Le ciel nous tombe bien sur la tête...

Au cours de la décennie 2000-2010, l'altitude moyenne des nuages a diminué d'une quarantaine de mètres. Cette étonnante observation [...] s'expliquerait par une raréfaction des nuages de haute altitude
[...] Encore mal compris, ce phénomène pourrait découler du réchauffement climatique
[...] Si les changements climatiques sont à l'origine de cet affaissement du couvert nuageux, celui-ci ne serait, en retour, pas sans conséquences sur le climat. En effet, plus l'altitude d'un nuage est faible, plus sa température est élevée et plus il évacue d'énergie vers l'espace. L'abaissement de l'altitude vient donc s'opposer au réchauffement climatique.
Science & Vie, 05/2012, p. 28.

Stratégie du CAT...

En Cisjordanie [...] plus de 60 infrastructures payées par les contribuables européens ont été anéanties en 2011 ; 110 autres sont menacées de disparition. C'est ce qui ressort d'une série d'informations provenant des Nations Unis, de l'Union Européenne, et du Displacement Working Group (organe de coordination des différentes organisations humanitaires et de développement en Cisjordanie). 
[...] La liste détaillée des installations détruites est très frappante car elle comporte rien que de très pacifique et de très innocent : on y trouve un bon nombre de citernes à eau, des abris pour animaux, des établissements agricoles, des habitations et même une route. Quant aux installations qui risquent d'être empêchées de fonctionner ou d'être bientôt démolies, elles comprennent un système électrique destiné à un village et une crèche, des panneaux électriques, un puits, un centre médical, des logements, des projets d'assainissement des eaux et encore des citernes et des routes. 
[...] Au total, sur dix années, de 2001 à 2011, la Commission Européenne estime que les pertes causées par la destruction ou l'endommagement des projets dépasse 49 millions d'euros (en incluant Gaza). De cette somme, l'Union Européenne elle-même a financé 29 millions d'euros. 
[...] D'une manière générale, 25 % des infrastructures palestiniennes détruites en 2011 relèvent de dons extérieurs ou internationaux. 
[...] Pour exemple, le 23 avril 2012, il y a moins d'un mois, deux citernes construites grâce à des fonds français ont été démolies à Halhul, près d'Hébron. Ce n'était certes pas un investissement majeur, mais il avait pour but d'aider modestement deux ou trois familles palestiniennes à préserver l'irrigation de leur exploitation agricole. Elles devront s'en priver et changer de plan, sinon de lieu de vie.
[...] De tels actes, toujours limités dans leur étendue mais très significatif quant à leur impact, sont révélateurs d'une stratégie fondée sur une obstination territoriale que l'Europe ne pourra jamais accepter, c'est pourquoi elle est autant visée.
Christian MAKARIAN, L'Express, 05/2012, p. 68.

De temps en temps...

La facture du régime d'assurance-chômage des intermittents du spectacle, assumée par l'Unedic, s'élève à 1,2 milliards d'euros par an pour 100 000 bénéficiaires.
L'Express, 05/2012, p.64.

Extension du domaine du burger...

Mc Donald's reste le leader incontesté et a vu sa part de marché progresser en dix ans de 42 % à 50 % aux Etats-Unis. Le secret du succès ? L'extension des horaires d'ouverture, la diversification (McBaguette, McCafés, etc.), ainsi qu'un ambitieuse politique de rénovation et de croissance [...].
Alternatives Economiques, 05/2012, p. 24.

Inflation brute...

[La fin de la convertibilité du dollar en 1971 impliquait] que les producteurs de pétrole [devait subir] l'inflation des prix de tout ce qu'ils consommaient. En 1973, à la suite de la guerre du Kippour, l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) a répliqué en quadruplant le prix du pétrole. [...] Les prix [de l'or noir] et des matières premières ont alors déclenché une spirale haussière dans l'économie américaine, par le biais des échelles mobiles (l'indexation sur le coût de la vie) qui étaient intégrées aux accords salariaux
C'est ce processus qui a créé l'inflation. Elle n'est pas née à la banque centrale. 
James K. GALBRAITH (2009), L'Etat prédateur, Seuil, p.75.

