Inschistice...

[...] Un nouvel obstacle va se dresser sur la route des économies d'énergie : l'abondance des réserves de gaz et de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Selon le rapport de l'AIE, la production pétrolière américaine dépassera celle de l'Arabie Saoudite en 2020. Non seulement l'énergie (carbonée) très bon marché dont jouit déjà le plus grand pollueur du monde ne va pas l'inciter à contrôler sérieusement sa demande, mais elle va accroître le différentiel de compétitivité avec la Vieille Europe. Qui n'en aura que plus de mal à investir pour réduire aussi bien ses émissions de CO2 que sa facture énergétique. [...]

L'oeuf ou le discount...

Beaucoup de gens disent en Allemagne que les discounter sont une bénédiction pour les pauvres gens car les pauvres ont besoin de ces prix bas pour survivre. C'est une vision. Moi j'en propose une autre, à l'opposé
Il y a des gens pauvres, car nous avons une culture du discount. Parce que le discount n'offre que des emplois précaires, et des bas salaires, nous avons constaté qu'il fait baisser notre niveau de vie, et ce, depuis des années. Je pense que cette mentalité discount développe la pauvreté. Nous devons réfléchir un instant et nous interroger à savoir si nous ne sommes pas en train de rentrer dans un cercle vicieux.
Ulrich DALIBOR (Responsable du secteur commerce au syndicat ver.di).
France 2, Infrarouge, 29/01/2013.

Tout roule...

[...] Sur 15 ans, entre 1995 et 2010 [...] non seulement l'inclusion sociale (1) a augmenté dans la plupart des pays [européens], mais ce sont ceux qui étaient au départ les moins bien classés qui ont connu la progression la plus significative, tels que le Portugal, l'Espagne et l'Irlande
Ce n'est donc pas une fuite en avant vers un moins-disant social que l'on observe, mais bien un phénomène de rattrapage. "Cette convergence est sans nul doute étonnante, pointent les auteurs. Il ne se passe pas un jour où la presse ne relate pas de nouvelles concernant les délocalisations d'entreprises, l'afflux d'immigrés clandestins ou illégaux, la présence de plombiers polonais ou de serveurs marocains." Le déclin annoncé n'a pourtant pas eu lieu. Du moins selon les données utilisées dans cette étude, et ce jusqu'en 2010. 
[...] En moyenne, la qualité de la protection sociale européenne ne s'est donc pas détériorée significativement. 
[...] "En dépit de la mondialisation, on n'a pas observé jusqu'à présent de réduction tant dans les dépenses sociales que dans la performance des Etats-providence " [...].
Alternatives Economiques, 12/2012, p. 31.

(1) Processus qui garanti aux personnes en danger de pauvreté et d'exclusion les possibilités et les ressources nécessaires pour participer pleinement à la vie économique, sociale et culturelle, ainsi qu'un niveau de vie et de bien-être considéré comme normal dans leur société, selon la définition qu'en donne la Commission européenne.

Soins...

Sous la surface des dépenses de santé des Français...
3. Un Français sur 5 renonce aux soins "plus souvent" qu'avant ou les retarde, principalement pour des raisons financières. Le Parisien.fr, 18/10/2012. 
Ce ratio est légèrement surévalué. Quelques corrections apportées à ce chiffre >>
2. En France, 6 millions de personnes ne bénéficient d'aucune couverture complémentaire santé. Alternatives Economiques, 12/2012, p. 28. 
1. [...] Pour compenser des remboursements de plus en plus importants du fait des dépassements d'honoraires, les contrats de mutuelles et assurance complémentaires ont augmenté de près de 20 % depuis quatre ans. Alternatives Economiques, 12/2012, p. 28.

Promotion Ubu roi. Mes 27 mois sur les bancs de l'ENA - Olivier Saby

Olivier Saby, diplômé de l'ENA, croque l'obsession de la notation, la médiocrité de l'enseignement et autres traditions de cooptation, à l'École Nationale d'Administration...

