Remède...

L'économiste Milton Friedman [...] suggérait de faire face à la déflation en jetant de la monnaie d'un hélicoptère. 
[Mais], compte tenu, à la fois de leur surendettement, et de la faiblesse de la demande, les entreprises ne sont [...] pas tentées d'emprunter pour accroître leurs investissements, aussi bas que soient les taux d'intérêts qui leur sont proposés. [...] Quand aux consommateurs, ils préfèrent, eux aussi, se désendetter plutôt que de consommer davantage. La conjonction d'une abondance de liquidités et d'une faiblesse de la demande amène les détenteurs de capitaux à investir dans des placements improductifs (immobilier, titres spéculatifs) sans effet sur le raffermissement de l'appareil de production. 
Keynes proposait, lui, de payer des chômeurs pour creuser des trous et d'autres pour les combler. 
[Mais], d'une part, au sein de l'Union européenne, une politique de relance [...] buterait sur les contraintes institutionnelles [...], d'autre part, dans une économie ouverte, toute relance de la demande risque d'entraîner l'apparition, ou l'aggravation, du déficit commercial [...]. 
Une politique de relance doit donc être orientée vers un renforcement de l'appareil productif. L'Etat peut décider des investissements publics allant dans ce sens. Il peut aussi réduire sensiblement l'imposition des entreprises qui procéderaient elles-même à des investissements visant à renforcer leur productivité. 
[...] La politique de relance [...] devrait être entreprise au niveau européen. 
[...] La véritable mise en oeuvre d'un véritable mécanisme de rééquilibrage des balances courantes ouvrirait la voie à une politique coordonnée, les pays excédentaires étant invités à relancer leur économie et à tirer, ce faisant, la croissance de la zone euro. 
[...] Les pays [...] devraient accepter une règle d'équilibre de leur budget de fonctionnement [...] en échange de la prise en charge par un budget européen étoffé du financement d'investissements visant à muscler l'appareil de production des Etats membres. 
[...] Ce budget serait financé par des crédits à long terme et à faible taux émis par la Banque centrale européenne
[...] Compte tenu de l'importance qui serait ainsi impartie au budget européen, on imagine mal qu'il ne soit pas soumis à un contrôle politique, soit du parlement européen, soit d'un ministre des finances de l'UE, amorce d'un véritable gouvernement communautaire. 
[...] L'UE risque [...] de s'enfoncer durablement dans la crise parce que le remède, qui suppose un approfondissement de la construction européenne, est perçu aujourd'hui comme la source du mal et non le moyen de le combattre.
André GRJEBINE, Le Monde, Supplément Eco & Entreprise, 12/11/2013, p. 9.

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