Les riches ? Quels riches ?!

Mais qui sont les riches, au juste ? On parle souvent des 1 %, les plus que riches, qui ne sont à coup sûr pas concernés (encore moins intéressés) par ce post. Mais on parle aussi très souvent  des 10 %par exemple ici. On leur en veut moins, incontestablement, mais heureusement, nous allons voir pourquoi...
[...] De façon générale, les 10 % les plus riches [en France] perçoivent en moyenne plus de 68 500 € de revenus bruts par an, soit 5 710 € [brut] par moisImpotSurLeRevenu.org
Oublions la moyenne qui ne signifie pas grand chose...
Avec 3 800 € de revenu brut par mois, vous faites partie des 10 % des Français les plus riches (5 millions sur 50.4 millions). Seuil inférieur du 90ème percentile : 3 786 € [brut par mois]. PourUneRevolutionFiscale.fr
Donc si l'on touche un salaire de 3 800 € brut par mois, on fait partie des 10 % les plus riches. En fait, pas vraiment...
Le revenu brut est la somme du salaire brut et des autres revenus bruts perçus par un individu donné : revenus d'activité non salariée, revenus de remplacements (pensions de retraites, allocations chômage), et revenus du capital (intérêts, dividendes, loyers, plus-values). 
Exemple. M. Martin a un salaire brut de 2 000 € par mois (24 000 € par an). Il dispose aussi de l'équivalent de 1 000 € par mois (12 000 € par an) sous forme de loyers d'un appartement dont il a hérité. Son revenu brut est donc de 3 000 € par mois (36 000 € par an). PourUneRevolutionFiscale.fr.
"Equivalent loyer" signifie ici que si l'on habite un logement dont on est le propriétaire, l'on doit ajouter à notre salaire mensuel le montant du loyer que l'on pourrait tirer de ce logement si on le louait !
Si l'on n'est pas propriétaire, à quelques revenus du capital près, on fait partie des 10 % les plus riches si l'on est payé 3800 € brut par mois...
Location : le loyer moyen des Français à 611 euros en 2013. NouvelObs.com
On peut gager que les 10 % les plus riches ont un loyer moyen un peu supérieur à la moyenne, peut-être entre 700 € et 800 €, mais avec mettons 620 € d'équivalent loyer si on est propriétaire...

On a en fin de compte de bonnes chances de faire partie des 10 % les plus riches si notre salaire se situe autour de 3 200 € brut par mois, soit environ 2 460 € net... SalaireBrutNet.fr

Droite paresseuse...

[...] Un conservateur, c'est un type qui essaye de minimiser l'effort. Si un truc marche, on n'y touche pas. Un mariage qui marche à moitié, on n'y touche pas, c'est déjà un miracle. Le conservatisme est un dérive de la paresse et du pessimisme.

Easy money...

