Richard III, le retour...

[Londres] abritait depuis le milieu des arènes 1570, une véritable industrie du spectacle. Localisée à la périphérie, là où la juridiction, et donc le contrôle de la municipalité de Londres, ne s'exerçait pas, elle reposait sur un ensemble très varié de divertissements. Les théâtres n'en formaient qu'une partie, à côté des arènes pour les combats d'animaux ou pour les démonstrations de tir ou d'escrime
[... Pour les troupes de théâtres], attirer le plus grand nombre de spectateurs est un impératif économique. Une tâche d'autant plus difficile que, dans les années 1590, chaque troupe peut donner plus de vingt représentations par mois, hors périodes d'épidémies ou de troubles politiques, durant lesquels le pouvoir royal fait fermer les théâtres. Les troupes peuvent jouer tous les jours, à l'exception du dimanche, pour des raisons religieuses. Les représentations sont données dans l'après-midi : elles débutent le plus souvent à 14 heures ou à 16 heures. [...] Les spectateurs versent un penny (le prix d'un demi-litre de bière) pour s'installer dans la cour, et un penny de plus s'ils désirent gagner les galeries. [...] Le prix des places [étant] faible, [...] un public très varié pouvait assister aux représentations : des nobles jusqu'aux apprentis londoniens, portés à la rixe et au tapage, en passant par les marchands, les artisans, les fermiers de passage dans la capitale et les prostituées
[...] L'installation dans des amphithéâtres donne aux artistes des possibilités nouvelles. Musique, danse, effets pyrotechniques parfois spectaculaires sont désormais aussi importants que le texte joué. Les troupes à la fin du XVIe siècle comptent souvent entre douze et quinze acteurs [...]. 
[...] Alors qu'il y avait des femmes dans les troupes italiennes, en particulier dans la commedia dell'arte, il faut attendre la restauration Stuart en 1660 pour pouvoir, à Londres, applaudir des actrices. Jusqu'à cette date, les rôles féminins, limités, étaient interprétés par des garçons. L'interdiction venait de l'idée qu'une femme qui s'exposait à la vue de tous et qui était payée pour cela ne pouvait être que sans vertu. Mais les femmes avaient la possibilité de jouer dans un cadre privé, à la Cour par exemple. 
[...] Lorsqu'une pièce rencontre le succès, les acteurs-actionnaires cherchent fréquemment à tirer profit de cette réussite en réclamant à leurs dramaturges l'écriture d'une suite, d'une pièce mettant en scène le même personnage ou d'une pièce au thème similaire. 
[...] Pendant que se joue la comédie, on fait circuler dans l'auditoire boissons et nourritures : ceux qui le souhaitent peuvent aussi en avoir pour leur argent et refaire leurs forces. Thomas PLATTER (voyageur suisse contemporain de Shakespeare ayant assisté à une représentation).
François-Joseph RUGGIU, Olivier SPINA, L'Histoire, 02/2013, p. 40.

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