Les 10 phrases clefs qui font réfléchir...
  1. Pour tout élève de l'ENA [...] le classement de sortie est le sujet de conversation  par excellence. [...] Lors de l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, la suppression du classement avait été envisagée, provoquant une levée de boucliers chez certains anciens élèves, notamment ceux des grands corps, que briguent les mieux classés : la botte, composée du Conseil d'Etat, de l'Inspection générale des finances et de la Cour des comptes. Page 24.
  2. Alors que nous suivons depuis une heure trente un T.D. sur l'ouverture du capital de Gaz de France, nous apprenons de la bouche même de notre intervenant qu'il a découvert le sujet qu'il devait traiter en arrivant dans la salle et qu'il n'y connaît absolument rien... [...] Nouvelle erreur de casting, un expert de France Télévisions assénant un cours de réduction des coûts au ministère de l'Agriculture. Page 27 et 45.
  3. C'est là que le stagiaire de l'ENA est prié d'intervenir, en effectuant un audit qui aura le bon goût d'aboutir aux mêmes conclusions que l'ambassadeur. Page 75.
  4. Je demande quand même à mes collègues comment une situation locale aussi dégradée peut être tolérée par le Quai d'Orsay. "Il y a bien eu une mission d'inspection il y a quelques mois, m'explique l'un d'eux. Mais, tu comprends, les inspecteurs sont de la maison. Dans quelques années ils seront de nouveau en poste, et on pourrait se retrouver sous leurs ordres. Pour ne pas être catalogués balances, on ne dit trop rien..." Et le rapport d'inspection est dithyrambique. Page 76.
  5. Je suis [...] en terrain miné. Côté consulat, je suis l'espion de la chancellerie ; côté chancellerie, je suis le mignon de la consule. Page 82.
  6. "Vous savez Olivier, il faudrait une cellule psychologique du Quai d'Orsay dans cette ambassade. Nous sommes plus dans un asile d'aliénés ou une halte-garderie que dans une mission diplomatique..." Mince, le patron [l'ambassadeur] est au courant ! Page 114.
  7. Ma copie ne comporte aucune correction manuscrite, aucune indication qui m'aiderait à corriger mes erreurs et à m'améliorer en vue du prochain examen blanc [...]. Page 127.
  8. Ne pas oublier que l'homme qui me note à la fin de l'inspection sera peut-être amené à faire appel à moi lorsqu'il accédera à une préfecture ou à un cabinet ministériel. C'est le problème du circuit fermé. L'inspecteur sera préfet demain, chef de cabinet après-demain... Qui sait ? Ménager ses arrières et penser à autre chose lors d'un déjeuner, d'un cours ou d'un entretien auxquels il est de tradition d'assister, ne jamais faire obstacle aux règles qui ont fait les carrières de nos juges et pairs, se glisser dans le courant et se laisser entraîner... Page 192.
  9. [...] Les fonctionnaires [de l'Éducation nationale] que nous rencontrons s'engagent à nous informer dans les pus brefs délais de belles opportunités de carrière que nous pourrions y trouver. Ils nous proposent même de "construire" nos propres postes. Page 248.
  10. "Mais enfin, vous êtes trop bien classé pour aller à Montreuil. [...] Quand vous allez dire aux gens que vous êtes au tribunal de Montreuil, ils vont toujours penser que vous étiez mauvais.". Page 269.

Fantasme intégral...

74 % des personnes interrogées [dans une étude publiée par Le Monde en janvier 2013] considèrent que l'Islam est une religion "intolérante[68 % parmi les moins de 35 ans], et huit Français sur dix jugent que la religion musulmane cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres. Abdennour Bidar, France Inter, Cause commune, tu m'intéresses, 27/01/2013.
Quelques chiffres complémentaires issus de cette même étude...
[...] Plus de la moitié des personnes interrogées pensent que les musulmans sont "en majorité" (10 %) ou "en partie" (44 %) "intégristes", sans que l’on sache ce qu'elles entendent par ce qualificatif. ReligionBlogLeMonde.fr.
Très peu de chiffres sur le nombre d'intégristes islamistes sur le Web, sinon...
En 2004, une étude menée par les Renseignements généraux estimait le nombre de salafistes à 5 000. Aujourd'hui, on estime que le chiffre varie entre 12 000 et 15 000. Les effectifs salafistes ont quasiment triplé en moins de 10 ans. Samir Amghar (Sociologue), Atlantico.fr.
Dans le domaine de l'immigration, les chiffres sont à prendre avec beaucoup de réserves...

Mais il semblerait que seulement 15 % des musulmans fréquentent une mosquée.

On voit pas très bien comment une "partie" significative de l'ensemble des musulmans, et encore moins une "majorité" d'entre-eux serait constituée d'intégristes, alors qu'ils sont seulement 15 % à fréquenter une mosquée.
Mais surtout, si les salafistes sont bien 15 000 en France, ils représentent 0,3 % seulement des 5 millions de musulmans du pays.

Quoi que l'on pense de ces individus, ils ne représentent donc que ce que l'on appelle une "infime minorité". Et quand bien même les salafistes n'ont pas le monopole de l'intégrisme, il faudrait qu'ils ne représentent qu'une petite partie de l'ensemble des intégristes pour que les craintes des sondés fassent sens. Or s'il y avait une communauté d'intégristes plus étendue que celle des salafistes, on nous en parlerait plus souvent.

