C'est d'la bonne...

Jared Diamond, nous livre les facteurs qui, selon lui, freinent le développement économique des nations...
Différents spécialistes proposent des thèses différentes sur l'importance relative des facteurs à l'origine de la plus ou moins grande richesse des nations. L'élément le plus discuté étant ce que l'on appelle les "bonnes institutions", en d'autres termes, les lois et les pratiques qui incitent les individus à travailler dur, à devenir productifs, et à enrichir ainsi du même coup leur pays et eux-mêmes. 
[...] Une courte histoire [gouvernementale] rend très improbables [ces institutions de qualité]. Cette réalité sous-tend la tragédie de pays tels la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont la société était jusqu'à très récemment fondée sur la tribu. Les compagnies pétrolières et minières qui y opèrent paient les royalties destinées aux propriétaires fonciers par le biais des chefs de village, mais ceux-ci gardent souvent l'argent pour eux car ils ont intériorisé l'usage voulant que les chefs de clan poursuivent leur intérêt personnel et celui de leur clan, plutôt que l'intérêt général. 
[...] L'ancienneté de l'Etat est liée à l'ancienneté de l'agriculture et à sa productivité, condition préalable à l'émergence d'un système gouvernemental. [...] Si l'on compare les pays également pauvres il y a cinquante ans (la Corée du Sud et le Ghana, par exemple), ceux qui ont une longue histoire étatique (la Corée du Sud en l'espèce) se sont en moyenne enrichis plus rapidement que les autres (le Ghana). 
[...] Parmi les nations non européennes colonisées au cours des 500 dernières années, celles qui étaient à l'origine plus avancées ont tendance, paradoxalement, à être aujourd'hui plus pauvres. Dans les pays autrefois riches et densément peuplés, comme le Pérou, l'Indonésie et l'Inde, les Européens ont en effet mis en place des institutions économiques "extractives" perverses, comme le travail forcé ou la confiscation de la production, pour détourner la richesse et le travail de la population locale. 
[...] Mais dans des pays autrefois pauvres et à la population clairsemée, comme le Costa-Rica ou l'Australie, les colons européens ont dû travailler eux-mêmes, et ont imaginé des formes institutionnelles d'encouragement au travail. 
[...] Il existe aussi un ensemble d'éléments, géographiques, qui engendrent des conséquences propres, quelles que soient les institutions. [... De fait,] l'Afrique et l'Amérique ressemblent à des sandwichs, avec une épaisse couche de nations tropicales et pauvres coincées entre deux fines couches de nations plus riches, situées dans les zones tempérées du Nord et du Sud. 
[...] Deux éléments concourent à leur pauvreté relative : les maladies et la productivité agricole. Les tropiques sont notoirement insalubres, et leurs pathologies diffèrent par plusieurs aspects de celles des pays tempérés. Premièrement on y trouve bien plus de maladies parasitaires. [...] Deuxièmement, les vecteurs, moustiques ou tiques, sont bien plus variés dans les zones tropicales. 
[...] Cette situation pèse lourdement sur les économies de ces pays : à tout moment, une grande partie de la population y est malade et incapable de travailler efficacement ; de nombreuses femmes ne peuvent rejoindre la main-d'oeuvre car elles constamment en train d'allaiter et de s'occuper de bébés, vus comme une assurance contre la mort attendue de certains de leurs enfants plus âgés. 
[...] Quant à la productivité agricole, elle est en moyenne plus faible sous les tropiques [...]. Premièrement les plantes des régions tempérées stockent plus d'énergie dans leur partie comestible (comme les graines ou les tubercules) que les plantes tropicales. Deuxièmement, les maladies causées par les insectes ou autres nuisibles ont un impact plus important sur les rendements agricoles sous les tropiques, parce que ces nuisibles sont plus nombreux et survivent mieux tout au long de l'année. Troisièmement, [...] les plaines des zones tropicales n'ayant pas connu de glaciation, leurs sols sont en général plus anciens et ont été lessivés de leurs substances nutritives par des milliers d'années de pluie [...]. Un phénomène encore aggravé par l'abondante pluviométrie de ces régions. Enfin, en raison de la chaleur, les feuilles mortes et les autres matières organiques tombées à terre subissent une décomposition accélérée, et leurs substances nutritives sont plus rapidement éliminées. 
[...] L'ouverture au trafic maritime, soit via un accès à la mer, soit vie un fleuve navigable, est l'autre facteur géographique important. Il en coûte à peu près sept fois plus de transporter une tonne de marchandise par voie de terre que par voie de mer. [...] Cela contribue aussi à expliquer pourquoi l'Afrique, sans aucun fleuve navigable jusqu'à la mer sur des centaines de kilomètres, à l'exception du Nil, et avec quinze pays enclavés, soit le continent le plus pauvre. 
[...] L'état de l'environnement, enfin, influe lui aussi sur le développement. [...] Les pays qui épuisent leurs stocks, volontairement ou par inadvertance, ont tendance à s'appauvrir. Les pays qui ont subi une déforestation notoire, comme Haïti, le Rwanda, le Burundi, Madagascar ou le Népal, sont en général d'une pauvreté et d'une instabilité politique insignes.
Jared DIAMOND (New York Review Of Books, 06/2012), Books, 04/2013, p. 54.

