Nidicole ou nidifuge ?

Stefen Jay Gould fournit une explication probable à la naissance "prématurée" des enfants, relativement aux autres mammifères...
Certains mammifères, que nous considérons généralement comme "primitifs", ont une gestation brève et donne naissance à une portée nombreuse de petits à peine formés, minuscules, dépourvus de poil, sans défense, les yeux et les oreilles fermés. Dans leur cas la vie est courte, le cerveau petit par rapport à la taille de l'animal, et les conduites sociales pratiquement inexistantes. [La zoologiste suisse Adolf Portmann] qualifie de type nidicole. D'un autre côté, les mammifères "supérieurs" ont une longue gestation, vivent plus longtemps, possèdent un gros cerveau, des conduites sociales complexes et donnent naissance à un nombre limité de petits, presque complètement formés et capables, en partie du moins, de se débrouiller seuls. Ces caractéristiques définissent les mammifères nidifuges. Pour Portmann, qui considère l'évolution comme un processus conduisant inexorablement à une plus grande maturité intellectuelle, le type nidicole est le premier et prépare le terrain au type nidifuge, dont la caractéristique principale est la taille du cerveau. Dans leur majorité, les évolutionnistes de langue anglaise rejettent cette interprétation et pensent que ces types fondamentaux sont liés aux nécessités immédiates du mode de vie. 
D'après [Bob Martin] il semble que le type nidicole soit lié à des environnements marginaux, mouvants et instables, dans lesquels la meilleure stratégie consiste à mettre au monde le plus grand nombre possible de petits, pour être sûr que quelques-uns survivront. La type nidifuge correspondrait, au contraire, à des environnements stables, tropicaux. Là, les ressources étant plus assurées, les animaux peuvent utiliser leur énergie à concevoir un nombre limité de petits presque complètement formés. 
[...] Il existe une exception frappante et très embarrassante : l'homme. Nous avons les caractéristiques nidifuges de nos cousins, les primates : longue vie, gros cerveau et portées peu nombreuses. Mais nos petits sont, à la naissance, imparfaitement formés et aussi faibles que ceux de la plupart des mammifères nidicoles. [...] Le coupable dans cette histoire est notre caractéristique évolutive la plus importante : notre gros cerveau. Chez la plupart des mammifères, la croissance du cerveau est un phénomène entièrement foetal. Mais, du fait que le cerveau n'est jamais très gros, il ne présente pas de difficulté au moment de la naissance. [...] Le cerveau humain, lui, est si gros que la naissance n'est possible que grâce à une stratégie supplémentaire : la période de gestation doit être plus courte, relativement à l'ensemble du développement, et la naissance doit intervenir alors que le cerveau ne représente qu'un quart de sa taille définitive.
[...] Si aucun changement fondamental n'intervient dans la structure du bassin des femmes, nous devrons nous contenter de notre cerveau tel qu'il est si nous voulons pouvoir naître.
Stephen JAY GOULD (1977), Darwin et les grandes énigmes de la vie, Seuil (1997), p.72.

Cette influence de la taille du bassin des femmes sur la durée de la gestation est remise en cause par une étude publiée 40 ans plus tard >>

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