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Vetocratie...

Le système [institutionnel américain] souffre selon [Fukuyama] d'un double mal : ce qu'il appelle la "vetocratie", le blocage systématique de l'exécutif par des partis incapables de compromis  ; et la "repatrimonialisation" de l'Etat qui, sous des dehors démocratiques, serait gouverné au profit de quelques-uns, l'auteur en prend notamment pour preuve l'explosion du lobbying à Washington et le creusement des inégalités.
Books, 12/2014, p. 102.

Rentabilité préventive...

Les statistiques attestent [...] que la recherche sur les facteurs sociaux pathogènes améliore davantage la santé publique que les travaux portant sur les traitements potentiels des maladies qui en résultent. Selon une étude américain récente, les interventions cliniques ne peuvent produire que 20 % des progrès dans ce domaine, le reste étant imputable à l'action sur l'environnement social : les conditions de vie, le travail, les inégalités, la pollution ainsi que l'accès aux drogues, à l'alcool et aux aliments excessivement caloriques. Autrement dit, la recherche pratique sur la prévention pourrait bien être la plus efficace.
Kwame McKenzie, Literary Review of Canada, 06/2014.
Books, 12/2014, p. 62.

Les riches ? Quels riches ?!

Mais qui sont les riches, au juste ? On parle souvent des 1 %, les plus que riches, qui ne sont à coup sûr pas concernés (encore moins intéressés) par ce post. Mais on parle aussi très souvent  des 10 %par exemple ici. On leur en veut moins, incontestablement, mais heureusement, nous allons voir pourquoi...
[...] De façon générale, les 10 % les plus riches [en France] perçoivent en moyenne plus de 68 500 € de revenus bruts par an, soit 5 710 € [brut] par moisImpotSurLeRevenu.org
Oublions la moyenne qui ne signifie pas grand chose...
Avec 3 800 € de revenu brut par mois, vous faites partie des 10 % des Français les plus riches (5 millions sur 50.4 millions). Seuil inférieur du 90ème percentile : 3 786 € [brut par mois]. PourUneRevolutionFiscale.fr
Donc si l'on touche un salaire de 3 800 € brut par mois, on fait partie des 10 % les plus riches. En fait, pas vraiment...
Le revenu brut est la somme du salaire brut et des autres revenus bruts perçus par un individu donné : revenus d'activité non salariée, revenus de remplacements (pensions de retraites, allocations chômage), et revenus du capital (intérêts, dividendes, loyers, plus-values). 
Exemple. M. Martin a un salaire brut de 2 000 € par mois (24 000 € par an). Il dispose aussi de l'équivalent de 1 000 € par mois (12 000 € par an) sous forme de loyers d'un appartement dont il a hérité. Son revenu brut est donc de 3 000 € par mois (36 000 € par an). PourUneRevolutionFiscale.fr.
"Equivalent loyer" signifie ici que si l'on habite un logement dont on est le propriétaire, l'on doit ajouter à notre salaire mensuel le montant du loyer que l'on pourrait tirer de ce logement si on le louait !
Si l'on n'est pas propriétaire, à quelques revenus du capital près, on fait partie des 10 % les plus riches si l'on est payé 3800 € brut par mois...
Location : le loyer moyen des Français à 611 euros en 2013. NouvelObs.com
On peut gager que les 10 % les plus riches ont un loyer moyen un peu supérieur à la moyenne, peut-être entre 700 € et 800 €, mais avec mettons 620 € d'équivalent loyer si on est propriétaire...

On a en fin de compte de bonnes chances de faire partie des 10 % les plus riches si notre salaire se situe autour de 3 200 € brut par mois, soit environ 2 460 € net... SalaireBrutNet.fr

Easy money...

