Asphyxie...

La fusion du franc et du mark faisait figure de saint Graal [...] était, à la fin du XXe siècle, le rêve de nos élites et, à coup sûr, l'intérêt des détenteurs d'actifs financiers. [...] Nos dirigeants crurent ainsi nécessaire de faire coller le franc au mark durant toute la période de transition (1991-1999). Choix lourd de conséquences : il en résultat pour la France des taux d'intérêts asphyxiants, une croissance ralentie et même une récession (en 1993), un fort chômage, un déficit budgétaire impossible à réduire et, au total, un taux d'endettement qui bondit de 32 % du PIB en 1992 à 58 % en 1998. [Cette parité monétaire] a abouti à réduire la part de l'industrie française de 22 à 14 % dans le produit national de 1998 à 2009, et à quadrupler le déficit des échanges franco-allemands de 1982 à 2009.
Jean-Pierre CHEVENEMENT (2011), La France est-elle finie ? Fayard, p. 66.

Action départementale...

En 2010, les départements ont consacré en moyenne 472 euros par habitant aux dépenses d'action sociale (RSA, aides aux personnes âgées, aux handicapés, à la famille et à l'enfance). [...] Avec de fortes disparités : les montants vont de 324 à 901 euros par habitant et par an selon les départements. Tout compris, ces dépenses ont aussi fortement progressé : elles sont passées de 6,3 milliards en 1985 à 29,1 milliards en 2010.
Alternatives Economiques, 06/2012, p.25.

Avoir le nez fin...

Les vents contraire ont commencé de souffler en France au début des années 1990. Le premier gonflait une mode croissante pour les services, un secteur considéré comme beaucoup plus noble que l'industrie. Pourquoi continuer à produire quand d'autres peuvent le faire pour nous ? [...] Nous allons être les cerveaux. [Les pays émergents et semi-développés] seront les mains et les outils. C'était oublier que, lorsque l'on produit, on finit également pas concevoir. Et, inversement, lorsque l'on ne produit pas, on perd du savoir-faire pour concevoir des produits. Le deuxième vent soufflait la vague croissante de l'écologie. Cette préoccupation nécessaire alla nourrir le mouvement décrit plus haut. Faites-moi disparaître ces usines que je ne veux plus voir. [...] Et on oubliait au passage que les contraintes environnementales étaient bien plus fortes en Europe occidentale et qu'il vaudrait mieux pour l'environnement de la planète que ces activités restent dans nos pays. Un troisième tourbillon nous a aussi rattrapés, le grand vent libéral [...]. A quoi servent ces grands programmes, finalement ? [...] L'Etat n'a rien à faire dans ces domaines, il est préférable qu'il disparaisse des entreprises avec les privatisations.
Anne LAUVERGEON (2012), La femme qui résiste, Plon, p. 213.

Je t'aime, moi non plus...

Sous la surface des rapports entre États et finance...
2. [Entre 2008 et 2012] l'État [français] a mis à disposition des banques près de 350 milliards d'euros (en recapitalisation, garanties et autres), dont 116 milliards ont été utilisés. Alternatives Economiques, 06/2012, p. 46. 
1. Dans les trois derniers mois de 2008, les banques américaines ont perdu 80 milliards de dollars, reçu 175 milliards de subventions de l'État fédéral, et versé 36 milliards de dollars de bonus à leurs cadres. En particulier Goldman Sachs ne paie cette année-là que 14 millions de dollars d'impôts à l'État fédéral, dont il reçoit 10 milliards de dollars de subventions, et verse 20 milliards de bonus à ses traders ! Au total, les quatre principales banques de Wall Street (J. P. Morgan, Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley) distribuent cette année-là en bonus 40 % des 45 milliards qu'elles ont reçu des contribuables...  Jacques ATTALI (2009), Sept leçons de vie. Fayard, p. 59.

Déformation, le retour...

Seuls 6,5 % des salariés ont utilisé leur droit individuel à la formation (DIF) en 2010, selon le Céreq.
Alternatives Economiques, 06/2012, p. 25.

Soûlard...

Si un être humain consomme de 2 à 5 litres d'eau par jour en boisson et 25 à 100 litres pour ses usages domestiques, sa nourriture quotidienne nécessite de 1 000 à 6 000 litres.
Alternatives Economiques, 06/2012, p. 51.

Acide océanique...

L'acidité des océans a augmenté de 30 % depuis les débuts de l'ère industrielle en raison de l'absorption de CO2.
Alternatives Economiques, 06/2012, p. 63.