James K. Galbraith fait ici référence à la thèse libérale voulant que l'inflation soit due à une trop grande émission de monnaie visant à financer des politiques de relance, de soutient de la demande, menées par des Etats dépensiers ou dictées par les ambitions électoralistes d'hommes politiques.

Démocratie de pacotille ?

Dans son principe, comme dans son origine historique, la représentation est le contraire de la démocratie. La démocratie est fondée sur l'idée d'une compétence égale de tous, et son mode normal de désignation est le tirage au sort, tel qu'il se pratiquait à Athènes afin d'empêcher l'accaparement du pouvoir par ceux qui le désirent. La représentation, elle, est un principe oligarchique : ceux qui sont ainsi associés au pouvoir représentent non pas une population mais le statut ou la compétence qui fonde leur autorité sur cette population : la naissance, la richesse, le savoir, ou autre. Notre système électoral est un compromis historique entre pouvoir oligarchique et pouvoir de tous : les représentants des puissances établies sont devenus les représentants du peuple, mais, inversement, le peuple démocratique délègue son pouvoir à une classe politique créditée d'une connaissance particulière des affaires communes et de l'exercice du pouvoir. Les types d'élections et les circonstances font pencher plus ou moins la balance entre les deux. L'élection d'un président comme incarnation directe du peuple a été inventé en 1848 contre  le peuple des barricades et des clubs populaires, et réinventé par De Gaulle pour donner un "guide" à un peuple trop turbulent. Loin d'être le couronnement de la vie démocratique, elle est le point extrême de la dépossession électorale du pouvoir populaire au profit d'une classe de politiciens dont la fraction opposée partage tour à tour le pouvoir des "compétents".
Propos de Jacques RANCIERE recueillis par Eric AESCHIMANN,
Le Nouvel Observateur, 04/2012, p. 102.

Le mythe Eve...

Où l'on essaie d'en savoir un peu plus sur ces moments de la préhistoire où l'humanité est passée tout près de l'extinction...
Les études génétiques modernes ont montré qu'il y a eu une diminution des populations humaines il y a environ 75 000 ans, ce qui correspond sensiblement au moment de l'éruption du Toba. Notre nombre est tombé à seulement quelques milliers d'individus. [...] L'espèce humaine a frisé l'extinction totale. Michael RAMPINO (Université de New York).
Arte, Les derniers jours de l'homme - 10 scénarios pour la fin du monde, 21/12/2012.

[...] De nouvelles données ont contraint à revoir à la baisse l'impact [de "goulots d'étranglement"] : si Homo sapiens a bien connu des hauts et des bas démographiques, ce ne fut à priori jamais au point d'engager le pronostic vital de notre espèce. 
[...] Le premier de ces goulots se serait produit il y a plus de 150 000 ans, à l'aube même de la naissance d' Homo sapiens. [...] Seule une petite partie de la population aurait résisté à la crise [sévère période de glaciation], et c'est cette poignée d'hommes et de femmes qui seraient les parents des quelque 7 milliards d'humains actuels. L'ennui, c'est que si ce refroidissement est attesté, la diminution drastique de notre population, elle, ne l'est plus. 
[...] Les dernières études montrent que nous n'avons pas besoin de goulots d'étranglement pour expliquer notre faible diversité génétique actuelle, fait remarquer Evelyne Heyer, professeur au Muséum national d'histoire naturelle. L'émergence récente de notre espèce y suffit amplement. Quant à la datation de l'Eve africaine, elle n'implique pas l'existence d'une mère unique à cette époque mais montre seulement qu'une femme a eu plus de descendants que les autres et que les lignées maternelles actuelles proviennent essentiellement d'elle. 
[... Selon Michaël Blum, qui a cherché en vain à tester le scénario du goulot d'étranglement,] si un goulot d'étranglement important était survenu entre -140 000 et -200 000, nous en trouverions le signal dans les mutations de nos génomes.
Science & vie, 06/2012, p. 131. 