Les raisons de ce racisme latent sont diverses, selon Abennour Bidar...
[...] La crise économique qui suscite une angoisse diffuse, n'attendant qu'un sujet pour se cristalliser, un fond d'intolérance ou de racisme ordinaire irréductible, la part des fantasmes face à un "grand méchant" dont on aurait besoin, la surinterprétation du religieux, un certain populisme
[...] Une responsabilité des médias, des politiques et des intellectuels : on a laissé à l'extrême droite, portée par de mauvaises intentions, le monopole du "courage" sur ces questions.
[...] L'islam a un problème avec lui-même et qu'il a du mal à se régénérer. Il est urgent que les musulmans s'interrogent de façon critique sur leur religion et sur leur communication.

Avenir légumineux...

Aux États-Unis, 4 % des individus sont végétariens (3% en France, 40 % en Inde), mais ils sont 20 % parmi les étudiants.
Canal +, Salut les Terriens ! 19/01/2013.

Soumission littéraire...

[Steven] Johnson [imagine] ce que les critiques auraient pu écrire si les jeux vidéos avaient été inventés il y a des centaines d'années et qu'une chose appelée livre n'avait commencé d'être vendue aux enfants à grand renfort de marketing que très récemment... 
"La lecture ne stimule pas suffisamment les sens, et ce de façon chronique. Contrairement à la vieille tradition du jeu, qui plonge l'enfant dans un univers coloré en trois dimensions, empli d'images animées et d'environnements musicaux, dirigé et commandé par des mouvements musculaires complexes, les livres ne sont qu'un chapelet stérile de mots alignés sur la page. [...] En outre, les livres isolent tragiquement. Alors que les jeux impliquent depuis nombre d'années les jeunes dans des relations sociales complexes avec leurs amis, construisant et explorant ensemble des univers, les livres obligent l'enfant à s'enfermer dans un endroit tranquille, coupé de toute interaction avec les autres. [...] Mais la caractéristique peut-être la plus dangereuse de ces livres est qu'ils suivent une trajectoire linéaire immuable. On ne peut influer sur le récit d'aucune manière, on ne peut que rester assis tandis que l'histoire vous est imposée. [...] Cela risque d'instiller une passivité générale chez nos enfants, qui se sentiront impuissants à changer leur condition. La lecture n'est pas une pratique active, participative ; c'est une pratique soumise."
Malcolm GLADWELL (The New Yorker, 05/2005), Books, 07-08/2009, p. 30.

Agences de collusion...

La Cour fédérale d'Australie a condamné l'agence de notation Standard and Poor's pour avoir fourni à treize collectivités territoriales des notations de produits financiers sous-estimant les risques. 
[...] Mi-novembre, le parquet de Trani en Italie, a demandé le renvoi en justice des dirigeants de la même agence et de ceux de Fitch pour avoir dégradé la note du pays à des fins spéculatives.
Alternatives Economiques, 12/2012, p.18.

Pourquoi les banques n'ont-elles jamais porté plainte contre les agences de notation après tant de milliards évaporés ? Après tout, ne serait-ce pas aussi (en théorie...), à cause des notations  fantasques fournies par ces agences ?
Une entente tacite qui confirme la collusion d'intérêts entre banques et agences.

Excitation rafraîchissante...

A très haute altitude, vers 100 kilomètres [base de la thermosphère], la concentration en gaz carbonique grimpe deux fois plus vite que le prévoient les modèles [...]. Un phénomène non explicable par les seuls rejets des fusées, soulignent les chercheurs. Cela prouverait donc que les émissions de carbone liées aux activités humaines ont une influence jusqu'aux portes de l'espace.
L'Express, 11/2012, p. 35.
[...] Et cela a une conséquence : nous avons sous-estimé le refroidissement de la thermosphère. [...] L'effet dominant du CO2 à haute altitude est la collision avec des molécules d'oxygène : elles s'excitent, émettent un rayonnement vers l'espace, et donc, refroidissent localement.
John EMMERT (Naval Research Laboratory of Washington), Science & Vie, 02/2013, p. 24.

Fourbes...