Résistance...

Quelles sont les forces à l'oeuvre sous la surface du développement des sociétés humaines ?
[...] On peut tenter de dégager les causes profondes de la résistance que [des] sociétés opposent souvent au développement.
Ce sont d'abord la tendance de la plupart des sociétés dites primitives à préférer l'unité aux conflits internes [...]
Quand les peuples de l'intérieur de la Nouvelle-Guinée apprirent des missionnaires à jouer au football, ils adoptèrent ce jeu avec enthousiasme. Mais, au lieu de chercher la victoire d'un des deux camps, ils multipliaient les parties jusqu'à ce que les victoires et les défaites de chaque camp s'équilibrent. Le jeu s'achève non pas comme chez nous, quand il y a un vainqueur, mais quand on est assuré qu'il n'y aura pas de perdant. Page 84. 
[...] Presque toutes les sociétés dites primitives rejettent l'idée d'un vote pris à la majorité des voix. Elles tiennent la cohésion sociale et la bonne entente au sein du groupe pour préférables à toute innovation. La question litigieuse est donc renvoyée autant de fois qu'il est nécessaire pour qu'on parvienne à une décision unanime. Parfois, des combats simulés précèdent les délibérations. On vide ainsi de vieilles querelles et on passe seulement au vote lorsque le groupe, rafraîchi et rénové, a réalisé en son sein les conditions d'une indispensable unanimité. Page 84. 
En second lieu, le respect qu'elles manifestent envers les forces naturelles [...]. Le développement suppose que l'on fasse passer la culture avant la nature, et cette priorité donnée à la culture n'est presque jamais admise sous cette forme, sauf par les civilisations industrielles.
Si de misérables communautés indigènes d'Amérique du Nord et d'Australie ont longtemps refusé, refusent toujours dans certains cas, de céder des territoires moyennant des indemnités parfois énormes, c'est, au témoignage même des intéressés, parce qu'ils voient dans le sol ancestral une "mère". Page 86.
[...] Les Indiens Menomini de la région des Grands Lacs en Amérique du Nord, bien que parfaitement au courant des techniques agricoles de leurs voisins Iroquois, se refusaient à les appliquer à la production de riz sauvage, leur aliment de base, pourtant très propre à être cultivé, pour la raison qu'il leur était interdit de "blesser leur mère la terre". Page 86.
Enfin, leur répugnance à s'engager dans un devenir historique. [...] Les sociétés dites primitives, nous apparaissent telles, surtout, parce qu'elles sont conçues par leurs membres pour durer. Leur ouverture sur l'extérieur est très réduite, ce que nous appelons en français "l'esprit de clocher" les domine. En revanche, leur structure sociale interne a une trame plus serrée, un décor plus riche que celle des civilisations complexes. Aussi, des sociétés de très bas niveau technique et économique peuvent éprouver un sentiment de bien-être et de plénitude : chacune estime offrir à ses membres la seule vie qui mérite d'être vécue.

Proto-insémination...

