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Soumission fiction...

Le programme politique du président musulman imaginé par Michel Houellebecq...
[...] La conséquence la plus immédiate de son élection est que la délinquance avait baissé, et dans des proportions énormes : dans les quartiers les plus difficiles, elle avait carrément été divisé par dix. Un autre succès immédiat était le chômage, dont les courbes étaient en chute libre. C'était dû sans nul doute à la sortie massive des femmes du marché du travail, elle même liée à la revalorisation considérable des allocations familiales [...] [augmentation intégralement] compensée par la diminution drastique du budget de l'Education nationale [...]. Dans le nouveau système mis en place, l'obligation scolaire s'arrêtait à la fin du primaire [...]. Ensuite, la filière de l'artisanat était encouragée ; le financement de l'enseignement secondaire et supérieur devenait, quant à lui, entièrement privé. [...] En ce qui concerne l'enseignement, la générosité des pétromonarchies était depuis toujours sans limite. Page 199. 
Mohammed Ben Abbes [...] se déclara influencé par le distributivisme [...]. Son idée de base était la suppression de la séparation entre le capital et le travail. La forme normale de l'économie y était l'entreprise familiale ; lorsqu'il devenait nécessaire, pour certaines productions, de se réunir dans des entités plus vastes, tout devait être fait pour que les travailleurs soient actionnaires de leur entreprise, et coresponsables de sa gestion. Page 202. 
[...] La nouvelle fonction dont, Ben Abbes venait de s'en aviser, l'attribution à un niveau trop large "perturbait l'ordre convenable", n'était autre que la solidarité sociale. Quoi de plus beau, s'était-il ému dans son dernier discours, que la solidarité lorsqu'elle s'exerce dans le cadre chaleureux de la cellule familiale !... [...] Le nouveau projet de budget du gouvernement prévoyait sur trois ans une diminution de 85 % des dépenses sociales du pays. Page 210. 
[...] Les négociations avec l'Algérie et la Tunisie en vue de leur adhésion à l'Union européenne avançaient rapidement, et que ces deux pays devraient avant la fin de l'année prochaine rejoindre le Maroc au sein de l'Union ; des premiers contacts avaient été pris avec le Liban et l'Egypte. Page 211. 
Mais en fin de compte, ce qui convainc le héros du roman à accepter un poste d'enseignant, à se soumettre, on y revient toujours avec Michel Houellebec...
- [...]
- [...] Dans votre cas, je pense que vous pourriez avoir trois épouses sans grande difficulté, mais vous n'y êtes, bien entendu, nullement obligé. Page 292. 
[...] Une nouvelle chance s'offrirait à moi ; et ce serait la chance d'une deuxième vie, sans grand rapport avec la précédente. 
Je n'aurais rien à regretter. Fin.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015. 

Production de temps libre...

PRODUCTION = PRODUCTIVITE x HEURES TRAVAILLEES
soit
PRODUCTION  = PRODUCTIVITE x DUREE DU TRAVAIL x NOMBRES D'EMPLOIS
Ainsi, il y a un lien net entre les gains de productivité et l'emploi. Imaginons qu'un constructeur automobile produise 100 voitures avec 100 ouvriers. Un gain de productivité de 5 % en une année signifie qu'il va être capable de produire 105 voitures avec ses 100 ouvriers. S'il y a 5 % de croissance de la demande, c'est ce qu'il produira. Mais bien évidemment, si la demande n'augmente que de 2 %, il ne produira que 102 voitures, ce qui ne nécessite plus que 97 ouvriers. Rapidement, si le temps de travail n'est pas abaissé, les gains de productivité induiront trois chômeurs... 
[...] C'est tout le drame du productivisme actuel : il y a des gains de productivité, mais une croissance faible. La quantité de travail est donc réduite, soit pas la baisse du temps de travail, soit par la baisse des emplois. Sans intervention publique, la décision appartenant aux entreprises, il est malheureusement logique qu'elles choisissent les licenciements, puisque cela n'a aucun coût pour elles à court terme. En revanche, le chômage augmentant nationalement, le coût de son indemnisation augmente aussi et, finalement, les entreprises paient plus de cotisations. Les deux solutions sont économiquement équivalentes : soit le système productif paie 100 personnes travaillant 35 heures, soit il en paie 90 travaillant 39 heures et indemnise 10 chômeurs pour qu'ils ne travaillent pas.