Deux [...] dangers du QE [quantitative easing] ont été identifiés par Natixis. Premièrement, les investisseurs traditionnellement prudents (fonds de pension, assureurs à travers fonds en euros des contrats d'assurance-vie) vont voir leur rémunération chuter. Concrètement, cela signifie que les rendements des assurance-vie vont continuer de baisser pour les particuliers. Ce qui peut poser des problèmes pour l'épargne que se constituent les travailleurs en vue de la retraite, pour combler la baisse programmée des pensions. 
Deuxièmement, les investisseurs à la recherche d'une meilleure performance vont se déporter sur les actifs plus risqués (obligations grecques par exemple). Certes, cela fera baisser les taux d'intérêt et soulagera la dette grecque, puisque le gouvernement empruntera moins cher. Mais, en cas de défaut ou de renégociation de la dette, les investisseurs risquent de se retrouver avec une proportion anormalement élevée d'actifs risqués.
Dans les faits, l’investisseur qui vend son obligation à la BCE peut racheter une autre obligation d’Etat, ou une obligation d’entreprise, à moins qu’il n’achète des actions, ce qui génère une hausse de la Bourse. La traduction dans l’économie réelle est différente selon l’orientation de la liquidité offerte par la BCE. Dans le premier cas, elle facilite le financement des déficits publics mais n’a pas un impact fort en termes de croissance économique. Dans le second cas, les entreprises peuvent emprunter à des taux plus bas, mais face à une incertitude forte sur la demande et une confiance relative dans l’économie, la faiblesse des taux d’intérêt n’est pas suffisante pour garantir une relance de l’investissement.
Nous devons donc nous attendre à un impact sur le taux de change, avec un euro qui devrait rester orienté à la baisse
[...] Si on laisse le risque lié à ce rachat d’obligations souveraines aux banques centrales nationales, alors l’idée de la BCE comme institution solidaire n’existe plus. Surtout, cela pourrait entraîner in fine une hausse des primes demandées par les investisseurs pour les obligations de certains pays.
Patrick Artus, directeur de la recherche et des études chez Natixis considère que "l'économie n'a pas besoin actuellement de liquidités"
Aujourd'hui, il faudrait davantage une relance d'investissements qu'une politique de quantitative easing, analyse [Daniel Cohen]. Surtout qu'elle va profiter à l'Allemagne en premier lieu en tant que première économie de la zone euro alors qu'elle n'en a pas besoin.
Pour Henri Sterdyniak, chercheur à l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), "le problème c'est que les banques ont déjà beaucoup de liquidités et beaucoup d'entreprises n'ont pas besoin de plus de crédits car elle n'ont pas de demande".
[...] La BCE a décidé que les banques centrales nationales achèteront uniquement les dettes souveraines de leur propre Etat et les « conserveront. » Ceci ressemble à une volonté de réduire le partage des risques au strict minimum et de rendre chaque gouvernement responsable du QE « national. » 
[...] Compte tenu des attentes sur les marchés, où les taux de la zone euro ont beaucoup baissé, une décision de reporter sine die le QE provoquerait un cataclysme boursier. L'Allemagne, dont le taux a beaucoup baissé dans la perspective du QE, serait une des premières victimes de ce contre-coup. D'autres pays se retrouveraient en difficulté avec la remontée des taux et pourrait faire appel au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) : la zone euro serait menacée de récession. La Buba ne peut se permettre un tel scénario. Son opposition - comme celle du gouvernement allemand - est de pure forme : elle n'existe que parce qu'elle n'est pas bloquante. 
[...] Le cœur du problème européen n'est pas traité directement par le QE. Les entreprises manquent de raisons d'investir et la demande de crédit est faible. Les taux sont déjà faibles et cela ne change rien. Le QE ne traite pas cet aspect central du nœud gordien européen. D'où le risque que l'argent créé par le QE n'aille pas dans l'économie réelle, mais soit plutôt utilisé par les banques pour alimenter des bulles spéculatives en Europe ou ailleurs.
80 % [des rachats d'actifs] sont achetés directement par les banques centrales de chaque pays, SANS AUCUNE SOLIDARITÉ européenne ! 
[...] Cela [...][est] un sacré pas vers la dissolution de l’euro
[Le QE ne rétabli pas l'inflation espérée parce] qu’on a désormais une énorme économie financière, au dessus-de l’économie réelle, qui modifie les flux financiers. 
[...] Et en fait, dans l’économie financiarisée actuelle, les actions de la banque centrale ont bien tendance à faire de l’inflation – mais de l’inflation des actifs
[...] Quand on voit le cours actuel des actions (records historiques – ce qui est clairement du délire vu le contexte économique !!), des obligations, de l’immobilier, des taux d’intérêts, on voit bien qu’il y a bien un fort effet inflationniste – mais des actifs. 
[...] Eh bien, c’est assez simple. un tel QE sert principalement à 2 choses :
1. Vous l’avez compris, à continuer la gabegie financière, à maintenir au cric des bulles gigantesques, indues et dangereuses – en évitant la vérité des prix (ce qui a à l’évidence des impacts négatifs sur l’économie réelle)
2. Et mieux encore… À aider les banques privées ! 
[...] En effet, on voit bien que dans cette opération [voir exemple comptable dans l'article] :
1. Les liquidités dans le système augmentent (la banque est remboursée, mais la Grèce n’a encore rien payé) : du cash pour continuer à jouer…
2. La banque récupère 100 % de sa mise, et pour juste 1 100 Md€ – merci Mario…
3. La BCE récupère le risque pourri et le risque de défaut ! 
Ainsi, c’est un peu comme si 10 minutes avant que le Titanic ne tape l’Iceberg, la BCE arrive en barque, lance une corde à un milliardaire qui descend dans la barque et la BCE prend sa place sur le bateau – le tout en lui rachetant au passage son billet à plein tarif… 
[Si les 1 000 milliards prévues dans le programme de QE de la BCE étaient crédités sur les comptes en banque des 150 millions de ménages], cela [ferait] quand même 7 600 € par ménage européen, ou plus de 15 000 € pour la moitié des ménages les plus pauvres – ce qui [serait] une vraie bouffée d’oxygène pour eux…

Art inégalitaire...