Sous la surface de nos opinions, nos croyances et nos certitudes, les forces de la culture poussent et pressent au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. Comme le dit Claude Lévi-Strauss, "l'anthropologie révèle que ce que nous considérons comme "naturel", fondé sur l'ordre des choses, se réduit à des contraintes et à des habitudes mentales propres à notre culture".
Petit tour de la perception de l'insémination dans différentes cultures...
[...] L'insémination avec donneur a son équivalent en Afrique, au Burkina Faso [...]. Dans cette société, chaque fillette est mariée de très bonne heure, mais avant d'aller vivre chez son époux elle doit, pendant trois ans au plus, avoir un amant de son choix et officiellement reconnu pour tel. Elle apporte à son mari le premier enfant né des oeuvres de son amant, mais qui sera considéré comme le premier-né de l'union légitime. 
[...] Dans d'autres populations africaines [...] un homme marié dont la femme est stérile peut, moyennant paiement, s'entendre avec une femme féconde [...]. En ce cas, le mari légal est donneur inséminateur, et la femme loue son ventre à un autre homme, ou à un couple sans enfant. 
[...] Au Tibet, [...] plusieurs frères ont en commun une seule épouse. Tous les enfants sont attribués à l'aîné, qu'ils appellent père. Ils appellent oncle les autres maris. Dans de tels cas, la paternité ou la maternité individuelle sont ignorées, ou l'on n'en tient pas compte. 
[...] Les Nuers du Soudan assimilent la femme stérile à un homme. En qualité d'"oncle paternel", elle reçoit donc le bétail représentant le "prix de la fiancée" payé pour le mariage de ses nièces, et elle s'en sert pour acheter une épouse qui lui donnera es enfants grâce aux services rémunérés d'un homme, souvent un étranger. 
[...] Chez les Yarubas du Nigeria, des femmes riches peuvent, elles aussi, acquérir des épouses qu'elles poussent à se mettre en ménage avec un homme.
[...] Dans tous les cas, des couples formés de deux femmes et que, littéralement parlant, nous appellerions homosexuels pratiquent la procréation assistée pour avoir des enfants dont une des femmes sera le père légal, l'autre la mère biologique. 
[...]Les sociétés sans écriture connaissent aussi des équivalents de l'insémination post mortem [...]. Une institution attestée depuis des millénaires (car elle existait déjà chez les anciens Hébreux), le lévirat, permettait et même parfois imposait que le frère cadet engendre au nom de son frère mort. 
[...] Chez les Nuers soudanais dont j'ai parlé, si un homme mourait célibataire ou sans descendance, un parent proche pouvait prélever sur le bétail du défunt de quoi acheter une épouse. Ce "mariage fantôme" comme disent les Nuer, l'autorisait à engendrer au nom du défunt, puisque ce dernier avait fourni la compensation matrimoniale créatrice de la filiation.
[...] Toutes ces formules offrent autant d'images métaphoriques anticipées des techniques modernes. Nous constatons ainsi que le conflit qui nous embarrasse tellement entre la procréation biologique et la paternité sociale n'existe pas dans les sociétés qu'étudient les anthropologues. Elles donnent sans hésiter la primauté au social, sans que les deux aspects se heurtent dans l'idéologie du groupe ou dans l'esprit des individus.
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011, p. 69.

Prendre de la hauteur...

[...] L'anthropologue ne propose pas à ses contemporains d'adopter les idées et les coutumes de telle ou telle population exotique. Notre contribution est beaucoup plus modeste, et elle s'exerce dans deux directions. 
D'abord, l'anthropologie révèle que ce que nous considérons comme "naturel", fondé sur l'ordre des choses, se réduit à des contraintes et à des habitudes mentales propres à notre culture. Elle nous aide donc à nous débarrasser de nos oeillères, à comprendre comment et pourquoi d'autres sociétés peuvent tenir pour simples et allant de soi des usages qui, à nous, paraissent inconcevables ou même scandaleux. 
En second lieu, les faits que nous recueillons représentent une expérience humaine très vaste puisqu'ils proviennent de sociétés qui se sont succédé au cours des siècles, parfois de millénaires, et qui se répartissent sur toute l'étendue de la terre habitée. Nous aidons ainsi à dégager ce qu'on peut considérer comme des "universaux" de la nature humaine, et nous pouvons suggérer dans quels cadres se développeront des évolutions encore incertaines, mais qu'on aurait tort de dénoncer par avance comme des déviations on des perversions.
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011, p. 74.

Ambivalence agricole...

Sous plusieurs rapports, l'agriculture a représenté un progrès : elle fournit plus de nourriture sur un espace et dans un temps donnés, elle permet une expansion démographique plus rapide, un peuplement plus dense, des sociétés à la fois plus étendues et plus volumineuses. 
Mais, à d'autres égards, elle constitue une régression. [...] Elle dégrade le régime alimentaire, désormais limité à quelques produits riches en calories mais relativement pauvres en principes nutritifs. Ses résultats sont moins sûrs, car il suffit d'une mauvaise récolte pour que la disette s'installe. L'agriculture exige aussi plus de labeur...
...Il se pourrait même qu'elle fût responsable de la propagation des maladies infectieuses, comme le suggère, en Afrique, la coïncidence remarquable, dans le temps et dans l'espace, de la diffusion de l'agriculture et de celle de la malaria.
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011, p. 80.

La pendule, la locomotive et le processeur...

