Engrenage...

Avant la dépression de 1929 comme avant la récession américaine de 2007, les inégalités se sont creusées et l'endettement a explosé. Entre 1920 et 1928, la part des revenus les plus hauts aux Etats-Unis est passée de 24 % à 34 %. Tandis que de 1983 à 2007, le gâteau des rémunérations capté par les 5 % les mieux payés grimpait, lui, de 22 % à 34 %. Hasard ? Non, répond Romain Rancière, de l'Ecole d'Economie de Paris. Les ménages les plus aisés, gagnant toujours davantage et ne pouvant pas tout dépenser, placent sur les marchés financiers de plus en plus d'argent... recyclé en prêts pour les moins riches. Le cercle vicieux du surendettement destiné à maintenir le niveau de vie des plus pauvres se met en place. La bulle grossit. Le gouvernement américain aurait pu rééquilibrer les inégalités de revenus, notamment par l'impôt. Il n'en a rien fait.
Le Nouvel Observateur, 12/2011, p. 104.

Ventilation tropicale...

[Pour lutter contre l'exil fiscal], il faudrait qu'une instance internationale, comme le G20 ou le FMI, exige de chaque paradis qu'il publie la valeur des fortunes qu'il détient pour le compte de particuliers étrangers. Puis il réclamerait une ventilation pays par pays pour déterminer la nationalité de leurs bénéficiaires. Les pays d'où proviennent les fortunes concluraient ensuite un accord avec les banques par lequel celles-ci s'engageraient à prélever un impôt pour le pays d'origine. Ce système ne violerait même pas le secret bancaire puisque l'anonymat serait respecté. [...] Les banques peuvent le faire en vingt-quatre heures... Il est incompréhensible que les pouvoirs politiques ne les aient pas déjà exigés.
Gabriel ZUCMAN, propos recueillis par Renaud DELY, Le Nouvel Observateur, 12/2011, p. 124. 

Championnat frauduleux...

Le nouvel Observateur, 12/2011, p. 124.
Sources : Conseil des prélèvements obligatoires, 2007 - Cour des comptes 2010 - Helvea, estimation 2007.

Des chiffres sur la fraude sociale en particulier, ici >>

Sous-évaluation et sous-investissement...

S'ils suivaient le prix de gros, les tarifs [de l'électricité d'origine nucléaire] seraient pourtant amenés à augmenter de 25 % à 30 % d'ici à 2015, selon la Commission de régulation de l'énergie. [Pourtant,] le gouvernement dément que cette hausse sera répercutée. 
[Or] c'étaient la flambée des prix de gros et le blocage des prix aux clients finaux qui avaient provoqué le sous-investissement et les pannes à répétition du système électrique californien au début des années 2000.
CHEVALIER M. (2011). Alternatives Economiques, 05/2011, p. 53.

Maintenance au rabais ?

[...] En se bornant à publier l'historique des évènements depuis 2005, l'ASN [Autorité de sécurité nucléaire] manque de transparence. L'épluchage des rapports antérieurs montre que l'on ne comptait qu'entre 400 et 500 évènements de ce type entre 1986 et 200 [contre 795 évènements en 2009 et jamais moins de 730 depuis 2005]. 
[...] Le niveau plus élevé des incidents ces dernières années est à mettre en relation, d'une part, avec le vieillissement du parc [...] et d'autre part; avec le recours massif pour ces opérations de maintenance à quelque 20 000 travailleurs employés par des sous-traitants et dont l'ASN dénonce régulièrement le contrôle insuffisant.
DE RAVIGNAN A. (2011). Alternatives Economiques, 05/2011, p. 56.

Régression...


Une photographie de Lydda, en Palestine, prise à la fin du XXe siècle. Une image très poétique, apaisante, empreinte du charme désuet de l'orientalisme.

Immense...

Et quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
Marcel PROUST, A la recherche du temps perdu.

Aveugles...

Ce sont les hommes qui écrivent l'histoire, mais ils ne savent pas l'histoire qu'ils écrivent.
Raymond ARON.

Mémoire sélective...

Historiquement, l'attitude [des allemands] s'explique par une phobie de l'inflation, qu'ils voient comme la source de leur tragédie passée. Mais ils semblent avoir rayé de leur mémoire collective les souffrances causées par les terribles politiques déflationnistes des années 1930.
Paul KRUGMANL'Express, 08/2012, p. 67.

Américains en compost...

A 99,9 %, la destinée des organismes vivants est de s'anéantir sous forme de compost. On estime qu'environ un os sur un milliard se fossilise. Dans ce cas, cela signifie que le legs fossile total de tous les Américains vivant aujourd'hui, 270 millions d'habitants dotés de 206 os chacun, se montera en tout et pour tout à 50 ossements, soit le quart d'un squelette complet. 
[...] L'essentiel de ce qui a vécu sur Terre n'a laissé aucune trace derrière lui.
[...] On accepte l'estimation courante que la Terre a produit 30 milliards d'espèces de créatures [et que l'on a découvert seulement] 250 000 espèces fossiles [...] à ce jour.
[...] En outre [...] la plupart des animaux terrestres ne meurent pas dans des sédiments [seul support où les fossiles peuvent s'imprimer]. [...] Environ 95 % des fossiles en notre possession sont ceux d'animaux ayant vécu sous l'eau, la plupart dans des mers peu profondes.
BRYSON B. (2007). Une histoire de tout ou presque, Payot, p. 388.