[...] Un astéroïde de la taille de celui qui aurait provoqué l'extinction des dinosaures percute la Terre tous les 100 millions d'années, un corps d'une centaine de mètres tous les mille ans, et un rocher d'une cinquantaine de mètres tous les siècles. 
[...] Jusqu'à 50 m de diamètre, un astéroïde devrait se désagréger avant de toucher la Terre. La chaleur dégagée pourrait causer des incendies. Au-dessus de 75 m, il détruirait des villes entières et provoquerait des tsunamis. A partir de 1 km, il toucherait l'ensemble de la planète en modifiant la composition de l'atmosphère. Un corps de 15 km provoquerait une extinction massive. 
[...] La majorité des astéroïdes géocroiseurs n'a pas encore été vue [...]. Sur 61 804 astéroïdes qui orbiteraient à moins de 50 millions de kilomètres de l'orbite terrestre, seuls 14 % ont été détectés
[...] Les astéroïdes ne sont vus que quand ils sont à la fois éclairés par le Soleil et à son opposé par rapport à la Terre. 
[...] Après un premier passage d'un astéroïde auprès de la Terre, [sa trajectoire devient chaotique et] plus aucune prédiction quant à son orbite n'est possible.
Science & Vie, 10/2012, p. 20.

République fictive...

A Mayotte, l'État dépense plus de 700 millions d'euros par an. Le Conseil général, plus de 200 millions. Cet élu a beau être vice-président du Conseil général, il dénonce une gabegie. Sur les 3 000 fonctionnaires, il y en aurait 2 000 de trop selon lui. Les postes sont doublés, parfois triplés
Alors que l'élu mène les journalistes au service communication... 
"Je pense pas que même le Premier ministre a un service de communication aussi grandiose que celui du Président du Conseil général... En tout cas, c'est la première fois de ma vie que je mets les pieds ici"...
[...] Sur les 15 personnes qui travaillent ici, nous n'en verrons que 4 cet après-midi là, à 15 h. 
Élu - [...] La prochaine fois, vous viendrez à 9 h du matin ! 
Journaliste - [...] On vous met la pression pour ne pas licencier les 2 000 salariés [supposément en trop] du Conseil général ? 
Élu - Non, personne ne nous a mis la pression. Les élus eux-même ne partagent pas le même discours dans cette affaire là., parce qu'il y a des élus qui sont concernés par ses embauches de complaisance, la plupart du temps.
France 2, Le Journal de 20 h, 22/01/2013. 

Super Trader...

[...] Et si la crise financière s'expliquait aussi par une overdose de jeu vidéo chez les traders ? C'est l'une des thèses de la célèbre neurologue Susan Greenfield, qui, depuis 2009, mène sa croisade contre l'omniprésence des écran dans le monde de l'enfance. Selon elle, les jeunes loups de la City, cyniques et insouciants, auraient perdu tout sens des réalités en consommant dans l'enfance trop de jeux vidéo.

Croisée des chemins...

Si on regarde sur le long terme, depuis les Trente Glorieuses, l'évolution de la croissance, on a une courbe logarithmique avec une asymptote, une limite. On s'aperçoit que les économies occidentales et singulièrement l'économie américaine sont à leur asymptote. Le PIB nominal américain, est quasiment à son maximum et qu'il ne pourra continuer à évoluer et s'accroître que s'il y a un véritable choc technologique. Et donc le véritable enjeu dans les profits de ces entreprises c'est que vont-elles faire de leurs profits ? Est-ce que ça va servir à créer la révolution technologique de demain ou est-ce que ça va être des retraites dans des fonds de pension ?
Jean-Marc DANIEL, BFM, 27/12/2012.

La question posée est très intéressante et séduisante mais, chose étonnante, il est impossible de trouver une courbe du PIB américain qui matérialise ce tassement de la croissance dont parle Jean-Marc Daniel. Voici à quoi elle ressemble quelle que soit les sources, ici d'après un article du (très bon) site d'Olivier Berruyer...

Si l'on exclu la baisse depuis 2007, la tendance "lourde" depuis les Trente Glorieuses ressemble plutôt à une exponentielle et non à une courbe logarithmique.
Pourtant, et c'est le plus étrange de l'affaire, l'évolution du taux de croissance par habitant sur cette période, diminue ! La courbe du PIB devrait donc effectivement "se tasser" avec le temps...

Après demande d'éclaircissement dans les commentaires de l'article, Olivier Berruyer répond qu'il s'agit d'un effet d'optique et qu'il faut zoomer sur la période 1960-2010 pour s'apercevoir que la courbe est bien logarithmique...
Voici un montage rapide avec le graphique 1800-2010 ci-dessus zoomé sur la période 1960-2010 avec en superposition le taux de croissance...


Toujours pas d'asymptote en vue... On pourrait à la rigueur approximer à une tendance linéaire (droite bleue), mais cela ressemble décidément plus à une courbe en cloche inversée (exponentielle donc). Pourtant les variations du PIB sont bien en phase avec celles du taux de croissance. Mais on ne voit toujours pas comment la courbe du PIB peut tendre à "s'envoler" alors que son taux de croissance va diminuant (observer la moyenne décennale en rouge clair)...

Ci-dessous, en passant, ce PIB américain depuis 1947 avec quelques repères historiques...