[...] Les sociétés qu'étudient les anthropologues, comparées à nos sociétés plus grosses et plus compliquées, sont un peu comme des sociétés "froides" par rapport à des sociétés "chaudes" : des horloges comparées à des machines à vapeur. Ce sont des sociétés qui produisent peu de désordre, les physiciens diraient "de l'entropie", et qui tendent à se maintenir indéfiniment dans leur état initial (ou ce qu'elles imaginent être un état initial) ; ce qui explique que, vue de dehors, elles paraissent sans histoire et sans progrès
Nos propres sociétés ne font pas seulement un grand usage de machines thermodynamiques ; du point de vue de leur structure interne, elles ressemblent à des machines à vapeur. Il faut qu'existent en elles des antagonismes comparables à celui qu'on observe dans une machine à vapeur, entre la source de chaleur et l'organe de refroidissement. Nos sociétés fonctionnent sur une différence de potentiel : la hiérarchie sociale, qui, à travers l'histoire, a pris les noms d'esclavage, de servage, de division de classes, etc. De telles sociétés créent et entretiennent en leur sein des déséquilibres qu'elles utilisent pour produire à la fois beaucoup plus d'ordre [... sur le plan culturel] (nous cultivons la terre, nous construisons des maisons, nous produisons des objets manufacturés...), mais, sur le plan des relations entre les personnes, beaucoup plus d'entropie (nous dissipons nos forces et nous épuisons dans les conflits sociaux, les luttes politiques, les tensions psychiques...). 
[...] L'idéal serait sans doute dans une troisième voie : celle qui conduirait à fabriquer toujours plus d'ordre dans la culture, sans qu'il faille le payer par un accroissement d'entropie dans la société. Autrement dit, et comme le préconisait le comte de Saint-Simon en France au début du XIXe siècle, savoir passer, je cite, "du gouvernement des hommes à l'administration des choses". En formulant ce programme, Saint-Simon anticipait à la fois sur la distinction anthropologique entre la culture et la société, et sur cette révolution qui s'opère en ce moment sous nos yeux avec les progrès de l'électronique. Peut-être nous fait-elle entrevoir qu'il sera un jour possible de passer d'une civilisation qui inaugura jadis le devenir historique, mais en réduisant des hommes à la condition de machines, à une civilisation plus sage qui réussirait, comme on commence de le faire avec les robots, à transformer les machines en hommes. Alors la culture ayant intégralement reçu la charge de fabriquer le progrès, la société serait libérée d'une malédiction millénaire qui la contraignait à asservir des hommes pour que le progrès soit. Désormais, l'histoire se ferait toute seule, et la société, placée en-dehors et au-dessus de l'histoire, pourrait jouir à nouveau de cette transparence et de cet équilibre interne dont les moins dégradées des sociétés dites primitives attestent qu'ils ne sont pas incompatibles avec la condition humaine.
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011, p.89.

Naissance de l'inégalité. L'invention de la hiérarchie - Brian Hayden.