La dette publique, une affaire rentable - Holbecq, Derudder

André-Jacques Holbecq joint sa voix à ceux (comme Etienne Chouard par exemple), qui considèrent que le principe de la dette publique a été inventé et imposé par les banksters pour s'enrichir sur le dos des citoyens et autres contribuables...
Les 10 phrases clefs qui font réfléchir...
  1. Ce sont les crédits qui permettent les dépôts, et non l'inverse. Page 41.
  2. En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l'Etat s'est privé en moyenne d'un pouvoir d'achat annuel représentant environ 5,2 % du revenu national. Page 55.
  3. Alors, bien-sûr, une dette de 18 500 euros pèse sur les frêles épaules de chaque nouveau-né si la population reste égale, mais ces bébés reposent dans un lit douillet d'une valeur dix fois supérieure [...]. Page 61.
  4. Il apparaît clairement que la charge des intérêts nous maintient en déficit permanent, alors que sans intérêt, le budget aurait été dans la majorité des cas [des soldes annuels des budgets des administrations publiques de 1980 à 2009], soit équilibré, soit positif. Page 69.
  5. [...] Mises à part les récentes années dans les pays industrialisés, l'histoire de l'humanité s'inscrit dans une rareté due au manque de connaissances et de moyens qui l'a enfermée dans une "dynamique guerrière" de lutte pour la survie. Le capitalisme libéral [...] est imprégné de cette dynamique sans doute encore nécessaire à l'époque. Page 89.
  6. Que les autorités publiques à qui la gestion de ce pouvoir [la création monétaire] a été confié en aient abusé, c'est une chose, cela ne peut nullement remettre en cause la légitimité du collectif sur ce pouvoir. Si l'on peut certes trouver des exemples où l'abus de l'usage de la planche à billets a généré une hyper-inflation destructrice, on oublie de mentionner les bienfaits qu'elle a pu dispenser quand son usage fut raisonnable. Page 109.
  7. [Alors que] la Banque centrale européenne [...] se fixe un objectif d'augmentation de la masse monétaire de 4,5 % par an [2,5 % d'augmentation de PIB et 2 % d'inflation], cette masse augmente de 8 à 10 % par an [...]. Selon les théories auxquelles la BCE obéit, une telle augmentation aurait dû causer un dérapage inflationniste [...]. Cela démontre que le lien de causalité entre la masse monétaire et l'inflation à la consommation est plus que théoriquePage 110.
  8.  "Il est aujourd'hui pour le moins paradoxal de constater que lorsque, pendant des siècles, l'Ancien Régime avait préservé jalousement le droit de l'Etat de battre monnaie et le privilège exclusif d'en garder le bénéfice, la République démocratique a abandonné pour une grande part ce droit et ce privilège à des intérêts privés. " ALLAIS M. (1976). Page 138.
  9. "69 % de la croissance de la masse monétaire est due à la croissance des actifs financiers [...]."HARRIBEY J.-M. (2007). Page 113.
  10. "Les difficultés financières de l'Etat ne viennent pas du tout de son incurie, mais de sa pauvreté artificiellement programmée à travers un système bancaire inique, un privilège de type féodal discrètement consenti aux banques privées - le droit de créer la monnaie et de prélever un intérêt sur cette monnaie neuve, et l'obligation pour l'Etat de s'endetter auprès des acteurs privés pour financer les besoins publics - système bancaire qui met le pays en coupe réglée, sans aucun espoir de jamais rembourser une dette sans fin puisque la création monétaire est rançonnée." CHOUARD E. Page 147. 
A.-J.HOLBECQ et P. DERUDDER, La dette publique, une affaire rentable. Yves Michel, 2011.

Histoires de faillites à gogo...

Petit bréviaire historique des faillites d'Etats...
Deux chercheurs ont dressé une base de donnée comprenant 250 épisodes de défauts sur la dette extérieure pour les seuls XIXe et XXe siècles. [...]
C'est avec l'État royal médiéval que commence l'histoire des faillites. Philippe le Bel annule ses dettes en 1307 et, de concert avec le pape Clément V, fait dissoudre l'Ordre [des Templiers, son créancier]. Les banquiers florentins, notamment les Médicis, et les Fugger d'Augsbourg deviennent les bailleurs de fonds des papes. [...]
Avant le XIXe siècle, la raison principale de l'endettement des États est militaire. [...] Les guerres se font à crédit. [...]
En 1303, [en France] la teneur en argent des pièces métalliques est diminuée de moitié, ce qui constitue une façon de réduire la dette. [...]
[Les raisons des défauts répétés de l'Ancien Régime, huit fois entre le  XVIe  et le  XVIIIe , s'expliquent par] des dépenses de nature militaire [non maîtrisées], un système fiscal mal réparti [...] et une opposition aux réformes de la part des ordres privilégiés. [...]
La dernière faillite de l'État français [a lieu en 1801]. [...]
Le nombre de défaillances augmente considérablement après les années 1820 en raison du plus grand volume de capitaux disponibles et de leur circulation accrue au-delà des frontières de leur pays d'origine.
Les XIXe et XXe siècles révèlent un triple phénomène : les faillites d'États tendent à être regroupées dans le temps, à avoir pour épicentre une zone particulière du monde et à se produire après des phases de facilité du crédit et d'emballement. [...]
La région la plus portée sur les faillites d'État sur cette période [XIXe - XXe] est l'Amérique latine. Elle en compte 126 des premières années d'indépendance [...] à 2004. Vient au second rang l'Afrique, avec 63.
 A la recherche de marchés pour écouler les textiles des industries mécanisées du Lancashire et de débouchés pour les capitaux de la City, Londres s'empresse de se rapprocher de ces jeunes pays [d'Amérique latine] destinés aussi à conforter la suprématie mondiale de la Royal Navy. [...]
En 1822, un promoteur et escroc, MacGregor, réussit même à faire acheter au public londonien un emprunt émis par un pays fictif, le "Poyais". [...]
[Dans la deuxième moitié du XIXe siècle] les créanciers anglais et français, répondent par l'imposition aux États débiteurs [Tunisie, Egypte et Empire ottoman] d'organismes internationaux de contrôle de leurs finances. [...] Ce type d'intervention politique, voire militaire, à la défense des capitaux exportés, constitue une innovation annonciatrice de l'avènement de l'impérialisme moderne. [...]
Entre 1888 et 1914, le quart de la fortune française à l'étranger est placée en Russie [les fameux emprunts russes], devenue à la fois une valeur sûre que les "pères de famille" transmettent à leurs héritiers, et l'alliée de revers tant recherchée sur le plan militaire contre une Allemagne dominante et menaçante. [...]
Avant 1945, les banques étaient des intermédiaires chargés d'émettre auprès du public les obligations de l'État emprunteur. Le public faisait les frais d'un éventuel défaut de paiement. Désormais, les grandes banques et les investisseurs institutionnels (compagnies d'assurances, fonds de pension) prêtent sur leurs avoirs (fonds propres, dépôts, contributions). [...] Les déboires d'importants acteurs financiers mettraient en danger le système économique dont ils sont un rouage clé. D'où le souci de conjurer les faillites "souveraines" par des opérations de sauvetage portant secours autant aux créanciers qu'aux débiteurs.
COMPAGNON, O. (2011). L'Histoire, Huit cents ans de faillites d'États.