Olivier BERRUYER, Les faits sont têtus, Les arènes, 2013, p. 232.

Remède...

L'économiste Milton Friedman [...] suggérait de faire face à la déflation en jetant de la monnaie d'un hélicoptère. 
[Mais], compte tenu, à la fois de leur surendettement, et de la faiblesse de la demande, les entreprises ne sont [...] pas tentées d'emprunter pour accroître leurs investissements, aussi bas que soient les taux d'intérêts qui leur sont proposés. [...] Quand aux consommateurs, ils préfèrent, eux aussi, se désendetter plutôt que de consommer davantage. La conjonction d'une abondance de liquidités et d'une faiblesse de la demande amène les détenteurs de capitaux à investir dans des placements improductifs (immobilier, titres spéculatifs) sans effet sur le raffermissement de l'appareil de production. 
Keynes proposait, lui, de payer des chômeurs pour creuser des trous et d'autres pour les combler. 
[Mais], d'une part, au sein de l'Union européenne, une politique de relance [...] buterait sur les contraintes institutionnelles [...], d'autre part, dans une économie ouverte, toute relance de la demande risque d'entraîner l'apparition, ou l'aggravation, du déficit commercial [...]. 
Une politique de relance doit donc être orientée vers un renforcement de l'appareil productif. L'Etat peut décider des investissements publics allant dans ce sens. Il peut aussi réduire sensiblement l'imposition des entreprises qui procéderaient elles-même à des investissements visant à renforcer leur productivité. 
[...] La politique de relance [...] devrait être entreprise au niveau européen. 
[...] La véritable mise en oeuvre d'un véritable mécanisme de rééquilibrage des balances courantes ouvrirait la voie à une politique coordonnée, les pays excédentaires étant invités à relancer leur économie et à tirer, ce faisant, la croissance de la zone euro. 
[...] Les pays [...] devraient accepter une règle d'équilibre de leur budget de fonctionnement [...] en échange de la prise en charge par un budget européen étoffé du financement d'investissements visant à muscler l'appareil de production des Etats membres. 
[...] Ce budget serait financé par des crédits à long terme et à faible taux émis par la Banque centrale européenne
[...] Compte tenu de l'importance qui serait ainsi impartie au budget européen, on imagine mal qu'il ne soit pas soumis à un contrôle politique, soit du parlement européen, soit d'un ministre des finances de l'UE, amorce d'un véritable gouvernement communautaire. 
[...] L'UE risque [...] de s'enfoncer durablement dans la crise parce que le remède, qui suppose un approfondissement de la construction européenne, est perçu aujourd'hui comme la source du mal et non le moyen de le combattre.
André GRJEBINE, Le Monde, Supplément Eco & Entreprise, 12/11/2013, p. 9.

Start-down...

Pourquoi la France voit-elle son industrie péricliter ? Pourquoi génère-t-elle si peu d'entreprises innovantes ? Les avis des uns et des autres...
Les chefs d'entreprise ont besoin des sécurité fiscale et réglementaire pour investir. [Les] changements de pied incessants sont mortifères. Anne EVENO (propos de M. Jean-Eudes du Mesnil du Buisson), Le Monde, 06/11/2013, Supplément Eco & Entreprises, p. 2.
Les levées de fonds de capital-risque sont dix fois plus élevées aux Etats-Unis qu'en EuropeFleur PELLERIN, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 68.
[...] Les taux de créations d'entreprise de part et d'autre de l'Atlantique ne sont pas très différents, mais les entreprises européennes grandissent difficilement. 
[...] Cette divergence tient en partie au fait que beaucoup de créateurs d'entreprise, côté européen, préfèrent rester petits
Elle tient aussi à des facteurs financiers. Il est impossible de financer des croissances aussi rapides et aussi spectaculaires avec du crédit bancaire
[...] Pour monter dans le train de l'économie de l'innovation, il faut accepter que les champions établis se fassent bousculer. Or, en Europe, on a tendance à [les] protéger [...]. 
Ceux-ci rachètent les start-up, les assimilent, mais souvent aussi les brident
[...] Dans le secteur des biotechnologies, au sud de San Francisco, par exemple, beaucoup de petites entreprises [se sont] établies à peu près au même endroit. [...] Celles qui sont temporairement en difficulté licencient tandis que d'autres embauchent. [...] Cette démographie bouillonnante ne peut fonctionner que si les salariés vont d'une entreprise à l'autre. Ce type d'organisation du marché du travail, très éloigné du modèle de l'emploi stable, est très peu fréquent en Europe. Ce qui ne concourt pas à doper l'innovation. Jean PISANI-FERRY, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 44.