Froid, chaud, froid dans chaud et chaud dans froid...

Voici une courbe de température sur une année, en l'occurrence en France en 2008. Rien que de très normal : il fait plus froid en hiver qu'en été...
MeteoFrance.com (consulté le 27/12/2011).

L'évolution de la température sur une année ne surprend personne. Sur un siècle non plus ; nous savons tous désormais que le climat s'est réchauffé depuis le début du siècle dernier. Mais derrière ces évidences se cachent d'étonnantes variations naturelles dont les va-et-vient passés permettent d'analyser les évolutions récentes de manière plus rationnelle, mais aussi d'envisager le climat futur à très long terme...

Observons à présent la courbe d'évolution de la moyenne des températures de surface (au niveau du sol ou de la mer) mesurées entre 2000 et 2010. En rouge le laps de temps du graphique précédent (un an).
Depuis 10 ans, la température moyenne terrestre est à peu près stable sinon en légère hausse, ou en légère baisse pour certains, c'est selon les affinités de chacun (le hasard veut que le jour-même où je termine ce post, les médias annoncent que l'année 2011 est la plus chaude de la décennie)...
The Single Colony (consulté le 27/12/2011).

Voici à présent la courbe d'évolution de la température moyenne depuis 1880. Ici encore, en rouge, les 10 ans écoulés sur le graphique précédent. C'est la courbe sur laquelle s'appuient les scientifiques pour illustrer le réchauffement climatique en cours depuis un siècle. Depuis 1880, la température moyenne du globe a augmenté d'environ 0,8 °C...
NASA.gov (consulté le 26/12/2011).

C'est au graphique précédent que s'arrêtent les mesures directes de température. Les températures antérieures à 1880 ne sont plus mesurées mais estimées, déduites à partir, par exemple, de rapports isotopiques dans des bulles d'air prises dans les glaces, ou dans des sédiments marins. 
Voyons donc la courbe de température des derniers 2 000 ans. En rouge, le XXe siècle du graphique précédent. Le graphique laisse en effet entrevoir le petit âge glaciaire, et l'optimum médiéval. Le premier est souvent évoqué pour son climat assez rigoureux centré sur le XVIIIe siècle (Seine parfois gelée l'hiver, glacier alpins très étendus dans les vallées, etc.). Le second souligne au contraire une période au climat plutôt chaud centrée sur le XIIe siècle. Pour la majorité des études dont sont issues les courbes suivantes, la température actuelle semble voisine de celle de l'optimum médiéval...
RealClimate.org (consulté le 27/12/2011).

Regardons maintenant les températures estimées sur les derniers 12 000 ans ! En rouge le temps écoulé sur le graphique précédent. 10 000 ans, c'est le début de notre période interglaciaire. Car comme nous le verrons dans le graphique qui suivra, nous sommes en ce moment dans une période au climat doux au milieu d'une plus vaste période (on peut alors parler d'un ère) glaciaire... Effectivement, depuis - 10 000 ans, la température a semble-t-il explosée de 6°C ...
Voici maintenant le graphique des 100 000 ans écoulés. Sur cette période, nous coexistions encore (et copulions apparemment...) avec des hommes de Néanderthal. Comme toujours, en rouge, les 12 000 ans du graphique qui précède. On peut effectivement observer que le climat s'est réchauffé de 5°C environ après une longue période de froid...
Le violent coup de froid visible entre -12 500 et -10 500 est appelé Younger Dryas et semble corrélé à un impact d'astéroïde au Mexique daté de 12 900 ans.
L'explosion du super-volcan Toba en -73 000, se superpose aussi très bien avec un refroidissement brutal et particulièrement intense.
C.H. (2012), Science & Vie, N° 1136, p. 27.



Ce bouleversement climatique, imputé à l'éruption du Toba, aurait été tout près de provoquer la disparition de l'espèce humaine >>

Mais voyons à présent l'évolution de la température sur les 400 000 ans passés. Notre espèce est apparue au cours de cette période. On observe la succession des périodes glaciaires et des périodes interglaciaires, plus brèves, si bien qu'elles sont parfois qualifiées de pic interglaciaire. Toujours est-il que la température moyenne semble constante depuis 400 000 ans, mais avec de longues périodes de froid intense, entrecoupées de brèves périodes d'adoucissement, comme celle que nous vivons aujourd'hui.

