Misogynie cervicale...

Sous la surface du statut de la femme au cours de l'histoire : l'évolution de la taille du cerveau chez les ancêtres du genre humain, par Paul Seabright... 
[...] Les premiers humains colonisèrent une nouvelle niche évolutive particulièrement risquée. Il parièrent sur les gros cerveaux (ou plus exactement, la sélection naturelle fit ce pari pour eux) payant de ce fait un prix comportemental significatif : la période d'élevage de leur progéniture devint exceptionnellement longue.
[...] Plus les relations de coopération et de réciprocité sont sophistiquées au sein d'un groupe d'individus, plus le groupe est vaste, plus le défi cognitif que représente la mémorisation des obligations mutuelles est important. Chez les primates, les espèces qui ont de plus gros cerveaux (par rapport à la taille de leur corps) ont tendance à vivre dans des groupes plus larges.
Les gros cerveaux sont l'investissement nécessaire pour vivre dans de grands groupes (ce qui implique une pression sélective croissante en faveur de plus gros cerveaux au fur et à mesure que la taille du groupe augmente). 
[...] Pour la sélection naturelle le seul moyen de favoriser l'apparition de bébés nantis de crânes plus grands contraignit à la réduction des délais. Les petits humains furent, sont, des prématurés. Le bébé naît dans un état de dépendance qu'aucun autre animal (à l'exception des marsupiaux) ne pourrait gérer.
[...] La direction ainsi prise par l'évolution semble favorable aux femmes car les hommes [devaient contribuer] désormais à l'éducation de leur progéniture en apportant des ressources, notamment nourriture et protection, ce qu'ils ne faisaient pas à l'époque où nos ancêtres ressemblaient davantage aux bonobos et aux chimpanzés. 
Cette orientation favorable n'en eut pas moins un effet négatif pour les femmes dans leur pouvoir de négociation avec les hommes. Car si les hommes contribuaient davantage, leur contribution devenait plus indispensable. D'eux dépendaient largement les protéines nécessaires aux cerveaux des nourrissons. Mais il y avait plus grave : cet apport du mâle impliquait un engagement à plus long terme, que moins d'hommes seraient susceptibles de fournir. Les hommes pouvaient donc monnayer leurs apports. Ils devenaient plus rares.
Paul SEABRIGHT, Sexonomics, Alma, 2012, p. 138.

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