Deux [...] dangers du QE [quantitative easing] ont été identifiés par Natixis. Premièrement, les investisseurs traditionnellement prudents (fonds de pension, assureurs à travers fonds en euros des contrats d'assurance-vie) vont voir leur rémunération chuter. Concrètement, cela signifie que les rendements des assurance-vie vont continuer de baisser pour les particuliers. Ce qui peut poser des problèmes pour l'épargne que se constituent les travailleurs en vue de la retraite, pour combler la baisse programmée des pensions. 
Deuxièmement, les investisseurs à la recherche d'une meilleure performance vont se déporter sur les actifs plus risqués (obligations grecques par exemple). Certes, cela fera baisser les taux d'intérêt et soulagera la dette grecque, puisque le gouvernement empruntera moins cher. Mais, en cas de défaut ou de renégociation de la dette, les investisseurs risquent de se retrouver avec une proportion anormalement élevée d'actifs risqués.
Dans les faits, l’investisseur qui vend son obligation à la BCE peut racheter une autre obligation d’Etat, ou une obligation d’entreprise, à moins qu’il n’achète des actions, ce qui génère une hausse de la Bourse. La traduction dans l’économie réelle est différente selon l’orientation de la liquidité offerte par la BCE. Dans le premier cas, elle facilite le financement des déficits publics mais n’a pas un impact fort en termes de croissance économique. Dans le second cas, les entreprises peuvent emprunter à des taux plus bas, mais face à une incertitude forte sur la demande et une confiance relative dans l’économie, la faiblesse des taux d’intérêt n’est pas suffisante pour garantir une relance de l’investissement.
Nous devons donc nous attendre à un impact sur le taux de change, avec un euro qui devrait rester orienté à la baisse
[...] Si on laisse le risque lié à ce rachat d’obligations souveraines aux banques centrales nationales, alors l’idée de la BCE comme institution solidaire n’existe plus. Surtout, cela pourrait entraîner in fine une hausse des primes demandées par les investisseurs pour les obligations de certains pays.
Patrick Artus, directeur de la recherche et des études chez Natixis considère que "l'économie n'a pas besoin actuellement de liquidités"
Aujourd'hui, il faudrait davantage une relance d'investissements qu'une politique de quantitative easing, analyse [Daniel Cohen]. Surtout qu'elle va profiter à l'Allemagne en premier lieu en tant que première économie de la zone euro alors qu'elle n'en a pas besoin.
Pour Henri Sterdyniak, chercheur à l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), "le problème c'est que les banques ont déjà beaucoup de liquidités et beaucoup d'entreprises n'ont pas besoin de plus de crédits car elle n'ont pas de demande".
[...] La BCE a décidé que les banques centrales nationales achèteront uniquement les dettes souveraines de leur propre Etat et les « conserveront. » Ceci ressemble à une volonté de réduire le partage des risques au strict minimum et de rendre chaque gouvernement responsable du QE « national. » 
[...] Compte tenu des attentes sur les marchés, où les taux de la zone euro ont beaucoup baissé, une décision de reporter sine die le QE provoquerait un cataclysme boursier. L'Allemagne, dont le taux a beaucoup baissé dans la perspective du QE, serait une des premières victimes de ce contre-coup. D'autres pays se retrouveraient en difficulté avec la remontée des taux et pourrait faire appel au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) : la zone euro serait menacée de récession. La Buba ne peut se permettre un tel scénario. Son opposition - comme celle du gouvernement allemand - est de pure forme : elle n'existe que parce qu'elle n'est pas bloquante. 
[...] Le cœur du problème européen n'est pas traité directement par le QE. Les entreprises manquent de raisons d'investir et la demande de crédit est faible. Les taux sont déjà faibles et cela ne change rien. Le QE ne traite pas cet aspect central du nœud gordien européen. D'où le risque que l'argent créé par le QE n'aille pas dans l'économie réelle, mais soit plutôt utilisé par les banques pour alimenter des bulles spéculatives en Europe ou ailleurs.
80 % [des rachats d'actifs] sont achetés directement par les banques centrales de chaque pays, SANS AUCUNE SOLIDARITÉ européenne ! 
[...] Cela [...][est] un sacré pas vers la dissolution de l’euro
[Le QE ne rétabli pas l'inflation espérée parce] qu’on a désormais une énorme économie financière, au dessus-de l’économie réelle, qui modifie les flux financiers. 
[...] Et en fait, dans l’économie financiarisée actuelle, les actions de la banque centrale ont bien tendance à faire de l’inflation – mais de l’inflation des actifs
[...] Quand on voit le cours actuel des actions (records historiques – ce qui est clairement du délire vu le contexte économique !!), des obligations, de l’immobilier, des taux d’intérêts, on voit bien qu’il y a bien un fort effet inflationniste – mais des actifs. 
[...] Eh bien, c’est assez simple. un tel QE sert principalement à 2 choses :
1. Vous l’avez compris, à continuer la gabegie financière, à maintenir au cric des bulles gigantesques, indues et dangereuses – en évitant la vérité des prix (ce qui a à l’évidence des impacts négatifs sur l’économie réelle)
2. Et mieux encore… À aider les banques privées ! 
[...] En effet, on voit bien que dans cette opération [voir exemple comptable dans l'article] :
1. Les liquidités dans le système augmentent (la banque est remboursée, mais la Grèce n’a encore rien payé) : du cash pour continuer à jouer…
2. La banque récupère 100 % de sa mise, et pour juste 1 100 Md€ – merci Mario…
3. La BCE récupère le risque pourri et le risque de défaut ! 
Ainsi, c’est un peu comme si 10 minutes avant que le Titanic ne tape l’Iceberg, la BCE arrive en barque, lance une corde à un milliardaire qui descend dans la barque et la BCE prend sa place sur le bateau – le tout en lui rachetant au passage son billet à plein tarif… 
[Si les 1 000 milliards prévues dans le programme de QE de la BCE étaient crédités sur les comptes en banque des 150 millions de ménages], cela [ferait] quand même 7 600 € par ménage européen, ou plus de 15 000 € pour la moitié des ménages les plus pauvres – ce qui [serait] une vraie bouffée d’oxygène pour eux…

Art inégalitaire...