Ces alternances régulières s'expliquent en grande partie par les cycles astronomiques découverts par Milutin Milankovitch >>
Nous approchons de la fin (ou plutôt du début) avec ce graphique des 3 derniers millions d'années écoulés. On observe ici, le très lent refroidissement qui s'opère depuis quelques millions d'années (15 millions environ dans l'hémisphère Nord, une cinquantaine dans l'hémisphère sud)...
Le graphique suivant illustre clairement cette plongée de 50 millions d'années dans l'ère glaciaire actuelle.
Enfin, ce dernier graphique, très spéculatif mais admis par la communauté des spécialistes nous projette sur toute l'histoire de la Terre, soit à peu près 4,7 milliards d'années. Il a fait très chaud à l'âge d'or des dinosaures (Jurassique et Crétacé). Il a semble-t-il fait plus souvent plus chaud qu'aujourd'hui. Mais il a eu fait beaucoup plus froid encore, à tel point que des scientifiques pensent que la Terre a été intégralement recouverte de glaces au moment "N"...
A l'aune de ces variations climatiques passées, nous pouvons à présent jouer à imaginer son évolution naturelle future (sans notre influence éventuelle sur le climat, ce n'est pas le sujet ici).
  1. A l'échelle des plus grands cycles climatiques, ceux de plus de 50 millions d'années, la projection est la plus incertaine de toutes. A l'observation du dernier graphique, on peut à la rigueur présager qu'une période de grand froid d'ici quelques dizaines de millions d'années serait logique. Mais, ne nous en déplaise, ces échelles de temps sont bien trop grandes pour nous concerner...
  2. A l'échelle des cycles glaciaire-interglaciaire, ceux de l'ordre de la centaine de milliers d'années, si les oscillations passées se poursuivent au même rythme, le climat doux actuel devrait cesser dès à présent et se refroidir inexorablement les 5 000 à 10 000 ans qui viennent.
  3. Enfin, aux petites échelles de temps de l'ordre de quelques centaines d'années, la tendance depuis la sortie du petit âge glaciaire pourrait se prolonger via un réchauffement pendant encore un ou deux siècles, avant de laisser place à un nouveau refroidissement progressif...

Supermarché équitable...

Jim Sinegal [fondateur de Costco, troisième groupe américain de distribution] a pris les tables de la loi de son secteur à rebrousse-poil. La priorité de cet entrepreneur au look de bon papy, qui se méfie de la Bourse, déteste les road shows, et ne verse pas plus de 2 % de dividendes à ses actionnaires ? La satisfaction durable du client... qui passe, d'après lui, par celle de ses salariés ! Ses 150 000 employés bénéficient presque tous d'une couverture sociale complète, et touchent, aux Etats-Unis, 19 dollars de l'heure en moyenne, plus de deux fois le salaire minimum. [...] Aucun article n'est vendu avec plus de 15 % de marge.
Le nouvel observateur, 05/2012, p. 94.

Stratégie du copinage...

Anne Lauvergeon nous livre les dessous de la politique industrielle façon Nicolas Sarkozy...
Les quelques jours qui précèdent son entrée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy reçoit dans un hôtel particulier du septième arrondissement pour constituer le futur gouvernement de François Fillon.
[...] Il a préparé son sujet et attaque bille en tête en me demandant quel ministère je veux. Ma position a le mérite de la clarté et je l'expose immédiatement : je ne veux pas être ministre, je souhaite rester chef d'entreprise chez Areva.

Ecoute, c'est très simple, insiste-t-il. Tu fais ça... Je sais, je sais, j'ai compris le message, mais écoute : tu es ministre dix-huit mois. Allez un an. Ça te va, un an ? Et puis après tu auras l'entreprise que tu veux.- Mais je suis déjà en charge de l'entreprise qui me va...