[...] Comment et pourquoi l'inégalité est née des communautés égalitaires qui l'ont précédée ? Page 5. 
Contrairement à ce que l'on pensait au début du XXe siècle, le mouvement vers l'inégalité n'est pas lié à la production de la nourriture puisqu'il apparaît plusieurs millénaires avant l'agriculture. Page 6. 
Selon le paradigme des Lumières, la phase qui suit l'égalitarisme primitif se caractérise par la garde des animaux et l'établissement d'un contrôle politique au niveau de la parenté mais sans propriété privée. La phase suivante voit le développement de l'agriculture et l'institution de la propriété privée des ressources (en particulier de la terre), en même temps que la vie sédentaire, la division du travail, l'échange, le gouvernement de la communauté et les lois. On considère alors que c'est au cours de cette phase agricole que d'importantes inégalités apparaissent. La phase finale, dans ce schéma, aboutit à l'émergence de la civilisation. Page 8. 
Certains, comme Voltaire et Condorcet, estimaient que la pensée rationnelle (le raisonnement) et le désir d'améliorer son sort étaient à même d'élever le peuple jusqu'aux plus hauts sommets du progrès (impliquant un surcroît de richesse et de loisir) pour culminer en des civilisations complexes : ainsi la principale source des inégalités serait, avec l'environnement politique dans lequel on naît, l'éducation. Page 9. 
Pour d'autres, comme Turgot, ministre des finances sous Louis XV, et John Millar, l'adoption du pastoralisme et de l'agriculture seraient aussi des facteurs importants qui auraient entraîné l'augmentation démographique, les surplus, la propriété, les villes, le commerce, la division du travail, et les inégalités, dont l'esclavage. L'accumulation de richesses et la transmission par héritage de la propriété privée étaient considérées comme particulièrement importantes dans la création des inégalités. Page 9. 
Rousseau également incluait la possession des ressources et la division du travail parmi les facteurs responsables de l'émergence de conflits qui engendrèrent des lois et les systèmes politiques établissant les inégalités. Page 10.
Au milieu du XIXe siècle et au début du XXe, l'opinion majoritaire chez les intellectuels était alors que tous les hommes naissent inégaux, particulièrement en ce qui concerne la race, la classe et le sexe. Page 10. 
Cependant, quelques voix discordantes s'opposèrent à ce consensus  plus particulièrement celles de John Stuart Mill et de Karl Marx associé à Friedrich Engels. [...] Ils ne faisaient pas appel à des facteurs racistes ou biologiques pour expliquer les inégalités, insistant plutôt sur le rôle des élites exploiteuses qui utilisaient les facteurs technologiques et économiques pour créer des inégalités. Page 11. 
A la fin des années 1890, Emile Durkheim [...] avança que, livrés à eux-mêmes, les individus sont tenaillés par des désirs sans fin, dont la perpétuelle insatisfaction peut conduire au désespoir et au suicide. Le rôle de la société est de contenir les désirs et les aspirations sociales, en assignant les individus à des classes aux prérogatives inégales. Page 12. 
Parmi les approches modernes, le clivage fondamental se place entre celles qui mettent en avant les facteurs cognitifs, sociaux et culturels pour expliquer l'apparition de l'inégalité [position dite relativiste], et celles qui privilégient les facteurs matériels et écologiques [position écologiste]. Page 23. 
[La position relativiste] doit être extrêmement déterminée pour tenir position face à tous les faits récurrents que l'archéologie nous montre [...] : 
1) Premièrement, il existe une sorte d'universalité chronologique. [...] Ce n'est qu'à partir du Paléolithique supérieur et surtout du Mésolithique que des sociétés développant des hiérarchies économiques s'accroissent et s'étendent géographiquement. Page 23.
[...] Deuxièmement, il existe de fortes corrélations géographiques. [...] Il est évident que dans les environnements les moins productifs (comme le centre de l'Australie ou, en Amérique, le Grand Bassin) les inégalités sociales ne se développent pas, ou peu, tandis que dans les environnements plus productifs elles atteignent un haut degré. Page 23.
[...] Troisièmement, il existe de fortes corrélations socio-économiques et culturelles. Les sociétés dépourvues de hiérarchies sociales marquées [étaient le plus souvent caractérisées par des] ressources alimentaires limitées, une faible densité de population, aucun stockage, peu ou pas d'objets de prestige, une grande mobilité, une appropriation peu développée des ressources et des matières premières, une forte éthique du partage et un faible niveau de compétition, en particulier sur le plan économique. A l'opposé, les sociétés à hiérarchies sociales marquées se procuraient davantage de ressources, avaient une densité de population plus élevée, étaient plus sédentaires, instauraient l'appropriation des ressources et des matières premières, rivalisaient de surplus et transformaient ces surplus en d'autres services ou bien de prestiges qui pouvaient devenir objet de compétition. Page 24. 
[...] Suivant le modèle fonctionnaliste, le principal avantage [des hiérarchies élitaires] est que les inégalités socioculturelles aident les gens à affronter les problèmes de production, les crises, le stress, etc. De tels modèles sont souvent combinés avec des modèles démographiques : la pression démographique et le confinement engendreraient des famines ou des conflits à répétition. Suivant ces modèles, la population est plus ou moins acculée à accepter l'inégalité sociale ; les élites étant originellement formées de gens agissant de façon altruiste pour le bien de la communauté, elles ne doivent être qu'en petit nombre. Page 28. 
Contrastant avec ces vues coercitives, les approches politiques mettent en avant la quête de l'intérêt individuel comme force majeure de l'émergence des inégalités socio-économiques. Selon certaines versions, un changement dans les conditions environnementales autorise une petite majorité à profiter de leur situation et à exiger des concessions de la communauté. Page 28. 