Perruchhhhut...

[...] Sur les 4 milliards annuels que touchent les organisations syndicales, le montant des cotisations s'élève à 3 %
[...] On est dans un pays où l'on achète la paix sociale
[...] Le rapport [dit "Perruchot" sur le financement des syndicats (2011)] est "enterré" pendant 25 ans.

Dé-formation...

30 milliards d'euros sont collectés chaque année au titre de la formation professionnelle, et, depuis des lustres, les ministres chargés du dossier se refilent la patate chaude du contrôle de l'utilisation de ces fonds.
Dans le collimateur [...], les formations comportementales visant à améliorer les performances et le bien-être des salariés dans l'entreprise.
D'après les estimations de la Miviludes, entre 10 % et 15 % de ces formations seraient sujettes à caution. L'an passé, sur les 187 structures contrôlées par l'administration dans ce champs précis, plus de la moitié ont fait l'objet d'une mise en conformité, tandis que 27 % ont été tout bonnement supprimées du registre officiel des organismes de formation.
Nicolas Perruchot, ancien parlementaire, fournit des chiffres du même ordre...
[...] Sur près de 80 000 organismes qui font de la formation, on peut estimer que 15 à 20 000 ne servent absolument à rien. Donc on a 6 à 7 milliards d'économies à faire sur ce sujet-là [...]
Nicolas PERRUCHOT, BFM Business, 18/10/2012.
Comment pourrait-on s'assurer de la qualité de l'offre ? [Selon Marc Ferracci], en instaurant des indicateurs de résultat ! Tout se passe comme si les prestataires étaient dédouanés de la question du retour à l'emploi de leurs clients. En Allemagne, au contraire, jusqu'à 70 % de la rémunération des organismes de formation peuvent reposer sur ce critère. Avec une telle réforme, les prestataires seraient obligés de suivre le devenir de leurs stagiaires, et aussi d'adapter leurs cours aux besoins des entreprises.
Béatrice MATHIEU, L'Expansion, 09/2012, p. 53.

Diviser pour mieux unir...

La recherche de l'abondance par la production et le travail est aux yeux d'Adam Smith, par exemple, le moyen de renforcer la cohésion des sociétés en accroissant les liens d'interdépendance entre les individus. Un siècle plus tard, le sociologue Emile Durkheim reconnaîtra à son tour la fonction morale de la division du travail. Cette dernière induit une solidarité fonctionnelle qui tient au fait que chacun a besoin des autres pour produire.
Sébastien LEGAY, Alternatives EconomiquesHors-Série n° 97, p. 69. 

Crédit boursier...

[...] Pour les entreprises françaises, le poids des actions [dans leurs sources de financement] a [...] doublé en l'espace de trois décennies, passant de 28 % en 1979 à 55 % en 2011. [L'endettement bancaire] ne représente plus désormais qu'environ un quart de leur passif, contre près de 40 % trente ans plus tôt.
Alternatives Economique, Hors-Série n° 97, 2013, p. 31.

La part du gâteau...

