Décrépitude...

Chiffres et arguments au sujet des problèmes rencontrés par l'industrie en France... 
7. Pour Patrick Artus, le gros de l'appareil industriel français, positionné en milieu de gamme, a pâti de la constitution de la zone euro, qui a accentué les spécialisations de chaque pays : un mouvement défavorable aux grands pays généralistes comme la France. M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 11. 
6. Pour l'économiste Gilles Le Blanc, [...] l'élément déterminant est cependant ailleurs : "Depuis le premier choc pétrolier, l'industrie française s'était adaptée à tous les chocs qu'elle avait connus par la recherche de la baisse des coûts, obtenue principalement par la réduction de la main d'oeuvre. [...] Cette stratégie a fragilisé le tissus industriel [...] lorsque des pans entiers de l'appareil productif ont disparu [...] parce qu'il n'était plus possible de réaliser des gains de productivité supplémentaires par la réduction des effectifs et qu'on n'avait pas les moyens d'investir, de faire de la recherche et développement pour lancer des nouveaux produits ou de la publicité pour construire des marques.M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 12.
5. En France, la croissance [des entreprises de taille moyenne] semble freinée, notamment en raison d'un accès difficile au financement : l'économiste Philippe Askenazy remarque à ce propos que les entreprises françaises n'ont pas de mal à pénétrer les marchés étrangers, mais beaucoup plus à s'y développer, notamment par manque de crédits bancaires pour financer un tel développement. M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 11. 
4. [Une] explication moins souvent avancée [à la faiblesse de l'industrie française], l'ouverture très large des entreprises françaises aux marchés financiers, qui découragent les stratégies industrielles à long terme. M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 12. 
3. [...] Le vieillissement accéléré des dirigeants de PME français altère le potentiel de croissance et d'innovation de leurs entreprises, selon un étude récente de la BPCE. M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 12. 
2. [...] L'économiste Patrick Artus [souligne] la mauvaise spécialisation de l'économie française, tournée [...] vers des niches technologiques très pointues (et qui plus est vieillissantes), comme le TGV, l'Airbus ou le nucléaire, qui ne suffisent pas à tirer le reste de l'économieM. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 11. 
1. Jean-Louis Chevet renchérit : "Victime des modes successives de la société post-industrielle, de la nouvelle économie, de l'entreprise sans usine, l'industrie n'a plus été considérée, depuis vingt-cinq ans, une priorité en France". M. CHEVALLIER, Alternatives Economiques, 02/2012, p. 12.

Usine à innovation...

L'industrie pèse pour 85 % de la recherche et développement des entreprises et pour les trois quarts des exportations de l'hexagone.
Alternatives Economiques, 02/2011, p. 11.

Kerviel au pays des merveilles...

Où l'on découvre comment les "méchants" spéculateurs s'y prennent concrètement pour spéculer...

Le joujou favori des spéculateurs est le produit dérivé. Un produit dérivé est un instrument financier, un contrat, dont la valeur, comme son nom l'indique, est « dérivée » du prix d'un produit financier, appelé sous-jacent. Ce dernier peut être une action, une matière première, une devise, une obligation d'Etat ou d'entreprise, mais aussi un lot de crédits immobiliers, un taux de change, un taux d'intérêt, un indice boursier, une température ou encore les gains futurs des catalogues d'une star de musique...
Businessweek.com (consulté le 19/12/2012)

Les produits dérivés les plus utilisés par les professionnels sont le contrat à terme et l'option. Mais à l'image de la grande variété des produits financiers, il existe de nombreuses variantes de produits dérivés : les CDO, les CDS, les swaps, la vente à découvert, les warrants, les trackers (ou ETF), les turbos, etc. Tous les produits dérivés, quelles que soient leurs modalités de fonctionnement, ont un point commun fondamental : ils sont un instrument de couverture de risque (hedging, dans le jargon financier), une sorte d'assurance contre la baisse du prix du sous-jacent auxquels il sont adossés.
Par exemple, si l'on craint une baisse de prix sur une marchandise que l'on a en stock, on pariera à sa baisse sur le marché des futures [voir ci-dessous], de manière à compenser la perte que l'on subit sur le produit dans son inventaire par un gain sur son marché à terme.
Paul JORION (2010), Le prix, Editions du Croquant, p. 174.

Contrat à terme...
Un contrat à terme (ou future) est un accord passé entre l'acheteur ou le vendeur du contrat, d'un côté, et un marché à terme, de l'autre, dans lequel l'acheteur ou le vendeur accepte de livrer ou de prendre livraison du sous-jacent à un prix et à une échéance donnés. Les deux parties ont obligation de s'exécuter à terme si le contrat n'a pas été dénoué avant. Etant adossé à un sous-jacent, le contrat à terme est un produit dérivé (il est dérivé d'autre chose).
Les contrats s'appliquent à une quantité standardisée de la marchandise sous-jacente, par exemple 37 500 livres de café, 100 onces d'or ou 1 000 000 de dollars par contrat, et à une échéance le plus souvent trimestrielle ou mensuelle...
Quand un agent économique ou un spéculateur achète un contrat à terme, on dit qu'il a une position longue dans ce contrat à terme (ou plus simplement, qu'il est long) ; dans ce cas il s'engage à acheter le sous-jacent à la date d'échéance. La position inverse est une position courte et il s'engage à vendre le sous-jacent (les traders disent alors qu'il est short).
La plupart du temps, les investisseurs (en particulier lorsqu'il s'agit de purs spéculateurs) n'entrent jamais en possession du sous-jacent, ils vendent avant l'échéance, souvent à un autre spéculateur qui tente un nouveau pari avec une autre contrepartie, etc. Ceci explique pourquoi, on peut lire ou entendre...
Matt Taibbi, un journaliste du magazine américain Rolling Stone, estime qu'entre 2003 et 2008 "le montant de l'argent spéculatif sur les matières premières est passé de 13 milliards de dollars à 317 milliards de dollars, un accroissement de 2300 %. En 2008, ajoute-t-il, un baril de pétrole changeait, en moyenne, vingt sept-fois de mains sur le papier avant d'être effectivement délivré et consommé." Jean DE MAILLARD (2010). L'arnaque. Jean de Maillard, Gallimard, 2010, p. 77. 
Aujourd'hui, les investisseurs achètent du "pétrole-papier" et, dans une journée, il s'échange sur les marchés, 40 fois la consommation quotidienne. [...] L'équilibre de l'offre et de la demande ne pèse que pour 2 % de tout ça. Il n'y a pas de corrélation directe entre le prix du pétrole et l'équilibre de l'offre et la demande. BFM Radio, 22/01/2010.
Pour les spéculateurs, il s'agit tout simplement d'acheter dès maintenant du pétrole à bas prix pour le revendre d'ici quelques mois, une fois que les cours auront repris de la vigueur. Le coût du stockage en mer - il en coûte environ 1,6 million de dollars américains par mois pour louer un pétrolier - est nettement inférieur aux bénéfices prévus. Radio Canada (consulté le 22/01/2012)
Les chiffres exorbitants associés aux marchés financiers trouvent également souvent leur origine dans l'addition de ces achats-ventes spéculatifs répétés à outrance...  
En juin 2008, l'activité sur les seuls marchés de produits dérivés de gré à gré (1) était, dans le monde, de 684 000 milliards de dollars (en valeur notionnelle) [...]. Jean DE MAILLARD  (2010). L'arnaque. Jean de Maillard, Gallimard, 2010, p. 63.
(1) Marchés non réglementés où les deux parties traitent directement l'une avec l'autre.