Désertification...

La superficie moyenne par exploitation [agricole] est passée de 42 hectares en 2000, à 55 en 2010 et chaque année, 32 000 agriculteurs quittent la profession, remplacés seulement par 13 000 nouveaux venus.
Alternatives Economiques, 06/2012, p. 35.

Bulle terrienne...

Entre 1997 et 2010, [en France], le prix des prés et des terres libres a augmenté de 65 %, celui des vignes de 116 %.
Alternatives Economiques, 06/2012, p. 34.

Homo moralus... ou pas...

Frans De Waal nous explique pourquoi l'homme était empathique et coopératif avant la civilisation...
Il y a trente ans, tout le monde croyait à la fable du "vernis de civilisation" : nous autres humains serions égoïstes et violents. La morale serait apparue dans un second temps, au sein de la civilisation, pour contrer nos instincts animaux. Elle serait le fruit d'un développement culturel et religieux. [...] Or, c'est le christianisme qui nous a inculqué une vision si noire de l'animalité ! Comme l'ont montré nombre de découvertes en neurosciences ou en primatologie, l'espèce humaine est également  naturellement douée pour l'empathie et la coopération. Nous avons découvert qu'il existait des pulsions altruistes involontaires. 
[...] Qui fut le premier de la morale ou de la culture ? Je ne saurais le dire. [...] Sous l'influence de Lévi-Strauss, les anthropologues ont longtemps estimé que la civilisation s'était construite à partir du tabou de l'inceste. [...] Eviter les croisements : beaucoup d'espèces le font sans avoir besoin du mot d'inceste, ni d'un tabou culturel. La philosophie occidentale a adopté une vision descendante de la morale en en faisant un produit de la raison cognitive. A mon sens, c'est l'inverse qui est vrai. Nous interagissons et éprouvons de ce fait des émotions : de là naît la posture morale
[...] Par exemple,  si l'on place des gens dans un scanner et qu'on leur demande de résoudre des dilemmes moraux, ils activent d'anciens centres émotionnels [...]. La décision morale puise à une source cérébrale vieille de plusieurs millions d'années.
Frans DE WAAL, Philosophie magazine, Les grands singes ont le sens de l'équité, 06/2012, p.60.

Les épinards, avec ou sans beurre ?

En 2010, 925 millions de personnes ont souffert de faim, selon les chiffres des Nations unies, un nombre en progression depuis 1990. La proportion de personnes sous-alimentées dans la population mondiale a cessé de baisser depuis une dizaine d'années.
Alternatives Economiques, 06/2012, p. 59.

Bull, ou bear ?

Où l'on a un petit aperçu de la journée d'un trader et du jargon employé dans le milieu...

La journée d'un trader, parfois surnommé golden boy ou working rich, commence généralement avant l'ouverture de la place boursière sur laquelle il opère (9 h 00 pour Euronext Paris). Le trader commence par se rendre dans la salle de marché propre au type d'instruments financiers dont il a la charge (taux d'intérêts, actions, matières premières, etc.). Cette salle est généralement un open space appelé dans le jargon des banques, le front office, ou trading floor (les ingénieurs financiers, les analystes et les contrôleurs opèrent au middle office, les comptables et les postes administratifs, au back office). A son poste de travail l'attendent généralement six écrans, un ou deux PC, une calculatrice et une sorte de standard téléphonique appelé boîte ou dealer board. Avant l'ouverture de la Bourse, il prend connaissance de l'évolution des marchés sur les places financières déjà en activité ou clôturées quelques heures plus tôt, lit les journaux spécialisés, échange des informations avec collègues et courtiers ou broker. Il peut alors analyser la situation de ses positions courantes, son carnet d'ordre ou book (qui peut contenir plusieurs centaines de lignes), envisager de nouvelles prises de position, et préparer son entrée sur le marché. Dès l'ouverture des cotations et les éventuels premiers ordres passés, il concentre son attention sur les écrans : outre les prix en temps réel, leurs mouvements, la liquidité de son book, les flux d'information Reuters ou Bloomberg affichent un défilement continu de dépêches sur le moindre évènement dans le monde. Il reçoit également des informations orales via son dealer board. Un trader passe la plupart de son temps à suivre ces informations qui déterminent ses prises de décision et ses prix. S'il est prop trader (proprietary trader), c'est-à-dire qu'il spécule pour le compte de son employeur, le plus souvent sur des dark pools, des marchés de gré à gré, il doit estimer le meilleur moment pour vendre, déboucler une position, ou yourzer, avant que la valeur ne baisse fortement, ne gerbe, ou acheter, lifter, au meilleur prix. Sur le marché à terme, outre miser sur des futures ou les swaps, le trader peut adopter des positions longues (être long) en achetant des calls (des options d'achat) s'il pense que le marché va monter (on dit dans ce cas qu'il est bull, le taureau attaque de bas en haut), ou bien prendre des positions courtes (être short) en achetant des puts (des options de vente) s'il considère que le marché va baisser (on dit qu'il est bear, l'ours attaque de haut en bas). Tous ces produits dérivés sont adossés à des sous-jacents, ou notionnels, qui, en fait, n'intéressent que peu le trader ; ce peut être du pétrole, une céréale, des crédits, des émissions de carbone, un indice de température, des chutes de neige (1), etc.)
(1) CMEGroup.com, 19/12/2012.