Cache-cache au chantier...

Parmi toutes les formes du travail illégal, le travail dissimulé comptait pour plus de 72 % tandis que l'emploi d'étrangers sans titre de travail ne concernait que 13 % des infractions. [...] Le poids des sans-papiers dans l'ensemble du travail illégal [...] est cependant probablement sous-estimé.
SIMBILLE L. Alternatives Economiques, 03/2011, p. 37.

L'oeuf et la poule...

On analyse la dette publique à partir du point de vue d’un emprunteur qui serait coupable d’avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu'ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l’origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l’avait très bien vu dans "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte", les riches adorent la dette publique ! Un État qui s’endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d'obtenir une sécurité maximale pour leur argent.
Emmanuel TODD, Le Point.fr, 13/12/2011.

Pour d'autres, moins passionnés, plus timides, ou plus superficiels, la dette est due à la crise >>

Capitalisme socialiste...

Le capitalisme libéral n'existe plus. Il est désormais un socialisme des riches : les Etats donnent aux banquesEmmanuel TODDFrance 5, 2012 les grandes questions, 14/10/2011.
Quelques explications...
Le problème, c'est qu'il s’agit d'un keynésianisme des riches. La relance n’est pas financée par la création monétaire, la planche à billets, qui ne coûterait rien à l'État, mais par l'endettement, qui permet de sécuriser l'argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l'insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l'arrivée, le fameux "retour de l'État" n'est rien d’autre que l'instauration d'un socialisme des riches. L'État doit sauver les riches, nom de code : "les banques", parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l'a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l'État en otage pour le compte de leurs riches actionnairesEmmanuel TODDLe Point.fr, 13/12/2011. 
Voir ici qui sont les riches >>

Sous le tapis...

Sous la surface du "business" des banques...
5. Aux Etats-Unis, les produits des institutions financières ont représenté, avant la crise, jusqu'à 30 % du total des bénéfices cumulés des entreprises, alors que la valeur ajoutée de ces institutions était de l'ordre de 8 % du PIB américain (contre 3 % en 1950). Le nouvel observateur, 05/2011, p. 89. 
4. Avant la crise, le "levier" de crédit des banques a pu aller de 50 à 100, contre de 10 à 20 pour les normes plus anciennes. Le nouvel observateur, 05/2011, p. 89. 
3. La part dans le revenu national américain, des profits des banques, triple en trente ans [années 1980- 2010]Jacques Attali (2009), Sept leçons de vie. Fayard, p. 52. 

2. On découvre [fin 2008 lors de la faillite d'AIG, après Lehman Brothers] que le multiple entre les fonds propres et les prêts, qui ne devait pas dépasser 12, atteint 50 dans certaines des plus grandes banques occidentales. Jacques Attali (2009), Sept leçons de vie. Fayard, p. 56. 
1. Les fonds des banques déposés sur comptes courants [et quelques autres comme Livret B, Livret Jeune, CEL...] sont répartis comme suit : 17 % sert à accorder des crédits à l'économie locale, 10 % sont placés en obligations d'États, 41 % sont placés dans les activités industrielles et les grands groupes (prêts, obligations et actions d'entreprises), 13 % servent à d'autres banquesassureurs et établissements financiers (actions, obligations, prêts, titrisation), 19 % sont investis dans la spéculation (produits dérivés). Stanislas DUPRE (2010), Que font-ils de notre argent ? NIL éditions, p 21.

Soleil pas si vert...

Le kilowatt installé en photovoltaïque vaut de l'ordre de 5 000 euros actuellement, contre 3 000 en nucléaire, 1 500 en charbon et 500 en gaz. […] Pour stocker une journée moyenne de consommation d'électricité d'un foyer français (15 kWh), il faudrait environ 400 kg de batteries de voiture plomb-acide (35 Wh/kg). […] Fabriquer un panneau photovoltaïque consomme à peu près l'énergie fournie par le panneau pendant trois ans. […] Toute personne convaincue que le changement climatique est une priorité devrait décider d'arrêter demain matin les subventions à l'installation de panneaux photovoltaïque dans notre pays [...] .

Homo longitudinus...

Au cours de leur évolution, les hommes ont préféré migrer le long des parallèles (est-ouest) plutôt que des méridiens (nord-sud), s'exposant à moins de changements climatiques. [...] En comparant les génomes de 68 populations américaines et eurasiatiques [...] les différences génétiques sont moins marqués le long des parallèles. [...].
Science & Vie, 12/2011, p. 18.

Yaourt précurseur ?