[... Dans les villages mayas,] les élites locales n'apportaient strictement aucune aide matérielle aux autres membres de la communauté en temps de crise mais cherchaient au contraire les moyens de profiter de l'infortune des autres. Ce fut un tournant majeur dans ma façon de comprendre le développement des inégalités socioéconomiques. [...] Ce que j'ai lu ensuite d'une large gamme de témoignages ethnographiques venant de tous les points du globe m'a montré que c'était, en fait, typique des élites transégalitaires(1) dans les villages et les chefferies traditionnelles. [...] Dans presque tous les cas où des inégalités socioéconomiques existaient , la production de surplus de nourriture était un résultat prévisible en année normale. En outre, quand le niveau de surproduction augmentait, le niveau d'inégalité socioéconomique et le niveau de complexité sociale en général augmentait également. [...] Cette observation conduisait directement à la notion suivante : plutôt que d'être forcés à accepter des relations socioéconomiques inéquitables, peut-être que beaucoup, sinon tous les membres de la communauté étaient leurrés et attirés dans ce type de relations par des chefs pleins d'initiatives qui utilisaient d'une certaine façon les surplus à leur avantage. Page 30. 
(1) Les sociétés transégalitaires se situent entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs où l'égalitarisme est la règle générale et les chefferies clairement stratifiées. 
[...] Une variante du modèle politique basé sur les surplus postule que, dans des conditions favorables d'échange, ou dans des situations ou d'autres ressources de valeur peuvent être extraites et échangées contre de la nourriture, l'inégalité sociale peut également apparaître dans des zones ou l'agriculture n'est pas très productive [lieux stratégiques pour le contrôle des échanges, mines de sel, etc.]. Page 37. 
[...] L'accumulation de richesse en elle-même n'entraîne pas l'inégalité sociale et l'instauration de hiérarchies. [...] C'est le contrôle politique sur les gens [...] qui constitue en réalité la caractéristique de la complexité culturelle et de l'inégalité sociale. D'un autre côté, la maîtrise de la richesse est une des composantes les plus communes, sinon universelles, des stratégies utilisées pour établir des contrôles politiques. Page 39. 
[...] L'explication la plus populaire parmi les archéologues [...] est la pression démographique. [...] D'après ce modèle, les communautés investissent certain individus compétents d'un pouvoir et d'une autorité hiérarchique de façon à traiter rapidement et efficacement les situations défavorables. [...] Cependant, au niveau le plus basique, les mécanismes de la pression démographique ne sont pas réalistes. En effet, il existait une population entièrement contenue en Afrique pendant deux millions d'années qui ne pouvait s'échapper autrement que par l'isthme de Suez. Pourtant, l'émergence des sociétés transégalitaires, de la sédentarité et de la domestication s'est produite pratiquement en même temps, sinon plus tard, en Afrique que sur les autres continents. Page 41. 
Je suggère que la facteur clé, à l'origine de l'accélération exponentielle du développement et du changement au cours des trente derniers millénaires fut la capacité de produire, stocker et transformer des surplus de nourriture et l'introduction concomitante d'une compétition basée sur l'économie. Page 45. 
L'apparition de technologies de prestige, peut-être dès le Paléolithique moyen mais plus sûrement au Paléolithique supérieur, est le reflet de la capacité à acquérir et transformer des quantités significatives de nourriture de manière régulière et fiable. Page 48. 
Il y a trois composantes essentielles au modèle que je propose pour expliquer les origines de l'inégalité :
1) La production de surplus
2) Le transformation des surplus en dettes, obligations ou bien convoités (propriété, festins, objets de prestiges, prix de la fiancée et dots, accès au surnaturel, etc.).
3) La recherche de l'intérêt personnel entraînant l'introduction d'inégalités et des avantages particuliers. Page 49. 
D'après les psychologues, les formes extrêmes de personnalités (psychopathes) pratiquent le "profit" apparaissent dans une certaine mesure dans toutes les classes sociales indépendamment de l'éducation, et dans toutes les populations, même parmi les sociétés les plus simples de chasseurs-cueilleurs. Ainsi, il semble qu'il y ait une composante génétique à un tel comportement. Page 49. 
[...] La cause majeure de l'intensification de la production de nourriture dans les sociétés transégalitaires n'est ni le manque de nourriture, ni la pression démographique, mais bien plutôt la génération de davantage de surplus pour obtenir du pouvoir, de la richesse et des avantages de survie. Une fois que le stratagème des chefs est lancé et accepté, il implique pratiquement toute la communauté par ses ramifications et ses effets secondaires même si, au début, seules quelques personnes soutenaient activement les activités du leader. Une fois que le bon déroulement de la tactique des chefs est toléré, refuser d'y participer conduit à se marginaliser et à perdre du pouvoir au sein de la communauté. [...] Dans les sociétés non-industrielles, le travail humain est souvent le facteur limitant de la production de surplus si bien que la reproduction humaine croît également autant qu'il est possible, entraînant là un effet rétroactif. Il en est résulté la remarquable croissance exponentielle de la population, de la consommation d'énergie et de la complexité depuis l'apparition de la compétition économique dans les sociétés transégalitaires. Page 69.
Bryan HAYDEN, Naissance de l'inégalité - L'invention de la hiérarchie, Biblis, 2008.