Ces positions sont dites nues car jamais il ne possède le sous-jacent, ni même ne compte l'acquérir. Chaque ordre est passé en quelques secondes, par simple clic de souris, le plus souvent possible, pour éviter de rester collé, c'est à dire de garder un contrat trop longtemps (un contrat peut changer deux cent fois de main en six mois). S'il occupe un poste de market maker, c'est-à-dire qu'il achète ou vend à des clients, il doit pricer, ou coter, en déterminant le prix auquel il est disposé à acheter, et le prix auquel il est prêt à vendre (ces deux prix constituant un bid/ask ou bid/offer spread, plus l'écart est faible plus le marché est liquide). Chaque fois qu'un client lui demande un prix, le trader recalibre en fonction du marché son spread sheet Excel et communique son spread. En fin de journée, le trader peut rester à son poste au-delà de l'heure de clôture de sa place boursière afin de poursuivre ses transactions sur une autre place, s'il y dispose d'une licence. Le soleil ne se couche jamais sur le monde de la finance. Les objectifs de gain annuels pour un trader s'élèvent généralement à plusieurs millions. Sur certains marchés très spéculatifs comme les produits structurés exotiques, un trader peut facilement dégager plus de 20 millions d'euros par an. Le bonus moyen versé aux traders, varie selon les années, entre 100 000 et 400 000 dollars environ. Le prop trader Driss Ben Brahim, aurait touché en 2006, un bonus record de 75 000 000 d'euros.

Jérôme KERVIEL (2010), L'engrenage, mémoires d'un trader, Flammarion.

Sous les pavés chinois...

L'inflation des prix de [la viande de porc], essentielle à la cuisine chinoise, a toujours inquiété les autorités chinoises. Elles n'ont pas oublié qu'il y'a 20 ans, une crise du porc avait déjà provoqué des troubles sociaux, et conduit aux manifestations de la place Tian'anmen.
Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012.
Rappelons qu'à l'origine des émeutes de Tian'anmen, il y avait éventuellement désir de liberté ; il y avait surtout une population rudement éprouvée par une inflation à 20 %.
Edouard TETREAU (2011), Quand le dollar nous tue. Grasset, p. 35.

Pop-art antique...

Nous sommes imprégnés de la vision de l'Antiquité qui nous a été transmise, marquée par la beauté du marbre blanc et pur. Pour nous tous, moi compris, l'omniprésence de la couleur est quelques-chose de totalement incompréhensible.
Musée Liebieghaus, Francfort.

 Musée Liebieghaus, Francfort.
L'Antiquité était polychrome, que cela nous plaise ou non. [...] Seuls des musées comme le Liebieghaus de Francfort ose exposer ces oeuvres aux couleurs [...] criardes et dont l'esthétique est d'une modernité étonnante.
Cavalier Perse (détail), Musée de l'Acropole, Athènes.

Cavalier Perse (détail), Musée Liebieghaus, Francfort.
En réalité cette révélation n'a rien de nouveau. Au début du XIXe siècle déjà, des fouilles avaient mis au jour de nombreuses sculptures portant des restes de peintures.
[...] A Munich, Louis Ier de Bavière avait fait construire la Glyptothèque pour accueillir sa collection d'antiquités grecques et romaines. A l'époque, le bâtiment n'avait pas la sobriété que nous luis connaissons aujourd'hui. A son inauguration en 1830, il était richement décoré et coloré. Il s'agissait de mettre en application ce qu'avaient révélés les dernières découvertes sur l'Antiquité.
Glyptothèque de Munich aujourd'hui et telle qu'elle était ornementée en 1830 (insert).
Même s'il ne reste plus une once de pigment, la pierre conserve une trace du motif peint parce que les couleurs n'ont pas toutes disparu en même temps. [...] La surface n'a [donc] pas vieilli de manière uniforme. Cela lui confère un très léger relief qui devient visible quand il est éclairé de côté par cette lumière dure. Pr. Vinzenz BRINKMANN.
Arte, Les dieux polychromes de l'Antiquité, 21/06/2012.