On note que pour Jean-Pierre Chevallier, "depuis l'après-guerre, la croissance du PIB réel est constante et régulière"...

Con carne...

Mélodie magnifique, pianiste surdoué et anti-conformiste...
Chilly Gonzales (Jason Beck).

L'oeuf ou la poule, encore...

[...] Quand on travaille sur les structures familiales et les indicateurs de fécondité, on est assez proche du sens profond de l'existence. Ce sont des variables chaudes. Et pour moi, les gens qui pensent que l'histoire se fait uniquement au niveau des variables froides, économiques surtout, sont proches de la schizophrénie, de la sortie de la réalité.

Rayon boucherie...

Car un jour viendra où l’idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu'aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains.
Claude LEVI-STRAUSS, La leçon de sagesse des vaches folles, EtudesRurales.org.

Cervelle...

La consommation de viande a [...] aidé au niveau comportemental. [Mais] y'a toujours cette idée [...] qui a survalorisé l'impact de la viande, comme si la viande nous permettait d'avoir un gros cerveau. Pas du tout. Le cerveau n'a pas besoin de viande, il a besoin de glucose, d'acides-gras, etc.
Hervé KEMPF, Canal +, Salut les Terriens, 19/01/2013.

Oh oui, frappe-moi...

Je ne qualifierais pas forcément de démocratique un pays [l'Allemagne] qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. L’Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d’adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l’Italie et l’Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif où elle a pu dégager ses excédents commerciaux. Cette stratégie commerciale est la poursuite d’une tradition autoritaire et inégalitaire par d’autres moyens.
Emmanuel TODD, Le Point, 13/12/2011.


Créatifs...

La plupart des troubles mentaux ne sont pas de véritables maladies. Pour le dire très vite, ce sont des manières d'être et de se présenter à autrui, des "idiomes" destinés à communiquer un mal-être et une demande de prise en charge. Il est donc normal que ces idiomes se modèlent sur les attentes de la société et des hommes-médecine au sujet de la bonne façon d'être "malade". En ce sens, la demande symptomatique s'adapte à l'offre thérapeutique et change avec elle. Ce mécanisme a toujours existé, mais il est à présent exploité, avec un cynisme sidérant, par les départements marketing des grands laboratoires
[...] Très peu de gens en ont conscience, mais la façon dont nous allons nous sentir mal dans notre peau dans cinq ou dix ans, se décide aujourd'hui dans des bureaux, en fonction de stratégies industrielles et commerciales.
Mikkel BORCH-JACOBSEN, Books, 04/2009, p. 22.

Virage...

La protection des salariés  français contre les licenciements individuels reste [...] selon l'OCDE, sensiblement plus limitée qu'en Suède, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais aussi qu'en République tchèque, en Russie, en Inde ou encore en Chine. Rien d'exceptionnel donc dans la situation française de ce côté-là. 
[...] Du côté de licenciements collectifs [...] il y a certainement des choses à améliorer, notamment sur le plan des délais et de la sécurité juridique, mais l'OCDE situe au contraire clairement la France parmi les pays les moins protecteurs sur ce plan. En Italie, en Belgique, en Suède, an Allemagne, en Pologne, en Chine, au Royaume-Uni et même aux Etats-Unis, les contraintes qui pèsent sur les entreprises en cas de licenciement collectif son sensiblement plus importantes qu'en France.

Flexion, extension...

Sous la surface de la flexibilité au travail...
2. Entre le début 2008 et la mi-2012, [la France] est un des trois seuls pays de la zone euro, avec l'Autriche et l'Allemagne, où la proportion des 25-59 ans (le coeur du salariat) qui occupent un emploi s'est accrue. [Sur l'ensemble du spectre des 15-64 ans, ce taux d'emploi a baissé par contre de 0,4 % du fait d'un recul marqué chez les 15-25 ans]. 
[...] Dans le même temps, au Royaume-Uni, dont on nous a si souvent chanté les louanges en matière de flexibilité, le taux d'emploi des 25-59 ans a baissé de 0,9 point. Tandis qu'aux Pays-Bas, le modèle "polder" à la mode à la fin des années 1990, ce taux a reculé de 1,4 points depuis 2008. Quant au fameux modèle danois avec sa flexisécurité si enviée, le taux d'emploi y a même reculé de 4,5 points en quatre ans. Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 01/2013, p. 9.
2.1. La tranche des 25-54 ans représente 77 % du total de la population activeInsee.fr

