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Les notes de l'Histoire...

Jacques Attali écoute la musique d'un pays, d'un peuple, d'une culture, pour en prédire son avenir...
Ce que j'ai essayé de montrer, c'est que la représentation en musique, le concert, apparaît à peu près 50 ans avant que se mette en place la représentation en politique. A des dates charnières, comme le passage du monde féodal au monde capitaliste, la représentation musicale a été annonciatrice de la représentation politique. Que le passage à la production en série a été dans la musique extrêmement annonciateur de ce qui allait se passer dans le reste de l'organisation sociale. Que l'orchestre et l'arrivée du chef d'orchestre a été très annonciateur d'un État fort. Le chef d'orchestre date de 1850 à peu près, à un moment où commence à être nécessaire un chef d'un État fort pour organiser la production. Bref, qu'à plusieurs moments dans l'histoire, on peut trouver une fonction de la musique comme le reflet de changements sociaux importants.
Jacques ATTALI, Antenne 2, Apostrophes, 11/09/1977.
Quand je regarde un pays, je m'intéresse à sa musique. Toujours la musique dit des choses intéressantes sur l'avenir. Elle a dit la mondialisation avant tout le monde, la musique est mondiale bien avant que tout le reste le soit. Elle a annoncé la gratuité, les technologies, puisque c'est apparu dans la musique avant d'apparaître ailleurs. 
Elle dit des choses étranges aujourd'hui. Elle dit que le monde s'occidentalise. Même si l'Occident décline, où que ce soit dans le monde, vous entendez de la musique occidentale. Mais en même temps elle dit qu'il y a des lieux du Sud qui se font entendre plus que d'autres. Elle dit que l'on entend le Brésil, depuis longtemps, et le Brésil est là. Elle dit qu'on n'entend pas la Chine. Et je pense que la Chine, si elle n'a pas une musique, et elle n'a pas de musique, c'est un des signes qui me font penser que la Chine n'a pas un grand avenir mondial.
Emmanuel Todd, autre grand amateur de prédictions, porte sur l'avenir de la Chine la même appréciation >>
Elle dit que l'Inde a un petit avenir en s'éveillant puisqu'il y a une musique indienne qu'on commence à entendre dans le monde. Et elle dit qu'un grand monde de l'avenir c'est l'Afrique. La seule musique qu'on entend sur la planète, c'est la musique africaine. Évidemment, la musique nous annonce, je crois, que le XXIe siècle sera Africain.
Jacques ATTALI, France 5, Empreintes, 07/12/2012.

Jacques Atalli limite ici sa réflexion à la musique classique et à l'histoire sur le long terme. Difficile de dire si le parallèle reste pertinent, mais il est tentant de s'interroger sur l'évolution récente de la musique et de ses interprètes.
La musique est devenu un produit de consommation de masse avec ses stars people. La France a connu un début d'expérience de présidence people en la personne de Nicolas Sarkozy.
Les stars émergent désormais d'Internet. A quand la politique et la démocratie exercées sur le Web

Couilles d 'or et les trois vautours...

[Les banques] accroissent la quantité d'argent qu'elles mettent en jeu dans cette spéculation pour leur propre compte : plus de 250 milliards de dollars par mois rien que pour Goldman Sachs.
Jacques ATTALI (2009), Sept leçons de vie. Fayard, p. 64.

Prélèvements successifs...

Si l'on veut renforcer la justice sociale, ce n'est pas en taxant ceux qui créent des richesses que l'on y parviendra, mais en la reprenant, comme en Californie, au moment de la transmission aux générations suivantes. Baisser l'impôt sur le revenu et l'épargne, et augmenter les droits de succession : c'est la recette assurée pour le succès économique.
Jacques ATTALIL'Express, 10/2012, p. 146.

Usine story...