Un dernier verre ?

Sous la plaine de Chine du nord, il existe deux aquifères. L'aquifère dit peu profond, qui est un aquifère qui se renouvelle avec l'eau des pluies, et l'aquifère profond, qui est principalement un aquifère fossile, qui ne se renouvelle pas. Les chinois ont déjà presque épuisé la nappe peu profonde, et sont maintenant en train de pomper l'eau de la nappe profonde. Mais quand elle sera épuisée, la quantité d'eau disponible en Chine pour l'irrigation va brusquement chuter. Hors, quand ça se produira, et nous y sommes presque, la Chine sera obligée de se tourner vers le reste du monde pour importer de grandes quantité de céréales.
Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012.

Faire tourner la planche à soja...

C'est le soja qui a aidé l'Argentine à sortir de la terrible crise de 2001. Il représente aujourd'hui 25 % des ventes du pays. Et sa taxation fiscale à l'exportation fournit à elle-seule l'excédent qui permet au pays de régler sa dette extérieure.
Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012.

Corde raide...

Dans les huit dernières années, il y'a eu sept années déficitaires en céréales dans le monde. [Avant], comme on avait très peur de manquer, on tournait sur la planète avec à peu près six mois de réserves sous le coude chaque année. Maintenant, les réserves de céréales sont au plus bas depuis la Deuxième guerre mondiale.
Quarante cinq jours seulement de réserves en 2007, un record depuis 30 ans. Il faut savoir que dès que le stock de réserves mondiales de céréales passe au-dessous de 60 jours, les prix commencent à monter automatiquement. Par l'effet d'une loi qui n'est pas une loi naturelle, mais qui est celle des places financières de l'agroalimentaire mondiales et notamment, de la Bourse de Chicago.
Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012.

Le "record depuis 30 ans" est peut-être exagéré. Sur un graphique publié dans Science & Vie représentant l'évolution des "stocks de céréales disponibles (sauf riz) dans les principaux pays exportateurs" de 2003 à 2012, le stock s'élevait en 2007 à un peu moins de 125 millions de tonnes alors qu'il était à peine supérieur à 100 millions de tonnes en 2003. Pour les autres années ce stock reste cependant nettement supérieur. A noter que l'année 2012-2013 est estimée à moins de 96 millions de tonnes (toujours dans le cadre des "principaux pays exportateurs") et sera donc un minimum depuis 2003 au moins.

Science & Vie, 02/2013, p. 29.

Corrupto-dépendant...