- D'accord, d'accord, tu as fait quelque-chose de très bien avec Areva, mais tu mérites mieux, tu mérites plus gros. Il ne t'a pas échappé qu'EDF va être libre.  Ça te dit EDF ? Tu fais un an et tu deviens patronne d'EDF [...].

[...] Plus tard, [...] il sortira dans la presse que j'ai refusé d'être ministre pour préserver mon confort matériel. Pages 156, 161.
[...] [Avec Christophe de Margerie (Total) et Gérad Mestrallet (GDF Suez)], nous pensons qu'il serait judicieux que le nouveau patron d'EDF s'entende bien avec ses autres collègues. Non pas par soucis de convivialité mais parce qu'il serait alors possible de parler ensemble, de constituer, au-delà de nos différences et de l'intérêt respectif de nos entreprises, une véritable "équipe de France" dévolue à l'énergie. Plus soudés, plus forts. Sans hiérarchie.
[...] Non seulement cette démarche va être rejetée ("des industriels qui s'occupent de stratégie industrielle, quelle horreur !") mais, qui plus est, Nicolas Sarkozy, court-circuitant son Premier ministre, décide de nommer à la tête d'EDF un autre de ses convives du Fouquet's : Henri Proglio, ennemi juré de Gérard Mestrallet. Henri Proglio clame très vite qu'il est désormais "capitaine de l'équipe de France nucléaire"... tout en refusant le jeu avec le reste de l'équipe. Page 166.
[...] Pourquoi abandonner les droits de propriété intellectuelle existant sur les réacteurs de génération trois ? Henri Proglio et ses amis n'en font pas mystère, ils souhaitent créer une industrie nucléaire chinoise qui sera en mesure d'approvisionner la France et l'international. Ce serait là la mort programmée d'Areva. Et ils envisagent tout cela avec un souverain détachement et une grande liberté de ton sans être rappelés à l'ordre. Et pour cause. Un axe est en place : Claude Guéant, Jean-Louis Borloo, François Roussely, Jean-Dominique Comolli, Alexandre Djouhri, chacun son rôle. La machine étatique pour certains, l'entreprise et les contrats lucratifs pour huiler les relations des autres. Tous unis, tous solidaires, tous frères. Page 180.
[...] J'ai l'impression de ramer à contre-courant mais c'était également le cas de Christine Lagarde et François Fillon. Il y a bien un système parallèle, des circuits parallèles et, au final, une république parallèle qui est apparue dès la nomination d'Henri Proglio, propulsé d'entrée dans une filière nucléaire qu'il ne connaissait pas. Page 183.
Anne LAUVERGEON (2012), La femme qui résiste, Plon.

Comme Mc Do...

Il faut que les entreprises travaillent beaucoup plus de manière collective, au-delà de projets comme [a pu l'être en son temps le projet] Ariane. Il faut que n'importe qu'elle entreprise, et je pense en particulier aux organisations publiques, travaillent plus étroitement avec leur tissus de PME, leurs clients, [le monde universitaire], et ça générerait de l'intelligence collective. Une entreprise comme Mc Donald's fait de la co-innovation avec l'ensemble de ses fournisseurs et de son réseau de distribution. Ils travaillent sur 20 ans, souvent sans contrat, en lien avec le monde universitaire, en lien avec les clients, avec entre les distributeurs et l'entreprise mère, une sorte d'assemblé parlementaire où, toutes les deux semaines, les choix se font en commun.
Guillaume KLOSSA, France Inter, 3D le journal, 15/05/2012.

Statistiques et réverbères...

Les politiciens se servent des statistiques comme les ivrognes des réverbères, comme soutien et non comme éclairage.

Winston CHURCHILL.

Laboureur de gauche, éleveur de droite...

Emmanuel Todd nous explique en quoi la cartographie française des affinités politiques s'explique par les structures familiales anciennes...

