Cause à effet ?

Sous la surface du taux de change...
    2. L'excédent [de la balance commerciale d'un pays] entraîne des entrées de devises dans les coffres de la banque centrale, qui peut les convertir en monnaie nationale, si bien que le taux de change monte. Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 70.
    2.1. Dire qu'un "taux de change monte" est ambigu. Si je peux avoir, mettons, plus de dollars contre mes euros (parce que la valeur de l'euro face au dollar monte), je peux dire "le taux de change monte, c'est cool !". Mais si le dollar prend de la valeur sur l'euro, je pourrais également être amené à formuler "le taux de change monte" car je dois donner plus d'euros pour avoir mes dollars.
    C'est peut-être (aussi ?) pour cela que les spécialistes emploient les termes "taux de change au certain" ou "taux de change à l'incertain". Le taux de change au certain signifie "nombre d'unités de monnaie étrangère que l'on peut obtenir avec une unité de monnaie nationale". Le taux de change à l'incertain signifie "nombre d'unités de monnaie nationale qu'il faut fournir pour avoir une unité de monnaie étrangère".

    L'auteur de l'article veut donc certainement parler du taux de change au certain. Il parle en effet d'excédent de la balance commerciale ; or lorsqu'un pays est excédentaire, sa devise, garantie par plus de richesses à la banque centrale (devises étrangères et or), prend de la valeur. Et c'est bien le "nombre d'unités de monnaie étrangère que l'on peut obtenir avec une unité de monnaie nationale" qui "monte".

    Ceci étant dit, le lien signifié dans l'article, entre hausse de la valeur de la devise du pays et le fait que la banque centrale crée de la monnaie reste obscur. La valeur d'une unité de monnaie augmente si la banque accumule des devises (ou de l'or à une autre époque) sans augmenter sa masse monétaire, auquel cas, chaque unité de monnaie est effectivement adossée à plus de richesse, plus de "valeur" à la banque centrale. A l'inverse, si la banque centrale doit se défaire de son stock, la monnaie en circulation se trouve adossée à moins de richesse et se déprécie. Il faudrait alors dégonfler la masse monétaire pour, éventuellement, maintenir la valeur de la devise.
    La cas de l'article soulève donc une question : si la masse monétaire augmente avec le stock de "richesse" détenu par la banque centrale, la valeur unitaire de la monnaie n'a pas nécessairement de raison d'augmenter...
    L'article se poursuit...
    De ce fait [la hausse du taux de change], les exportations de ce pays deviennent plus coûteuses et diminuent, ramenant les échanges vers l'équilibre. Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 70. 
    2.2. Les produits exportés par le pays en question reviennent plus chers à ses clients et se vendent moins. Si le contrat est libellé en euros, là où un américain mettons, déboursait 1 dollar pour une marchandise de 1 euro, l'évolution du taux de change étant en sa défaveur, il devra débourser par exemple 1,1 dollar pour le même produit. Si le contrat est libellé en dollars, là où l'exportateur vendait son produit, disons 1 dollar, et en obtenait 1 euro au change, il n'en obtiendra désormais plus que 0,9 euros, par exemple. Sa marge est réduite. Donc ses "exportations deviennent plus coûteuses".
    La suite de l'article soulève d'autres questions...
    D'autre part, ces entrées de devises accroissent la quantité de monnaie en circulation, ce qui entraîne la hausse des prix et réduit, là aussi, les exportations. Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 70. 
    2.3. Ici apparaît un paradoxe : si les entrées de devises font monter le taux de change (au certain) de la monnaie, toutes les marchandises importées sont alors meilleur marché. A l'intérieur du pays, cela contribue à tirer les prix vers le bas. Pourquoi alors l'augmentation de la masse monétaire aurait-elle nécessairement le dessus au point de faire monter les prix ?!
    1. Au Mexique, l'entrée massive de capitaux fait monter le taux de change et surévalue le peso. COMPAGNON, O. (2011), L'Histoire, 12/2012, p. 17.
    1.1 Faire entrer des capitaux dans un pays, signifie que des investisseurs étrangers achètent de la monnaie de ce pays (sa devise). Selon la loi bien connue de l'offre et de la demande, cette devise, réclamée par de nombreux acheteurs, prend de la valeur. Le cours du peso augmente.

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