[...] On parle d'autant plus d'un médicament en le valorisant qu'il y a de conflits d'intérêts avec l'industriel qui fabrique le médicament et le membre du groupe de travail. Un article du magazine Consensus diabète [référence introuvable] traite de l'inertie clinique. C'est le comportement des médecins qui n'intègrent pas les nouveautés ou l'état de la science dans leurs comportements. Ce n'est pas l'ignorance, c'est "je sais mais je m'en fou" ou "je sais mais je résiste". L'auteur de l'article dit oui bien-sûr les recommandations de traitements ne peuvent pas s'appliquer à tous les patients, c'est général. Mais il y a une chose qu'il n'évoque pas, c'est le fait que la recommandation n'est peut-être pas valide scientifiquement. Pour lui, ça lui paraît évident. 
[...] Je découvre que [l'auteur de l'article] est un professeur des universités qui a était l'objet d'un procès par Que choisir santé, l'union des consommateurs, parce que dans des publications qu'il avait faites sur les médicaments du diabète (il est diabétologue), il n'avait pas déclaré ses conflits d'intérêts. 
Mais surtout, c'est une autre information, la recommandation de traitement du diabète qui avait été faite par la haute autorité de santé a été l'objet d'un recours du Formarep, l'association qui milite pour une information loyale sur la santé, auprès du conseil d'Etat, parce qu'il y'avait trop de médecins dans cette recommandation qui avaient des conflits d'intérêts. Et en effet, le conseil d'Etat a abrogé, ce qui était quand même un coup de tonnerre, la recommandation de traitement du diabète, qui était présidée par le même professeur qui nous fait un article sur l'inertie clinique. 
Cette recommandation est donc tombée d'elle-même, mais le problème, et c'est le sujet d'un article de Philippe Nicou sur le Formarep publié il y a trois jours [...], elle est toujours utilisée en étant abrogée. Elle a disparu mais le guide de traitement qui est utilisé, par exemple par la Sécurité sociale pour savoir si le médecin travaille bien, pour savoir si la Sécurité sociale est d'accord pour rembourser tel ou tel médicament chez tel patient, ce guide qui est toujours publié et date de 2007, n'a pas été mis à jour et fait référence à cette recommandation abrogée. Il y a même dedans des médicaments qui ont été retirés du marché parce que l'on a découvert qu'ils étaient cancérigènes. 
[...] On se dit que cette fameuse inertie clinique, ce peut être bien-sûr le fait de médecins lents, ou pas compétents, mais finalement ça peut être aussi quelqu'un qui ne se laisse par bercer par le marketing  pharmaceutique et ses courroies de transmission et qui vous protège en ne vous donnant pas les nouveaux médicaments. 
[...] Un étudiant a fait une thèse l'année dernière toujours sur ces recommandations, et encore une fois la recommandation du diabète dont le groupe de travail était présidé toujours par le même professeur, et a montré que dans ces recommandations, on parlait d'autant plus d'un médicament en le valorisant qu'il y avait des conflits d'intérêts avec l'industriel qui fabriquait le médicament et le membre du groupe de travail.
Dominique DUPAGNE, France Inter, La tête au carré, 22/06/2012.

Roulotte anticapitaliste...

[...] La misogynie est née de l'abandon du nomadisme. Les hommes se sont mis à tracer des frontières et faire des guerres. Les femmes ont alors perdu de leur importance, on pouvait s'en passer...
... Et puis le nomadisme ne permettait pas l'accumulation, c'était une belle chose.
ROMANES A. France Inter, Les Liaisons heureuses, 31/12/2011.

Cro-magnon et stock-options...

Otto Gross, où comment la Bourse trouve son origine dans la découverte de l'agriculture...
Otto Gross, dans La conception fondamentalement communiste de la symbolique du Paradis (ouch !), présuppose que les chasseurs-cueilleurs vivaient sans normes, sans interdits, sans lois, pratiquant donc une sexualité indépendante de toute contrainte sociale, économique ou morale qui les affranchissait de toute tension, et donc, de toute névrose : le Paradis des bonobos, en somme... A cette époque, la survie et la force future du groupe, reposent sur l'enfant. Il est le trésor maximal. Ces peuples primitifs ne connaissant pas le rôle séminal de l'homme, la femme semble être à elle-seule à l'origine des enfants et a donc une importance centrale. Elles sont soutenues et défendues, elles sont nourries par les hommes. Elles sont libres de choisir les mâles qui peuvent assurer au mieux leur survie et celle des leurs enfants, à travers leur adresse à puiser les ressources nécessaires dans l'environnement naturel (économie de subsistance) : le système familial est matriarcal.
[...] Vient alors le moment où les hommes découvrent l'agriculture. En se sédentarisant, la propriété privée (agricole en l’occurrence) apparaît et la femme est amenée à renoncer à sa liberté au profit de la sécurité en se soumettant à la dépendance à l'homme qui veut bien lui accorder les bénéfices de l'environnement naturel qui est désormais sa propriété (économie de prévoyance).
[...] Pour cela elle consent au mariage ou à la prostitution (la pudeur sexuelle apparaît, avec son cortège de conséquences : morale, honte, tensions, névroses, etc.). La femme devient une propriété comme une autre, une machine à produire des richesses futures via les enfants.
Françoise Héritier partage cet avis >>
Le système patriarcal se substitue à la forme ancestrale matriarcale. Et le patriarcat c'est le début de l'ordre, de l'autorité, de la loi, de la discipline, de la propriété privée, de l'enrichissement, de la paupérisation, du capitalisme, de la Bourse, etc, etc... et des névroses.

Grand deal...