Le "coeur du salariat" tel que défini ci-dessus, soit les 25-59, représente donc une proportion encore un peu supérieure à ce chiffre. En écartant certaines tranches, l'argumentaire est affaibli, mais il mérite néanmoins réflexion.
1. [La France] était le seul pays qui n'était pas allé dans [la direction de la "flexibilité" au travail] depuis quinze ans. Et quand vous regardez les travaux que font les économistes, le lien entre le niveau de flexi-sécurité dans un pays et le niveau de chômage est quand même édifiant. Si vous prenez les trois pays qui pratiquent le plus la flexi-sécurité aujourd'hui dans le monde industrialisé [...] ce sont les trois pays dans lesquels il y a le moins de chômage : le Danemark, les Pays-Bas, l'Autriche. Si vous prenez les trois pays dans lesquels la flexi-sécurité est la moins développée, ce sont aussi les trois pays dans lesquels il y a le plus de chômage : c'est la France, l'Espagne, le Portugal. Et au milieu vous avez des pays dans lesquels vous avez un niveau de flexi-sécurié intermédiaire, ce sont des pays qui ont un taux de chômage intermédiaire : l'Allemagne, l'Italie, la Suède, le Royaume-Uni, la Finlande. Emmanuel LECHIPRE, France Inter, On n'arrête pas l'éco, 19/01/2013.

A vau-l'eau...

[...] Un groupe social privilégié n’est pas nécessairement décadent et irresponsable. À la différence des nobles français du XVIIIe siècle, attachés à l’exemption fiscale, les classes supérieures anglaises acceptaient une pression fiscale élevéeElles ont conquis le monde. L'oligarchie actuelle est à mille lieues de cet exemple. [...]
Emmanuel TODD, Le Point.fr, 13/12/2011.

Dans le dos...

La Chine a subordonné très nettement son financement des gouvernements européens au maintient d'un euro fort. Y'a eu un deal quelque part fin 2011, entre l'Allemagne, au nom de l'Europe, et la Chine, pour maintenir un euro fort contre le dollar [en contre-partie de ses participations aux achats de dettes de pays européens].
Antoine BRUNET, BFM, 27/12/2012.
Le Japon et la Chine ont tout intérêt à maintenir l'euro fort. En aidant la zone euro, ils cherchent à stabiliser une de leurs principales zones d'exportation [20 % du total des exportations de la Chine]. Le Figaro.fr.

Jeter l'argent par la poubelle...

[...] Du frigo directement à la poubelle comme un aliment sur trois, parfois même un sur deux à l'échelle mondiale. C'est ce que révèle une étude britannique ["Global food : waste not, want not"]. Selon le rapport, la faute aux distributeurs et aux consommateurs dans les pays développés : respect des dates de péremption [trop restrictives], clients qui cèdent aux promotions et qui achètent donc plus qu'il n'en faut, d'autres qui veulent des fruits et légumes zéro défaut.
Canal +, La nouvelle Edition - Le JT, 12/01/2013.
[...] Dans les pays en développement, les pertes de nourriture ont lieu au début de la chaîne d’approvisionnement, entre le champ et le marché, du fait de récoltes inefficaces, d’infrastructures de transport locales inadéquates ou de conditions de stockage inappropriées. Et lorsque le niveau de développement de l'État augmente, le problème se déplace vers l’aval de la chaîne de production avec des déficiences au niveau des infrastructures régionales et nationales. Dans le Sud-Est asiatique, par exemple, les pertes de riz oscillent entre 37 % et 80 % de la production totale en fonction du stade de développement du pays, la Chine se situant par exemple à 45 % et le Vietnam à 80 %.

Bio pas top...