Si la misère proprement dite devait être exclue (le secours par l'aumône constituant même un des cinq piliers de l'Islam), celle-ci ne devait pas moins maintenir un écart considérable entre la grande masse de la population, vivant dans une pauvreté décente, et une infime minorité d'individus fastueusement riches, suffisamment pour se livrer à des dépenses exagérées, folles, qui assuraient la survie du luxe et des arts. Cette position aristocratique venait, cette fois, directement de Nietzsche [...].
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 272.

Captation...

[...] Si l'on cumule la croissance totale de l'économie américaine au cours des trente années précédant la crise, c'est-à-dire de 1977 à 2007, [...] on constate que les 10 % les plus riches se sont approprié les trois quarts de cette croissance ; à eux seuls, les 1 % les plus riches ont absorbé près de 60 % de la croissance totale du revenu national américain sur cette période ; pour les 90 % restants, le taux de croissance du revenu moyen a été ainsi réduit à moins de 0,5 % par an. 
[...] La hausse des inégalités a eu pour conséquence une quasi stagnation du pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes aux Etats-Unis, ce qui n'a pu qu'accroître la tendance à un endettement croissant des ménages modestes ; d'autant plus que dans le même temps des crédits de plus en plus faciles et dérégulés leur étaient proposés par des banques et intermédiaires financiers peu scrupuleux, et désireux de trouver de bons rendements pour l'épargne financière injectée dans le système par les catégories aisées.
Thomas PIKETTY, Le capital au XXIe siècle, Seuil, page 469.

La constance du rentier...

Actuellement, au début des années 2010, la part des 10 % des patrimoines les plus élevés se situe autour de 60 % du patrimoine national dans la plupart des pays européens [...]. 
Le plus frappant est sans doute que dans toutes ces sociétés, la moitié la plus pauvre de la population ne possède presque rien : les 50 % les plus pauvres en patrimoine possèdent toujours moins de 10 % du patrimoine national, et généralement moins de 5 %. 
[...] A ma connaissance, il n'existe aucune société, à aucune époque, où l'on observe une répartition qui puisse raisonnablement être qualifiée de "faiblement" inégalitaire [...].
Thomas PIKETTY, Le capital au XXIe siècle, Seuil, page 404.

Alain Testart et d'autres s'interrogent sur les origines des inégalités dans les sociétés primitives >>

Panne selon Robert GORDON...

Les raisons structurelles de la baisse progressive du taux de croissance dans les pays riches selon Robert GORDON...

Démographie...
La seconde moitié du XXe siècle a profité de l'arrivée des femmes sur le marché de travail, ce qui a permis, pour un même niveau de population, d'accroître le nombre d'heures travaillées. Un beau soutient à la productivité. Pour les décennies qui viennent, ce dividende démographique ne joue plus. A l'inverse, le vieillissement des populations et leur longévité accrue vont se traduire, à un niveau de population donné, par une baisse du nombre d'heures travaillées.
Education...
La capacité des personnes au travail à produire mieux tient en partie à leur niveau d'éducation
Inégalités...
Des écarts de richesse croissants se traduisent par une paupérisation relative de plus en plus forte d'une partie importante de la population, ce qui accroît les mauvais résultats à l'école [...]. Là encore, la capacité à produire plus et mieux s'ne trouve affectée.
Etat-providence...
Le niveau d'endettement des Etats va les obliger à raboter leur degré d'intervention sociale. Les ménages les moins favorisés seront de moins en moins aidés ce qui contribuera à les laisser dans une situation précaire. Une évolution qui renforcera les inégalités et leurs effets négatifs sur la productivité.
Mondialisation...
La montée en puissance des pays émergents entraîne à la fois des délocalisations et des pertes d'emplois en même temps qu'une pression à la baisse sur les salaires du nord [... et entretint ainsi] la hausse des inégalités.
Environnement...
[...] La lutte contre le réchauffement va imposer des normes de production dont les coûts réglementaires vont croître. L'évolution technologique permettra peut-être de passer à des systèmes de production plus économes en énergie mais cela réclamera des investissements en capital très importants [mais dont] les effets sur la productivité n'auront rien à voir avec ce qu'il s'est passé il y a un siècle, lorsque le réfrigérateur a remplacé les pains de glace ou la voiture, le cheval.
Christian CHAVAGNEUX, Alterntives Economiques, 09/2014, p. 60.

Plus y'a de fous...

L'Hexagone voit sa population progresser à un rythme soutenu tout au long du XVIIIe siècle [...]. Tout laisse à penser que ce dynamisme démographique, inconnu au cours des siècles précédents, a effectivement contribué à la stagnation des salaires agricoles et à la progression de la rente foncière dans les décennies menant à la déflagration de 1789.
Thomas PIKETTY, Le capital au XXIe siècle, Seuil, 2013, page 19.