L'euro était le produit d'un grand deal, dont les termes étaient les suivants. Les entrants dans ce système monétaire, interdits de dévaluation, perdaient un degré de liberté. Mais en contrepartie le système de l'euro leur donnait la stabilité monétaire et financière. Cela signifiait en gros que l'Italie ou la France, privées de dévaluation compétitive, recevait implicitement l'assurance que les excédents commerciaux allemands leurs seraient reversés sous forme d'excédents d'épargne pour financer leurs investissements. Ce qu'elles pouvaient perdre d'un côté, elles le gagnaient en bénéficiant de taux d'intérêts bas et d'une inflation faible. Ce qu'elles perdaient en compétitivité, elles le récupéraient sous forme de financement bon marché de leurs investissements.
Daniel COHENLe Nouvel Observateur, 11/2012, p. 104.

Epigénétique sociale...

Des chercheurs des universités de Chicago et Emory d'Atlanta ont montré chez 49 macaques rhésus femelles, que l'expression de près de 1 000 gènes était corrélée au rang social. Ils ont deviné la place de chaque singe dans un groupe avec un taux de réussite de 80 %, simplement en observant l'expression des gènes dans leurs globules blancs !
Science & vie, 06/2012, p. 24.

Le Feng shui et la charolaise...

A partir de photos prises par satellite, l'équipe de Hyneck-Burda de l'université de Duisburg-Essen (Allemagne), a [...] observé en 2009, que les vaches et les cerfs ont tendance à s'aligner parallèlement à l'axe nord-sud. Sauf à proximité des lignes à haute tension, qui perturbent justement le champs magnétique autour d'elles. [La magnéto-réception semble donc bien se manifester chez d'autres espèces que les espèces migratrices].
Elsa ABDOUN, Science & vie, 05/2012, p. 78.

Le pourquoi...

On peut apprendre à un enfant à faire tenir deux blocs en forme de L. A un chimpanzé aussi. Mais qu'est-ce qu'il se passe quand on introduit une petite subtilité, quand on rend un des deux L juste assez bancale, qu'il ne tient plus debout ? Le chimpanzé va poser le bon L, puis le L qu'on a raboté mais il ne tient pas. Le chimpanzé voit que ce n'est pas normal alors il recommence, et encore... Il essaie de le faire tenir debout car il sait ce qu'on attend de lui. Mais il n'a ni la capacité, ni la curiosité de se demander pourquoi. Quel paramètre invisible provoque la chute de ce L ? L'enfant lui va mettre le bon L debout et essayer de faire pareil avec l'autre. Et quand il voit qu'il tombe, il va d'abord réessayer, peut-être insister. Mais très vite, il va le retourner, le toucher, le secouer pour essayer de voir quel facteur invisible induit le problème. Pour moi c'est la différence fondamentale entre l'homme et le chimpanzé : l'homme se pose la question du pourquoi.
Daniel POVINELLI, Arte, Survivre au progrès, 10/06/2012.

Gloutons...

Un américain ou un européen consomme environ cinquante fois plus de ressources qu'un habitant d'un pays pauvre comme le Bangladesh.
Arte, Survivre au progrès, 05/06/2012. 

Parler c'est soigner...

On sait maintenant que la solitude est une altération cérébrale. Trois semaines de privation de parole, provoque un début d'atrophie temporale droite. [...] On voit le "trou" sans difficulté. Donc être ensemble, c'est se stimuler mutuellement. La parole a une fonction bien plus affective qu'informative.
Une étude se penche sur ces altérations neuronales engendrées par l'isolement, ici >>
[...] Quand un enfant est isolé très tôt, avant la parole, dans les premiers mois de sa vie, il est beaucoup plus difficile de déclencher un processus de résilience que quand il est isolé après seulement que sa mère ou le substitut maternel (le père, une institution) a pu inscrire dans l'enfant une confiance primitive. Biologiquement, le cerveau est sculpté par le milieu. La neurobiologie montre comment parler à un bébé, c'est transformer son lobe temporal gauche en lobe de la parole, la zone du langage. Il faut 20 mois pour qu'un bébé se mette à parler : 17 mois chez les filles, 22 mois chez les garçons...
Les politiciens doivent prendre conscience, comme l'ont fait les finlandais et les pays d'Europe du nord, que les premiers mois [après la naissance], les mères doivent être tranquilles, et qu'il doit y avoir une stabilité affective : le père, la famille, le groupe, le quartier doivent y participer. Les finlandais ayant compris ça, ont appliqué les décisions politiques et sont passées maintenant à 1 % d'illétrés chez leurs enfants à l'adolescence et ont diminué de 40 % le taux des suicides en moins de 10 ans.
Boris CYRULNIK, France Inter, La tête au carré, 28/05/2012.