 J'en connais un certain nombre au sein du CAC 40 [des dirigeants], qui réfléchissent à cette pression des marchés financiers. [...]
D'abord, il faudrait diversifier davantage la composition des conseils d'administration afin que s'y expriment d'autres sensibilités. C'est une des conditions pour que la rentabilité financière ne soit pas l'obsession.
Il faut aussi mettre un terme aux stock-options, trop propices aux collusions d'intérêts entre managers et actionnaires. En bourrant les poches des premiers, les seconds savent pouvoir compter sur eux face à certaines décisions. [...]
Enfin, il faut du courage. [...]
La part variable de notre rémunération ne doit pas seulement dépendre des résultats financiers. Chez Danone, nos bonus reposent sur trois évaluations égales : économique, management, et sociale/sociétale. Ainsi la réduction du CO2 de nos activités ou celle des accidents du travail pèsent autant dans ma rémunération que le résultat d'exploitation.
Je pense enfin que c'est au politique de contribuer, avec la fiscalité, à la redistribution de la richesse.
PENICAUT N. (2011). Entrevue avec Emmanuel Faber, 11/2011, p. 66.

C'est un choix...

La fixation des salaires et le contrôle de la répartition des rémunérations et des revenus est une décision sociale, elle ne relève pas du marché. Il est faux que la technologie dicte ce que valent les gens et combien il faut les payer. C'est en fait la société qui décide ce que doit être la répartition des salaires, et la technologie s'ajuste à cette configuration.
James K. GALBRAITH (2008), L'Etat prédateur, Seuil, p. 20.

Double effet...

Les pays qui résistent le mieux à la crise sont ceux qui ont mis en place des protections [sociales] efficaces.
Alternatives Economiques, 11/2011, p. 16.

Musclé...

Les solutions d'Emmanuel Todd pour sortir de la crise...
1. Engager un dialogue musclé avec l’Allemagne sur la réorganisation protectionniste du continent.
2. Nationaliser les banques.
3. Préparer le défaut de la dette publique.
4. 100.000 nouveaux postes dans l’Education nationale.
Mediapart, 30/11/2011.

Philadelphia act...

Lors des accords de Bretton Woods a été rédigé la déclaration de Philadelphie :
"Le travail n'est pas une marchandise. La pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous. L'objet de la réflexion et de l'action des uns et des autres, c'est la plénitude de l'emploi et l'élévation des niveaux de vie. Et enfin, la possibilité pour tous d'une participation équitable aux fruits du progrès en matière de salaire, de durée du travail et autres conditions de travail, et un salaire minimum vital pour tous ceux qui ont un emploi et un besoin d'une telle protection". 
[Ainsi], avant de convoquer trois semaines de travail pendant l'été 44 pour reconstruire le système financier et monétaire mondial, la première chose que font Roosevelt et les autres chefs d'Etat, c'est cette déclaration de Philadelphie qui dit priorité à la justice sociale. Parce que tous ceux qui avaient connu la crise de 1929 et la barbarie de la guerre, avait compris que la priorité, c'était que chacun ait un vrai boulot, un revenu, une vie digne.
France Inter, 3D le journal, 15/04/2012.

Culte de la réussite...

C'est une première: un deuil mondial porté par la consommation. Salut l'artiste! Steve, pourquoi es-tu parti ? J'avais encore tellement de choses à te demander... Par exemple: comment s'y prend-on pour installer Firefox sur l'iPad
[...] Faites des conquêtes et vous serez qualifié de visionnaire ! Ouvrez des marchés et l'on écoutera la moindre de vos prophéties, sans même la discuter. On admire tant le succès qu'on en oublie d'examiner le contenu de la proposition. Les Mac, iPod, iPhone et autres iPad et Nano ont dépoussiéré l'informatique et instauré une esthétique radicale, libre et accessible, mais a-t-on pour autant affaire à un univers affranchi, décloisonné, libertaire? Ceux qui ont cherché vainement un port USB sur leur iPad savent que cet objet lisse et désirable est aussi hermétique et truffé de sens interdits. Littéralement, il ne se laisse pas pénétrer. Vous possédez un appartement, mais ne pouvez y mettre vos meubles. Vous commencez une nouvelle vie, mais c'est Apple qui fournit le décor. Pour cela, oui, Steve Jobs était un visionnaire. 
 [...] Il est mort trop jeune, c'est triste, mais cela ne change rien pour ceux dont l'existence est étalonnée par un mot, hideux au point qu'il devrait être impossible à écrire sur Mac : "besoin". Pour les aider, je préfère Bill Gates, qui est par ailleurs plutôt PC. [...]
Attendons désormais les funérailles nationales de Jacques Séguéla. [...].

Monde à deux vitesses...

Alors que les outils de la finance internationale fonctionnent à la vitesse de la lumière, les vieilles machines étatiques n'ont à leur disposition que les rouages grinçants de la démocratie parlementaire, lesquels semblent désormais lents et usés, élections, majorités, coalitions, compromis... [...] Les peuples, pris en otage entre ces deux forces, semblent perdus et cherchent en vain une boussole.
L'Express, 11/2012, p. 86.

QI social...

[Une étude publiée dans Science] laisse penser que, lorsque les primates vivent en groupe, leur cerveau se développe davantage que celui d'animaux solitaires. Plus le groupe est important, et plus le phénomène est marqué, notamment chez les animaux dominants.
L'Express, 11/2012, p. 34.

Colons...

Lors de la colonisation d'un nouveau territoire, les premiers arrivés transmettent davantage leurs gènes que les suivants, car ils font plus d'enfants. Tel est le verdict d'une étude généalogique portant sur la population québécoise entre 1686 et 1960. Cette contribution génétique plus forte expliquerait aussi pourquoi, certaines mutations rares, présentes chez les premiers migrants, peuvent se propager rapidement. Un mécanisme de "surf génétique" déjà observé lors de migrations d'animaux vers de nouveaux territoires.
L'Express, 09/2011, p. 34.

Dette et expiation...

