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L'oeuf ou la poule, encore...

Les trois décennies d'après-guerre, les Trente Glorieuses, c'était un capitalisme strictement régulé et porteur d'un ambition sociale. La grande croissance que nous avons alors connue s'explique largement par des politiques systématiques de hauts salaires, voulues au nom de raisons macroéconomiques et visant à dynamiser le pouvoir d'achat [...].
Michel ROCARD, La politique telle qu'elle meurt de ne pas être.
Alain Juppé, Michel Rocard, débat conduit par Bernard Guetta. J'ai Lu. 2011. Page 36.

Ce raisonnement typiquement Keynesien est désormais souvent relativisé...
[...] On peut apporter quelque crédit à l'observation de COE-REXECODE, selon laquelle « toute tentative de relance de la consommation intérieure aboutirait à des « fuites à l'importation » croissantes et soutiendrait plus les importations que la production française ». Cet organisme indique que « sur longue période, entre les années 1973 et 1993, les importations françaises en volume avaient progressé à un rythme annuel 2,2 fois plus élevé que celui du PIB. Entre 1996 et 2006, l'élasticité des importations à la progression de [la] demande s'est accrue à 2,5 ». Au total, « le coefficient de « fuite à l'importation » a augmenté ce qui rend inopérant les tentatives de relances isolées »
Si ce diagnostic est peu contestable, il s'applique en revanche à la plupart des économies ouvertes et ne traduit pas en soi une quelconque spécificité de l'économie française, laquelle est soumise comme toutes les économies au mouvement d'internationalisation des échanges et des chaînes de production.

Qui sème le vent...

[...] Au début des années 1980, où priorité a été si bien donnée aux actionnaires, que la part de la masse salariale dans les PIB des Etats-Unis, de l'Allemagne ou de la France est passée d'un peu plus de 70 % à moins de 60 %. 
Les actionnaires se vengent d'un après-guerre où leur argent, il est vrai, leur rapportait peu puisqu'ils avaient été victimes des trente glorieuses mais le bâton a été tellement tordu dans l'autre sens que l'insuffisance de croissance du pouvoir d'achat se traduit par l'insuffisance de croissance de la consommation et de croissance tout court. La cupidité et le court-termisme des détenteurs de capitaux se retournent contre eux après avoir frappé les salariés. La fascination de l'argent nous a maintenant tous affaibli, salariés, Etats, entreprises et par voie de conséquence, actionnaires eux-mêmes car dès lors que la croissance est anémique, leur retour sur investissement diminue.
Michel ROCARD, La politique telle qu'elle meurt de ne pas être.
Alain Juppé, Michel Rocard, débat conduit par Bernard Guetta. J'ai Lu. 2011. Page 60.

Du beur dans les chaînes...

[...] Je ne pardonne pas à Georges Pompidou [d'avoir créé le problème de l'intégration des étrangers] en ouvrant les vannes de l'immigration sans se soucier ni de l'organiser, ni d'intégrer cette main d'oeuvre [...] que la France faisait venir pour les besoins de ses industries automobile et sidérurgique qui ont été ainsi dispensées des investissement de mécanisation qu'elles auraient dû faire pour soutenir la concurrence. On a fait venir 3 millions et demi de gens d'un coup, sans s'occuper de les loger, de les alphabétiser, de leur apprendre le français, et nous en payons le prix.
Michel ROCARD, La politique telle qu'elle meurt de ne pas être.
Alain Juppé, Michel Rocard, débat conduit par Bernard Guetta. J'ai Lu. 2011. Page 50.