Sous la surface de la répartition de la valeur ajoutée entre salaires et dividendes...
7. [...] Alors que dans les années 1970, les entreprises consacraient deux fois plus d'argent à leurs investissements nets qu'à la rémunération des propriétaires de leur capital, cette proportion est inversée aujourd'hui. Alternatives Economiques, 06/2012, p. 6.
6. [Entre début 2008 et le second semestre 2012, dans les sociétés non financières,] le poids des intérêts versés aux banquiers a baissé de 2 % à 1 % de la valeur ajoutée  [...] Le pourcentage des dividendes versés aux actionnaires [...] est passé de 8 % à 8,9 % (de la valeur ajoutée).  Alternatives Economiques, 12/2012, p. 74.
5.[Deux chercheurs, Christopher Lantenois et Benjamin Coriat] ont observé [sur un panel de firmes françaises et allemandes sur la période 1997-2007], une hausse de la distribution des profits aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachat d'actions, ainsi qu'un recentrage sur un nombre restreint d'activités. » Alternatives Economiques, date inconnue, p. 49. 
4. Au cours des cinq dernières années, la part qui a été donné en rémunération du capital, les dividendes, ça a augmenté de 27 %. La masse salariale [...] n'a augmenté que de 12 %. Maintenant si vous regardez sur 30 ans, [...] la part prise par le capital c'était 3 % de la richesse, aujourd'hui, c'est 9 %. Jean-Luc MELENCHON, France 3, 12/13, 11/11/2012. 
3. Sur a période 2006-2010, la valeur ajoutée des entreprises a augmenté de 7,5 % en termes nominaux, ce qui représente un volume de 74 milliards d'euros. L'essentiel de cette progression, 82 % exactement, [...] est allé aux salariés sous forme de salaires, de cotisations sociales ou d'impôts sur les salaires ! Ainsi, la part de la valeur ajoutée consacrée au travail, directement ou indirectement, est passée de 66,9 % à 67,9 % sur cette période. Le revenu disponible ajusté des ménages a crû de 5,8 % en termes réels sur la période 2006-2010, grâce notamment a une progression des prestations sociales de 10,1 %, tandis que les salaires nets augmentaient de 3,6 %. Denis KESSLER, Challenges, n° 261, p 34.
2. Les chiffres de l'OCDE, montrent que dans tous les pays depuis 30 ans, ce qui va au salaire par rapport à ce qui va aux dividendes [...], est à un plus bas historique, est passé de 67 % du PIB [...] à 57 % il y a cinq ans quand la crise a éclaté. Pierre LARROUTUROU, France Inter, 3D le journal, 15/04/2012.
1. Sur très longue période, le partage de la valeur ajoutée est en général stable, autour de deux tiers pour les salaires et un tiers pour les profits [...]. Les chocs pétroliers des années 1970 entraînent une nette diminution du taux de marge [la part de la valeur ajoutée qui rémunère les apporteurs de capitaux]. L'endettement des entreprises [...] atteint alors ses limites et montre qu'il n'est pas soutenable [...]. [En France], les salaires seraient plus élevés de 5 % environ si le partage était resté stable [depuis les années 1960]. Alternatives Economiques, n° 307, p. 82.

Fiscalité de Ponzi...

Selon une enquête publiée [...] par l'agence Bloomberg, Chesapeake, numéro deux du gaz naturel aux États-Unis, a réalisé 5,5 milliards de dollars de profits avant impôts en vingt trois années d'existence, mais ne s'est acquitté sur cette période que de 53 millions d'impôts sur les bénéfices. Soit 1 % alors que le taux en vigueur aux États-Unis est théoriquement de 35 %. [...] Les sociétés pétrolières ont [en effet] le droit d'inscrire dans leurs comptes les lourds investissements nécessaires à la réalisation d'un puits dans l'année où l'argent est dépensé, plutôt que d'étaler l'amortissement sur la durée d'exploitation du gisement. Ce qui permet à une société qui multiplie les nouveaux forages de différer sans cesse le paiement de ses taxes
[...] Le patron de Chesapeake a touché au cours de la seule année 2008 deux fois le montant versé par son entreprise au titre de l'impôt sur les sociétés en deux décennies.
Antoine de RAVIGNAN, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 45. 

L'exemple Apple...
[...] En 2011, la filiale irlandaise d'Apple (qui centralise les ventes d'iPad, iPhone et d'autres produits) a déclaré 22 milliards de dollars de bénéfices avant impôts et n'a payé que 10 millions d'impôts. [Ainsi] entre 2009 et 2011, 74 milliards de bénéfices avant impôts auraient échappé au fisc américain, rapporte le Financial Times.
Et ce que la défense en dit...
[... Apple] compte [...] insister sur le fait qu'elle a "créé des centaines de milliers d'emplois" et "généré des milliards de dollars de ventes pour les développeurs de logiciels". L'entreprise a contribué à hauteur de 6 milliards de dollars au budget américain en 2012. Elle se dit prête à verser davantage d'argent au Trésor américain si nécessaire. Apple "a d'importantes liquidités à l'étranger car il vend la majorité de ses produits en dehors des Etats-Unis", s'est défendu [Tim Cook] mardi, affirmant qu'il "gère avec attention ses liquidités à l'étranger pour soutenir ses activités internationales dans le meilleur intérêt de ses actionnaires".

Usine à impôts...