Selon Nietzsche, c'est par la dette que l'humanité est sorti du règne animal. [Deux conditions rendent possible le principe de la dette. D'une part, l'homme doit avoir une mémoire qui lui permet de promettre car il garde le souvenir de la douleur du châtiment. D'autre part, il lui faut une vision linéaire du temps, qui suppose implicitement que son écoulement est tendu vers une amélioration]. Ce sont bien le judaïsme, puis le christianisme et le protestantisme qui ont déployé l'horizon historique, qui ont propagé l'idée d'une Providence guidant l'humanité sur la voie d'un progrès indéfini.
Ce que l'on faisait autrefois pour l'amour de Dieu, on le fait maintenant pour l'amour de l'argent, c'est à dire pour l'amour de ce qui donne maintenant le sentiment de puissance le plus élevé et la bonne conscience.
Aurore, Nietzsche (1881).
[...] Le culte capitaliste a une originalité, remarque Walter Benjamin, il ne propose aucun rite expiatoire. Il n'y a pas de rédemption ni d'effacement des dettes. Pas de Yom Kippour, pas de crucifixion, pas d'absolution.
Le capitalisme est probablement le premier culte qui n'est pas expiatoire, mais culpabilisant.
Le capitalisme comme religion, Walter Benjamin (1921).
Les pauvres sont coupables d'être des ratés ou d'avoir échoué ; les riches sont coupables de jouir d'un confort qu'ils défendent jalousement. Plus les inégalités se creusent, plus la dette morale s'alourdit pour les uns comme pour les autres.
En cela, le système religieux est précipité dans un mouvement monstrueux. Une conscience monstrueusement coupable qui ne sait pas expier s'empare du culte, non pour y expier cette culpabilité, mais pour la rendre universelle.
Le capitalisme comme religion, Walter Benjamin (1921).
Non seulement Walter Benjamin a prophétisé la mondialisation du problème de la dette, mais il prévient que l'ascétisme n'est pas la solution : rien ne sert de prêcher la décroissance. Que faire ?
La pensée du surhomme déplace le "saut" apocalyptique non dans la conversion, l'expiation, la purification et la contrition, mais dans une intensification.
Le capitalisme comme religion, Walter Benjamin (1921).
Autrement dit, le surhomme est celui qui accepte toutes les contraintes, les intègre et trouve sa liberté au-delà d'elles...
LACROIX A. Philosophie magazine, 11/2011, p. 25.

La dette de Valéry...


Cependant, en justifiant cette arnaque diabolique par la simple ambition de méchants banquiers à vouloir amasser toujours plus de richesses sur le dos des gentils peuples, il décridibilise sa théorie. Il aurait été instructif de nous présenter les arguments de ces banksters, ou au moins les raisons invoquées par les hommes politiques qui, par aveuglement selon lui, auraient instutionnalisé cette arnaque. Dans les archives du blog de Valéry Giscard d'Estaing, on peut trouver un bref échange instructif...

André-Jacques Holbecq, interpelle Valéry Giscard d'Estaing...
[...] Le 3 janvier 1973, sous la présidence de Georges Pompidou, alors que vous étiez Ministre de Finances, est entrée en application une réforme importante des statuts de la Banque de France, dans lequel nous trouvons ce très court article 25 ; « le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France », autrement dit fut bloqué à ce moment toute possibilité de crédit de la Banque de France au Trésor, et ici se trouve l'origine de la dette des administrations publiques dans notre pays laquelle atteint maintenant plus de 1200 milliards (au seul sens de Maastricht), et nous ponctionne collectivement de plus de 40 milliards d'intérêts par an, payés aux "déjà plus riches".
André-Jacques HOLBECQ (2008), Le blog de Valéry Giscard d'Estaing (consulté le 22/11/2011).

La réponse de Valéry Giscard d'Estaing apporte une première défense à la théorie de l'arnaque...
Il s'agissait à l'époque de constituer un véritable marché des titres à court, moyen et long terme, qu'il soit émis par une entité privée ou publique. La possibilité du prêt direct de la Banque de France au Trésor public a généré partout où il fut appliqué une situation d'inflation monétaire permanente. [Emprunter à 0 % à la Banque de France] consiste à dire qu'on aurait pu remplacer un endettement visible et structuré par une simple émission monétaire. Mais ce serait ouvrir les bras au retour à l'inflation des années 1950.
Valéry GISCARD D'ESTAING (2008). Le blog de Valéry Giscard d'Estaing (consulté le 22/11/2011).