Si la misère proprement dite devait être exclue (le secours par l'aumône constituant même un des cinq piliers de l'Islam), celle-ci ne devait pas moins maintenir un écart considérable entre la grande masse de la population, vivant dans une pauvreté décente, et une infime minorité d'individus fastueusement riches, suffisamment pour se livrer à des dépenses exagérées, folles, qui assuraient la survie du luxe et des arts. Cette position aristocratique venait, cette fois, directement de Nietzsche [...].
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 272.

Mixité antique...

[...] Parvenue à un degré de décomposition répugnant, l'Europe occidentale n'était plus en état de se sauver elle-même, pas davantage que ne l'avait été la Rome antique du Ve siècle de notre ère. L'arrivée massive de populations immigrées empreintes d'une culture traditionnelle encore marquée par les hiérarchies naturelles, la soumission de la femme et le respect dû aux anciens constituait une chance historique pour le réarmement moral et familial de l'Europe, ouvrait la perspective d'un nouvel âge d'or pour le vieux continent. Ces populations étaient parfois chrétiennes ; mais elles étaient le plus souvent, il fallait le reconnaître musulmanes.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 276.

Famille anti-libérale...

[...] Autant l'individualisme libéral devait triompher tant qu'il se contentait de dissoudre ces structures intermédiaires qu'étaient les patries, les corporations et les castes, autant, lorsqu'il s'attaquait à cette structure ultime qu'est la famille, et donc à la démographie, il signait son échec final ; alors venait logiquement le temps de l'Islam.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 271.

Guerres métaphysiques...

[...] La plupart des gens vivent leur vie sans trop se préoccuper de ces questions [sur la religion], qui leur paraissent exagérément philosophiques ; ils n'y pensent que lorsqu'ils sont confrontés à un drame, une maladie grave, la mort d'un proche. Enfin, c'est vrai en Occident ; parce que partout ailleurs dans le monde c'est au nom de ces questions que les êtres humains meurent et qu'ils tuent, qu'ils mènent des guerres sanglantes, et cela depuis l'origine de l'humanité : c'est pour des questions métaphysiques que les gens se battent, certainement pas pour des points de croissance, ni pour le partage de territoires de chasse.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 251.

Vieille pétasse...

[...] Les voix des moines s'élevaient dans l'air glacé, pures, humbles et bénignes ; elles étaient pleines de douceur, d'espérance et d'attente. Le seigneur Jésus devait revenir, il revenait bientôt, et déjà la chaleur de sa présence emplissait de joie leurs âmes, tel était au fond le thème unique de ces chants, chants d'attente organique et douce. Nietzsche avait vu juste, avec son flair de vieille pétasse, le christianisme était au fond une religion féminine.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 218.

Segmentation destructrice...

[...] Il semblait bien, à voir les faits, que les journalistes de centre-gauche ne fassent que répéter l'aveuglement des Troyens. Un tel aveuglement n'avait rien d'historiquement inédit : on aurait pu retrouver le même chez les intellectuels, politiciens et journalistes des années 1930, unanimement persuadés qu' ''Hitler finirait par revenir à la raison". Il est probablement impossible pour des gens ayant vécu et prospéré dans un système social donné, d'imaginer le point de vue de ceux qui, n'ayant jamais rien eu à attendre de ce système, envisagent sa destruction sans frayeur particulière.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, page 56.

Camarades exterminateurs...

