Easy money...

Deux [...] dangers du QE [quantitative easing] ont été identifiés par Natixis. Premièrement, les investisseurs traditionnellement prudents (fonds de pension, assureurs à travers fonds en euros des contrats d'assurance-vie) vont voir leur rémunération chuter. Concrètement, cela signifie que les rendements des assurance-vie vont continuer de baisser pour les particuliers. Ce qui peut poser des problèmes pour l'épargne que se constituent les travailleurs en vue de la retraite, pour combler la baisse programmée des pensions. 
Deuxièmement, les investisseurs à la recherche d'une meilleure performance vont se déporter sur les actifs plus risqués (obligations grecques par exemple). Certes, cela fera baisser les taux d'intérêt et soulagera la dette grecque, puisque le gouvernement empruntera moins cher. Mais, en cas de défaut ou de renégociation de la dette, les investisseurs risquent de se retrouver avec une proportion anormalement élevée d'actifs risqués.
Dans les faits, l’investisseur qui vend son obligation à la BCE peut racheter une autre obligation d’Etat, ou une obligation d’entreprise, à moins qu’il n’achète des actions, ce qui génère une hausse de la Bourse. La traduction dans l’économie réelle est différente selon l’orientation de la liquidité offerte par la BCE. Dans le premier cas, elle facilite le financement des déficits publics mais n’a pas un impact fort en termes de croissance économique. Dans le second cas, les entreprises peuvent emprunter à des taux plus bas, mais face à une incertitude forte sur la demande et une confiance relative dans l’économie, la faiblesse des taux d’intérêt n’est pas suffisante pour garantir une relance de l’investissement.
Nous devons donc nous attendre à un impact sur le taux de change, avec un euro qui devrait rester orienté à la baisse
[...] Si on laisse le risque lié à ce rachat d’obligations souveraines aux banques centrales nationales, alors l’idée de la BCE comme institution solidaire n’existe plus. Surtout, cela pourrait entraîner in fine une hausse des primes demandées par les investisseurs pour les obligations de certains pays.
Patrick Artus, directeur de la recherche et des études chez Natixis considère que "l'économie n'a pas besoin actuellement de liquidités"
Aujourd'hui, il faudrait davantage une relance d'investissements qu'une politique de quantitative easing, analyse [Daniel Cohen]. Surtout qu'elle va profiter à l'Allemagne en premier lieu en tant que première économie de la zone euro alors qu'elle n'en a pas besoin.
Pour Henri Sterdyniak, chercheur à l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), "le problème c'est que les banques ont déjà beaucoup de liquidités et beaucoup d'entreprises n'ont pas besoin de plus de crédits car elle n'ont pas de demande".
[...] La BCE a décidé que les banques centrales nationales achèteront uniquement les dettes souveraines de leur propre Etat et les « conserveront. » Ceci ressemble à une volonté de réduire le partage des risques au strict minimum et de rendre chaque gouvernement responsable du QE « national. » 
[...] Compte tenu des attentes sur les marchés, où les taux de la zone euro ont beaucoup baissé, une décision de reporter sine die le QE provoquerait un cataclysme boursier. L'Allemagne, dont le taux a beaucoup baissé dans la perspective du QE, serait une des premières victimes de ce contre-coup. D'autres pays se retrouveraient en difficulté avec la remontée des taux et pourrait faire appel au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) : la zone euro serait menacée de récession. La Buba ne peut se permettre un tel scénario. Son opposition - comme celle du gouvernement allemand - est de pure forme : elle n'existe que parce qu'elle n'est pas bloquante. 
[...] Le cœur du problème européen n'est pas traité directement par le QE. Les entreprises manquent de raisons d'investir et la demande de crédit est faible. Les taux sont déjà faibles et cela ne change rien. Le QE ne traite pas cet aspect central du nœud gordien européen. D'où le risque que l'argent créé par le QE n'aille pas dans l'économie réelle, mais soit plutôt utilisé par les banques pour alimenter des bulles spéculatives en Europe ou ailleurs.
80 % [des rachats d'actifs] sont achetés directement par les banques centrales de chaque pays, SANS AUCUNE SOLIDARITÉ européenne ! 
[...] Cela [...][est] un sacré pas vers la dissolution de l’euro
[Le QE ne rétabli pas l'inflation espérée parce] qu’on a désormais une énorme économie financière, au dessus-de l’économie réelle, qui modifie les flux financiers. 
[...] Et en fait, dans l’économie financiarisée actuelle, les actions de la banque centrale ont bien tendance à faire de l’inflation – mais de l’inflation des actifs
[...] Quand on voit le cours actuel des actions (records historiques – ce qui est clairement du délire vu le contexte économique !!), des obligations, de l’immobilier, des taux d’intérêts, on voit bien qu’il y a bien un fort effet inflationniste – mais des actifs. 
[...] Eh bien, c’est assez simple. un tel QE sert principalement à 2 choses :
1. Vous l’avez compris, à continuer la gabegie financière, à maintenir au cric des bulles gigantesques, indues et dangereuses – en évitant la vérité des prix (ce qui a à l’évidence des impacts négatifs sur l’économie réelle)
2. Et mieux encore… À aider les banques privées ! 
[...] En effet, on voit bien que dans cette opération [voir exemple comptable dans l'article] :
1. Les liquidités dans le système augmentent (la banque est remboursée, mais la Grèce n’a encore rien payé) : du cash pour continuer à jouer…
2. La banque récupère 100 % de sa mise, et pour juste 1 100 Md€ – merci Mario…
3. La BCE récupère le risque pourri et le risque de défaut ! 
Ainsi, c’est un peu comme si 10 minutes avant que le Titanic ne tape l’Iceberg, la BCE arrive en barque, lance une corde à un milliardaire qui descend dans la barque et la BCE prend sa place sur le bateau – le tout en lui rachetant au passage son billet à plein tarif… 
[Si les 1 000 milliards prévues dans le programme de QE de la BCE étaient crédités sur les comptes en banque des 150 millions de ménages], cela [ferait] quand même 7 600 € par ménage européen, ou plus de 15 000 € pour la moitié des ménages les plus pauvres – ce qui [serait] une vraie bouffée d’oxygène pour eux…

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