Suit alors l'intervention d'un contributeur anonyme dont les contre-arguments, forts techniques au demeurant, resteront sans réponse...
Monsieur le Président, votre réponse à A.-J. Holbecq me parait pour le moins insatisfaisante. Vous répondez à celui-ci comme si la masse de monnaie fiduciaire ne devait pas être accrue. Vous parlez de la nécessité de remboursement d'une "dette" comme d'une évidence, alors qu'en l'espèce, la notion de dette, purement comptable, renvoie à une planification qui ne suppose pas nécessairement un remboursement complet, suivant l'évolution de la croissance escomptée (du moins observée) et suivant la politique fiscale conduite ensuite, encore moins des intérêts versés par nous à des prêteurs privés. Vous négligez de rappeler un théorème élémentaire : quand on vise une inflation nulle, la création monétaire souhaitable n'est pas nulle, mais égale à la croissance du PIB (anticipée ou supposée courante). Il faut donc que quelqu'un crée cette monnaie. Or, le bon sens veut que ce soit le pouvoir le moins incontrôlé parmi ceux supposés être au service du peuple qui le fasse. Et que le régime monétaire soit conforme à la constitution, qui interdit les privilèges. Vous n'ignorez pas que la constitution française (art. 34), comme celle des États-Unis (I sect. 8) confie (confiait) au parlement élu au suffrage universel le contrôle du régime d'émission de la monnaie. Au lendemain du 4 janvier 1973, le Parlement pouvait au moins revoir sa loi, ce pourquoi le Conseil constitutionnel a admis (en 1994) qu'un tel transfert était conforme à la constitution. Mais dans le cadre de l'Union européenne, il ne le peut plus en pratique, sauf à décider que la France sorte purement et simplement de cette entité intergouvernementale mutée en confédération qui viole les règles élémentaires de la séparation des pouvoirs (sans parler de souveraineté populaire). En tant que membre du Conseil constitutionnel, en tant d'ancien garant de la continuité de l'État, comment pouvez vous tolérer une situation ou la "séparation des pouvoirs", qui signifie leur arrêt mutuel, soit traduite en pure indépendance politique ? Vous ne rappelez pas non plus un fait évident que vous ne pouvez pas ignorer (et plus dénoncer, il est vrai) : de manière chronique, depuis sa création, la BCE émet environ 10% de monnaie supplémentaire par an, ce qui est assez considérable, au demeurant. Manifestement, la rigueur ne vaut que pour la politique budgétaire. Vous savez aussi, sans doute, que la Banque de France en dit que la part superflue de l'émission gonfle les bulles spéculatives, financières et immobilière. De fait, depuis des années, le crédit bancaire et, plus généralement, le volume des titres dérivés de la monnaie, est en croissance effrénée. Or, le résultat en termes d'inflation, on le voit quand ces bulles explosent : les financiers les plus équipés courent vers les valeurs "refuge" (celles qui font manger le peuple et produire). La partie de votre réponse qui me parait être pertinente - relative au projet de marché des titres (traduisons : des dettes) - me parait effrayante, tant elle suppose la résignation (il y a 35 ans déjà) du politique face au projet global d'un marché supposé pur réglant toute chose, économique, politique et sociale. En somme, l'État et le privé se sont accordés pour faire de la monnaie une marchandise, dont la valeur ne serait plus fixée, désormais, que par la loi de l'offre et de la demande. Une loi que ne viendrait plus perturber un "interventionnisme"... qui consistait depuis longtemps, pour l'État, a émettre une quantité marginale de la monnaie, tandis que les banques commerciales émettaient "le reste". Le record de la part d'émission d'origine publique, il me semble, a été établi par le général De Gaulle. Cette part (la seule légitime à mon sens) a été très variable, et très souvent bien faible. La Banque de France était d'ailleurs, depuis son origine et plus d'un siècle durant, une Banque privée, dont les propriétaires reçurent de la part de Napoléon le privilège inouï que confère l'exclusivité du pouvoir de battre la monnaie qui seule a cours légal et forcé. Pour finir, il semblerait que le propos de A.J. Holbecq et l'inadéquation de votre réponse trouvent une illustration frappante dans ce passage lu dans Le Monde Diplomatique, (n° 652, juillet 2008, page 7) : " …l’un des plus célèbres emprunts d’État fut l’emprunt Giscard (…). Pour 6 milliards de francs empruntés en 1973, l’Etat a finalement remboursé au total (montant initial plus intérêts) 80 milliards de francs en 1988. 
 ANONYME (2008). Le blog de Valéry Giscard d'Estaing (consulté le 22/11/2011).

Séisme électronique...

Près de quarante minutes avant le séisme et le terrible tsunami à l'est du japon en mars dernier, l'atmosphère au-dessus de son épicentre semble s'être chargée d'électrons. Personne ne peut encore expliquer le phénomène, mais ce n'est pas la première fois que les chercheurs l'observent. Le satellite français Demeter avait établi le même constat avant plusieurs séismes, notamment celui d'Haïti en janvier 2010.
L'Express, 10/2011 , p. 36.

Nouveaux rois fainéants ?

Ce n'est pas par plaisir que les derniers rois mérovingiens passaient leurs journées à ne rien faire, mais parce qu'ils étaient privés du pouvoir par les maires du palais. Ces grands serviteurs chargés de l'administration royale ont en effet fini par exercer le pouvoir à la place des rois, englués dans des luttes fratricides. En dénonçant la supposée paresse des mérovingiens, Eginhard, chroniqueur de Charlemagne, justifie le pouvoir de la nouvelle dynastie, les Carolingiens. Ainsi naît le mythe des "rois fainéants", même si l'expression ne sera forgée qu'au XIXe siècle (plus de 1000 ans après les faits !).
Dimitri CASALI (2011), L'altermanuel d'histoire, Perrin, p. 34.

Une belle analogie se distingue entre maires du palais et financiers du XXIe siècle, détenteurs du pouvoir de l'argent, entre rois et hommes politiques, faire-valoir désarmés, luttes fratricides et luttes politiciennes.

Comme disait Karl... >>

Inflation ou déflation ?

Les économistes ne sont toujours pas d'accord sur les causes économiques de l'accession au pouvoir de Hitler. Certains considèrent que c'est à cause de l'inflation, d'autres, à cause de la déflation...

Philippe DESSERTINE et Jacques SAPIR, France 2Mots croisés, 19/07/2011.

Mâle dominateur...

A la préhistoire, l'homme cherche du sens à la reproduction. Il constate qu'il y a deux sexes, que seul l'un des deux (les femmes) donnent des enfants mais qu'il n'y a pas de grossesse qui n'ait été précédée d'un rapport sexuel. Il en découle un système de représentation, partagé par les femmes, dans lequel ce sont les hommes qui sont au principe de la vie et qui "mettent les enfants dans les femmes". Les conséquences cognitives et sociales sont radicales. Puisque les hommes ne peuvent pas faire leurs fils par eux-même, ils doivent s'approprier la femme. Puisqu'ils ne peuvent être certains de leur paternité, il leur faut contrôler la femme.
Françoise HERITIER, France Inter, Les femmes toute une histoire, 23/10/2011.

Etourdi...

Le 28 juin 1914, dans le véhicule de tête d'un convoi, le chauffeur, par réflexe ou parce qu'il n'a pas été informé du changement d'itinéraire, tourne à droite au lieu de poursuivre tout droit le long des quais de la rivière Miljacka, à Sarajevo.
Historia, 11//2011, p. 64.

