendues. [...] Quand nous trouvons des mots de cette sorte qui se ressemblent dans une vaste zone géographique, l'explication la plus vraisemblable est que ces ressemblances dérivent d'une ancienne migration de peuples. Page 32. 
L'auteur propose de nombreux tableaux de mots issus de différentes langues qu'il propose au lecteur de classer par familles...
[...] Nous avons comparé des langues de toute la planète [...] et partout nous avons pu les regrouper en familles évidentes, qui sont toutes reconnues comme valides. Nous avons ensuite appliqué ces mêmes techniques à ces familles [...] et là encore, nous sommes parvenus à une classification convaincante, comprenant deux grands groupes et deux familles isolées. Et pourtant, la science des experts dénie tout lien entre aucune de ces familles. Comment est-ce possible ? Page 116. 
[...] Les experts ne savent que ce qu'ils ont appris à l'école. Page 118. 
[...] Il me semble que l'explication réside pour une large part dans l'ethnocentrisme, l'eurocentrisme, en l'occurrence, des savants [du XIXe siècle, qui] eurent l'espoir d'être [...] tout aussi uniques que [la] merveilleuse famille [de langue à laquelle ils appartenaient, l'indo-européen]? Page 120. 
[...] Mais comment les indo-européanistes ont-ils pu perpétuer cette mythologie pendant tout notre siècle ? Je crois sur ce point qu'ils ont bénéficié du changement d'optique affectant l'ensemble de la linguistique, qui est passée d'un point de vue historique à un point de vue structural. [...] Aucun des manuels [de linguistique] ne dit un mot de la façon dont on découvre des familles de langues : la classification, fondement de la linguistique historique, n'est purement et simplement pas abordée. Page 122. 
[...] Ces préjugés sont aujourd'hui toujours bien vivants, mais [...] ils semblent perdre de plus en plus de leur crédit. Des faits extérieurs à la linguistique [archéologie, génétique des populations], et les données même de la linguistique comparée, mises sous le boisseau pendant le dernier siècle, mènent les chercheurs à une vision de la préhistoire humaine bien plus complète que ce que nous osions espérer auparavant. Page 123. 
[...] Si un biologiste s'avisait d'exiger une reconstruction complète du proto-mammifère, avec une explication complète de comment cette créature a évolué en chaque espèce de mammifère connue, avant d'admettre le fait que les êtres humains sont apparentés aux chats et aux rats, ses collègues croiraient à une plaisanterie. C'est pourtant une absurdité équivalente que les indo-européanistes enseignent dans les universités depuis si longtemps que la plupart des linguistes ne sont même pas conscients de sa nature mythique. Page 194. 
[Le comble est que] William Jones [a découvert] la famille indo-européenne sans avoir d'abord reconstruit le proto-celtique, ni le proto-germanique, ni le proto rien du tout. William Jones a simplement vu que ces langues partageaient certaines ressemblances qui les distinguaient des autres langues. Page 203. 
[...] On attend aujourd'hui d'un spécialiste qu'il sache tout à propos de la famille qu'il étudie [...] Cette vision compartimentée de la connaissance a abouti a une situation dans laquelle [...] les spécialistes sont incapables de se rendre compte de l'existence des structures communes, même les mieux représentées, simplement parce qu'aucun n'est au courant de ce qui existe hors de son étroite approche. Page 202.
Merritt Ruhlen, L'origine des langues, Folio, 2007.