Bel avenir...

Dans le cas où il n'existe aucune croissance structurelle [somme du taux de croissance de la productivité et de la population, dit taux g...] on aboutit à une contradiction logique très proche de celle que décrit Marx. 
A partir du moment où le taux d'épargne nette [...] est positif, c'est-à-dire que les capitalistes s'acharnent à accumuler chaque année davantage de capital, par volonté de puissance et de perpétuation, ou bien simplement parce que leur niveau de vie est déjà suffisamment élevé, le rapport capital/revenu augmente indéfiniment. Plus généralement, si le taux g est faible et s'approche de zéro, le rapport capital/revenu de long terme [...] tend vers l'infini. [...] Dans ce cas, le rendement du capital r doit nécessairement se réduire de plus en plus et devenir infiniment proche de zéro, faute de quoi la part du capital [...] finira par dévorer la totalité du revenu national. 
La contradiction dynamique pointée par Marx correspond donc a une vrai difficulté, dont la seule issue logique est la croissance structurelle, qui seule permet d'équilibrer, dans une certaine mesure, le processus d'accumulation du capital. 
C'est la croissance permanente de la productivité et de la population qui permet d'équilibrer l'addition permanente de nouvelles unités de capital [...]. Faute de quoi les capitalistes creusent effectivement leur propre tombe : soit ils s'entre-déchirent, dans une tentative désespérée pour lutter contre la baisse tendancielle du taux de rendement (par exemple en se faisant la guerre pour obtenir les meilleurs investissements coloniaux, à l'image de la crise marocaine entre la France et l'Allemagne en 1905 et 1911) ; soit ils parviennent à imposer au travail une part de plus en plus faible dans le revenu national, ce qui finira par conduire à une révolution prolétarienne et une expropriation générale. Dans tous les cas, le capitalisme est miné par ses contradictions internes.
[...] Pour résumer, la croissance moderne, qui est fondée sur la croissance de la productivité et la diffusion des connaissances, a permis d'éviter l'apocalypse marxiste et d'équilibrer le processus d'accumulation du capital.
Thomas PIKETTY, Le capital au XXIe siècle, Seuil, page 361.

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