Où un petit tour succins de l'histoire de l'industrie française enrichie notre réflexion sur son état présent et, peut-être, son état à venir...
Les temps troublés de la Révolution expliquent en partie le retard français par rapport à la Grande-Bretagne, que l'on observe au début du XIXe siècle [en particulier dans l'industrie textile]. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 327.
En aparté, il semble que le secteur agricole n'était pas mieux loti...
La productivité agricole y était inférieure de moitié à celle de l'Angleterre, et le pays avait une démographie très au-dessus de ses moyens.Norman HAMPSON (London review of books, 1981), BooksLa révolution et ses pauvres, 07-08/2012, p. 51. 
Jacques Attali propose une raison moins académique...
Les rares forêts dont [l'Angleterre] dispose doivent être précieusement conservées pour l'armement naval, si stratégique ; et comme il n'y a pas de hautes montagnes, il n'y a pas de torrents. Pour trouver l'énergie qui lui manque, la gentry [noblesse sans terre] va s'appuyer sur l'innovation technique d'un Français, Denis Papin, que l'abondance des forêts françaises a fait négliger à Paris : la machine à vapeur. Jacques ATTALI (2006), Une brève histoire de l'avenir. Fayard, p. 107. 
Mais confirme le manque d'opportunisme en France...
Malgré les idéaux des Lumières, la France reste dominée par une caste foncière et bureaucratique qui monopolise la rente agricole et ne l'oriente pas vers l'innovation. Jacques ATTALI (2006), Une brève histoire de l'avenir. Fayard, p. 108. 
[...] L'essor industriel de la France est incontestable à partir de la fin des années 1830, comme en témoigne le développement de son réseau de voies ferrées (qui passe de 3 000 km en 1850 à 17 500 en 1870 et à 50 000 en 1913). Il est attesté aussi par les industries textiles, minières et sidérurgiques, ces deux dernières bénéficiant de ce nouveau moyen de transport en étant amenées à produire l'énergie, les rails, les wagons... La "performance" française [est] inférieure à celle de l'Angleterre durant les deux premiers tiers du siècle, et à celle des Etats-Unis et de l'Allemagne dans le dernier tiers. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 421.
[...] Le comportement timoré des épargnants français au XIXe siècle est bien connu [...]. Ils préfèrent les placements "sûrs", comme la terre, la pierre, les bons d'Etat (français ou étranger), ou, à la rigueur, les obligations privées [...] et ne s'orientent qu'avec réticence vers le financement direct des entreprises productrices. [Cela s'explique en partie] par la constitution tardive du système bancaire français, et l'attitude de ce milieu face au monde de la production. [Enfin,] après 1850, la France a suivi les traces de l'Angleterre pour devenir en 1914 le second pays exportateur de capitaux [avec 8,7 milliards de dollars sur un total de 44 milliards]. [...] Il est certain que l'investissement et l'industrialisation auraient été plus importants en France si l'épargne nationale avait été directement utilisée en dépenses productives. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 423.
    [...] La France n'a pas connu de véritable "révolution industrielle", si on compare son évolution aux bouleversements rapides de l'Angleterre au début du XIXe siècle, ou des Etats-Unis, de l'Allemagne ou du Japon après 1870. Cela tient sans doute principalement au fait que la France est demeurée longtemps un pays à dominante agricole, à tel point que J. Marczewski situe vers 1885 le moment où la production industrielle y dépasse celle de l'agriculture, alors que cela s'était produit vers 1820 en Grande-Bretagne. [Le maintient] d'une agriculture de subsistance (où domine la petite et moyenne propriété foncière) [grâce aux] protections douanières (sauf de 1860 à 1880 environ) [rend] l'offre de main-d'oeuvre à destination de l'industrie insuffisante pour provoquer une chute brutale des coûts salariaux [...]. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 430.

    Je t'aime, moi non plus...

    Sous la surface des rapports entre États et finance...
    2. [Entre 2008 et 2012] l'État [français] a mis à disposition des banques près de 350 milliards d'euros (en recapitalisation, garanties et autres), dont 116 milliards ont été utilisés. Alternatives Economiques, 06/2012, p. 46. 
    1. Dans les trois derniers mois de 2008, les banques américaines ont perdu 80 milliards de dollars, reçu 175 milliards de subventions de l'État fédéral, et versé 36 milliards de dollars de bonus à leurs cadres. En particulier Goldman Sachs ne paie cette année-là que 14 millions de dollars d'impôts à l'État fédéral, dont il reçoit 10 milliards de dollars de subventions, et verse 20 milliards de bonus à ses traders ! Au total, les quatre principales banques de Wall Street (J. P. Morgan, Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley) distribuent cette année-là en bonus 40 % des 45 milliards qu'elles ont reçu des contribuables...  Jacques ATTALI (2009), Sept leçons de vie. Fayard, p. 59.

    ONG pas très catholiques...

