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Vend appartement... plus tard...

La finance reste [aux yeux de Robert J. Shiller] le meilleur moyen de couvrir les risques des agents économiques [...]. 
Le New York Times rapporte ainsi son raisonnement concernant le secteur immobilier : prenons d'un côté "un jeune couple anticipant un besoin d'agrandissement pour le jour où il aura des enfants" et de l'autre "un couple plus âgé s'attendant à devoir vendre sa maison pour financer les études des siens". Une flambée des prix empêcherait le premier d'accéder à la propriété, et le capital du second fondrait en cas de baisse. Or, "si la première famille pouvait acheter à la seconde un contrat à terme sur le prix de sa maison, les deux verraient leur risque réduit".
Les deux couples se mettraient d'accord sur un prix d'échange de la maison, à une date donnée (un terme), mettons cinq ans. Parvenus au terme de cette échéance, le premier couple achèterait la maison au prix convenu cinq ans auparavant, et bien-sûr, le deuxième couple serait obligé de lui vendre à ce prix, quelle qu'ai put être l'évolution du marché de l'immobilier.
C'est ainsi que les intervenants sur les marchés financiers, des industriels aux spéculateurs, utilisent les contrats à terme. Il s'agit d'une des formes que peuvent prendre les produits dérivés.
Shiller imagine aussi des crédits immobiliers dont les remboursements diminueraient automatiquement en cas de contraction du marché [...] . 
Dans la même logique contracyclique, il encourage les États à émettre non plus des obligations à montant fixe, mais "des parts de leur économie [...] dont les dividendes varieraient en fonction de ses performances". Des propositions à considérer "d'urgence", estime The Economist.
Books, 10/2012, p. 99.

Assurance en bois...

La "titrisation" de crédits individuels accordés à des ménages [trahi] une mécompréhension de la logique qui sous-tend le principe de l'assurance. [...] Les "sinistres" dans le domaine de l'immobilier résidentiel ne présentent pas les qualités qui auraient permis à une logique assurrantielle de jouer : ils ne sont ni rares ni aléatoires, car ils sont liés à des conjonctures économiques particulières.

Croissance en sécurité...

La mondialisation touche aussi la protection sociale. Inde, Brésil, et autres "pays émergents" développent l'aide aux retraités et aux chômeurs. Le progrès spectaculaire est celui de l'assurance-santé en Chine : selon un rapport du Centre d'analyse stratégique, elle couvrait 24 % de la population en 2005, contre 94 % en 2010 ! [...] Les pays émergents ont intérêt à poursuivre la mise en place d'une "Sécu" efficace : une fois couverts, les ménages peuvent se passer d'une épargne de précaution élevée et dépensent plus, stimulant la croissance économique. Ainsi, peu à peu, nos industriels seront moins concurrencés par les entreprises chinoises, obligées de cotiser pour leurs salariés.

Opérations à risque...

Je suis chirurgien de base. Quand je me suis installé en 1992, j'avais 1 000 euros d'assurance à payer. Vous savez combien j'ai aujourd'hui ? J'ai 15 000 euros. Et c'est une assurance faible.
Philippe CUQ (Chirurgien vasculaire à Toulouse), Canal +, 11/2012.

A quel point la hausse des coûts de la chirurgie ou des soins hospitaliers est due à la judiciarisation de la société ?

Assurance-paix sociale ?

C'est intentionnellement que l'assurance-vie a été conçue [...]. La retraite par capitalisation, en faisant dépendre ses bénéficiaires du mécanisme de l'intérêt, met en place une solidarité de fait du salarié [...] avec le gros investisseur [...], affaiblissant d'autant sa capacité à remettre en question le système sous sa forme présente.
Paul JORIONMisère de la pensée économique, Fayard, p. 266.

Où vont nos sous ?

Que sont devenus les 10 000 € laissés sur mon compte courant ? Si l'on considère la façon dont le groupe Société générale utilise les fonds dont il dispose, on obtient le panorama suivant [l'information repose sur le retraitement des comptes consolidés de la Société générale au 31 décembre 2009] :
  • 1 700 € sont partis financer l'économie nationale, en faisant ce que l'on imagine a priori être le métier de sa banque : distribuer des crédits pour financer l'achat de logements, de voitures, ainsi que les projets des petites entreprises clientes et des collectivités.
  • 1 000 € ont servi à financer les dépenses publiques. De la France, mais aussi d'autres Etats endettés, notamment l'Allemagne et les Etats-Unis. Ces budgets ont principalement été affectés à l'éducation, à l'armée, et au service de la dette, c'est-à-dire au remboursement des emprunts précédents.
  • 4 100 € sont investis dans des multinationales, sous forme de prêts, d'obligations et d'actions. Cela finance de nombreux secteurs d'activités, en particulier ceux qui nécessitent beaucoup de capitaux comme le pétrole, la production d'électricité et plus généralement l'industrie lourde.
  • 1 300 € ont été confiés à d'autres institutions financières, souvent à l'étranger : banques et assurances en particulier. Ils ont servi à financer les crédits distribués par ces acteurs à leurs clients ainsi que toutes leurs autres activités, qui ressemblent à celles de ma banque. Sur cette somme, une centaine d'euros est partie en fumée dans les crédits immobiliers des familles américaines surendettées.
  • 1 900 € ont été convertis en jetons pour jouer au casino avec les produits dérivés. Les paris de ma banque auront fait monter les prix de matières premières ou entraîné la baisse du cours en Bourse d'entreprises, mais impossible avec les informations qu'elle fournit de dire lesquelles et dans quelles proportions.  »
Stanislas DUPRE (2010), Que font-ils de notre argent ? NIL éditions, p. 35 - 38.