Sous la surface de l'impôt sur les sociétés en France...
3. Pour un taux d'imposition sur les sociétés de 33,3 %, les entreprises paient en moyenne 18 %, avec de fortes disparités : 30 % pour les entreprises de moins de 20 salariés et 8 % en moyenne pour les entreprises du CAC 40, certaines d'entre-elles ne payant absolument pas d'impôts. Christian CHAVAGNEUX, Alternatives Economiques, 05/2013, p. 59. 
2. Les entreprises du CAC 40 ont un taux d'imposition de 8 %. Si l'on enlève les entreprises publiques, c'est 3,5 %. C'est le Conseil des prélèvements obligatoires qui l'a montré. Christian CHAVAGNEUX, France 3, Le monde d'après, 12/11/2012. 
1. Au classement du World economic forum, sur la taxation moyenne des entreprises, en tenant compte de tous les impôts, la France est 128e sur 142. BFM, Les experts, 10/10/2012.

Productivité optimisée...

Les [travailleursFrançais sont parmi les plus productifs au monde [avec 75 000 € de richesses produites en 2012 par emploi]. [...] Mais les Irlandais sont censés être beaucoup plus efficaces encore avec 89 000 euros par emploi [...]. Une fiction qui ne résulte que des manipulations frauduleuses des multinationales pour transférer en Irlande les bénéfices réalisés ailleurs en Europe
[Ces multinationales] pratiquent l'optimisation fiscale de façon de plus en plus agressive, via les "prix de transferts" auxquels les différentes entités d'un groupe se vendent ou s'achètent produits et prestations de services afin de localiser les profits là où l'imposition des bénéfices est la plus faible, ce qui n'est pas le cas de la France. Comme le souligne l'économiste Philippe Askenazy, ce facteur peut avoir un effet non négligeable tant sur [la] valeur ajoutée [des pays] que sur leurs profits et le déséquilibre des échanges extérieurs.
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 11/2012, p. 7.

Dans le même genre, la Suisse...
[...] Si la Suisse regroupe moins de 2 % des effectifs à l'étranger de l'ensemble des entreprises françaises présentes hors du territoire, le pays pèse pour 9 % de leur chiffre d'affaires étranger. Un écart qui n'est sûrement pas dû à une exceptionnelle productivité de l'employé suisse...
Christian CHAVAGNEUX, Alternatives Economiques, 05/2013, p. 59.

Sacré Conard...

[Edward Conard] défend l'idée que l'énorme et sans cesse croissante inégalité des revenus aux Etats-Unis n'indique en rien que l'économie est grippée. Bien au contraire [...]. Si même l'inégalité était encore un peu plus forte, tout le monde s'en porterait mieux, notamment les 99 %. 
[...Selon lui,] la plupart des Américains [...] ignorent que les super-riches ne dépensent qu'une fraction de leur fortune pour leur confort personnel ; que le gros de leur argent est investi dans des affaires productives qui améliorent la vie de tout le monde. 
[...] L'idée que la société profite de la saine concurrence entre les investisseurs est assez largement répandue. Éminent économiste de gauche, Dean Baker [...] estime que pour chaque dollar que gagne un investisseur, le public reçoit l'équivalent de 5 dollars en valeur. 
[...] Selon Conard, cependant, Baker sous-estime les bénéfices sociaux de l'investissement. Il prend l'exemple de l'agriculture : depuis les années 1940, grâce à un flux constant d'innovations, le coût de l'alimentation a régulièrement diminué. Si les entreprises qui ont bénéficié de ces innovations, comme les semenciers ou les chaînes de restauration rapide, ont fait la fortune de leurs propriétaires, le consommateur américain moyen en a profité encore plus. Conard conclut que, pour chaque dollar entré dans la poche d'un investisseur, le public récolte jusqu'à 20 dollars en valeur. 
[...] Jamais avare de vacheries, il [appelle] "diplômés en histoire de l'art" [...] tous ceux ayant la chance de naître avec le talent et les opportunités qui leur permettrait de rejoindre la mécanique de la prise de risque et de la chasse à l'innovation, mais préfèrent choisir une vie moins compétitive
[...] La seule façon selon lui de convaincre ces "diplômés en histoire de l'art" de rejoindre la redoutable mécanique de la vraie compétition économique est de les attirer avec des rétributions hors normes.
Books, 03/2013, p. 25.

