[...] Cela fait longtemps que les filles réussissent mieux que les garçons les épreuves du baccalauréat et la majorité des étudiants sont désormais des étudiantes. Une fois diplômées, elles ont aussi davantage de chances qu'eux de trouver un travail et deviennent de plus en plus souvent le soutien de famille.
[... Il s'agit certainement] de la plus grande révolution sociale de notre temps.
[... Dans] une étude menée dans cinq pays par le spécialiste James Flynn, le QI des filles de 14 à 18 ans est légèrement supérieur à celui des garçons dans quatre pays sur cinq.
[...] D'ici une génération, les Britanniques ne s’inquiéteront plus du manque de femmes à la direction des entreprises nationales.
[...] Dans tous les pays riches, il y a désormais plus de femmes qui épousent un homme de niveau d'instruction inférieur que l'inverse (28 % contre 19 % aux Etats-Unis en 2007). [...] Au Japon et en Corée, [...] certains hommes recherchent une femme originaire d'une culture garantissant tranquillité et soumission. [...] Le démographe espagnol Albert Esteve, note pour sa part que bien des hommes de son pays préfèrent désormais épouser une immigrée d'Amérique latine ou d'Europe de l'Est : "Pour eux, les Colombiennes sont les Espagnoles d'il y a cinquante ans."
Dans le même temps...[...] Le hook-up est une approche [...] directe, consistant à "ferrer" quelqu'un sexuellement, généralement le temps d'une soirée [...] qui s'est répandu comme un trainé de poudre dans les universités américaines. Il a été initié par les garçons, mais l'avantage est aujourd'hui nettement du côté des filles estime Hanna Rosin. [...] Les sociologues notent que, pour les filles issues de petites villes conservatrices, la découverte de la culture du hook-up est l'occasion d'une rupture au profit d'une vie sociale plus excitante, marquée par une vraie possibilité de carrière et un mariage retardé de dix ou quinze ans.
Sur les campus du pays [Etats-Unis], une femme sur quatre sera violée ou agressée sexuellement avant la fin de ses études, selon un rapport de la justice américaine datant de 2010. Certaines facs font tout pour éviter que les victimes ne portent plainte. Cela donnerait une mauvaise image de l'université. Canal +, L'effet papillon, 06/2013.
[...] Le déclin de la discrimination scolaire et le développement de l'instruction au plus jeune âge permettent aux filles de récolter les fruits de leur maturité plus précoce, de leurs compétences verbales et de leur capacité de concentration.
[...] Comme le montrent les économistes, les jeunes filles ont rapidement repensé leur avenir dès la généralisation de la pilule. Leurs carrières étant moins sujettes à interruption par les grossesses imprévues, elles ont commencé d'investir dans les études et la formation. Leurs parents aussi. Au printemps 2012, un important groupe de recherche américain [Pew Research Center] révélait que les jeunes femmes attachent désormais plus d'importance que les jeunes hommes à la perspective d'une carrière à hauts revenus.
[...] Une étude savante fondée sur des statistiques danoises révèle que les hommes moins bien rémunérés que leur compagne sont plus susceptibles que les autres de suivre un traitement pour troubles de l'érection.
[...] Les données américaines montrent que, en 2010, les femmes non mariées et sans enfants âgées de 22 à 30 ans gagnaient autant que leurs homologues masculins au sein de la population "blanche" et un peu plus au sein de la population "latino". Pour cette catégorie, l'écart habituellement observé entre la rémunération des hommes et celle des femmes a disparu. [...] Les Irlandaises sans enfants, quant à elles, sont payées 17 % de plus, en moyenne, que les Irlandais sans enfants. [...] Et, au Brésil, près d'une femme sur trois gagne davantage que son mari, nous apprend The Economist.
[...] Nos contemporaines [...] renouent avec ce rôle originel de cosoutien de famille [cueillette à la Préhistoire]. L'université est faite pour le cerveau féminin. Car enfin, qu'y fait-on ? On s'y assoit. On y lit. On y écrit et on y parle. Helen FISHER, Bio-anthropologue.
Lyza MUNDI, The Spectator, 07/2012. Books, 06/2013, p. 25.
[...] Selon presque tous les critères, les garçons dans l'ensemble du pays [Etats-Unis], quel que soit le groupe démographique, sont en train de décrocher. Dans le primaire, ils ont deux fois plus de risques de se voir diagnostiquer des troubles de l'apprentissage que les filles, et deux fois plus de probabilités d'être placés dans des classes d'éducation spéciale.
[...] Selon une étude de l'université du Michigan, le pourcentage des garçons disant n'avoir pas aimé l'école a augmenté de 71 % entre 1980 et 2001 [En France, 38 % des garçons disent s'ennuyer à l'école, contre 29 % des filles]. Mais c'est à l'université que l'évolution est la plus manifeste. Dans le premier cycle il y avait, voilà trente ans, 58 % de jeunes hommes ; ils sont désormais en minorité à 43 % en 2010.