To schiste or not to schiste ?

Sous la surface de l'exploitation des gaz de schiste...
8. En octobre [2012], les Européens payaient ainsi leur gaz 3,3 fois plus cher que les Américains, et les Japonais 4,6 fois plus. Antoine de RAVIGNAN, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 44.
7. S'ils payaient leur gaz au prix auquel les Américains l'achètent, [les Européens] auraient dépensé 155 milliards d'euros de moins en 2012, soit 0,9 % de leur PIB. C'est la différence entre croissance et récession. Thierry BROS (Analyste de marché), Alternatives Economiques, 02/2013, p. 44.
6. Comment peut-on escamoter un tel débat ? [...] Depuis dix ans, le prix du gaz a chuté de 75 % pour les foyers américains, tandis qu'il augmentait de 65 % en France ! Le potentiel français n'a même pas été évalué : certains experts évoquent 5 000 milliards de mètres cubes exploitables en métropole et outre-mer, soit un siècle et demi de consommation. Des dizaines de milliers d'emplois sont à la clef : les Etats-Unis en auront créé, d'ici à 2015, 870 000 grâce à lui. Christine KERDELLANT, L'Express, 11/2012, p. 100.
5. On ne compte plus aux Etats-Unis, les nappes phréatiques polluées et les animaux malades, sans parler des gigantesques saignées sur les paysages [...] mais des normes et des garde-fous pourraient être posés. Christine KERDELLANTL'Express, 11/2012, p. 100.
4. Le conte de fée économique commence lui-même à prendre l'eau : avec la baisse des prix du gaz, certaines compagnies aux actifs dévalorisés se retrouvent en difficulté. La spéculation énergétique est aussi une bulle. Christine KERDELLANTL'Express, 11/2012, p. 100.
3. Aux Etats-Unis, il y a une règle extrêmement précise pour contrôler l'étanchéité du forage, sur 30 000 forages [d'exploitation de gaz de schiste], il y'a eu 2 accidents [de contamination de la nappe phréatique].Claude ALLEGREFrance 3, Ce soir ou jamais, 18/09/2012.
3.1. Claude Allègre, qui dit des choses souvent très intéressantes, devrait en bon scientifique, citer ses sources plus souvent, surtout quand il est à peu près le seul à avancer de tels arguments. Voir par exemple  (2) ou (4).
2. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a étudié l'eau au domicile d'habitants proches des puits de forage destinés à l'exploitation de gaz de schiste. Sur les 17 puits analysés, 11 étaient contaminés par des agents hautement cancérigènes : arsenic, cuivre, métaux lourds... L'Express, 09/2012, p. 38.
1. Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s'interroge. Le Monde.fr
1.1. Trop sensationnelle pour être vraie, cette affirmation a été très vite démentie... Le Monde.fr.

Ici, un rappel des (incroyables...) estimations de réserves d'énergies fossiles dans le sous-sol français >>

Pas si marginal...

Même porté à 45 %, le taux marginal supérieur de l'IR [impôt sur le revenu] reste inférieur à celui de nombres de nos voisins européens. Même si l'on ajoute la part non déductible de la CSG/CRDS, il monte à 50,8 %, ce qui n'a rien d'excessif par rapport à la moyenne européenne. 
[...] Entre 2000 et 2009,  le taux marginal d'imposition a baissé de 13,2 points dans l'Hexagone, contre - 6,3 en moyenne dans la zone euro, plus de deux fois plus. 
[...] En dehors de la zone euro, même le très libéral Royaume-Uni (10,1 points de PIB) collecte [à travers cette forme d'imposition] nettement plus que la France (7,6) [8,7 en moyenne en Zone euro].
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 12.

Dense...

[... La France] rassemblait en 2012, 2,3 millions d'adultes possédant un patrimoine supérieur à un million de dollars. Un chiffre qui classe notre pays au troisième rang [mondial] derrière les Etats-Unis (11 millions) et le Japon (3,6 millions), et devant l'Allemagne (1,4 millions) et l'Italie (1,2 millions). Avec environ un millionnaire pour 28 habitants, la France présente même la plus grande densité au monde.
Thierry PECH, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 8.

L'alu totale...

  • Près de 60 % des cancers du sein surviennent dans la région de l'aisselle où l'on applique les déodorants.
  • Deux tiers des déodorants commercialiés contiennent de l'aluminium.
  • On sait depuis longtemps que l'aluminium déclenche toutes sortes d'allergies.
  • L'utilisation de l'aluminium dans le traitement des eaux potables, serait un facteur aggravant de la maladie d'Alzheimer.
  • Alors qu'il est l'élément le plus abondant dans l'écorce terrestre, il n'assure aucune fonction biologique dans aucun organisme vivant.

Dons à gogo...

[...] Combien il serait nécessaire de donner pour s'assurer que les plus pauvres aient la possibilité de vivre une vie décente [...] ? 
Une façon de le calculer serait de se référer aux Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU en 2000. D'après ces "objectifs", en 2015 il faudrait avoir divisé par deux la proportion de gens vivant dans une pauvreté extrême (pouvoir d'achat inférieur à un dollar par jour), de ceux souffrant de la faim et de ceux n'ayant pas accès à une eau de qualité ; assuré à tous les enfants l'accès à un enseignement primaire complet ; éliminé la discrimination sexuelle dans l'enseignement ; réduit des deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans et des trois quart le taux de mortalité maternelle ; commencé à réduire l'incidence du sida, du paludisme et des autres grandes maladies. En 2005, un groupe d'experts de l'ONU dirigé par l'économiste Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, a évalué le coût annuel des mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs à 121 milliards de dollars en 2006 et 189 milliards en 2015. 
[...] Les 0,01 % des plus hauts revenus [américains] représentent 14 400 ménages, gagnant chacun en moyenne 12,77 millions de dollars, le total représentant 184 milliards. Le revenu annuel minimum au sein de ce groupe est de plus de 5 millions. Il semble raisonnable de supposer que tous pourraient sans trop en souffrir donner un tiers de leur revenu annuel [...]. 
Si l'on prend le reste des 0,1 % des plus hautes revenus, cela forme un groupe de 129 600 ménages, avec un revenu annuel moyen de 2 millions et un revenu minimum de 1,1 million. S'ils donnaient chacun un quart de leur revenu, cela fournirait 65 milliards, les laissant avec un minimum de 846 000 dollars annuels.
Peter Singer continu ainsi par tranches successives jusqu'aux 10 % des plus hauts revenus...
[...] S'ils donnaient la dîme traditionnelle, 10 % de leur revenu, soit 13 200 dollars en moyenne chacun, cela fournirait environ 171 milliards [de plus] et leur laisserait un revenu minimum de 83 000 dollars. 
[...] Le résultat remarquable des ces calculs est que des dons n'impliquant pas de sacrifices majeurs à quiconque fournissent un total de 404 milliards de dollars, venant de seulement 10 % des foyers américains. 
[...] Étendre au reste des pays riches le schéma que j'ai proposé, fournirait 808 milliards de dollars annuels pour l'aide au développement. C'est plus de six fois ce que le groupe de Sachs jugeait nécessaire pour 2006 et plus de seize fois la différence entre cette somme et les engagements de l'aide officielle.
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006), Books, 03/2013.