Joseph Schumpeter était déjà sur cette ligne...
[Selon lui], les gagnants doivent obtenir "des gains impressionnants" pour provoquer "une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus juste".
Alternatives Economiques, 02/2013, p. 14.
[...] En 2008, ce sont les grands fonds de pension, les compagnies d'assurance et d'autres énormes investisseurs institutionnels qui ont retiré leur argent dans un mouvement de panique. Avec le recul, Conard juge que ce sont ces retraits qui ont conduit à la crise, et non, comme tant d'autres l'ont avancé, une orgie de prêts irresponsables
[...] Le rôle central des banques est de transformer les avoirs à court terme d'épargnant nerveux en prêts à long terme risqués favorisant la croissance. [...] Ce à quoi elles ne s'attendaient pas, c'est que les déposants retirent leur argent, chose qu'ils n'avaient pas faite en masse depuis 1929. 
Books, 03/2013, p. 25.

Repos forcé...

Sous la surface du sous-emploi, du temps partiel, de l'emploi précaire, ou considéré comme tel...
6. La 30 % des salariés à temps partiel déclarent vouloir travailler davantage [...] en grande majorité des femmes. Alternatives Economiques, 01/2013, p. 52. 
5. La France est [...] l'un des pays européens où le recours aux contrats précaires (CDD ou intérim) est le plus fréquent : plus de 15 % des emplois [13,8 % en Allemagne, 20 % au Portugal ou en Espagne]. Alternatives Economiques, 01/2013, p. 9. 
4. Le taux d'emplois à temps partiel (sur l'emploi total) a diminué en France de 14,2 % en 1995 à 13,6 % en 2011. Il a également diminué aux Etats-Unis (14 à 12,6) et en Suède (15,1 à 13,8). Il a augmenté au Royaume-Uni (22,3 à 24,6), en Allemagne (14,2 à 22,1) ou en Italie (10,5 à 16,7). Alternatives Economiques11/2012, p. 71
3. Les trois quarts des recrutements se font [...] aujourd'hui en CDDAlternatives Economiques, 10/2012, p. 15. 
2. Les travailleurs en sous-emploi [temps partiel ou temps complet un partie de l'année] étaient plus de 1,5 million début 2010. DORIVAL C. (2011). Le travail, non merci ! Les petits matins, 2011, p.45.  
1. On assiste à un fort développement des emplois de très courte durée. [Selon l'Acoss, entre 2000 et 2010, le nombre de CDD de moins d'un mois enregistrés, a augmenté de 126 %. Le nombre de CDI a diminué de 23 %]. Alternatives Economiques, 11/2011, p. 11. 

Small is beautiful...

Le rôle joué par les entreprises de taille intermédiaire, entre la PME et la grande entreprise, intéresse de plus en plus les économistes. [Selon une étude menée par deux professeurs de l'Essec sur ces entreprises] en France et dans trois autres pays européens, bien qu'elles ne représentent qu'entre 1 % et 2 % des sociétés, elles génèrent un tiers du chiffre d'affaires du secteur privé et emploient un tiers de la main d'oeuvre. Alors que les grandes entreprises ont supprimé près de 1,5 millions d'emplois dans les quatre pays étudiés depuis trois ans, elles en ont créé 200 000. [...] Elles ont un fort pouvoir sur le tissu économique local, 70 % de leurs fournisseurs étant locaux ou nationaux.
Alternatives Economiques, 12/2012, p. 50.

Cet intérêt (supposément) croissant pour les entreprises de taille moyenne, trahit certainement une défiance de plus en plus prononcée à l'égard des grande "multinationales"...

Scoopération...

Sous la surface des Scop (sociétés coopératives et participatives)...
5. Sauver une entreprise industrielle menacée de faillite en facilitant sa reprise par ses salariés, telle est l'image d'Epinal associée aux Scops. [...] En fait trois nouvelles Scop sur quatre sont des créations ex nihilo. Alternatives Economiques, 12/2012, p. 37.
4. Depuis le début de la crise en 2008, les reprises d'entreprises en difficulté sous forme de Scop représentent moins de 10 % des nouvelles Scops. Valérie LION, L'Express, 11/2012, p. 90. 
3. C’est un fait, le modèle coopératif, ou commerce associé, résiste à la crise. Par exemple, sur l’année 2008, alors que le commerce de détail souffrait du marasme ambiant et enregistrait une croissance négative (à -0,3 %), le commerce associé, qui représente près de 26 % du commerce de détail en France, affichait pour sa part une croissance de 4,9 %, contre +5,1 % en 2007. PointsDeVente.fr
2. Tous métiers confondus, [le chiffre d’affaires des Scops] et leur valeur ajoutée ont doublé en 10 ans. Le taux de survie des entreprises créées en Scop s’élève à 57% au dessus de la moyenne nationale (52% source INSEE). LesScop.fr
1. L’Organisation internationale du travail (OIT) recommande depuis 2002 la structuration coopérative du travail : Les coopératives ont un rôle d'émancipation en permettant aux couches les plus pauvres de la population de participer aux progrès économiques. Elles offrent des possibilités d'emploi à ceux qui ont des compétences, mais peu ou pas de capital et assurent protection en organisant l'assistance mutuelle au sein des communautés. Wikipédia. 