[...] [Les nazis] ont submergé les Allemands de cet alcool de la camaraderie auquel aspirait un trait de leur caractère, ils les y ont noyés jusqu'au délirium tremens. Partout, ils ont transformé les Allemands en camarades, les accoutumant à cette drogue depuis l'âge le plus malléable [...] et ils ont, se faisant, éradiqué quelque chose d'irremplaçable que le bonheur de la camaraderie est à jamais impuissant à compenser. 
La camaraderie est partie intégrante de la guerre. Comme l'alcool, elle soutient et réconforte les hommes soumis à des conditions inhumaines. Elle rend supportable l'insupportable. Elle aide à surmonter, la mort, la souffrance, la désolation. Elle anesthésie. Supposant l'anéantissement de tous les biens qu'apporte la civilisation, elle console de leur perte. Elle est sanctifiée par de terrifiantes nécessités et d'amers sacrifices. Mais séparée de tout cela, recherchée et cultivée pour elle-même, pour le plaisir et l'oubli, elle devient un vice. Et qu'elle rende heureux pour un moment n'y change absolument rien. Elle corrompt l'homme [...]. Elle le rend inapte à une vie personnelle, responsable et civilisée. Elle est proprement un instrument de décivilisation
[...] La camaraderie annihile le sentiment de la responsabilité personnelle, qu'elle soit civique ou, plus grave encore, religieuse. L'homme qui vit en camaraderie est soustrait aux soucis de l'existence, aux durs combats pour la vie. [...] Il n'est plus soumis à la loi impitoyable du "chacun pour soi" mais à celle, douce et généreuse, du "tous pour un". Prétendre que les lois de la camaraderie sont plus dures que celles de la vie civile et individuelles est un mensonge des plus déplaisants. [...] Elles ne se justifient que pour les soldats pris dans une guerre véritable, pour l'homme qui doit mourir : seule la tragédie de la mort autorise et légitime cette monstrueuse exemption de responsabilité. 
[...] Beaucoup plus grave encore, la camaraderie dispense l'homme de toutes responsabilités pour lui-même, devant Dieu et sa conscience. Il fait ce que tous font. Il n'a pas la choix. Il n'a pas le temps de réfléchir [...]. Sa conscience, ce sont ces camarades : elle l'absout de tout, tant qu'il fait ce que font les autres.
Puis les amis prirent le vase
Et tout en déplorant les tristes voies du monde
Et ses amères lois
Ils jetèrent l'enfant au pied de la falaise.
Pied contre pied, soudés, ils se tenaient ainsi
Sur le bord de l'abîme
Et en fermant les yeux ils le précipitèrent.
Plus que son voisin nul n'était coupable.
Ils jetèrent de la terre
Et des pierres Dessus
Ces vers sont signés de l'écrivain communiste Bertolt Brecht, et ils se veulent élogieux. Là comme sur bien des points, communistes et nazis sont d'accord. 
[...] La camaraderie implique inévitablement la stabilisation du niveau intellectuel sur l'échelon inférieur, celui que le moins doué peut encore atteindre. La camaraderie ne souffre pas la discussion : c'est une solution chimique dans laquelle la discussion vire aussitôt à la chicane et au conflit, et devient un péché mortel. C'est un terrain fatal à la pensée, favorable aux seuls schémas collectifs de l'espèce la plus triviale et auxquels nul ne peut échapper, car vouloir s'y soustraire reviendrait à se mettre au ban de la camaraderie. 
[...] "Nous" étions un être collectif, et d'instinct, avec toute la lâcheté, toute l'hypocrisie intellectuelles de l'être collectif, "nous" ignorions ou refusion de prendre au sérieux ce qui aurait pu menacer notre euphorie collective
[...] Cette camaraderie [..] tant vantée, est un abîme diabolique des plus périlleux. Les nazis savaient bien ce qu'ils faisaient en l'imposant à un peuple entier comme forme normale d'existence. Et les Allemands, si peu doués pour la vie individuelle et le bonheur individuel, étaient terriblement prêts à l'accepter, à échanger les fruits haut perchés, délicats et parfumés de la dangereuse liberté, contre cet autre fruit qui, juteux et luxuriant, pend à portée de leur main : le fruit hallucinogène d'une camaraderie généralisée, globale, avilissante. [...] On y est si heureux, et pourtant on n'y a plus aucune valeur. On est si content de soi, et pourtant d'une laideur sans bornes. Si fier, et d'une abjection infra-humaine. On croit évoluer sur les sommets alors qu'on rampe dans la boue. Aussi longtemps que le charme opère, il est pratiquement sans remède.
Sebastian HAFFNER, Histoire d'un allemand. Souvenirs (1914-1933)
Actes Sud, 2003, p. 416 à 422. 

Le communautarisme, qu'il soit social, national, religieux, culturel, ethnique, est je crois bien, l'autre nom de cette camaraderie destructrice dont nous parle Sebastian Haffner...


Lourd...

L'agression dissimule souvent un désir de séduction, je l'avais lu chez Boris Cyrulnik, et Boris Cyrulnik c'est du lourd, un type à qui on ne la fait pas, au niveau psycho un mec à la coule, un Konrad Lorenz des humains en quelque sorte. D'ailleurs elle avait légèrement écarté les cuisses en attendant ma réponse, c'était le langage du corps ça, on était dans le réel.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, page 42.

Soumission fiction...