La majorité des contrats à termes (comme tous les produits dérivés) sont en effet noués entre spéculateurs...
Le montant quotidien échangé sur le FOREX (1), tous produits confondus, c'est à dire aussi bien pour le change classique que pour les produits dérivés, s'élève à plus de 3 200 milliards de dollars [par jour] ! […] A titre de comparaison, le montant annuel des échanges de biens et services est de 4 300 milliards de dollars. [...] Sur ce volume [3 200 milliards], près de 90 % correspondent à la spéculation sur les devises. Raphaël DIDIER (2009). Les marchés financiers en clair. Ellipses 2009, p. 82.
(1) Marché des changes où s'achètent et se vendent les devises.

Exemple pratique...
Un fabriquant de voiture européen vend un lot de voitures d'une valeur de 1 000 000 € à un concessionnaire américain. L'euro vaut à ce moment là  (les financiers disent "au comptant") 1,40 $. En conséquence, il adresse à son client une facture de 1 400 000 $. Quand cette facture est payable à six mois, le risque du fabriquant est que, entre-temps, l'euro ait pris de la valeur et qu'au moment du règlement, les dollars payés par son client, une fois changés en euros, ne valent plus les 1 000 000 € attendus mais, mettons 980 000 €.
Pour résoudre ce problème, le fabriquant vend à terme les dollars que son client lui a promis dans six mois. Cela signifie qu'il conclut, sur un marché financier approprié, un contrat à terme avec un trader. Ce dernier, appelé contrepartie (qui à l'inverse fait le pari que l'euro va perdre de la valeur), s'engage à lui acheter ses dollars à un taux de change donné, à une échéance donnée (en l'occurrence le jour où le concessionnaire américain paiera la facture). Le fabriquant n'a plus d'incertitude sur ses encaissements. C'est le trader qui supporte désormais le risque de change.
Le jour du terme, le concessionnaire américain régle la facture de 1 400 000 dollars, somme que le fabriquant remet aussitôt au trader qui la lui achète, en euros, pour la somme convenue dans le contrat.
Si entre-temps, l'euro a pris de la valeur par rapport au dollar et qu'il vaut, mettons 1,50 $. Les 1 400 000 $ valent alors, non plus 1 000 000 € mais 933 000 € environ. Le fabriquant a bien fait de se couvrir, ses voitures lui auraient sans cela, rapporté moins que prévu. Le trader, lui, a perdu son pari. Pour fournir au fabricant de voitures les 1 000 000 € prévus dans le contrat, il doit les acheter sur le marché au comptant. Mais comme 1 € vaut désormais 1,50 $, cet achat va lui coûter 1 500 000 $. Le trader a donc perdu 100 000 $ dans l'affaire.
A l'inverse, si l'euro a perdu de la valeur face au dollar, le trader gagne son pari : il peut acheter les 1 000 000 € avec, mettons, 1 300 000 $. Le fabricant de voitures lui remettant 1 400 000 $, le trader a alors gagné la différence, soit 100 000 $.

Pour se couvrir contre le risque de change, notre fabricant de voiture aurait aussi pu recourir à un autre produit dérivé : l'option...

Option...

Une option est un produit dérivé. C'est un droit à une partie et une obligation à l'autre. Le vendeur de l'option accorde à l'acheteur de l'option, en échange du versement d'une prime (le prix de l'option), le droit de lui acheter ou de lui vendre un sous-jacent désigné à un prix spécifié, le prix d'exercice (strike dans le jargon), et ceci, soit à une échéance précise (option européenne), soit durant toute la période jusqu'à échéance (option américaine). Si l'acheteur de l'option exerce ce droit, le vendeur de l'option est contraint de s'exécuter. La prime est le maximum que l'acheteur d'une option peut perdre...

Quand le vendeur accorde à l'acheteur de l'option le droit d'acheter le sous-jacent désigné, l'option accordée s'appelle une option d'achat (un call dans le jargon financier). Quand l'acheteur de l'option a le droit de vendre le sous-jacent, il s'agit d'une option de vente (les traders disent un put).
Ainsi, une stock-option est, comme son nom l'indique une type particulier d'option dont le sous-jacent est une action (stock en anglais). Une société vend à son employé, en échange de son travail – qui fait ici en quelque sorte office de prime - le droit d'acheter une quantité donnée de ses actions à un prix (préférentiel) déterminé à l'avance.