Croisée des chemins...

Si on regarde sur le long terme, depuis les Trente Glorieuses, l'évolution de la croissance, on a une courbe logarithmique avec une asymptote, une limite. On s'aperçoit que les économies occidentales et singulièrement l'économie américaine sont à leur asymptote. Le PIB nominal américain, est quasiment à son maximum et qu'il ne pourra continuer à évoluer et s'accroître que s'il y a un véritable choc technologique. Et donc le véritable enjeu dans les profits de ces entreprises c'est que vont-elles faire de leurs profits ? Est-ce que ça va servir à créer la révolution technologique de demain ou est-ce que ça va être des retraites dans des fonds de pension ?
Jean-Marc DANIEL, BFM, 27/12/2012.

La question posée est très intéressante et séduisante mais, chose étonnante, il est impossible de trouver une courbe du PIB américain qui matérialise ce tassement de la croissance dont parle Jean-Marc Daniel. Voici à quoi elle ressemble quelle que soit les sources, ici d'après un article du (très bon) site d'Olivier Berruyer...

Si l'on exclu la baisse depuis 2007, la tendance "lourde" depuis les Trente Glorieuses ressemble plutôt à une exponentielle et non à une courbe logarithmique.
Pourtant, et c'est le plus étrange de l'affaire, l'évolution du taux de croissance par habitant sur cette période, diminue ! La courbe du PIB devrait donc effectivement "se tasser" avec le temps...

Après demande d'éclaircissement dans les commentaires de l'article, Olivier Berruyer répond qu'il s'agit d'un effet d'optique et qu'il faut zoomer sur la période 1960-2010 pour s'apercevoir que la courbe est bien logarithmique...
Voici un montage rapide avec le graphique 1800-2010 ci-dessus zoomé sur la période 1960-2010 avec en superposition le taux de croissance...


Toujours pas d'asymptote en vue... On pourrait à la rigueur approximer à une tendance linéaire (droite bleue), mais cela ressemble décidément plus à une courbe en cloche inversée (exponentielle donc). Pourtant les variations du PIB sont bien en phase avec celles du taux de croissance. Mais on ne voit toujours pas comment la courbe du PIB peut tendre à "s'envoler" alors que son taux de croissance va diminuant (observer la moyenne décennale en rouge clair)...

Ci-dessous, en passant, ce PIB américain depuis 1947 avec quelques repères historiques...

On note que pour Jean-Pierre Chevallier, "depuis l'après-guerre, la croissance du PIB réel est constante et régulière"...

Virage...

La protection des salariés  français contre les licenciements individuels reste [...] selon l'OCDE, sensiblement plus limitée qu'en Suède, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais aussi qu'en République tchèque, en Russie, en Inde ou encore en Chine. Rien d'exceptionnel donc dans la situation française de ce côté-là. 
[...] Du côté de licenciements collectifs [...] il y a certainement des choses à améliorer, notamment sur le plan des délais et de la sécurité juridique, mais l'OCDE situe au contraire clairement la France parmi les pays les moins protecteurs sur ce plan. En Italie, en Belgique, en Suède, an Allemagne, en Pologne, en Chine, au Royaume-Uni et même aux Etats-Unis, les contraintes qui pèsent sur les entreprises en cas de licenciement collectif son sensiblement plus importantes qu'en France.

Flexion, extension...

