De bonne guerre...

La définition de la propriété privée qui est la nôtre aujourd'hui, associée à l'héritage, favorise une hétérogénéité dans la répartition du patrimoine. A cela vient s'ajouter la pratique du prêt à intérêt, qui fait que l'argent appelle toujours davantage l'argent. Il en résulte une concentration de la richesse toujours croissante (le mouvement s'est accéléré depuis 2008 à l'échelle de la planète entière). Seuls des évènements tragiques tels que les catastrophes naturelles ou les guerres contribuent à rétablir une meilleur homogénéité. Les politiques fiscales efficaces, dont ce devrait être le rôle, n'y parviennent qu'exceptionnellement en raison de la capacité des plus riches à trouver les moyens de s'y soustraire. Paul JORION (2012), Misère de la pensée économique, Fayard, p. 312.
Un autre Paul est sur la même ligne...
Paul Krugman, avec un cynisme amer, rappelle que ce qui a sorti le monde de la crise fut un colossal plan de relance appelé "Seconde Guerre mondiale". Michel MUSOLINO (2012), La crise pour les nuls, First Editions, p.28.
Mais évidemment ça se discute...
Portraying WWII as bounteous economically because statistical measures bettered is like confusing a high batting average with winning championships. You can hit well and still lose. Normally, hitting safely and decreased joblessness reflect success, but war is different. Unemployment lessened because the draft sent men into combat. Increasing production because women were forced into factories building bombs is deceptiveForbes.com
D'autant qu'il est possible de s'interroger en ces termes : la guerre est-elle une condition suffisante ou nécessaire ? Car si la guerre peut apparaître de prime abord comme le seul véritable moyen de "rebattre les cartes", elle pourrait tout aussi bien être le début d'un chaos sans fin si elle n'est pas suivie de la mise en place de politiques "progressistes" et responsables.
Cela n'a pas été le cas à l'issue de la Première guerre mondiale : l'humiliation du Traité de Versailles et la loi de la jungle dans l'économie financière ont contribué, si ce n'est engendré, la crise de 1929 puis la Seconde Guerre mondiale.
Cette dernière, à l'inverse, a vu la Déclaration de Philadelphie poser les fondements d'une reconstruction de l'Europe sur des bases "humanistes". Ainsi, peut-être, les Trente Glorieuses ne s'expliquent-elles pas tant par la nécessité de reconstruire une Europe ravagée, que par la mise en place de politiques progressistes...

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