Où Robert Paarlberg fait part de son scepticisme quant à l'intérêt de l'agriculture biologique...
[...] Des critiques gastronomiques influents, des militants et des stars de la restauration entonnent en choeur ce refrain : l'"alimentation durable" de l'avenir doit être bio, locale et lente. Vous savez quoi ? C'est précisément le système dont joui déjà l'Afrique rurale, et il ne fonctionne pas ! Au sud du Sahara, les petits agriculteurs qui utilisent des engrais chimiques sont si rares que leur production est de facto biologique. Les coûts élevés du transport les contraignent à acheter et vendre sur place la majeure partie de leur récolte [...] 70 % des foyers ruraux en Afrique n'ont pas accès aux marchés urbains les plus proches car ils sont, par exemple, situés à plus de trente minutes à pied de la première route praticable en toutes saisons. [...] Quant à la cuisine, elle est terriblement lente. Le résultat n'est pas réjouissant : un revenu moyen de 1 dollar par jour et un risque sur trois d'être malnutri
[...] La conception et l'introduction dans les pays pauvres, au cours des années 1960 et 1970, de graines de blé et de riz à haut rendement, sous l'impulsion de l'Américain Norman Borlaug et d'autres scientifiques, ont eu des retombées très positives. [...] L'Inde, par exemple, a doublé sa production de blé entre 1964 et 1970 et a pu se passer d'aide alimentaire à partir de 1975. Rappelons à ceux qui parlent d'agriculteurs "endettés et mécontents" que le taux de pauvreté dans les campagnes indiennes est passé de 60 % alors, à 27 % aujourd'hui. 
[...] En Amérique latine, où les élites traditionnelles contrôlent étroitement l'accès aux terres fertiles et au crédit, l'arrivée des semences améliorées a creusé les écarts de revenus. [...] Cela étant, même en Amérique latine, le taux de malnutrition a diminué de plus de 50 % entre 1980 et 2005. 
[...] L'American Journal of Clinic Nutrition a récemment publié une synthèse de 162 articles scientifiques parus au cours des cinquante dernières années sur les bienfaits sanitaires du bio ; elle en concluait à l'absence de tout bénéfice nutritionnel
[...] L'agriculture biologique occupe moins de 1 % des terres cultivables aux États-Unis. Si les 99 % qui restent se convertissaient au bio, et donc se passaient de produits chimiques, il leur faudrait consommer une quantité plus grande d'engrais animal. Ce qui obligerait à multiplier par cinq environ les têtes de bétail. Ces animaux devant se nourrir de fourrage biologique, il faudrait dès lors mettre en pâture l'essentiel du territoire américain. Quant à l'Europe, le choix d'une alimentation exclusivement bio se traduirait par une extension de 28 millions d'hectares de la superficie des terres cultivables, l'équivalent des forêts de la France, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et du Danemark réunis. 
[...] L'agriculture ne cesse de devenir plus verte. L'érosion des sols a brusquement ralenti dans les années 1970 grâce à l'introduction de la "technique culturale simplifiée", innovation qui a aussi réduit la consommation de diesel [...] En 2008, l'OCDE a publié un rapport sur la "performance environnementale de l'agriculture" dans les trente pays industriels les plus avancés. [...] La surface dédiée à l'agriculture a baissé de 4 %, les émissions globales de gaz à effet de serre de 3 %, et la surconsommation d'engrais azotés de 17 %. La biodiversité s'est elle-aussi améliorée, avec l'introduction de nouvelles variétés de plantes et de races animales. 
[... Dans tous les pays en développement] l'assistance au secteur primaire s'est révélée être un investissement très rentable. Y compris en Afrique. La Banque mondiale a évalué à 35 % par an en moyenne le taux de rentabilité des fonds placés dans la recherche agronomique sur le continent. Certains investissements ont même atteint des taux de rentabilité de 68 %. Aveugles à ces réalités, les États-Unis ont réduit de 77 % leur aide dans ce domaine entre 1980 et 2006.
Robert PAARLBERG, Foreing Policy (2010).
Books, 01/2013, p. 53.

La note, voulez-vous...

Charles HOFFBAUER, Couple élégant au restaurant.

La couleur du pouvoir...

Où l'on se console en rappelant, qu'évidemment, de tout temps, pouvoir et argent ont toujours été étroitement liés... 
[...] Rome, puis le monde romain, était dirigés par une élite de quelques milliers d'hommes, regroupés en deux ordres (en quelque sorte nobiliaires, mais pas vraiment héréditaires), le Sénat [...] et l'ordre des chevaliers. 
[Leurs membres] n'étaient pas automatiquement recrutés parmi les plus riches des citoyens romains. Mais les uns et les autres devaient posséder un patrimoine (de terres, de bétail, d'esclaves [...]) qui leur permette de tenir leur rang sans travailler [...]. 
[...] Au Ier siècle avant J.-C., ils avaient besoin de dépenser beaucoup d'argent pour être candidats aux élections, à cause des dons qu'il fallait faire aux électeurs, ou à certaines catégories d'entre eux. Certains dons étaient considérés comme légaux, d'autres non. Jean ANDREAU (directeur d'étudesà l'EHESS), p. 14.
[... En France sous la monarchie], la culture politique de l'absolutisme, combinée à la culture financière du secret [...] reste dominante. Tandis qu'en 1694, les Anglais parviennent à convertir un groupe de financiers en actionnaires d'une banque de dépôt, capable d'alimenter le Trésor royal et de publier annuellement des comptes, [en France], l'échec de l'écossais John Law, provoque le retour en grâce des financiers
[Ceux-ci pratiquent] de substantiels jeux de caisse [...] sur le dos de la monarchie [qui n'a pas su mettre en place de réforme comptable sérieuse]. 
[...] Il faut rappeler que ces financiers avaient partie liée, socialement, avec les privilèges, peu enclins à faire évoluer un système fisco-financier dont ils se portaient caution et qui leur était si profitableMarie-Laure LEGAY (Professeur d'histoire à l'université Lille III), p. 27.
[...] Chargés des impôts indirects dont le roi leur déléguait la gestion par bail tous les cinq ans, [les fermiers généraux] firent tous des fortunes considérables. Comme le principe même du bail était de donner au roi un revenu fixe, et de reporter le risque lié aux fluctuations de la consommation sur les fermiers, tous les bénéfices, en période faste, allaient aux seuls fermiers, sous réserve d'un réajustement du montant du bail [...] ou de ponction inopinée par l'État qui se produisait relativement souvent. [...Cependant] nulle malversation dans leur activité [ne fut] reconnue dans les décrets de réhabilitation prononcés après la Révolution [qui guillotina plusieurs fermiers généraux]. Mireille TOUZERY, p. 29.
[...] En 1800, l'ambition des hautes banques parisiennes et l'intérêt de l'État convergent pour créer la Banque de France. Elle est instituée par un décret de Napoléon Bonaparte qui appuie l'initiative des financiers. 
[...] Les Deux-Cents [familles (les 200 plus gros actionnaires de la Banque de France)] élisent les régents au Conseil général. 
[...] La passivité de [cette] assemblée générale correspond à sa composition, faite en majorité d'investisseurs passifs (rentiers, propriétaires, ou retirés des affaires). Par contre, c'est du groupe minoritaire des entrepreneurs actifs que sont issus les régents. [...] Les régents sont indéfiniment rééligibles : ainsi les Vernes et les Mallets occupent le même siège de régent de 1800 à 1936 ! Yves LECLERC (Economiste, auteur), p. 37.
[...] De la monarchie de Juillet, née dans les hôtels cossus de deux régents de la Banque de France, Jacques Laffitte dirigera bientôt le gouvernement, avant d'être remplacé par Casimir Perier. Avec eux, c'est la haute banque parisienne qui triomphe : pour la première fois dans l'histoire de France, des financiers conduisent officiellement la politique du gouvernement. Charles GIOL, p. 39.
[...] Près d'un quart des députés du corps législatif en 1863 appartient aux milieux d'affaires : un record. A l'instar d'Eugène Schneider au Creusot, modèle de patron paternaliste et politique, les Wendel, Dietrich, Gros-Roman, Koechlin, Peugeot, Chagot, Boigues, etc. font vivre le pays, mais l'administrent également, relayant les autorités constituées, et pourvoient à ses besoins en logements, en églises, en écoles et en institutions protectrices. Nicolas STOSKOPF (professeur d'histoire), p. 42.
[...] La IIIe république a connu un enchaînement de scandales politico-financiers des années 1880 aux années 1930. [...] On trouve de nombreuses affaires similaires durant la même période dans les pays voisins. A l'échelle européenne, la mauvaise réputation de la IIIe République ne tient pas vraiment à des pratiques frauduleuses de pouvoir finalement assez répandues, mais bien davantage à la notoriété internationale de certaines affaires, qui ont symbolisées les nouveaux rapports déviants entre pouvoir et argent
[...] Le personnel politique provient pour partie [de nouvelles couches sociales]. [...] Chez plusieurs protagonistes de ces scandales, perçus comme des parvenus dans les affaires, une ascension sociale rapide peut attirer le soupçon [...]. [...] Les élites [d'origines diverses (entrepreneurs, financiers, ingénieurs...)] se fréquentent pourtant dans les salons, les salles de rédaction des journaux, au théâtre ou aux courses. Les sociabilités communes favorisent les services rendus et les petites affaires entre membres de réseaux informels, unis par des intérêts, des amitiés personnelles et des affinités politiques. 
[...] Le scandale des décorations qui touche en 1887 le président de la République Jules Grévy et son gendre Daniel Wilson, met en cause les principes d'égalité et d'émulation dans l'attribution des distinctions. 
[...] Dès les années 1880, l'imbrication des élites économiques et politiques assure stabilité et enracinement à la République. Mais cela rend difficile le partage entre intérêts privés et bien publics, autour des pratiques de favoritisme dans l'attribution de concessions, ou dans le soutient apporté par l'État à des entrepreneurs aux pratiques financières douteuses. C'est en achetant massivement journaux et parlementaires que la Compagnie de Panama obtient, en dépit des informations sur sa situation financière catastrophique, l'autorisation d'émettre des obligations à lots, procédure réservée jusqu'alors aux communes et au Crédit foncier. 
[...] La dénonciation de la corruption de la République, sert [surtout] de véhicule à des idéologies en plein essor, surtout l'antisémitismeFrédéric MONIER (spécialiste de l'histoire politique de la IIIe république), p. 50.
Le Nouvel Observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 10-11/2012.