Demi-providence...

La France consacre autour de 57 % de son PIB à ses dépenses publiques. Environ 45 % de ces dépenses sont reversées aux ménages sous forme de prestations socialesPour financer une partie de ces dépenses, le pays applique un taux de prélèvements obligatoires de l'ordre de 45 à 46 % du PIB (en 2012).
[Ces chiffres] ne sont pas le signe que nos services publics sont plus chers qu'ailleurs, mais que, pour l'essentiel, notre pays a opté pour une réponse collective et moins inégalitaire aux besoins sociaux, quand d'autres laissent faire le marché.
Louis MAURIN, Alternatives Economiques, 07/2013, p. 34. 

Et pourtant...
La France se distingue de ses voisins par le fait que les familles sont encore plus sollicitées qu'ailleurs [dans le financement des études]. Elles fournissent 52 % des ressources étudiantes (contre par exemple seulement 3 % au Danemark). [...] En moyenne, le logement représente [...] 55 % du budget d'un étudiant loin devant l'alimentation (22 %).
Naïri NAHAPETIAN, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 39.
La France est, derrière l'Espagne, l'un des pays où le taux de pauvreté a le plus augmenté entre 2008 et 2011, quasiment trois fois plus que moyenne de l'Union européenne. Ce taux a en revanche sensiblement baissé dans plusieurs pays pourtant plus gravement touchés par la crise que l'Hexagone comme l'Irlande, le Royaume-Uni et le Portugal
Il en va de même sur le plan des inégalités : en moyenne, elles ne se sont pas accrues dans l'Union européenne entre 2008 et 2011. [...] Les inégalités ont même augmenté davantage en France qu'en Grèce entre 2008 et 2011, selon Eurostat !
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 10.
Alors que le gouvernement s'apprête à réformer la formation professionnelle, le bilan n'est pas encourageant nous dit l'INSEE : plus on vieillit, moins on a l'accès à la formation, plus on est qualifié et mieux on est formé, et je ne parle pas des chômeurs, qui le sont beaucoup moins que les actifs en emploi. En résumé, ils faut être jeune, cadre, urbain, dans une grosse entreprise pour espérer être employable.
Sandrine FOULON, On n'arrête pas l'éco, France Inter, 11/2013.
La France est l'un des pays en Europe où les inégalités sociales de mortalité sont les plus fortes. [...] Ces inégalités ne cessent de s'aggraver. Le risque de mourir d'un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois supérieur chez les ouvriers que chez les cadres et les professions libérales.
Le Monde, 30/10/2013, Supplément Science & Médecine, p. 2.

Service rendu...

[...] Si l'on accepte l'estimation (probablement très surévaluée) d'une perte de 20 millions d'heures en deux ans [dans les services à la personne] (soit environ 12 000 ETP [emplois temps plein]), celle-ci a permis un gain pour les finances publiques estimé à plus de 850 millions d'euros... soit de quoi financer près de 50 000 "emplois d'avenir" [...].
[...] Actuellement, ce sont plus de 6 milliards d'euros qui, par le biais des exonérations fiscales et sociales, profitent à ces services. Les trois quarts concernent les 10 % des ménages les plus aisés. La justification de ces aides ne repose au final que sur la création d'emplois, mais ces derniers, bien moins nombreux et bien plus coûteux que prévu, demeurent de très mauvaise qualité et alimentent largement la précarité et les inégalités.
François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau, Le Monde29/10/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 8.

Prof modèle...

Les modèles éducatifs performants, comme ceux de la Finlande, de Singapour ou de la province d'Alberta, au Canada, mettent tous l'accent sur le recrutement et la formation des enseignants. Pasi SAHLBERG. 
Catherine QUIGNON, Le Monde, Supplément WISE, 30/10/2013. 