Dès lors tout bascule. C'est précisément là qu'attendait le terroriste Gavrilo Princip. Il assassine l'archiduc François-Ferdinand. Les nations d'Europe s'infligent la Première Guerre mondiale. Les vainqueurs imposent le Traité de Versailles aux Allemands. Hitler se jure de venger cette humiliation. La Deuxième Guerre mondiale fait entre 50 et 60 millions de morts...

On peut toujours dire que, même sans l'attentat, les tensions en Europe étaient telles que la Grande Guerre aurait eu lieu tôt ou tard. Mais toujours est-il que sans l'étourderie d'un chauffeur ou celle de l'officier qui ne l'a pas informé du changement d'itinéraire, les 50 à 60 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale auraient pu ne jamais exister...

Radio Londres...

Le "bilibilip" en fond sonore des messages diffusés par Radio Londres pendant la Deuxième Guerre mondiale était... le résidu d'un système de brouillage allemand.

Calamagostris x acutifolia...

Où l'on découvre les règles de nomenclature des espèces botaniques en vigueur de nos jours, et jusqu'à nouvel ordre...

Pourquoi dans le nom des plantes, on trouve des mots avec majuscules, d'autres sans, des mots en italique, d'autres pas, des mots entre apostrophes comme dans Hosta sieboldana 'Elegans', ou encore des "×" comme dans Calamagrostis ×acutiflora ?
  1. Le premier terme est le nom du genre. L'équivalent de Homo pour les hommes dans la classification zoologique. La première lettre est toujours en majuscule et le terme en italique.
  2. Le second terme est l'espèce. L'équivalent de sapiens pour les hommes. La première lettre est toujours en minuscule, le terme en italique.
  3. Le troisième terme est la variété. L'équivalent d'une sous-espèce en zoologie. Pour les plantes, on trouve soit le terme en italique précédé de "var." quand il s'agit d'une plante croissant en milieu naturel, soit en style normal (pas en italique, quoi...) entre apostrophes quand il s'agit d'une plante cultivée (on parle alors de cultivar).
  4. Le "×", signifie qu'il s'agit d'un hybride (issu d'un croisement génétique).
Il est instructif de voir comment on peut vraiment se prendre le chou avec la taxinomie et les codes de nomenclature en botanique. Par exemple sur Tel Botanica.org...

Deux mots d'histoire...
Cette nomenclature est dite binomiale et a été imaginée par un suédois au XVIIIe siècle, Carl Von Linné (1707 - 1778). C'est lui qui nous a donné notre propre nom, Homo sapiens. Avant lui, les noms des organismes étaient constitués d'une série de mots latins résumant leurs caractères distinctifs, souvent en regard de leur utilité et leur visibilité aux yeux de l'homme. Linné a, d'une part, reconnu les espèces comme des unités fondamentales et établi les principes par lesquels les délimiter et les nommer, d'autre part, rangé les espèces au sein d'un vaste système taxinomique, basé sur la notion d'ordre naturel plutôt que sur les goûts ou les intérêts des hommes. En botanique par exemple, il a classé les plantes d'après la forme, le nombre et la configuration des organes de la fructification. Dans l'un de ses premiers systèmes de nomenclature, il autorisait l'emploi d'un maximum de douze mots par espèce. Même s'il l'a regretté dans un premier temps, du fait d'une perte de précision dans la description des organismes, Linné a fini par réaliser l'habileté du système binomial. Cela n'a pas été pour atténuer son ego gigantesque. Il écrit de lui-même à la troisième personne : 
Dieu a permis qu'il voie davantage de Son oeuvre créée qu'aucun mortel avant lui.

Dieu lui a octroyé la plus grande aptitude à pénétrer les secrets de la nature, plus grande que celle de toute personne avant lui...

Personne avant lui n'avait si complètement réformé la totalité d'une science et inauguré ainsi une nouvelle époque.
Personne n'avait avant lui classé tous les produits de la nature avec une telle lucidité. 
Pourvu d'une légendaire capacité de travail, d'une formidable mémoire et d'une grande aptitude à la synthèse, il a réalisé toute une série de livres dont l'ensemble ressemble plus à une production industrielle qu'à l'activité d'un seul homme. Ses oeuvres appartiennent aujourd'hui à la Société linnéenne de Londres, conservées dans un bâtiment appelé Burlington House, en plein Picadilly.
Stephen JAY GOULD, Antilopes, Dodos et Coquillages, Seuil, 2008.

Déchets et érosion...

Depuis peu, l'humanité produit en volume, autant de déchets que tout ce que produit l'érosion naturelle dans le monde (vent, fleuves, mer, etc.).
Michel SERRES, France Inter, Escale Estivale, 30/07/2011.

La démocratie selon les abeilles...

Dans Oneybee Democracy, l'entomologiste [spécialiste des insectes] Thomes D. Seeley rend compte d'un comportement spécifique d'une espèce d'abeille occidentale, Appis mellifera : l'essaimage. Lorsqu'un essaim devient trop peuplé, les deux tiers environ de ses abeilles (plus de 20 000 dans certains cas) partent avec l'ancienne reine à la recherche d'une autre ruche, laissant aux quelques 10 000 insectes qui restent, le soin d'élever une nouvelle reine et de perpétuer la colonie.
Après qu'une nouvelle reine a achevé son développement, les ouvrières forment une grappe incluant la pondeuse plus âgée  Quelques centaines d'éclaireuses partent alors silloner le vaste monde à la recherche d'une nouvelle implantation. A son retour, chaque éclaireuse danse à la surface de l'essaim pour défendre la qualité de son choix et recrute des volontaires pour aller visiter les lieux. Dans un laps de temps remarquablement court, la grande majorité des abeilles se met à danser en faveur de ce qui, à coup sûr, est effectivement le meilleur site.
Seeley souligne que les éclaireuses ne se copient jamais aveuglément et ne plaident en faveur d'un lieu que durant une période limité, deux comportements qui réduisent les risques de s'enliser dans l'erreur. Il en déduit quelques pistes pour transposer les règles de la démocratie chez les abeilles aux processus de décision des groupes humains : réduire au minimum la dépendance à un leader, favoriser une compétition intense entre divers points de vue, et définir une méthode pour aboutir à un choix majoritaire.
Books, 09/2011, p. 62.