Sacré Conard...

[Edward Conard] défend l'idée que l'énorme et sans cesse croissante inégalité des revenus aux Etats-Unis n'indique en rien que l'économie est grippée. Bien au contraire [...]. Si même l'inégalité était encore un peu plus forte, tout le monde s'en porterait mieux, notamment les 99 %. 
[...Selon lui,] la plupart des Américains [...] ignorent que les super-riches ne dépensent qu'une fraction de leur fortune pour leur confort personnel ; que le gros de leur argent est investi dans des affaires productives qui améliorent la vie de tout le monde. 
[...] L'idée que la société profite de la saine concurrence entre les investisseurs est assez largement répandue. Éminent économiste de gauche, Dean Baker [...] estime que pour chaque dollar que gagne un investisseur, le public reçoit l'équivalent de 5 dollars en valeur. 
[...] Selon Conard, cependant, Baker sous-estime les bénéfices sociaux de l'investissement. Il prend l'exemple de l'agriculture : depuis les années 1940, grâce à un flux constant d'innovations, le coût de l'alimentation a régulièrement diminué. Si les entreprises qui ont bénéficié de ces innovations, comme les semenciers ou les chaînes de restauration rapide, ont fait la fortune de leurs propriétaires, le consommateur américain moyen en a profité encore plus. Conard conclut que, pour chaque dollar entré dans la poche d'un investisseur, le public récolte jusqu'à 20 dollars en valeur. 
[...] Jamais avare de vacheries, il [appelle] "diplômés en histoire de l'art" [...] tous ceux ayant la chance de naître avec le talent et les opportunités qui leur permettrait de rejoindre la mécanique de la prise de risque et de la chasse à l'innovation, mais préfèrent choisir une vie moins compétitive
[...] La seule façon selon lui de convaincre ces "diplômés en histoire de l'art" de rejoindre la redoutable mécanique de la vraie compétition économique est de les attirer avec des rétributions hors normes.
Books, 03/2013, p. 25.

Joseph Schumpeter était déjà sur cette ligne...
[Selon lui], les gagnants doivent obtenir "des gains impressionnants" pour provoquer "une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus juste".
Alternatives Economiques, 02/2013, p. 14.
[...] En 2008, ce sont les grands fonds de pension, les compagnies d'assurance et d'autres énormes investisseurs institutionnels qui ont retiré leur argent dans un mouvement de panique. Avec le recul, Conard juge que ce sont ces retraits qui ont conduit à la crise, et non, comme tant d'autres l'ont avancé, une orgie de prêts irresponsables
[...] Le rôle central des banques est de transformer les avoirs à court terme d'épargnant nerveux en prêts à long terme risqués favorisant la croissance. [...] Ce à quoi elles ne s'attendaient pas, c'est que les déposants retirent leur argent, chose qu'ils n'avaient pas faite en masse depuis 1929. 
Books, 03/2013, p. 25.

Sans intérêt...

Au cours des vingt dernières années, l'expansion du commerce international a aidé beaucoup de pauvres à sortir de la pauvreté, mais elle n'a pas bénéficié aux 10 % les plus pauvres de la population mondiale. Une fraction des extrêmement pauvres [...] n'a rien à vendre qui intéresse les riches, tandis que d'autres manquent des infrastructures qui leur permettraient d'acheminer leurs marchandises jusqu'au marché. Même s'ils parviennent à les acheminer jusqu'à un port, les subventions européennes et américaines font que souvent ils ne peuvent pas les vendre, bien que leur coût de production soit inférieur [...].
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006),
Books, 03/2013.