Quelques précisions sur la formation...
Tout au long de leurs cinq années de formation, les futurs enseignants reçoivent de solides notions en pédagogie, psychologie, sciences cognitives. Ceux du primaire suivent un cursus de trois ans en sciences de l'éducation [...]. Ceux du secondaire [ont droit] à une année complète de pédagogie : "C'est-à-dire de quelle façon enseigner leur discipline, comment susciter l'intérêt de leurs élèves, varier les approches en fonction de chacun".
Véronique RADIER, Le Nouvel Observateur, 09/2012, p. 91.
Le système scolaire est centralisé à Singapour tandis qu'en Finlande les enseignants bénéficient d'une totale autonomie quant à leur façon d'enseigner. 
[A Singapour], dès le secondaire, l'éducation nationale repère les meilleurs élèves afin d'en faire peut-être, plus tard, des professeurs. Après avoir subi une formation drastique, les enseignants doivent faire preuve d'une implication très forte : leur journée type commence à 7 heures et se termine après 17 heures. 
A Singapour, comme en Finlande, l'accent est mis sur la formation en continue. [...] Comme en Finlande, la profession jouit d'un statut prestigieux et les enseignants touchent des salaires confortables. Pasi SAHLBERG.
Au lieu d'être de simples administrateurs, les chefs d'établissement jouent le rôle de chef d'équipe afin de motiver les professeurs autour d'un projet pédagogique commun.
Les élèves finlandais subissent très peu de stress des examens et n'ont presque pas de devoirs à faire à la maison, tandis que, dans le Sud-Est asiatique, la pression familiale est forte et les cours après l'école, une tradition très ancrée.
[A Singapour], les écoles sont publiques à une très large majorité. Même situation en Finlande où les établissements bénéficient tous de la même allocation de ressources
[...] Les pays aux systèmes scolaires performants bénéficient tous d'une situation sociale homogène et d'une bonne santé économique. Dans ces conditions, difficile de savoir dans quelle mesure la qualité du système éducatif influe réellement sur les performances scolaires des étudiants.  
Catherine QUIGNON, Le Monde, Supplément WISE, 30/10/2013.
[En Finlande] jusqu'à 9 ans les élèves ne sont absolument pas notés. Ce n'est qu'à cet âge qu'ils sont évalués pour la première fois, de façon non chiffrée. Puis plus rien de nouveau jusqu'à 11 ans. C'est dire qu'au cours de l’équivalent de toute notre scolarité primaire les élèves ne subissent qu'une seule évaluation. L’acquisition des savoir fondamentaux peut ainsi se faire sans le stress des notes et des contrôles et sans la stigmatisation des élèves plus lents. Chacun va pouvoir progresser à son rythme sans intérioriser, s'il ne suit pas au rythme voulu par la norme académique, ce sentiment de déficience voire de « nullité » qui produira tant d'échecs ultérieurs, cette image de soi si dégradée qui fait, pour beaucoup d'élèves, que les premiers pas sur les chemins de la connaissance sont si souvent générateurs d'angoisse et de souffrance.
Meirieu.com, 2006.
[...] Le système finlandais est organisé autour d'un tronc commun obligatoire de longue durée de 7 à 16 ans, sans filières ni différenciation de niveau. [...] Les enfants de tous les niveaux socio-économiques vont dans les mêmes écoles, puisque les établissements privés ont été supprimés. 
[...] Les écoles finlandaises offrent une prise en charge sociale complète des enfants : cela va de la cantine gratuite aux services de santé en passant par les dispositifs d'aide psychosociale et de soutient aux élèves dits "à besoin éducatifs spéciaux". 
[...] Notre école [...] accorde une grande importance à la question de l'équité. [...] Il existe des leviers pour lutter contre [les inégalités] : des parcours sans redoublement, un effort particulier de prise en charge des élèves en difficulté et une formation adéquate des enseignants sur ce point.
[...] A l'inverse [du "mouvement global de réforme éducative" (GERM) actuellement engagé dans la plupart des membres de l'OCDE], la Finlande a fait de la collaboration entre établissements, de l'équité et du professionnalisme de ses enseignants les principales lignes de force de son système.
Pasi SAHLBERG, propos recueillis par Suzi VIERA, Books, 09/2012, p. 23.

La part du gâteau...