Seuls...

La prochaine fois que vous allez à la plage, touchez le sable du bout du doigt. Puis observez les grains collés à votre peau. Délicatement, faites tomber tous les grains de sable pour n'en conserver qu'un seul, le plus fin d'entre-eux. Levez alors les yeux et observez la ligne de ressac de la mer, les baigneurs les plus éloignés, puis le voilier au loin et enfin l'horizon. Alors, dites-vous bien que la Terre, la Vie, ramenée à la taille de ce grain de sable, on est certain qu'il n'y a pas d'autre trace de vie à moins de 400 km à la ronde... La vie sur Terre est au milieu du vide de l'espace comme un seul petit grain de sable de 0,1 mm sur toute la longueur du littoral aquitain !

Levure toi-même...

Entre 30 % et 40 % de notre ADN est identique à celui de la levure.
ArteL'ADN, nos ancêtres et nous, 18/10/2011. 

Nucléaire sans uranium...

La technologie des usines à fission en service aujourd'hui [et partout dans le monde] n'a pas été choisie parce qu'elle était la plus sûre, ni d'ailleurs la plus efficace ou la plus sobre en déchets. 
[...] Au début du nucléaire [...], les choix des réacteurs ont été guidés par leur capacité à produire le plus rapidement possible du plutonium, [nécessaire à la conception des bombes atomiques]. [...] Les attributs de sûreté de ces premières unités militaires n'étaient pas une priorité. 
[...] Ce manque criant va ensuite concerner la propulsion nucléaire des sous-marins, nouvelle priorité des États-Unis après la guerre. [La technologie retenue parmi une dizaine de concepts], est celle qui permet de réaliser un engin simple, pour ne pas dire rustique, donc rapide à mettre en oeuvre, et [...] très compact [ce sera le "réacteur à eau sous pression", ou REP] dont 58 spécimens trônent aujourd'hui en France. 
[...] Conséquence directe : à l'heure de retenir un type de réacteur civil producteur d'électricité, l'Atomic Energy Comission choisit le REP pour la simple raison qu'il est... déjà fin prêt. [Les scientifiques ont beau rappeler qu'ils n'ont] presque jamais comparé la sûreté intrinsèque de ce réacteur avec celle de ses concurrents, [ils] n'ont plus voix au chapitre. Deux grands industriels, General Electric et Westinghouse, ont pris la filière en main. [Pourtant] des réacteurs dits "à sels fondus", à base de thorium plutôt que d'uranium, feraient aussi bien, mais sans risquer de provoquer des Tchernobyl ou des Fukushima. 
Science & vie, 11/2011, p. 72.

Pas cher...

En mars 2008, la société texane Nile Trading and Development Inc a décroché un bail de quarante-neuf ans sur 600 000 hectares pour l'équivalent de 25 000 dollars (17 400 euros) au Sud-Soudan.
Le Monde, 29/07/2011, p. 7.

Mirage...

Selon Pankash Ghemawat, consultant et professeur de stratégie globale à Barcelone, [...] nous aurions tendance à surestimer l'effet d'abolition des distances que produit le progrès technique. Bien avant nous, Henry Ford, Martin Heidegger et Hitler, ont adhéré au mythe de la disparition des frontières. Rares sont ceux, comme Orwell, qui se sont moqués de cette naïveté.
Les chiffres avancées :
Books, 09/2011, p.86.

Exploiter plus pour cultiver moins...

10 millions d'hectares de terres deviennent impropres à l'agriculture chaque année pour cause de surexploitation (diminution des ressources en eau et appauvrissement des sols), soit, depuis 1960, l'équivalent du tiers de la surface agricole utilisée dans le monde.
Alternatives économiques, 09/2011, p. 52.

Too big...

Si vous prenez le total des bilans des onze premières banques du monde, vous avez le total de l'endettement public mondial.
Hervé MORINFrance Inter3D le journal, 06/11/2011.

Article 104...

Etienne Chouard nous explique comment les banquiers auraient organisé le "casse du siècle" en persuadant les Etats de leur emprunter l'argent dont ils avaient besoin, institutionnalisant par là-même, la dette publique...

Avant 1913, les Etats-Unis avaient une banque centrale, qui était encore sous contrôle des citoyens. En 1913, cinq banquiers ont convaincu l'Etat américain de mettre en place un système redoutable. Lorsque ce dernier aurait besoin d'argent, il ferait désormais appel aux banquiers privés plutôt que de lever les fonds directement depuis la banque centrale.
Depuis 1973, la France n'a plus le droit d'emprunter auprès de sa banque centrale. Personne n'en a parlé. Depuis, la dette ne cesse d'augmenter, et le chômage avec. En 1992, l'article 104 de Maastricht a institutionnalisé ce principe à l'échelle européenne.
Avant, lorsque l'Etat souhaitait construire des logements, un hôpital, une école, une autoroute, il empruntait à sa banque centrale qui créait l'argent nécessaire au financement. L'Etat remboursait sans intérêts. L'argent créé au moment de l'emprunt, était détruit au fil des remboursements.
Depuis l'article 104 de Maastricht, l'Etat est obligé d'emprunter à ceux qui ont de l'argent : les banques privées et les riches qui ont de l'argent à prêter. Dès qu'il emprunte, l'Etat verse désormais des intérêts et a vu ses charges doubler depuis l'adoption de l'article 104...

Le live...


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