Exemple pratique...
Dans le cas de notre fabricant de voitures, les options lui fournissent une alternative au contrat à terme pour se couvrir contre le risque de change. Il choisira alors d'acheter une option de vente sur le marché des changes où se négocient les devises. Moyennant le versement d'une prime à sa contrepartie, généralement un spéculateur, de mettons 10 000 $, il bénéficie du droit de vendre, à la date d'échéance, ses 1 400 000 $ que la contrepartie s'engage à lui acheter 1 000 000 €.
Le moment venu, si l'euro est resté stable, le fabricant de voitures n'exercera pas son droit et le contrat sera dénoué sans transaction. Il aura seulement dépensé la prime ; le spéculateur aura gagné 10 000 $. Si l'euro a baissé, la couverture de risque a fait son office et l'entrepreneur exerce son droit. Le spéculateur est dans l'obligation de lui verser les 1 000 000 € stipulés dans le contrat. Le spéculateur a probablement perdu de l'argent (moyennant la prime). Si enfin l'euro a monté, l'entrepreneur n'exercera pas non plus son droit. Le taux de change lui permet en effet de convertir avantageusement les 1 400 000 $ versés par son client car ils valent au comptant, par exemple 1 012 000 €. La prime soustraite, l'entrepreneur a gagné 2 000 € lors du change.

CDO...

Les CDO (Collateralised Debt Obligation) sont des produits dérivés dont le sous-jacent est une obligation...
Sommairement, le mécanisme [de titrisation] est le suivant : la banque réunit dans un portefeuille quelques milliers de crédits qu'elle a accordé et vend ce portefeuille à une société, un fonds commun de titrisation (FTC) ou special purpose vehicle, qu'elle a constitué à cet effet, en général dans un paradis bancaire, fiscal et réglementaire […]. Le FTC, devenu propriétaire des actifs, vend à son tour [sur les marchés] des parts représentatives de son portefeuille [sous forme d'obligations] à des investisseurs. Ceux-ci tirent alors leurs plus-values des paiements des intérêts et des remboursements des crédits. S'il s'agit d'un crédit hypothécaire, l'instrument s'appelle un MBS. S'il s'agit de prêts étudiants, prêts à la consommation, etc., on parle alors d'ABS. Dans tous les cas, le portefeuille est découpé en différentes tranches, conçues en fonction du risque de non-remboursement des dettes contenues dans le portefeuille. Les tranches les plus basses, dites equity, sont mieux rémunérées mais ce sont elles qui « absorbent » en premier les défauts de paiement. […] Viennent ensuite les tranches mezzanine, et, tout en haut, les tranches senior, voire super senior. Jean DE MAILLARD (2010). L'arnaque. Jean de Maillard, Gallimard, 2010, p. 165. 
Dans une obligation hypothécaire, vous rassembliez des milliers de prêts et, comme vous supposiez qu'il était extrêmement peu probable qu'ils se dégradent tous en même temps, vous érigiez des tours d'obligations, dans lesquelles aussi bien le risque que les bénéfices diminuaient à mesure que vous montiez. Dans un CDO, vous rassembliez cent obligations hypothécaires différentes – généralement les étages inférieurs et plus risqués de la tour originale – et vous vous en serviez pour bâtir une nouvelle tour d'obligations. Michael LEWIS (2010). Le casse du siècleSonatine, 2010, p. 106. 
Dan Gertner, un ingénieur chimiste titulaire d'un MBA, […] en vint finalement à la conclusion qu'il pourrait creuser tant qu'il voudrait, il n'arriverait jamais à savoir ce qu'il y avait exactement dans un CDO – Jim Grant [son employeur] en déduisit donc qu'aucun investisseur ne pouvait non plus le savoir. Michael LEWIS (2010). Le casse du siècle. Sonatine, 2010, p. 224.
La crise des subprimes a dévoilé au grand jour la complexité et la relative opacité (1) de ces montagesDupées, les agences de notation ont alors accordé des notes souvent excellentes (AAA) aux tranches supérieures de ces CDO, pourtant constitués d'actifs très risqués, dits pourris.
(1) Un exemple de CDO - Scribd.com (consulté le 22/01/2012).

CDS...
Brève description d'un autre produit dérivé très prisé des spéculateurs : le CDS...
[...] Les CDS étaient des polices d'assurance, généralement sur des obligations de société, avec des paiements de primes semestrielles et une échéance fixe. Par exemple, vous pouviez payer 200 000 dollars par an pour acheter un CDS de dix ans sur 100 millions de dollars d'obligations General Electric. Le maximum que vous pouviez perdre, c'était 2 millions de dollars. Le maximum que vous pouviez gagner, c'était 100 millions de dollars, si General Electric échouait à rembourser sa dette au cours des dix années suivantes et que les porteurs d'obligations ne recevaient rien. C'était un pari à somme nulle : si vous gagniez 100 millions de dollars, le type qui vous avez vendu le Credit Default Swap perdait la même somme. Michael LEWIS (2010). Le casse du siècle. Sonatine, 2010, p. 56. 
Aujourd'hui, les CDS (Credit Default Swap) sont des instruments financiers vendus en tant qu'assurance contre le défaut de paiement de toute sorte de crédit. Le détenteur d'obligations achète un CDS que lui vend une compagnie d'assurance ou une banque. Le vendeur du CDS perçoit alors une commission, l'équivalent d'une prime d'assurance, en contrepartie de quoi il s'engage à indemniser la perte éventuelle de l'investisseur.
Mais les CDS sont aussi des outils de spéculation. Un investisseur quelconque, sans même détenir dans son portefeuille la moindre obligation ou produit dérivé de crédit, peut néanmoins acheter des CDS. On appelle cela une position nue. C'est un peu comme s'assurer contre le risque d'incendie de la maison de son voisin...

Swap...

Le swap est un produit dérivé principalement destiné à échanger des taux ou des devises...
Un swap de change (ou de devise) consiste à contracter simultanément un prêt et un emprunt portant sur 2 devises différentes et sur des taux fixes ou variables.
Un swap de taux, consiste à contracter simultanément un prêt et un emprunt (dont seuls les intérêts seront échangés) portant sur la même devise mais sur des références de taux différentes. Le montant de l'opération est appelé nominal et ne sert qu'au calcul des flux d'intérêts. Aucun capital n'est échangé. Cambiste.info (consulté le 22/01/2012)
En pratique...
Notre fabricant de voitures, pour financer ses opérations, a contracté auprès de sa banque, un emprunt de 1 000 000 € pour dix ans à un taux de 7,5 %. A présent qu'il a vendu ses voitures pour 1 000 000 €, il pourrait rembourser son emprunt mais serait alors fortement pénalisé par sa banque. Il préfère alors investir la somme sur dix ans à taux variable sous forme de prêt consenti à, par exemple, une compagnie pétrolière. A ce moment, le taux de référence, l'EURIBOR est à 8,5 %.  Le bilan a son point de vue est donc de 1 % par an (elle donne 7,5 % à la banque et reçoit 8,5 de son créancier).
Mais après quelques mois, l'EURIBOR baisse à 8 % et ne semble pas vouloir s'arrêter en si bon chemin. Le fabricant de voiture, craignant qu'il devienne inférieur aux 7,5 % qu'il verse à sa banque, demande alors un swap de taux à cette même banque. Celle-ci calcule qu'un taux de swap raisonnable sur cinq ans se situe à 8,1 %. Elle se réserve par ailleurs une marge de 0,4 %. Elle propose alors d'être emprunteur du swap (expression signifiant qu'elle paie le taux fixe) à 7,7 % en recevant l'EURIBOR (les versements de la compagnie pétrolière). En deux mots, la banque prend à sa charge le risque de baisse du taux référence. L fabricant de voiture accepte de prêter le swap à sa banque.
Dès lors et jusqu'à l'échéance du contrat, notre fabricant de voitures, en sus des 7,5 % d'intérêts de son prêt, versera à sa banque les intérêts variables (l'EURIBOR) que lui versent la compagnie pétrolière. La banque, quant à elle, lui versera un taux fixe de 7,7 %.
Paul JORION (2010), Le prix. Editions du Croquant, p. 270.

Un exemple de swap de change pour les courageux...
Cambiste.info (consulté le 19/12/2012).

Vente à découvert...
La vente à découvert est un outil qu'ont a leur disposition les spéculateurs pour gagner de l'argent lorsque le prix d'un instrument financier (une action par exemple) baisse...
Si les variations de la cote [d'une] action sont décevantes, il n'existe que deux attitudes possibles, conserver l'action en espérant des jours meilleurs, ou la revendre : il n'existe pas de manière directe de tirer profit de la baisse du prix de l'action. La manière indirecte de parier à la baisse consiste à bâtir synthétiquement une position où l'on bénéficie de la baisse du prix de l'action, stratégie appelée "vente à découvert", "vendre short", voire même "shorter". JORION P. (2010), Le prix. Editions du Croquant, p. 179.
On remarquera que l'option de vente consiste aussi à parier sur une baisse du prix du sous-jacent...
Contrairement à la vente à découvert, le risque est limité : au pire, l'investisseur perd le prix de l'option. Mais les options sont une solution plus coûteuse. En outre, on ne trouve pas des options sur tous les titres. La presse des affaires (consulté le 22/01/2012).
La vente à nu tant décriée (1), repose sur le même système de vente à dévouvert, mais sa particularité, est que le vendeur, a aucun moment de l'opération, n'aura été en possession du sous-jacent...
(1) Interdite en Europe sur les CDS de dettes souveraines depuis 2010.

En pratique...
Le spéculateur se met en rapport avec un investisseur qui dispose des titres sur lesquels il souhaite shorter (la plupart des instruments financiers peuvent être vendus à nu). Après entente mutuelle, il lui emprunte, mettons 10 000 titres, pour une durée donnée, en échange d'une "prime" de par exemple, 10 000 €. Dès qu'il est en possession des actions, il les vend au comptant (au cour du moment), mettons 100 € le titre. Il encaisse donc 1 000 000 € (on ne tient pas compte ici des frais de transaction).
Si notre spéculateur ne s'est pas trompé et que la cote du titre baisse effectivement à, mettons 90 €, il rachète 10 000 titres pour 900 000 €, avant de les rendre à leur propriétaire. Il empoche donc au passage la différence entre le prix auquel il avait précédemment vendu les titres, et le prix auquel il les a racheté, soit 100 000 €. Bien entendu, on attendra que le profit réalisé rembourse au moins le "loyer" qui a été versé pour la location des titres [...]. Notre spéculateur averti a dégagé une plus-value de 90 000 €.

Trackers, warrants et turbos...

Quelques produits dérivés moins connus, plus "exotiques" : trackerswarrants...
Un tracker désigne des titres négociables en Bourse qui répliquent la performance [le cours] d'un indice ou d'un panier d'actions. Raphël DIDIER (2009), Les marchés financiers en clair, Ellipses, p. 60.
Pour prendre un exemple, il est possible d'acheter du « tracker BX4 », défini dans le jargon comme « indice à levier à la baisse sur le CAC » ou « tracker inversé ». En langage courant, cela signifie que ce produit dérivé sert à parier sur la baisse du CAC 40 ; sa valeur augmente quand le CAC 40 baisse.
Dans son principe, il s'agit d'un instrument de vente à découvert dont le sous-jacent, dans l'exemple du BX4, est un indice. YouTube, (consulté le 22/01/2012).
[Les warrants sont] des produits dérivés créés par les banques à destination des particuliers et des professionnels. Il s'agit d'options d'achat (des calls) ou de vente (des puts) sur les produits les plus divers appelés sous-jacents : actions, indices boursiers, taux de change, matières premières.
[...] L'arrivée en 2004 des turbos warrants introduisit une nouveauté intéressante : leur fonctionnement était simplifié dans son calcul et plus sécurisé, grâce à l'existence d'une "barrière désactivante", une limite qui, dès qu'elle est touchée ou franchie par le cours du sous-jacent, met fin à la vie du turbo. Le risque de perte totale s'en trouvait d'autant affaibli et permettait de protéger une partie du capital investi.
Jerôme KERVIEL (2010), L'engrenage. Mémoires d'un trader, Flammarion, p. 102.

Les warrants et assimilés sont donc ni plus ni moins que des variantes d'options.

Faire gonfler la mouflette...

Où l'on apprend qu'il est possible de caresser le gardon, picorer le bonbon ou mamourer le bibelot...

Tous des sarco...

Où l'on découvre que les spécialistes de la cladistique nous ont tous rangés dans les sarco...ptérygiens...

Nous sommes tous des sapiens (notre espèce) comme mettons, les Baruyas de Nouvelle-Guinée. Tous les sapiens sont des homo (notre genre) comme, par exemple, les hommes de Néandertal. Tous les homo sont des primates (1) (notre ordre), comme le gibbon. Tous les primates sont des mammifères (notre classe) comme, par exemple, le pangolin. Et tout les mammifères, sont des... sarcoptérygiens, comme le crocodile, le coelecanthe ou encore la cigogne.
(1) Sans rentrer dans le détail de tous les niveaux de classification.

© Editions Belin, 2001
LECOINTRE G. et LE GUYADER H. (2001), Classification phylogénétique du vivant (3° édition), Belin, p. 351.

Ne nous en déplaise, nous sommes donc tous des sarcoptérygiens !
Au rendez-vous 18, il y a 417 millions d'années, vient nous retrouver dans les mers chaudes et peu profonde du Dévonien, une minuscule file de pèlerins qui ont parcouru un chemin solitaire depuis aujourd'hui. Ce sont les poissons pulmonés ; ils se joignent à nous pour voir l'ancêtre que nous avons en commun avec eux, et cette rencontre doit leur paraître moins étrange qu'à nous car ils ont l'impression de tenir beaucoup de ce coancêtre 18.  Notre aïeul à la 185 millionième génération, environ, était un sarcoptérygien, un poisson à nageoires lobées, qui ressemblait certainement beaucoup plus à un poisson pulmoné qu'à un tétrapode.
Richard DAWKINS (2004), Il était une fois nos ancêtres, une histoire de l'évolution, Robert Laffont, 2007, p. 392. 

Et que peuvent bien avoir en commun tous les sarcoptérygiens ?...
1. Le squelette interne des nageoires est monobasal, c'est-a-dire s'attachant sur les ceintures par un seul élément : les ceintures sont des ensemble squelettiques reliant les membres à la colonne vertébrale, comme par exemple, le "bassin". 
2. [...] Il existe de l'émail vrai sur les dents. [...] Le dernier arc branchial s'attache ventralement sur l'avant-dernier. 
3. Un arc branchial est une succession verticale de "tiges" osseuses disposées bout-à-bout dorso-ventralement, qui servent de squelette aux branchies.
LECOINTRE G. et LE GUYADER H. (2001), Classification phylogénétique du vivant (3° édition), Belin, p. 348.

Et ça continue...

Tous les sarcoptérygiens sont des deutérostomiens, comme par exemple, les étoiles de mer...

© Editions Belin, 2001
LECOINTRE G. et LE GUYADER H. (2001), Classification phylogénétique du vivant (3° édition), Belin, p. 335.

Tous les deutérostomiens sont des métazoaires, comme, mettons les méduses...

© Editions Belin, 2001
LECOINTRE G. et LE GUYADER H. (2001), Classification phylogénétique du vivant (3° édition), Editions Belin, p. 197.

Tous les métazoaires sont des eucaryotes, comme par exemple le chêne liège...

© Editions Belin, 2001
LECOINTRE G. et LE GUYADER H. (2001), Classification phylogénétique du vivant (3° édition), Editions Belin, p. 199.

Et enfin, tous les eucaryotes, sont des êtres vivants, comme les bactéries et les archées...

© Editions Belin, 2001
LECOINTRE G. et LE GUYADER H. (2001), Classification phylogénétique du vivant (3° édition), Editions Belin, p. 199.

II - Répétition ou bégaiement ?

Philippe Askenazy, dans Les décennies aveugles (Seuil 2011), reviens sur l'histoire des politiques sociales et économiques menées ces trente dernières années en France. Après le premier épisode des années 1974 - 1981, en voici la seconde partie : 1981 - 1986...

Germains économes...

Hors électricité, un allemand consomme 27 % d'énergie en moins qu'un français.
France Inter, CO2 mon amour, 11/02/2012.

Tout est relatif...

Il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé.

Albert EINSTEIN.

Jamais deux sans trois...

Jeremy Rifkin nous révèle que sous la surface des immobilismes politiques et des monopoles industriels, la Troisième révolution industrielle "pousse et presse"...
[...] Au cours de mes investigations, j'ai fini par comprendre que les grandes révolutions économiques de l'histoire se produisent quand de nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d'énergie. L'énergie nouvelle permet de créer une activité économique plus interdépendante, des échanges commerciaux plus larges, tout en facilitant des relations sociales plus denses et davantage d'inclusion. La révolution des communications qui l'accompagne donne les moyens d'organiser et de gérer la dynamique spatiale et temporelle inédite établie par le nouveau système énergétique.
[...] La véritable crise économique s'est produite en juillet 2008. Le pétrole est arrivé à 147 $ le baril. Tous les autres prix, à travers la chaîne d'approvisionnement ont crevé le plafond parce que toute cette civilisation est faite, est produite, est entraînée par les énergies fossiles (médicaments, lumière, plastiques, engrais, transports, etc.). La chute 60 jours plus tard du marché économique a été la seconde onde de choc. Réguler le marché, les mesures d'austérités sont nécessaires mais ce n'est pas suffisant.
Nous avons atteint le pic de la mondialisation, nous sommes maintenant à la fin de la seconde révolution industrielle basée sur les énergies fossiles. Le sommet du revenu par habitant a été atteint et la sommet de la production par habitant a déjà été atteint. 
[...] Chaque fois que l'on tentera de faire croître l'économie mondiale au même taux qu'avant juillet 2008, tous les prix augmenteront et la croissance sera stoppée. 
[...] Il faut passer de la crise à l'opportunité. Repenser la civilisation.
[...] Par exemple au XIXe siècle, première révolution industrielle, l'imprimerie est devenue bon marché. On a créé des presses à vapeur pour produire très rapidement beaucoup d'imprimés. Et la France a mis en place le premier système d'école publique au monde. Ces écoles publiques ont pu créer une force de travail, alphabétisée, qui a pu travailler dans le cadre de cette nouvelle économie. 
[...] Le XXe siècle, deuxième révolution industrielle, seconde convergence dans la communication et l'énergie. L'électricité, le téléphone, la radio et la télévision. Ils sont devenus les supports de communication d'une nouvelle ère économique plus compliquée fondée sur les énergies fossiles, avec les voitures, les routes, les avions, les cargos.
[...] La troisième révolution industrielle est en route. Elle va nous faire passer du pouvoir centralisé au pouvoir latéral grâce à Internet, une révolution extrêmement puissante. Internet, est un système de communication non centralisé. L'information est distribuée, collaborative. En seulement 25 ans, 2,3 milliards de gens peuvent envoyer leurs vidéos, leurs texte, leurs voix, à la vitesse de la lumière avec plus de pouvoir collaboratif que tous les systèmes centralisés de médias n'ont pu le faire au XXe siècle.
[...] Cette révolution de l'internet, au cours des vingt derniers mois a commencé a fusionner avec le nouveau système d'énergie distribuée collaborative, les énergies renouvelables : le vent, le soleil, la géothermie, les déchets convertis en énergie, les petites centrales électriques...
[...] Lorsque Internet commence à gérer ces énergies via un internet de l'énergie, c'est une nouvelle révolution : on passe d'un pouvoir vertical à un pouvoir horizontal. La seule difficulté est que ce nouveau système bouscule le pouvoir en place. Cette troisième révolution industrielle repose sur cinq piliers...
[...] Premier pilier, l'Union européenne s'est engagée à 20 % d'énergies renouvelables en 2020. Comment est-ce que l'on va faire venir l'énergie renouvelable et la distribuer ? Commençons par aller en Italie, en Grèce, il y a beaucoup de soleil à exporter. Les irlandais ont du vent, les norvégiens ont de l'énergie hydroélectrique. Et bien on va centraliser cette énergie et l'exporter. 
[...] Second pilier. Les bâtiments. Nous avons 191 millions de bâtiments en Europe. Le but est de convertir chaque bâtiment en France et en Europe en micro-centrale pour pouvoir prendre du  soleil grâce aux toits, du vent grâce aux murs, de l'énergie géothermique avec ce qu'il se passe sous le bâtiment, convertir les ordures en énergie. 
[...] Nous avons démocratisé l'information. Nous sommes sur le point de démocratiser l'énergie. 
[...] Convertir chaque bâtiment en France en centrale produisant son énergie représente des millions d'emplois. Je dirais que l'Allemagne est en tête dans le premier et le second pilier. Elle produit déjà 20 % d'énergies vertes et se dirige vers 30 %. Elle a converti un million de bâtiments en centrales au cours des 6 dernières années et va créer 250 000 emplois. Or elle a beaucoup moins de soleil, de vent et de géothermie que la France. 
[...] Troisième pilier. Comment stocker l'énergie ? Grâce à l'hydrogène. Quand de l'électricité est en surplus il suffit de la transformer en hydrogène par électrolyse dans l'eau. 
[...] Quatrième pilier. On prend le réseau d'électricité de France et on le convertit en un internet de l'énergie. Lorsqu'il y a des millions de bâtiments français qui produisent leur propre énergie, on la stocke sous forme d'hydrogène comme on stocke les données sous forme numérique. Quand vous n'avez pas besoin de votre électricité, votre logiciel peut vous faire vendre cette électricité, par exemple de la France vers la Russie. L'Allemagne teste la distribution de l'énergie dans six de ses régions. Où est la France ? 
[...] Cinquième pilier. Les transports. Vous pourrez brancher votre véhicule à n'importe quel bâtiment ou inversement, si vous n'utilisez pas votre véhicule, vous pouvez revendre l'électricité en surplus.
Jeremy RIFKIN (2012), La troisième révolution industrielle, LLL.

I - Répétition ou bégaiement ?

Où Philippe Askenazy, dans Les décennies aveugles (Seuil 2011), nous rappelle l'histoire des politiques sociales et économiques menées ces trente dernières années en France.
Premier épisode : 1974 - 1981...

Subventions par les fenêtres...

Les subventions des emplois à faible valeur ajoutée, par le transfert des charges sociales à l'Etat jusqu'à 1,6 smic [allègements Fillon], représentant un allègement de 30 milliards d'euros pour les entreprises, outres qu'elles entraînent une "smicardisation" de la société, sont destructrices globalement au niveau d'une économie. Mais admettons que je me trompe. Si je prends l'estimation la plus favorable, on aurait grâce à ces baisses de charges sociales, réussi à créer ou sauver 800 000 emplois, ce qui vous fait grosso-modo dans l'estimation la plus favorable pour l'efficacité, au moins 40 000 euros par emploi. C'est vous dire que c'est totalement contre-productif.
Alain MADELINBFM, Les experts, 01/02/2012.

Pourvus or not pourvus ?

Où l'on apprend comment les emplois vacants sont abusivement assimilés aux emplois non pourvus et, par là-même, largement sur-estimés...
Un demi million d'offres d'emploi non satisfaites et 2,7 millions de chômeurs (catégorie A) : "pourquoi on ne les rapproche pas ?", s'est alors interrogé Nicolas Sarkozy.
LANDRE M. (2011). Blog.LeFigaro.fr (consulté le 07/01/2012)
Et dans ce contexte de chômage croissant, un chiffre retient l'attention. Il nous a été fourni par Pôle emploi aujourd'hui même, regardez, il y a à ce jour 580 000 postes vacants. C'est une contradiction qui semble difficilement compréhensible [...]  580 000 offres d'emplois non pourvus cela représente tout de même 20 % du nombre de chômeurs actuels, et près de 40 % des offres d'emploi proposées l'an dernier.
David PUJADAS, France 2Journal de 20 H, 25/01/2012.

En rapprochant ainsi les emplois non pourvus et le nombre de chômeurs, il est sous-entendu qu'au moment où ces mots sont prononcés, 580 000 propositions d'embauche s'éternisent sur le marché de l'emploi sans trouver preneur sur les presque trois millions de chômeurs que comptent la France. En d'autres mots, si les demandeurs d'emploi étaient obligés d'accepter ces offres, le nombre de chômeurs diminuerait d'autant.Or 580 000, c'est en réalité le cumul, sur une année, de toutes les offres recueillies à Pôle emploi qui ont été annulées sans avoir été satisfaites. Ces 580 000 sont mis en regard des 2,7 millions de demandeurs d'emploi officiels, chiffre qui est, lui, une coupe instantanée.
De fait, le site de Pôle emploi ne propose que très rarement plus 200 000 offres d'emploi chaque jour. On voit mal comment l'on pourrait s'offusquer de 580 000 postes vacants s'ils ne font pas l'objet d'une annonce !
Ceci étant dit, un demi million de contrats de travail honorés seront toujours mieux qu'un demi million d'offres non satisfaites. Tentons de voir ce qu'il en est vraiment...

500 000...

Voici le nombre d'offres enregistrées et satisfaites, chaque mois, à Pôle emploi, sur une année...


Pole-emploi.org (consulté le 14/01/2012) 

Les offres non satisfaites cumulées sur l'année écoulée, s'élèvent effectivement à 447 300. En coupe instantanée, mettons chaque jour, 9170 emplois sont proposés et 1230 ne trouvent pas preneurs, soit un peu plus de 13 % d'offres non satisfaites. Qu'en est-il sur l'ensemble du marché du travail ?
On
 peut
 estimer
 [la]
 part 
de
 marché [de Pôle emploi]
 à
 environ
 40 % 
pour 
les 
contrats 
de
 travail,
 hors 
intérim, 
de
 plus
 d’un
 mois, 
lesquels 
représentent
 l’essentiel
 (près 
de 
85%)
 des
 offres
 collectées 
par
 Pôle
 Emploi.
Les autres chiffres du chômage.fr (consulté le 17/01/2012).
Performance Publique.fr (consulté le 15/01/2012).

Si l'on se fie à ces 40 %, si l'on considère (à tort ou à raison) que les autres acteurs du marché (agences d'intérim, cabinets de recrutement, sites internet type Monster.fr, etc.) ont le même taux d'offres non satisfaites, et enfin s'ils proposent globalement les mêmes types de contrats, le total des offres non pourvues, sur l'ensemble du marché du travail, s'élèverait à un peu plus de 1 120 000 par an, soit 3 000 postes par jour environ qui ne trouvent pas preneur.


En première conclusion, l'on voit bien qu'il n'y a pas un demi million ou 580 000 emplois vacants "à ce jour". En effet, si on décidait, mettons à partir de demain, d'attribuer "de force" toutes les offres non satisfaites disponibles sur le marché (si cela était seulement possible sachant qu'il faudrait alors savoir à l'avance qu'elles resteraient non pourvues sans cela), le nombre de chômeurs diminuerait de 3 000 au mieux... Sans données fiables sur les parts de marché, restons-en aux 1 200 offres de Pôle emploi.

On pourra objecter, que le lendemain, ce seraient à nouveaux 1 200 allocataires en moins, et ainsi de suite, diminuant d'autant le nombre de demandeurs d'emploi jusqu'aux fameux cinq cent milles chômeurs en moins au bout d'une année. Mais évidemment ce serait considérer, à tort, que chaque emploi créé l'est une bonne fois pour toute. Or, la majorité des offres d'emploi proposées sur le marché, sont des emplois de courte durée et/ou à temps partiel, avec des types de contrats de toutes sortes (CDI, CDD, CTT, contrat d'apprentissage, etc.). Certaines offres durent une journée, d'autres 10 mois à quinze heures par semaines, à temps-plein pendant trois mois, etc.
Voici la répartition des offres enregistrées à Pôle emploi selon le type de contrat...

Insee.fr (consulté le 14/01/2012)

Un discours s'appuyant sur ce rapport entre nombre de chômeurs et offres non satisfaites, pour être recevable et éclairant, devrait donc, par exemple, donner l'équivalent de ces offres en nombre d'emplois équivalent temps-plein, ou bien un nombre d'heures d'allocations chômage économisées et le montant correspondant. C'est ce que nous nous proposons de faire...
Mais avant de poursuivre, il est utile de clarifier les termes d'emploi vacant et d' emploi non pourvu (ou non satisfait selon le vocable en vigueur à Pôle emploi)...

Emploi vacant et emploi non pourvu...

Emploi vacant...
Telles qu'elles sont généralement entendues dans la littérature économique, les vacances d'emploi [ou emplois vacants, donc] correspondent aux postes ouverts à un instant donné faisant l'objet d'une recherche active de candidats. Il s'agit donc de la photographie d'un stock d'emplois à pourvoir. Ce stock peut être très important, sans pour autant être interprété comme la manifestation de difficultés de recrutement, ni comme le signe que les chômeurs sont réticents à occuper ces emplois. Il signifie simplement qu'un poste ne peut naturellement pas être pourvu le jour même de sa mise en vacance. Comme en France une trentaine de millions de nouveaux contrats de travail sont conclus chaque année (1), il est naturel qu'on observe à un instant donné un grand nombre d'emplois vacants. [...] D'ailleurs, dans l'analyse économique du marché du logement, un certain nombre d'études cherchent à déterminer le taux de logements vacants incompressible et nécessaire pour assurer la fluidité du marché.
(1) Estimation hors emploi public statutaire obtenue en additionnant les déclarations
uniques d’embauche (Acoss) et les relevés de mission d’intérim (Dares-Unedic). 
CEE Recherche.fr (consulté le 12/01/2012)

Emploi non pourvu...
Une partie des postes vacants fait l'objet d’une offre d’emploi, c'est-à-dire d'une demande adressée formellement au marché du travail par le biais d'une annonce, et plus ou moins largement diffusée. En France, Pôle emploi relaie une proportion importante de ces offres qui, dès lors, donnent lieu à un suivi. Le système d'information de l'opérateur public permet ainsi de déterminer si lorsqu'elles sont retirées, les offres qui lui ont été confiées sont ou non « satisfaites », selon sa terminologie. Ainsi, les offres d'emploi « non satisfaites » font a priori uniquement référence à celles qui sont confiées à l'opérateur public. Et on parlera plutôt d'offres « non pourvues » en référence à l'ensemble des offres d'emploi, déposées ou non à Pôle emploi.
CEE Recherche.fr (consulté le 12/01/2012)

A titre d'illustration, les 150 000 à 200 000 offres d'emploi proposées chaque jour sur le site Pôle emploi sont des emplois vacants, ce jour-là, et ne sont en rien un indicateur du nombre d'offres non satisfaites au sens offres d'emploi qui ne trouvent pas preneur. Rien ne nous dit en effet que ces postes ne seront pas pourvus une heure plus tard, le lendemain ou dans trois mois (1)...

(1) 30 % des offres seraient pourvues avant quinze jours.

Fabienne BRUTUS (2006), Chômage, des secrets bien gardés. J.-C. Glawsewitch Editeur, p. 35.

...ou encore annulés par l'employeur...
[...] Dans certains cas, l'employeur renonce à embaucher parce que le besoin à l'origine du recrutement a disparu. Une situation typique est celle de l'annulation d’une commande, qui aurait entraîné un surcroît d'activité et nécessité une embauche. Dans d’autres cas, le recrutement est interrompu par ce que l'employeur n'a pas trouvé le candidat souhaité dans les délais requis. On peut alors être en présence d'échecs de recrutement. Le système d'information de Pôle Emploi ne permet pas à l'heure actuelle de distinguer ces deux cas de figure, et donc de les quantifier. Assimiler offres d’emploi non satisfaites et difficultés de recrutement est ainsi abusif.
CEE Recherhce.fr (consulté le 12/01/2011)

Donc, outre le fait que le chiffre avancé de « 580 000 emplois vacants » (en réalité offres non satisfaites sur une année à Pôle emploi) est présenté en des termes trompeurs, la part qui relève d'un réel échec de recrutement par absence de candidat est forcément inférieure à ce chiffre, mais aucun indicateur ne permet de la quantifier.
Mais une autre réserve doit être évoquée maintenant. Sans même parler de la précarité souvent évoquée à propos de ces offres qui ne trouvent pas preneur, il se trouve qu'un certain nombre de ces offres... ne seraient pas des offres d'emploi...

Les offres parasites...

L'extrait qui suit répertorie les principaux types d'offres qui peuvent venir gonfler artificiellement le nombre d'offres enregistrées, et à fortiori non satisfaites...
Sourcing permanent de candidats (CVthèques) : la plupart des SSII recrutent sur mission [...], elles anticipent leurs futurs contrats en recevant les candidats à l’avance et en stockant leurs CV...
Offres démultipliées par les SSII dans la perspective d’un contrat de prestation ou en réponse à l’appel d’offre d’un client : il s’en suit un abandon des recrutements par tous les prestataires non retenus par le client…
Offres utilisées à des fins marketing et de surveillance du marché : elles sont porteuses de bonne image pour la société tant auprès des (futurs) candidats que des clients potentiels, elles permettent également de suivre le marché à travers les candidats reçus en entretien…
La même offre d’un employeur apparaît parfois plusieurs fois à travers plusieurs intermédiaires de recrutement [...]
Munci.org (consulté le 14/01/2012).

Ce type d'offres semblent concerner divers types d'émetteurs et non seulement les SSII pointées du doigt dans cet extrait, en particulier les agences d'intérim ou certaines entreprises dans des secteurs à fort turn-over.
Ici encore, aucun indicateur ne permet de chiffrer ou même d'évaluer la proportion de ces annonces "bidons" au sein de toutes les offres d'emploi enregistrées. 

Taux d'emplois vacants...

Supposons qu'il y ait bien cependant (pour une raison qui nous échappe) 580 000 emplois vacants en ce moment, toutes entreprises françaises confondues. Si nous les ajoutons aux 16 100 000 emplois du secteur marchand et à environ 300 000 emplois dans le secteur agricole...
Alternatives Economiques (Hors-série), Les chiffres 2012, p. 28.
Insee.fr (consulté le 01/02/2012)

...l'on obtient 17 000 000 d'emplois marchands environ en France. Le taux d'emplois vacants se chiffrerait donc à 3,4 %
En France, le taux des emplois vacants est un des plus faibles d’Europe, selon Eurostat : pas plus de 0,6 %, contre 0,9 % en Italie, 1 % en Suède et… 2,7 % en Allemagne.
Dechiffrages.blog.lemonde.fr (consulté le 25/01/2012)

Comparaison européenne des taux d'emplois vacants (2009)...




CNIS.fr (consulté le 25/01/2012)

Ces deux derniers chiffres, censément plus fiables que notre calcul (faut-il l'espérer tant une différence du simple au double laisse perplexe), méritent de surcroît d'être mis en regard du taux de vacance incompressible dans l'immobilier comme suggéré par une citation vue plus haut...
Sur le taux global d’inoccupation, l'Institut [de l’Epargne Immobilière et Foncière] note que selon les experts internationaux, le niveau "normal" de vacance, c’est à dire celui témoignant d'une fluidité satisfaisante du marché, ce que l'on appelle le taux de vacance incompressible, se situe dans une fourchette de 6 à 7%.
Le buzz immobiler.com (consulté le 14/01/2012)

A ce stade et en conclusion intermédiaire, il semble tout à fait raisonnable de considérer que le nombre d'emplois vacants en France ne soit pas tant un problème, qu'un état de fait inhérent au principe de l'offre et de la demande.
Mais comme dit en introduction de cet article, l'on pourra toujours objecter qu'un demi million de contrats de travail honorés seraient toujours mieux qu'un demi million d'offres non satisfaites. Alors terminons notre recherche...

Emplois équivalent temps plein...


Comme vu précédemment, les offres enregistrées à Pôle emploi portent sur toutes sortes de contrats et de durées. Les 580 000 offres sont donc statistiquement réparties comme suit :
  • 134 560 CDI à  temps complet.
  • 33 640 CDI à temps partiel (20 % des CDI seraient à temps partiel (1))
(1) Insee.fr (consulté le 14/01/2012)
  • 104 400 missions d'intérim de 8,7 jours (1) en moyenne (2 semaines (2) selon d'autres sources).
(1) Pôle emploi.org (consulté le 15/01/2012)
  • 307 400 CDD d'une durée moyenne entre 3 et 4 mois selon les sources.
Editions Tissot.fr (consulté le 14/01/2012)


Insee.fr (consulté le 14/01/2012)

A défaut d'informations directes plus fiables, nous déduisons de ce tableau la répartition des durées de temps partiel parmi les CDI et CDD à temps partiel. Par exemple, 17,8 % des CDD sont à temps partiel et 2,5 % d'entre-eux représentent moins de 15 heures par semaine...



En conclusion, certes approximative mais toujours plus représentative que les soit-disant 580 000 emplois vacants, le nombre d'emplois équivalent temps-plein non pourvus à Pôle emploi en une année se situerait entre 229 000 et 272 000.

Annexes...