Sous la surface de la répartition de la valeur ajoutée entre salaires et dividendes...
7. [...] Alors que dans les années 1970, les entreprises consacraient deux fois plus d'argent à leurs investissements nets qu'à la rémunération des propriétaires de leur capital, cette proportion est inversée aujourd'hui. Alternatives Economiques, 06/2012, p. 6.
6. [Entre début 2008 et le second semestre 2012, dans les sociétés non financières,] le poids des intérêts versés aux banquiers a baissé de 2 % à 1 % de la valeur ajoutée  [...] Le pourcentage des dividendes versés aux actionnaires [...] est passé de 8 % à 8,9 % (de la valeur ajoutée).  Alternatives Economiques, 12/2012, p. 74.
5.[Deux chercheurs, Christopher Lantenois et Benjamin Coriat] ont observé [sur un panel de firmes françaises et allemandes sur la période 1997-2007], une hausse de la distribution des profits aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachat d'actions, ainsi qu'un recentrage sur un nombre restreint d'activités. » Alternatives Economiques, date inconnue, p. 49. 
4. Au cours des cinq dernières années, la part qui a été donné en rémunération du capital, les dividendes, ça a augmenté de 27 %. La masse salariale [...] n'a augmenté que de 12 %. Maintenant si vous regardez sur 30 ans, [...] la part prise par le capital c'était 3 % de la richesse, aujourd'hui, c'est 9 %. Jean-Luc MELENCHON, France 3, 12/13, 11/11/2012. 
3. Sur a période 2006-2010, la valeur ajoutée des entreprises a augmenté de 7,5 % en termes nominaux, ce qui représente un volume de 74 milliards d'euros. L'essentiel de cette progression, 82 % exactement, [...] est allé aux salariés sous forme de salaires, de cotisations sociales ou d'impôts sur les salaires ! Ainsi, la part de la valeur ajoutée consacrée au travail, directement ou indirectement, est passée de 66,9 % à 67,9 % sur cette période. Le revenu disponible ajusté des ménages a crû de 5,8 % en termes réels sur la période 2006-2010, grâce notamment a une progression des prestations sociales de 10,1 %, tandis que les salaires nets augmentaient de 3,6 %. Denis KESSLER, Challenges, n° 261, p 34.
2. Les chiffres de l'OCDE, montrent que dans tous les pays depuis 30 ans, ce qui va au salaire par rapport à ce qui va aux dividendes [...], est à un plus bas historique, est passé de 67 % du PIB [...] à 57 % il y a cinq ans quand la crise a éclaté. Pierre LARROUTUROU, France Inter, 3D le journal, 15/04/2012.
1. Sur très longue période, le partage de la valeur ajoutée est en général stable, autour de deux tiers pour les salaires et un tiers pour les profits [...]. Les chocs pétroliers des années 1970 entraînent une nette diminution du taux de marge [la part de la valeur ajoutée qui rémunère les apporteurs de capitaux]. L'endettement des entreprises [...] atteint alors ses limites et montre qu'il n'est pas soutenable [...]. [En France], les salaires seraient plus élevés de 5 % environ si le partage était resté stable [depuis les années 1960]. Alternatives Economiques, n° 307, p. 82.

Opulence...

Sous la surface de  l'apparition des inégalités : les contraintes démographique et écologique...
Dans un régime de chasseurs-cueilleurs nomades [mode de vie de nos ancêtres du paléolithique], [...] Chacun sait où trouver de quoi se nourrir et de quoi nourrir les siens. Chacun sait fabriquer un arc, ou sait fabriquer quelque objet utile qu'il échangera avec celui qui fabrique de meilleurs arcs. L'incitation principale qui pousse à acquérir en quantité les terres arables, les charrues ou les attelages, n'existe pas parce qu'il n'existe pas de gens suffisamment démunis auxquels on pourra les louer et en tirer un profit ou une rente.
Alain TESTART, Avant l'histoire, Gallimard 2013, p.273.

Pour Alain Testart, le profit, est une conséquence des inégalités.

Corde au cou...

Sous la surface du développement des sociétés : le prix de la fiancée...
Toutes les sociétés horticoles, toutes celles de pasteurs, à quelques exceptions près [...], ont le prix de la fiancée [la dot consiste en un "paiement"]. Les chasseurs-cueilleurs sédentaires-stockeurs l'ont aussi [...]. Mais les chasseurs-cueilleurs nomades ne l'ont pas. 
Pourtant ils "paient" aussi, peut-on dire, pour les femmes, mais autrement : ils paient de leur personne. Le gendre se met au service du beau-père pendant des mois, des années, la longueur de ce temps coutumier étant très variable selon les cas [...] jusqu'à ce que, enfin, il puisse emmener la fille qui sera désormais considérée comme mariée. C'est ce que l'on peut appeler le "service pour la fiancée" [...]. Un tel brideservice se rencontre chez pratiquement tous les peuples agricoles ou éleveurs, mais c'est toujours, chez ces peuples, une type de mariage secondaire, [...] dévalorisé auquel le gendre a recours s'il ne dispose pas des biens du prix de la fiancée. [...] Mais chez les chasseurs-cueilleurs nomades, [...] c'est le seul, le mode normal et régulier. En tout cas chez les Pygmés, Négritos de Malaisie, les San [Bochimans], les Athapaskans et les Algonkins du Canada, les Shoshones du Grand Bassin, les chasseurs des Pampas, les Fuégiens, etc. 
La convergence de toutes ces données est claire : les chasseurs-cueilleurs sédentaires-stockeurs sont socialement très semblables à des céréaliculteurs, formant partout des sociétés fortement structurées par la richesse, alors que cette richesse semble ne jouer aucun rôle chez les chasseurs-cueilleurs nomades. Page 217. 
[...] Les chasseurs-cueilleurs [...] qui pratiquent normalement le service pour la fiancée, ont de bonnes raison d'améliorer la production, permettant d'abréger le temps du service ou même de l'abroger en donnant des biens à la place. Rien de tel [chez les Aborigènes d'Australie], non seulement parce que les obligations sont à vie [...], mais aussi parce que la quantité de ce qui est demandé n'est pas stipulée comme dans un contrat [...]. C'est pourquoi je dis que le chasseur n'a pas, dans ce type, d'intérêt ni d'incitation à accroître sa production. Page 275.
Alain TESTART, Avant l'Histoire, Gallimard 2012.

Enchaînés romains...