Les fonds des banques déposés sur comptes d'épargne sont gérés comme suit :
  • Livrets gérés par la banque - 30 % de l'épargne des ménages [français] - CEL, Livret Jeune, Livret B – Ils sont gérés comme les fonds sur comptes courants
  • Épargne réglementée – 8 % de l'épargne des ménages - Livret A, LDD (ex CODEVI) – Une partie est confiée à un établissement public, la Caisse de dépôts : 70 % pour le livret A et 10 % pour le livret LDD. La Caisse des dépôts en utilisera la moitié pour financer la construction de logements sociaux et placera l'autre moitié sur les marchés financiers, principalement en obligations d'États. L'autre partie est utilisée pour financer les PME et pour une toute petite part (2 %) - c'est ce qui justifie le nom de livret Développement Durable – les travaux d'économie d'énergie dans les logements. 
  • Épargne investie – 16 % de l'épargne des ménages - L'argent ne part plus dans un pot commun, il est confié à une société de gestion, le plus souvent filiale ou partenaire de la banque – OPCVM, FCP, ou « fonds » de toutes sortes... - Il est souvent impossible de savoir dans quelles entreprises [et dans quelles proportions] l'argent est investi. Pour les « fonds à formule », seul le gestionnaire de fonds sait où l'argent est investi, même la banque l'ignore, une performance minimum est garantie. 
  • Assurance-vie – 40 % de l'épargne des ménages – Contenu opaque. Bloqués 7 ans, les fonds sont confiés à des assureurs qui l'investissent principalement sur des obligations d'États, de banques et d'entreprises, mais aussi sur les crédits titrisés ou les produits dérivés.
Un petit complément d'information...
80 % d'obligations, 5 à 10 % d'actions, 5 à 10 % de liquidités. Le Monde argent, 19/02/2011, p.4.
  • Investissement direct – 7 % de l'épargne des ménages – Achats d'actions ou d'obligations en bourse.
Stanislas DUPRE (2010), Que font-ils de notre argent ? NIL éditions, p. 35 - 38.

La trahison des économistes - Jean-Luc Gréau

Jean-Luc Gréau regrette que l'orthodoxie économique nous abreuve de mensonges et autres fausses évidences...

Les 10 phrases clefs qui font réfléchir...
1. Si […] l’État français est menacé de ruine, […] comment [ses gouvernants] n'ont-ils pas été mis en garde par tous ces experts des marchés financiers […] chargés d'évaluer la dette des Trésors publics et leur degré de solvabilité ? Page 29. 
2. Les dirigeants économique du nouveau capitalisme asiatique, ont choisi des modèles d'expansion fondés sur la protection plus ou moins étanche de leurs marchés intérieurs et du capital de leurs entreprisesPage 38. 
3. Le projet apparemment audacieux du libre-échange mondial n'a pas vu le jour parce que les dirigeants politiques l'ont pensé comme une nécessité de développement de leurs économies nationales ou continentales, mais parce que les actionnaires les plus influents au sein des grandes bourses se sont mobilisés pour l'imposer. Page 49. 
4. La France n'est pas, ou pas encore, débitrice vis-à-vis du reste du monde […]. C'est la confusion dans les esprits pour l'immense majorité de nos concitoyens pour lesquels la dette de l’État est synonyme de dette de la nation. Page 132. 
5. Contrairement à la propagande des milieux boursiers, les marchés d'actions n'ont presque jamais apporté les ressources financières que nécessitait la croissance continue des entreprises. Les entreprises, cotées ou non, se sont appuyées principalement sur le réinvestissement de leurs bénéfices et le concours additionnel du crédit. Page 145. 
6. Chaque baril effectivement consommé sert de support à des transactions qui représentent 480 fois son montant. Page 152. 
7. L'indépendance des banques centrales, bifurcation majeure dans notre histoire économique récente, résulte d'une volonté de protéger la valeur des actifs financiers. […] Les actifs cotés sur les marchés courent un risque général de dépréciation dès que l'inflation devient significative. […] C'est ainsi qu'il faut comprendre les alarmes des marchés quand les moindres tensions inflationnistes se manifestent sur les marchés de la production courante. Les intérêts financiers commandent. Pages 164-165. 
8. La nécessité de recourir in fine à la banque […] pour garder à flot de grands organismes financiers en péril, remet en question le grand postulat du financement et de la régulation par les marchés. Page 167. 
9. Les éditeurs, les grossistes, les assureurs [nouveaux métiers apparus lors de l'âge d'or des Pays-Bas au XVIIe] cherchaient à réduire l'intensité du risque économique pour en élargir le champ au bénéfice de l'activité économique. Les innovateurs de tout poil de la nouvelle finance cherchent à disséminer les risques [pour pouvoir exiger des taux d'intérêts élevés] qu'ils démultiplient par leurs innovations financières. Page 227. 
10. Impossible, par exemple, pour un État de soutenir, sans accord préalable de l'Union [européenne], un projet de moteur de recherche sur le réseau Internet […]. Dans le contexte juridique actuel, il serait également interdit de lancer le grand projet Airbus […]. Page 239.
Jean-Luc GREAU (2008), La trahison des économistes. Gallimard.