Sous la surface de la flexibilité au travail...
2. Entre le début 2008 et la mi-2012, [la France] est un des trois seuls pays de la zone euro, avec l'Autriche et l'Allemagne, où la proportion des 25-59 ans (le coeur du salariat) qui occupent un emploi s'est accrue. [Sur l'ensemble du spectre des 15-64 ans, ce taux d'emploi a baissé par contre de 0,4 % du fait d'un recul marqué chez les 15-25 ans]. 
[...] Dans le même temps, au Royaume-Uni, dont on nous a si souvent chanté les louanges en matière de flexibilité, le taux d'emploi des 25-59 ans a baissé de 0,9 point. Tandis qu'aux Pays-Bas, le modèle "polder" à la mode à la fin des années 1990, ce taux a reculé de 1,4 points depuis 2008. Quant au fameux modèle danois avec sa flexisécurité si enviée, le taux d'emploi y a même reculé de 4,5 points en quatre ans. Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 01/2013, p. 9.
2.1. La tranche des 25-54 ans représente 77 % du total de la population activeInsee.fr

Le "coeur du salariat" tel que défini ci-dessus, soit les 25-59, représente donc une proportion encore un peu supérieure à ce chiffre. En écartant certaines tranches, l'argumentaire est affaibli, mais il mérite néanmoins réflexion.
1. [La France] était le seul pays qui n'était pas allé dans [la direction de la "flexibilité" au travail] depuis quinze ans. Et quand vous regardez les travaux que font les économistes, le lien entre le niveau de flexi-sécurité dans un pays et le niveau de chômage est quand même édifiant. Si vous prenez les trois pays qui pratiquent le plus la flexi-sécurité aujourd'hui dans le monde industrialisé [...] ce sont les trois pays dans lesquels il y a le moins de chômage : le Danemark, les Pays-Bas, l'Autriche. Si vous prenez les trois pays dans lesquels la flexi-sécurité est la moins développée, ce sont aussi les trois pays dans lesquels il y a le plus de chômage : c'est la France, l'Espagne, le Portugal. Et au milieu vous avez des pays dans lesquels vous avez un niveau de flexi-sécurié intermédiaire, ce sont des pays qui ont un taux de chômage intermédiaire : l'Allemagne, l'Italie, la Suède, le Royaume-Uni, la Finlande. Emmanuel LECHIPRE, France Inter, On n'arrête pas l'éco, 19/01/2013.

Mieux on se porte...

Chiffres et arguments au sujet des 35 heures et du temps de travail d'une manière générale...
3. On oublie trop souvent que c'est la droite qui a promu dès 1995, avec les lois Robien, la baisse du temps de travail comme réponse au chômage ! Philippe MANIERE, L'Express, 11/2012, p. 74.
2. Certes, 350 000 emplois bien visibles ont été créés à court terme [...] mais bien plus, hélas invisibles, sont restés dans les limbes en raison de la perte de compétitivité qui s'est ensuivie et nous vaut aujourd'hui un déficit extérieur abyssal. Selon une étude de COE-Rexecode, qui a remis les pendules à l'heure après des décennies d'erreurs statistiques, un salarié français travaille moins que n'importe quel autre de ses homologues de l'OCDE : comment voudrait-on qu'il créât autant de richesses que lui ? Philippe MANIERE, L'Express, 11/2012, p. 74.
2.1. En 2011 (derniers chiffres publiés par l'OCDE à ce jour), un salarié français ne travaille pas "moins que n'importe quel autre de ses homologues de l'OCDE". Il fait clairement parti de ceux qui travaillent le moins, avec 1476 heures par an et par salarié, mais il arrive en quatrième position après les Pays-Bas (1379), l'Allemagne (1413) et la Norvège (1426). Oecd.org.
2.2. Et bien-sûr, il est possible de créer plus de richesses en "travaillant moins", c'est le principe de la productivité. D'ailleurs la Norvège, est le pays qui produit le plus de richesse par travailleur (83 $ par heure travaillée). Quant à la France, presque dernière en temps de travail, elle est 7e producteur de richesse (sur 50 pays comptabilisés). Oecd.org.

1. Quand on a mis en place les 35 heures, que l'on soit pour ou contre, la contre-partie que l'on attendait des entreprises, c'était qu'elles embauchent. Non seulement ça n'a pas eu lieu...
1.1. En (2), Philippe Manière cite 350 000 emplois créés.
...mais 10 ans plus tard, on se retrouve avec un taux de chômage inégalé en France, alors certes y a la crise depuis 2 ans, mais notre taux de chômage n'a pas bénéficié des 35 heures. C. GERS, BFM, Les experts, 06/01/2012.