Dans la domus [maisonnée], qui ne comporte nul espace réservé aux femmes ou aux domestiques, Romains libres et esclaves vivent dans une certaine promiscuité et forment, bon gré mal gré, une famille affective. 
[...] Même les Romains vivant en location dans des immeubles collectifs disposaient d'un ou deux esclaves : "Pour un homme libre, ne pas en posséder était le comble de la pauvreté, précise Philippe Moreau (1). Certains membres de l'ordre sénatorial en avaient des centaines, voire des milliers à leur service, en ville et dans leurs propriétés de province."
[...] Si la majorité servile a pour horizon un éventuel affranchissement, les hommes  ingénus (nés libres) qui se sont vendus en esclavage ne peuvent espérer recouvrer leur liberté. Or, des plébéiens pauvres choisissent cette option irréversible, qui leur ouvre l'accès aux professions de trésorier ou d'intendant. "Les chances d'ascension sociale pour les esclaves étaient somme toute moins faibles que pour la classe qui était au-dessus d'eux, la plèbe libre" écrit Paul Veyne.
Marie BARRAL, Vivre à Rome au temps de Césars, Les cahiers de Science & Vie, 04/2013, p. 66.
(1) Chercheur et professeur de langue et littérature latine à l'université Paris-Est-Créteil.

La pendule, la locomotive et le processeur...

[...] Les sociétés qu'étudient les anthropologues, comparées à nos sociétés plus grosses et plus compliquées, sont un peu comme des sociétés "froides" par rapport à des sociétés "chaudes" : des horloges comparées à des machines à vapeur. Ce sont des sociétés qui produisent peu de désordre, les physiciens diraient "de l'entropie", et qui tendent à se maintenir indéfiniment dans leur état initial (ou ce qu'elles imaginent être un état initial) ; ce qui explique que, vue de dehors, elles paraissent sans histoire et sans progrès
Nos propres sociétés ne font pas seulement un grand usage de machines thermodynamiques ; du point de vue de leur structure interne, elles ressemblent à des machines à vapeur. Il faut qu'existent en elles des antagonismes comparables à celui qu'on observe dans une machine à vapeur, entre la source de chaleur et l'organe de refroidissement. Nos sociétés fonctionnent sur une différence de potentiel : la hiérarchie sociale, qui, à travers l'histoire, a pris les noms d'esclavage, de servage, de division de classes, etc. De telles sociétés créent et entretiennent en leur sein des déséquilibres qu'elles utilisent pour produire à la fois beaucoup plus d'ordre [... sur le plan culturel] (nous cultivons la terre, nous construisons des maisons, nous produisons des objets manufacturés...), mais, sur le plan des relations entre les personnes, beaucoup plus d'entropie (nous dissipons nos forces et nous épuisons dans les conflits sociaux, les luttes politiques, les tensions psychiques...). 
[...] L'idéal serait sans doute dans une troisième voie : celle qui conduirait à fabriquer toujours plus d'ordre dans la culture, sans qu'il faille le payer par un accroissement d'entropie dans la société. Autrement dit, et comme le préconisait le comte de Saint-Simon en France au début du XIXe siècle, savoir passer, je cite, "du gouvernement des hommes à l'administration des choses". En formulant ce programme, Saint-Simon anticipait à la fois sur la distinction anthropologique entre la culture et la société, et sur cette révolution qui s'opère en ce moment sous nos yeux avec les progrès de l'électronique. Peut-être nous fait-elle entrevoir qu'il sera un jour possible de passer d'une civilisation qui inaugura jadis le devenir historique, mais en réduisant des hommes à la condition de machines, à une civilisation plus sage qui réussirait, comme on commence de le faire avec les robots, à transformer les machines en hommes. Alors la culture ayant intégralement reçu la charge de fabriquer le progrès, la société serait libérée d'une malédiction millénaire qui la contraignait à asservir des hommes pour que le progrès soit. Désormais, l'histoire se ferait toute seule, et la société, placée en-dehors et au-dessus de l'histoire, pourrait jouir à nouveau de cette transparence et de cet équilibre interne dont les moins dégradées des sociétés dites primitives attestent qu'ils ne sont pas incompatibles avec la condition humaine.
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011, p.89.

Dons à gogo...

