Avoir le nez fin...

Les vents contraire ont commencé de souffler en France au début des années 1990. Le premier gonflait une mode croissante pour les services, un secteur considéré comme beaucoup plus noble que l'industrie. Pourquoi continuer à produire quand d'autres peuvent le faire pour nous ? [...] Nous allons être les cerveaux. [Les pays émergents et semi-développés] seront les mains et les outils. C'était oublier que, lorsque l'on produit, on finit également pas concevoir. Et, inversement, lorsque l'on ne produit pas, on perd du savoir-faire pour concevoir des produits. Le deuxième vent soufflait la vague croissante de l'écologie. Cette préoccupation nécessaire alla nourrir le mouvement décrit plus haut. Faites-moi disparaître ces usines que je ne veux plus voir. [...] Et on oubliait au passage que les contraintes environnementales étaient bien plus fortes en Europe occidentale et qu'il vaudrait mieux pour l'environnement de la planète que ces activités restent dans nos pays. Un troisième tourbillon nous a aussi rattrapés, le grand vent libéral [...]. A quoi servent ces grands programmes, finalement ? [...] L'Etat n'a rien à faire dans ces domaines, il est préférable qu'il disparaisse des entreprises avec les privatisations.
Anne LAUVERGEON (2012), La femme qui résiste, Plon, p. 213.

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