Le programme politique du président musulman imaginé par Michel Houellebecq...
[...] La conséquence la plus immédiate de son élection est que la délinquance avait baissé, et dans des proportions énormes : dans les quartiers les plus difficiles, elle avait carrément été divisé par dix. Un autre succès immédiat était le chômage, dont les courbes étaient en chute libre. C'était dû sans nul doute à la sortie massive des femmes du marché du travail, elle même liée à la revalorisation considérable des allocations familiales [...] [augmentation intégralement] compensée par la diminution drastique du budget de l'Education nationale [...]. Dans le nouveau système mis en place, l'obligation scolaire s'arrêtait à la fin du primaire [...]. Ensuite, la filière de l'artisanat était encouragée ; le financement de l'enseignement secondaire et supérieur devenait, quant à lui, entièrement privé. [...] En ce qui concerne l'enseignement, la générosité des pétromonarchies était depuis toujours sans limite. Page 199. 
Mohammed Ben Abbes [...] se déclara influencé par le distributivisme [...]. Son idée de base était la suppression de la séparation entre le capital et le travail. La forme normale de l'économie y était l'entreprise familiale ; lorsqu'il devenait nécessaire, pour certaines productions, de se réunir dans des entités plus vastes, tout devait être fait pour que les travailleurs soient actionnaires de leur entreprise, et coresponsables de sa gestion. Page 202. 
[...] La nouvelle fonction dont, Ben Abbes venait de s'en aviser, l'attribution à un niveau trop large "perturbait l'ordre convenable", n'était autre que la solidarité sociale. Quoi de plus beau, s'était-il ému dans son dernier discours, que la solidarité lorsqu'elle s'exerce dans le cadre chaleureux de la cellule familiale !... [...] Le nouveau projet de budget du gouvernement prévoyait sur trois ans une diminution de 85 % des dépenses sociales du pays. Page 210. 
[...] Les négociations avec l'Algérie et la Tunisie en vue de leur adhésion à l'Union européenne avançaient rapidement, et que ces deux pays devraient avant la fin de l'année prochaine rejoindre le Maroc au sein de l'Union ; des premiers contacts avaient été pris avec le Liban et l'Egypte. Page 211. 
Mais en fin de compte, ce qui convainc le héros du roman à accepter un poste d'enseignant, à se soumettre, on y revient toujours avec Michel Houellebec...
- [...]
- [...] Dans votre cas, je pense que vous pourriez avoir trois épouses sans grande difficulté, mais vous n'y êtes, bien entendu, nullement obligé. Page 292. 
[...] Une nouvelle chance s'offrirait à moi ; et ce serait la chance d'une deuxième vie, sans grand rapport avec la précédente. 
Je n'aurais rien à regretter. Fin.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015. 

Elitisme abbasside...

[...] Pourquoi le savoir et la science ont-ils reculé si rapidement dans le monde arabe [après son âge d'or vers les XIe et XIIe] ? 
[Ehsan] Masood avance que la science, dans les cultures musulmanes, manquait d'une base sociale et institutionnelle. Ainsi, c'était à proximité ou à l'intérieur même des palais de leurs riches protecteurs, et non dans les universités, que les scientifiques travaillaient. Et leurs recherches, la plupart du temps, n'étaient pas éligibles aux fonds de charité et d'utilité publique tels que les waqfs, les fondations pieuses. Les financements dépendaient étroitement de chaque dirigeant, la recherche scientifique s'exposant à en subir les conséquences chaque fois que l'un d'eux disparaissait ou délaissait ce domaine.
Ziauddin SARDAR, The Times, 1999.
Ehsan MASOOD, Science and Islam. A history, Icon Books, 2008.
Books, 03/2011, page 37.

Faites des drôles...

La conscience est une anomalie de la nature. Darwin déjà était perplexe devant cette sentinelle de la morale dont s'accommode mal la théorie de l'évolution. 
La morale s'intègre très bien aux théories darwiniennes. [...] Mais la conscience morale [...] punit souvent et récompense rarement [...] . Elle induit de la honte, de la culpabilité et elle mine l'estime de soi. 
[...] Le sociobiologiste Eckart Voland [en collaboration avec son épouse chercheuse en psychologie] propose une hypothèse nouvelle pour résoudre cet apparent paradoxe. 
[... Pour eux], la clé est à rechercher dans la [...] relation parents-enfants. [...] Homo sapiens a emprunté un chemin évolutif très particulier, celui de la communauté coopérative de reproduction. Cela signifie que l'on s'occupe ensemble de la progéniture du groupe. Or, les enfants engendrent des soucis, et, à l'en croire, diminuent l'épanouissement personnel. Pour qu'ils deviennent un investissement rentable, il faut les contraindre à aider leurs géniteurs plus tard, quand cela ne leur sera plus (à eux, les enfants) d'aucune utilité. C'est là que la conscience morale entre en scène : elle est l'arme fatale avec laquelle les parents maintiennent leurs enfants dans une dépendance éthique vis-à-vis d'eux et les obligent à les aider sans compensation. 
[...] Ne bénéficie de protection que celui dont on suppose qu'il pourra la rendre plus tard.
Eckart et Renate VOLAND, Evolution des Gewissens, Hirzel Vergal, 2014.
Books, 01/2015, page 103.