C'est en 1791 qu'apparut pour la première fois la carte qui allait structurer pendant près de deux siècles la vie politique française. L'historien américain Timothy Tackett a mis en forme cartographique le choix des prêtres qui acceptèrent ou refusèrent de porter serment à la Constitution civile du clergé, votée par l'Assemblée constituante le 12 juillet 1790. 
[...] C'est alors que se manifeste l'opposition géographique entre une France déchristianisée où les curés acceptent la subordination de l'Eglise à la Révolution, et une France catholique appelée à devenir le bastion le plus stable de la droite française. La France déchristianisée est pour l'essentiel un bloc central, un Bassin parisien étiré le long d'un axe oblique allant des Ardennes à Bordeaux, auquel il faut ajouter la majeure partie de la façade méditerranéenne. La France fidèle à l'Eglise est constituée d'une constellation de provinces périphériques, à l'ouest, au nord, à l'est, dans le Massif central et le Sud-Ouest. 
[...] La complémentarité géographique du catholicisme et du communisme est l'un des traits frappants de la France durant les trois décennies qui suivirent la Seconde Guerre mondiale. [...] L'essentiel de l'assise électorale [du communisme] se situe dans la France déchristianisée [...] : un grand Bassin parisien allant de l'Aisne au Lot-et-Garonne. 
[...] Le Front national émerge lors des élections européennes de 1984. [...] Il est dès l'origine fort dans le tiers est du pays parce que son implantation électorale est fortement déterminée par la présence d'immigrés d'origine maghrébine. Mais indépendamment du nombre d'immigrés, le Front national apparaît nettement plus puissant dans les départements imprégnés d'une tradition laïque, au coeur du Bassin parisien et sur la façade méditerranéenne. [...] Le FN gardait donc, par la géographie de son électorat, quelque-chose de la vieille structuration religieuse du système politique. 
[...] Le système familial nucléaire égalitaire [du Bassin parisien], libéral pour ce qui concernait les rapports entre parents et enfants, égalitaire dans sa définition des rapports entre frères et soeurs, ne se retrouvait pas à l'ouest, au nord, à l'est et au sud. Seule la façade méditerranéenne était aussi farouchement attachée au principe d'égalité que le coeur du système national. 
Le reste de l'Occitanie était occupé par des systèmes de type souche, moins rigides que celui de l'Allemagne toutefois, sauf peut-être sur la bordure pyrénéenne, de la Catalogne au Béarn et au Pays basque. On en trouvait aussi, plus ou moins bien définis, dans la région Rhônes-Alpes. L'Alsace avait bien entendu un modèle souche germanique, dans la version rhénane gardant des traces d'égalité, mais fort solide comme le démontre la belle rigidité de droite de la province. 
[...] Sur la bordure nord et ouest du Massif central florissaient en milieu rural des formes communautaires, autoritaires et égalitaires, mais se distinguant des modèles russe et chinois par l'absence de trait patrilocal. 
Chacun [de ces] milieux anthropologiques locaux a fini par trouver, durant le siècle qui suivit la Révolution de 1789, [...] son représentant idéologique naturel. L'Eglise présente une affinité particulière mais non exclusive avec la famille souche. Les doctrines radicales et anarchiques, formes respectivement douce et violente de l'individualisme égalitaire. Le communisme, chez lui dans la zone de communautarisme familial du Massif central, a su trouver, l'espace de deux générations, une assise partielle en zone nucléaire égalitaire parisienne. La social-démocratie s'est installée dans les régions de famille souche du Sud-ouest et du Nord.

Le problème de la cause...

Le patronat raisonne à l'envers, explique l'économiste Jean-Louis Levet. C'est parce que nous déclinons sur le plan industriel que le coût du travail devient un problème, et non l'inverse.
M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 11.

Moins simple...

La faiblesse des efforts de recherche et développement des entreprises françaises empêche d'améliorer la compétitivité "hors coût" de leurs produits (qualité, contenu en innovation, design...).
M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 11.

Libre protectionnisme...