    Sur les 10 milliards de dollars promis par les États [suite au tremblement de terre en Haïti en 2009], 2 seulement ont été versés [...]. Et encore, moins de 6 % de cette somme ont été versés au gouvernement haïtien, le reste demeurant entre les mains des ONG, [...] très peu transparentes : sur les 196 organisations américaines présentes ayant collecté 1,4 milliards de dollars, seules 38 ont accepté de rendre leurs comptes publics et seules 5 ont bien voulu dévoiler combien leur rapporte le placement des dons reçus et non dépensés.
    Jacques ATTALI, L'Express , 10/2012, p. 162.

    La crise, et après ? - Jacques Attali

    Jacques Attali, après un rappel détaillé de l'histoire, la grande et celle des crises, nous raconte notre crise à nous, et nous livre ses solutions pour en sortir, grandis tant qu'à faire...
     
    Les 10 phrases clefs qui font réfléchir...
    1. Avec l'approche de la première guerre mondiale, des banques (JP Morgan, Rockefeller, Lehman Brothers, Morgan Stanley...) créées pour la plupart au XIXe siècle, deviennent des instruments de collecte massive de l'épargne et de placements de titres : d'abord des bons de guerre puis des actions et des obligations. Les marchés des capitaux deviennent le principal mode de financement des entreprises, lesquelles déterminent peu à peu leur stratégie en fonction de leurs cours de boursePage 21. 
    2. Les 5 % les plus riches s'arrogent en 1928 plus d'un tiers de l'ensemble des revenus des américains […]. Page 23. 
    3. Dès 1941 […], Américains et Anglais commencent à s'entretenir de la gestion du monde d'après-guerre, en particulier de son organisation monétaire et financière . […] Chaque soutient militaire de Washington à Londres s'échange contre une concession politique sur le rapport entre la livre et le dollar.[...]. Page 25. 
    4. En fait, le système est vicié dès l'origine : les accords de Bretton Woods induisent en effet que les États-Unis doivent avoir une balance des paiements déficitaire afin d'alimenter le monde en dollars, seul moyen de paiement internationalement reconnu par ces accords ; ce qui ne peut, à terme, qu'affaiblir la confiance en cette devise [dilemme de Triffin]. Page 31. 
    5. Le 15 août 1971, quand le gouvernement de Bonn demande le remboursement de ses dollars en or, les États-Unis, qui ne veulent pas voir disparaître leurs réserves de métal précieux, suspendent la convertibilité du dollar. On en revient ainsi aux changes flottants de l'entre-deux-guerres, auxquels les accords de Bretton Woods étaient censés s'opposer. […] S'en suit une très forte baisse de la devise américaine qui dévalorise les revenus des pays producteurs de pétrole. Ils réagissent par le premier choc pétrolier, en octobre 1973 […]. Page 33. 
    6. La dette publique américaine est désormais la base de l'essentiel du crédit distribué dans le monde. En trente-cinq ans, de 1945 à 1980, cette base s'est même multipliée par 200. De plus, en 1980, chaque dollar détenu par une banque auprès d'une Banque centrale soutient au moins 40 dollars de crédit aux États-Unis, et 50 en Europe (contre seulement 15 et 20 en 1968). Page 34. 
    7. En 1636, se déclenche [...] une spéculation sur un bien alors très important, symbole de luxe et de richesse, le bulbe de tulipe. Et comme son cours monte, chacun vient surenchérir et le fait monter plus encore, jusqu'à 20 fois le revenu annuel d'un artisan très spécialisé [...].
    8. S'installent partout des règles de développement ultra-libérales rassemblées en une doctrine nommée « consensus de Washington ». Elles prônent la liberté des marchés financiers, la réduction du rôle de l'état, la flexibilité du travail, la globalisation des marchés sans globalisation de l'état de droit. Page 38. 

    9. [Les encours de CDS] représentent aujourd'hui une succession de transactions de plus de 60 000 milliards de dollars. Page 112. 
    10. Les institutions et les marchés financiers sont des instruments essentiels aux progrès des civilisations. Ils permettent de transférer, en principe sans vol ni spoliation, et contre rémunération en intérêt ou en dividende, l'épargne de ceux qui sont capables d'en constituer une vers ceux qui peuvent au mieux l'utiliser. Page 135.
    Jacques ATTALI (2008), La crise, et après ? Fayard.