Rengaine...

40 ans de politique économique, 40 ans d'échec selon certains... Il parait que c'est la crise mais n'avons-nous pas connu QUE la crise ? Comment expliquer tant de persévérance dans les mauvais choix ? Quelle marche a-t-on raté ?
Guillaume ERNER, Service Public, France Inter, 11/04/2013.

Lorsque l'animateur radio déplore la persistance d'un état de "crise", la "persévérance dans de mauvais choix", il semble considérer (comme l'écrasante majorité d'entre-nous) qu'il s'agit d'un état exceptionnel dégradé, dont nous devrions vite nous extraire pour enfin retourner dans un état normal de "prospérité". Lorsque l'on se penche sur la chronologie des calamités de l'histoire, on se demande, tout compte fait, si la "crise" n'est pas la règle... 

Dans la famille calamité, je demande la famine...
[...] Des séries de disettes commencent dans les années 1270 et culminent avec la "grande famine" qui ravage l'Europe de Nord-Ouest de 1314 à 1318 ; elles se renouvellent encore jusqu'à une autre année terrible, 1347, la seule où tout le continent est frappé. 
[...] La faim n'est certes pas une nouveauté à la fin du XIIIe siècle : elle a rodée a travers l'Europe tout au long de la phase de croissance économique et démographique entamée dès le VIIe siècle et qui s'achève alors. 
[...] Les famines persistent dans la seconde moitié du XIVe en dépit de l'hécatombe provoquée par la peste de 1348
[...] Les XVIIe et XVIIIe siècles [...ont également été le théâtre de] famines répétées et meurtrières, comme le "grand hiver" 1693-1694, qui a peut-être causé 1,5 millions de morts dans la France de Louis XIV. 
[...] Les famines disparaissent en Europe après le XVIIIe siècle, en dehors d'exceptions principalement dues à des guerres
[...] La dernière et la plus meurtrière des crises alimentaires européennes [...] frappe l'Irlande en 1846-1847 et se prolonge jusqu'en 1852 ; causée par la maladie de la pomme de terre, elle fait 1 millions de morts. 
[...] Mais ailleurs dans le monde, les famines ont été, au XXe siècle, plus meurtrières que jamais. En 1959-1961 la famine la plus gigantesque qu'ait subie l'humanité tuait entre 15 et 30 millions de chinois
[...] 5 ou 6 millions d'Ukrainiens et de Russes [périrent] en 1932
[...] Des années 1970 à aujourd'hui, les crises alimentaires ont continué de frapper une dizaine de pays africains et asiatiques [...]. Elles sont moins meurtrières que celles qui les ont précédées (pas plus de 100 000 à 200 000 décès à chaque fois).
François MENANT, L'Histoire, 01/2013, p.78.

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