Plus on examine de près la façon dont les pays comme la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis sont devenus prospères, moins on voit de laisser-faire et plus on voit d'intervention de l'Etat.
[...] La Grande-Bretagne et les Etats-unis n'ont vu dans le libre-échange un idéal qu'après s'être dotés d'industries capables de damer le pion à leurs rivaux.
[...] Quand les héritiers d'Adam Smith exposèrent les vertus théoriques du libre-échange, la Grande-Bretagne conservait certaines des taxes douanières parmi les plus élevées au monde : plus de 50 % sur certains produits. Il en fut ainsi jusqu'aux années 1860, quand la compétitivité du pays dans le textile, l'acier et d'autres industries fut fermement établie. Comme l'historien de l'économie Paul Bairoch l'a souligné, l'idée que la grande Bretagne a accédé au statut de puissance économique dominante grâce au libre-échange est une absurdité.
[...] La réalité, c'est qu'aucune des puissances économiques actuelles n'a pratiqué le libre-échange pendant sa phase de développement. Les économistes du libre-échange doivent nous démontrer comment ce principe peut expliquer la réussite des pays aujourd'hui développés, fait remarquer Chang [Ha-Joon, économiste à l'université de Cambridge], alors que ces derniers, disons-le tout net, l'ont fort peu pratiqué avant de devenir riches.
John CASSIDY (The New Yorker, 2010), Books, 03/2011, p. 38.

Fondant...

« Dans l'avant dernier chapitre de son célèbre livre de 1936, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, [Keynes] évoque "l'étrange prophète Silvio Gessell", commerçant allemand prospère installé en Argentine, et soutient que "l'avenir aura plus à tirer de la pensée de Gesell que de celle de Marx". Gesell était l'un des promoteurs de la monnaie "estampillée", ou "fondante", monnaie impropre à la thésaurisation ou à l'accumulation, incapable de porter intérêt et destinée simplement à la consommation. Dans une économie à la Gesell, la croissance est sensiblement freinée, car une grande partie de l'argent ne fait plus d'argent. L'argent sert directement les besoins. Keynes ne méconnaît pas les difficultés du système de Gesell, mais considère qu'il repose sur une "idée juste". »
MARIS Bernard, Books, 04/2011, p. 35.

Vers de farine...

Il n'est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l'explosion démographique et qui, tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer, se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une prescience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.
Claude LEVI-STRAUSS, Books, Le capitalisme se heurte à la contrainte de la rareté, 04/2011, p. 35.

Télécom-currence...

Les grands opérateurs [de télécom] haussent de plus en plus le ton contre le primat donné à la concurrence par la régulation européenne depuis vingt ans. L'Union européenne compte plus de 150 opérateurs télécoms, contre seulement autre aux Etats-Unis et trois en Chine. La concentration paraît inévitable, si l'Europe veut conserver des opérateurs puissants et capables d'investir.
Alternatives Economiques, 07-08/2012, p. 24.

Sarko & Poors...

L'étude porte sur les performances de trois groupes d'entreprises de l'indice boursier SBF 120 comparées au reste du marché. Nous avons estimés la relation entre les rendements "anormaux" de ces entreprises, c'est-à-dire le rendement des actions qui ne s'explique pas par l'évolution générale du marché, et les changement de la probabilité de victoire des deux principaux candidats à l'élection présidentielle de 2007.
[...] Le rendement boursier des entreprises censées bénéficier de l'élection de Ségolène Royal via les réformes avancées dans son programme ne sont pas corrélées aux variations de sa probabilité de victoire. En revanche, les performances de celles censées tirer partie des réformes annoncées alors par Nicolas Sarkozy varient dans le même sens. Cette relation est encore plus forte pour les 19 entreprises dirigées ou détenues par des proches du futur élu [...]. L'effet est renforcé lorsqu'on concentre l'analyse sur ses amis les plus proches, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Serge Dassault, Paul Desmarais, Jean-Claude Decaux, Arnaud Lagardère et François Pinault.
[...] Ces résultats ne peuvent s'expliquer par des caractéristiques propres à ces entreprises, telles que leur appartenance à un secteur économique particulier, la structure de leur actionnariat ou leur taille. Cette hausse n'a qu'une explication : une surperformance boursière associée à la proximité de leurs dirigeants avec le président sortant.
Alternatives Economiques, 05/2012, p. 20.