[...] Des universitaires, notamment Christine Hoff Sommers, de l'American Enterprise Institute, imputent la responsabilité du décrochage des garçons au dévoiement du féminisme. Dans les années 1990, [...] alors que les filles progressaient clairement et régulièrement vers la parité à l'école, les enseignantes féministes continuaient à les juger défavorisées et leur prodiguaient un maximum de soutien et d'attention. De leur côté, les garçons, dont les performances avaient déjà commencé de péricliter, étaient abandonnés à leur sort, et on laissa leurs difficultés s'aggraver.
La première explication qui a été invoquée, c'est la féminisation massive du corps enseignant. L'instruction dispensée à l'école est identifiée aux rôles féminins. La culture, avec ses objets électifs que sont la lecture, le goût du langage châtié, c'est une affaire de filles, de "meufs", de "pédés". Elle est rejetée par les garçons. Ils se réfugient dans le repli, la contestation, la mise en cause du bon élève, du "bouffon".
[...] Je ne suis pas sûr que les garçons soient intrinsèquement déstabilisés par la concurrence de filles. En revanche, ils doivent forcément ressentir que les valeurs qui comptent au sein de la société actuelle sont des valeurs associées aux femmes : le rôle maternel, le soin, la sollicitude. D'où la tentation de se réfugier dans ces châteaux forts que sont l'informatique, le fric ou encore les spectacles sportifs, hauts lieux de la masculinité encore et toujours triomphante.
Marcel GAUCHET, philosophe et historien, Books, 06/2013, p. 35.
[...] En même temps, le nombre d'élèves par professeur a augmenté, la part dévolue à l'éducation physique et aux sports a diminué, et les récréations longues ne sont plus qu'un lointain souvenir. Ces nouvelles contraintes réduisent les points forts et accentuent les points faibles de ce que les psychologues appellent désormais le "cerveau de garçon", ce comportement agité, brouillon, très agaçant mais parfois brillant, dont les scientifiques pensent qu'il est non pas acquis mais inné.
[... En réalité] le sujet [...] divise les chercheurs. Il n'en reste pas moins que nombre d'arguments plaident en faveur d'une plus grande fragilité du cerveau masculin : [...] troubles liés à l'autisme près de cinq fois plus fréquents chez les garçons, prévalence des troubles de l'anxiété 50 % plus élevée, 80 % des bègues sont de sexe masculin, deux fois plus sujets que les femmes aux maladies mentales graves et se suicident près de trois fois plus. De nombreux troubles psychiatriques sont liés au chromosome X ; [...] l'existence d'un deuxième X chez la femme, exerce peut-être un effet compensateur.
Voir des arguments relativisant ces capacités visuo-spatiales en faveur des hommes >>[...] Presque tous les parents le savent, la plupart des gamines de 5 ans s'expriment mieux et savent reconnaître plus de mots. Les garçons ont une meilleure coordination visuomotrice, mais leurs gestes sont moins précis et certains peinent à contrôler le crayon ou le pinceau.
[...] Il y a trente ans, les féministes faisaient valoir que le comportement "masculin" classique était socialement déterminé ; aujourd'hui, les scientifiques pensent au contraire qu'il résulte de la différentiation chimique du cerveau mâle. [...] Les filles dont la mère a eu un haut niveau de testostérone durant la grossesse sont plus enclines à jouer avec des camions qu'avec des poupées.
[...] Les primates préfèrent s'affronter les uns les autres plutôt que de paraître faibles. Selon les psychologues, c'est exactement le même impératif, dicté par l'évolution, qui pénalise les garçons au collège, et empêche les gamins en échec d'admettre avoir besoin d'aide.C'est l'une des raisons pour lesquelles les jeux vidéo ont une telle emprise sur [les garçons] : il y a constamment de l'action, chacun peut choisir son niveau de défi, et quand on perd, c'est à l'abri des regards.
[...] Confrontés à des images de personnes en pleurs, les filles [de 11 à 18 ans] activent la partie droite du cortex préfontal, comme les adultes. Chez les adolescents mâles, [...] ce sont les deux côtés du cortex qui sont utilisés, ce qui témoigne d'une moindre maturité cérébrale. Le traitement de l'information est en outre plus rapide chez les adolescentes.
[...] A travers l'Amérique, des pédagogues sont en train de ressusciter une vieille idée : séparer les garçons des filles [comme au collège Roncalli de Pueblo, dans le Colorado]. [...] Il est encore trop tôt pour crier victoire, mais [dans cet établissement] les premiers signes sont encourageants : les plus timides des adolescents s'impliquent beaucoup plus.
[...] L'un des indicateurs qui permet le mieux de prédire si un garçon réussira ou non au lycée tient en une seule question : y'a-t-il dans sa vie un homme qui puisse lui servir de modèle ? Trop souvent, la réponse est non. [...] 24 % des enfants américains de moins de 18 ans vivent avec leur mère seule. En France, c'est le cas de 17,7 % des "enfants" de moins de 25 ans.
[... Dans] la Eagle Academy for Young Men de New York [...] presque chaque adolescent a un mentor, un policier, un avocat ou un chef d'entreprise issu du quartier, le South Bronx. L'impact de ce programme a été "abyssal" [selon David Banks son directeur].
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire