Il était une fois en Occident...

Où l'on (re-)découvre la chronologie de l'avènement du capitalisme d'après-guerre, dit néolibéral, et quelques autres détails plus ou moins techniques et éclairants...
La croissance très forte des années 1960 va changer la donne : l'expansion fait alors éclater le contrôle des capitaux, jusqu'ici très étroit. [...] La première victime en a été le système international de Bretton Woods, établi en 1944, qui avait fait du dollars, seule devise convertible en or, l'étalon de toutes les monnaies. Michel AGLIETTA, Le Nouvel Observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 76.
Quelques détails techniques dans L'économie pour les nuls...
Dans le système de Bretton Woods, chaque monnaie peut, sur une période donnée, varier de + ou - 1 % par rapport au dollars. [...] En tout, on a [donc] une possibilité de variation de 2 %. Si, pour les besoins du commerce, on doit passer, par exemple du franc au mark, le risque de change est de 4 % (2 % de baisse totale du franc + 2 % de hausse totale du mark). Michel MUSOLINO, L'Economie pour les nuls, First Editions, p. 147.
 Si on utilise le dollar, le risque est limité à 2 % [...]. Cette raison, avec d'autres, a fait du dollar la monnaie la plus utilisée dans les échanges internationaux [...]. 
Les banques centrales des différents pays sont tenues d'intervenir sur le marché des changes pour éviter les variations excessives supérieures à 1 % [...]. Concrètement, si le mark [par exemple] monte au-dessus de 1 %, la Bundesbank doit vendre des marks. Si le franc baisse au-delà de 1 %, la Banque de France doit  acheter des francs. Ainsi, l'équilibre entre l'offre et la demande sera rétabli et la parité de la monnaie préservée. [Pour assurer ces opérations sur les marchés] les banques centrales peuvent puiser dans leurs réserves de change constituées par l'accumulation des devises issues d'un commerce extérieur excédentaire [souvent des dollars]. Sinon, elles doivent demander des prêts [...] au FMI [créé à l'occasion des Accords de Bretton Woods]. Michel MUSOLINO, L'Economie pour les nuls, First Editions, p. 147.
Après la dévaluation de la livre en octobre 1967, le dollar commence a être attaqué, d'autant que la guerre du Vietnam alimente l'inflation américaine. Et le 15 août 1971, le coup de force monétaire de Nixon, qui suspend la convertibilité du dollar en or, met un terme au système de Bretton Woods, ouvrant la voie à la grande inflation des années 1970. [...] Michel AGLIETTA, Le Nouvel Observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 76.
Jacques Attali (par exemple), livre une explication qui revient très souvent dans les chronologies sur la fin du système de Bretton Woods... 
Le 15 août 1971, quand le gouvernement de Bonn demande le remboursement de ses dollars en or, les États-Unis, qui ne veulent pas voir disparaître leurs réserves de métal précieux, suspendent la convertibilité du dollar. On en revient ainsi aux changes flottants de l'entre-deux-guerres, auxquels les accords de Bretton Woods étaient censés s'opposer. […] S'en suit une très forte baisse de la devise américaine qui dévalorise les revenus des pays producteurs de pétrole. Ils réagissent par le premier choc pétrolier, en octobre 1973 […]. Jacques ATTALI (2008), La crise, et après ? Fayard, p. 33.
Avant de poursuivre, pourquoi Bonn demande le remboursement de ses dollars en or ?
Ce qui était arrivé aux monnaies européennes à cause de la guerre arrive également aux États-Unis, en pleine paix. La masse de dollars, gonflée par l'essor des échanges et par une demande toujours inassouvie, finit par dépasser allègrement sa couverture en or [le stock d'or dans les coffres de la Federal reserve]. Dans la deuxième moitié des années 1960, des esprits malins ou clairvoyants, dont la France du général de Gaulle, comprennent que la parité or du dollar ne va pas pouvoir être maintenue éternellement. Ils se mettent donc à demander la conversion de leurs dollars en or. Les États-Unis doivent faire face à une véritable hémorragie. Et une ultime et calamiteuse tentative de retour à la parité or de la livre [...], fait basculer le monde dans le cauchemar. Michel MUSOLINO, L'Economie pour les nuls, First Editions, p. 147.
L'accélération de l'inflation expose les déposants à une fonte de leur patrimoine en valeur réelle. Les banques américaines ont donc cherché à contourner le plafond des taux d'intérêts en créant des fonds commun de placement, dont les rémunérations étaient indexées sur des taux de marché, donc libres [...]. Dès le milieu des années 1970, dans le monde anglo-saxon, les ménages ont commencé à fuir les dépôts bancaires pour acheter des parts dans ces fonds communs. [...] Les premières formes de dérégulation ont donc été le fait d'acteurs privés. Le Nouvel ObservateurHors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p 76. 
L'inflation continuant de s'emballer, [...] c'est le triomphe de l'idéologie monétariste, incarnée par Milton Friedman, pour lequel l'action de l'État en matière monétaire doit consister à contrôler la quantité de monnaie, et pas les taux d'intérêt. Michel MUSOLINO, L'économie pour les nuls, First Editions, p. 147.
[...] La vraie rupture en ce sens intervient en 1979, quand le président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volker, décide du jour au lendemain de doubler le taux directeur de la Fed. Cette décision a permis de juguler l'inflation, au prix toutefois d'une forte récession durant les années 1980-1982 [...].
Dès lors, [...] les banques centrales [ont, non plus] la fonction de financer les gouvernements, mais uniquement de contrôler l'inflation [...] En conséquence, les dettes publiques, jusqu'alors hors marché, sont placées sous le feu des marchés financiers, sous la forme des obligations d'État, ce qui va provoquer, à terme, du fait de la récession et du recul des recettes fiscales, une explosion de l'endettement public dans tous les pays développés. D'autre part, le recul de l'inflation, tandis que les taux d'intérêt restent encore élevés dans les années 1980, profitent à la Bourse, qui avait globalement baissé entre 1965 et 1982 [...]. Alors se multiplient les investisseurs institutionnels, qui placent l'épargne des ménages sur les marchés. Enfin, cette nouvelle donne financière, va entraîner une transformation radicale du mode de gestion des entreprises. [...] Les entreprises, dont l'objectif prioritaire est désormais de verser des dividendes aux actionnaires, font pression sur les coûts salariaux... On passe d'un modèle partenarial à un modèle actionnarial. Michel AGLIETTA, Le Nouvel Observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 76.
Avec la chute de l'URSS, ce modèle du capitalisme financier, actionnarial [...] est plus triomphant que jamais. C'est le "consensus de Washington", réunissant les chefs de gouvernement occidentaux, les dirigeants du FMI et des banques centrales, qui estiment tous que la dérégulation financière doit être imposée à toutes les économies mondiales, pour leur propre bien.
Dès les années 1990 [...] tandis que les dettes publiques ne cessent de croître, l'afflux considérable de capitaux sur les marchés financiers provoque une intense spéculation. Et les salaires des classes moyennes n'augmentant que très peu en termes réels, du fait de la pression exercée sur le coût du travail au sein des entreprises, le crédit des ménages se développe de manière massive [...].
A partir de 1998, on innove en matière de crédit, en développant les produits dérivés, puis la titrisation du crédit. Michel AGLIETTA, Le Nouvel Observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 76.

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