Le capitalisme à l'agonie - Paul Jorion

Paul Jorion s'interroge sur les fondamentaux bancales du capitalisme...

Les 10 phrases clefs qui font réfléchir...
1. L'agence Eurostat, direction de la Commission européenne, avait certes dénoncé le subterfuge [l'accord à la Grèce, par Goldman Sachs en 2001, d'un prêt déguisé […] à un taux plus bas que celui du marché], mais des pressions des autorités politiques souhaitant l'entrée de la Grèce dans la zone euro avait fait taire ses scrupules. Pages 78-79. 
2. Celui qui [achète] un CDS alors qu'il ne détient pas l'instrument de dette contre le risque duquel il « s'assure » [les CDS sont à l'origine des instruments financiers équivalant à une assurance], prend une position que l'on appelle « nue ». […] C'est [en somme] une « assurance sur la voiture du voisin ». Page 81. 
Voir cet article sur les produits dérivés et leur fonctionnement pratique >>
3. Le système que Keynes a en tête implique que les échanges entre les nations, le règlement de leurs importations et de leurs exportations, se fassent tous par l'intermédiaire d'une chambre de compensation internationale et par le moyen d'une monnaie internationale : le bancorPage 170. 
4. Si les salaires font partie des frais de production, pourquoi ne pas considérer aussi comme frais de production les intérêts qui reviennent au capitaliste, ou bien encore le bénéfice qui va à l'industriel ou "entrepreneur" ? Mais si c'était le cas, la notion de frais de production ne serait rien d'autre, en réalité, que le prix de vente de la marchandise […] sur le marché où elle est vendue pour la première fois. […] Or ce n'est pas du tout la même chose que de considérer les salaires comme une composante des frais de production, ou comme des sommes revenant à l'une des trois parties en présence dans le partage du surplus [l'entrepreneur, l'investisseur ou le salarié]. Page 235. 
5. L'informatisation, d'une part, l'automatisation, d'autre part, ont aujourd'hui dopé à tel point la productivité dans les services aussi bien que dans l'industrie qu'il est devenu chimérique d'envisager que les salaires suffiront, à l'avenir, à absorber l'offre entière. […] Par ailleurs, la fuite en avant consistant à produire autant qu'il est matériellement possible pour créer ensuite, par la machine de guerre du marketing mise au service de l'idéologie consumériste, une demande équivalente, à trouvé ses limites dans l'épuisement des ressources et la dégradation de l'environnementPage 250. 
6. La guerre, fait très justement remarquer Saint-Just, existe avant tout entre espèces. Les hommes ont importé dans leurs relations entre eux les rapports qu'on observe dans la nature entre espèces ; donc la guerre de tous contre tous n'appartient certainement pas à un "état de nature" que l'homme aurait connu par le passé, mais à l'une des manifestations possibles de l'homme dans son "état de culture". Page 260. 
7. Le droit à la propriété, étant inégalitaire, et l'éthique, égalitaire, ces deux principes sont en effet inconciliables. Page 279. 
8. […] Je meurs de nostalgie si je reste trop longtemps éloigné de chez moi (une des principales cause de décès dans les armées du Moyen Age, si l'on en croit Duby). Page 295. 
9. Hegel a attribué la chute de l'Empire romain à la prévalence des intérêts particuliers. […] L'avènement du christianisme aurait joué un rôle essentiel : en relation privée avec leur Dieu, les citoyens cessèrent de s'identifier au sort de leur cité. Page 311. 
10. Le versement d'intérêts aux capitalistes conduit inéluctablement à un déplacement de ce fameux capital vers eux, et à sa concentration parmi eux entre un nombre de mains de plus en plus réduit. Comme l'argent finit par se retrouver concentré dans sa totalité en un endroit où il n'est d'aucun usage et d'où il doit être prêté pour servir à quelque chose, la mécanique s'enraye. Nous en sommes là aujourd'hui. Page 322.
Paul JORION (2011), Le capitalisme à l'agonie. Fayard.

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