[...] Combien il serait nécessaire de donner pour s'assurer que les plus pauvres aient la possibilité de vivre une vie décente [...] ? 
Une façon de le calculer serait de se référer aux Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU en 2000. D'après ces "objectifs", en 2015 il faudrait avoir divisé par deux la proportion de gens vivant dans une pauvreté extrême (pouvoir d'achat inférieur à un dollar par jour), de ceux souffrant de la faim et de ceux n'ayant pas accès à une eau de qualité ; assuré à tous les enfants l'accès à un enseignement primaire complet ; éliminé la discrimination sexuelle dans l'enseignement ; réduit des deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans et des trois quart le taux de mortalité maternelle ; commencé à réduire l'incidence du sida, du paludisme et des autres grandes maladies. En 2005, un groupe d'experts de l'ONU dirigé par l'économiste Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, a évalué le coût annuel des mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs à 121 milliards de dollars en 2006 et 189 milliards en 2015. 
[...] Les 0,01 % des plus hauts revenus [américains] représentent 14 400 ménages, gagnant chacun en moyenne 12,77 millions de dollars, le total représentant 184 milliards. Le revenu annuel minimum au sein de ce groupe est de plus de 5 millions. Il semble raisonnable de supposer que tous pourraient sans trop en souffrir donner un tiers de leur revenu annuel [...]. 
Si l'on prend le reste des 0,1 % des plus hautes revenus, cela forme un groupe de 129 600 ménages, avec un revenu annuel moyen de 2 millions et un revenu minimum de 1,1 million. S'ils donnaient chacun un quart de leur revenu, cela fournirait 65 milliards, les laissant avec un minimum de 846 000 dollars annuels.
Peter Singer continu ainsi par tranches successives jusqu'aux 10 % des plus hauts revenus...
[...] S'ils donnaient la dîme traditionnelle, 10 % de leur revenu, soit 13 200 dollars en moyenne chacun, cela fournirait environ 171 milliards [de plus] et leur laisserait un revenu minimum de 83 000 dollars. 
[...] Le résultat remarquable des ces calculs est que des dons n'impliquant pas de sacrifices majeurs à quiconque fournissent un total de 404 milliards de dollars, venant de seulement 10 % des foyers américains. 
[...] Étendre au reste des pays riches le schéma que j'ai proposé, fournirait 808 milliards de dollars annuels pour l'aide au développement. C'est plus de six fois ce que le groupe de Sachs jugeait nécessaire pour 2006 et plus de seize fois la différence entre cette somme et les engagements de l'aide officielle.
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006), Books, 03/2013.

Sans intérêt...

Au cours des vingt dernières années, l'expansion du commerce international a aidé beaucoup de pauvres à sortir de la pauvreté, mais elle n'a pas bénéficié aux 10 % les plus pauvres de la population mondiale. Une fraction des extrêmement pauvres [...] n'a rien à vendre qui intéresse les riches, tandis que d'autres manquent des infrastructures qui leur permettraient d'acheminer leurs marchandises jusqu'au marché. Même s'ils parviennent à les acheminer jusqu'à un port, les subventions européennes et américaines font que souvent ils ne peuvent pas les vendre, bien que leur coût de production soit inférieur [...].
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006),
Books, 03/2013.

Bégaiement...

Dans la série "Je vous explique la crise"...
[Selon Hyman Minsky] la chronologie des crises est toujours la même. Au sortir d'une phase de crise, le secteur financier est bridé politiquement par les réglementations et les institutions publiques mises en place à l'occasion de la crise et des scandales qu'elle a mis au jour. La prudence naturelle guide aussi les prêteurs et les emprunteurs privés, impressionnés par les faillites récentes. Dans cette phase du cycle, le financement "couvert" domine [selon Minsky, financement dans lequel les flux de revenus réguliers futurs de l'emprunteur couvrent à la fois le paiement des intérêts, et du principal. Le financement est dit "spéculatif" quand seul le paiement des intérêts peut être assuré ou "à la Ponzi", quand ni le principal, ni les intérêts ne peuvent être payés]. La prospérité se développant, la vigilance publique et privée se relâche, l'endettement s'accélère, finançant des projets de plus en plus spéculatifs. La sphère financière s'enrichit tout particulièrement, ce qui renforce son influence politique, qu'elle utilise à réduire plus encore la réglementation financière. L'enrichissement des financiers développe les inégalités de revenus, augmentant ainsi le taux d'épargne moyen (les super-riches peinent à consommer tout leur revenu et participent au contraire à la bulle des actifs financiers ou immobiliers, des oeuvres d'art, etc.) ; autrement dit, la propension à consommer de l'économie baisse.
Le Nouvel observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 75.

Une autre approche des réflexions de Minsky...
A l'origine de chaque crise financière, il y a toujours un "boom", une invention, une découverte, une nouvelle technologie [...]. 
[...] Ce boom euphorise les agents et leur fait anticiper des profits importants. Confiants, ils veulent investir et empruntent avec succès auprès des banques qui, elles aussi, gagnées par l'euphorie du moment, ouvrent grand les vannes du crédit. 
[...] Or, le moment arrive forcément où les opportunités d'investissement se réduisent, où l'argent commence à manquer et le prix de l'argent (le taux d'intérêt) à augmenter. L'endettement vire au surendettement. On retrouve alors le schéma d'Irving Fisher : entreprises et ménages veulent à tout prix se désendetter et bradent leurs actifs, ce qui déclenche une baisse du prix de ces actifs (actions, maisons, etc.).