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Captation...

[...] Si l'on cumule la croissance totale de l'économie américaine au cours des trente années précédant la crise, c'est-à-dire de 1977 à 2007, [...] on constate que les 10 % les plus riches se sont approprié les trois quarts de cette croissance ; à eux seuls, les 1 % les plus riches ont absorbé près de 60 % de la croissance totale du revenu national américain sur cette période ; pour les 90 % restants, le taux de croissance du revenu moyen a été ainsi réduit à moins de 0,5 % par an. 
[...] La hausse des inégalités a eu pour conséquence une quasi stagnation du pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes aux Etats-Unis, ce qui n'a pu qu'accroître la tendance à un endettement croissant des ménages modestes ; d'autant plus que dans le même temps des crédits de plus en plus faciles et dérégulés leur étaient proposés par des banques et intermédiaires financiers peu scrupuleux, et désireux de trouver de bons rendements pour l'épargne financière injectée dans le système par les catégories aisées.
Thomas PIKETTY, Le capital au XXIe siècle, Seuil, page 469.

On peut mourir une fois sur mille, mais...

La Suède est à 2,1 [décès d'enfant avant l'âge de 1 an] pour mille [naissances vivantes], le Japon à 3. La France fait à peine moins bien que ces références obligées, à 3,4 en 2011 contre 52 pour mille en 1950. Elle réalise cette performance tout en absorbant une immigration souvent venue de pays à la mortalité infantile élevée. Son système de santé est décidément solide. Les Etats-Unis sont à 6 décès avant l'âge de 1 an pour mille naissances vivantes, presque au même niveau que la Pologne.
Hervé LE BRAS, Emmanuel TODD, Le mystère français, Seuil 2013, p. 20.

Trente perdantes...

Des années 1950 aux années 1970, les pays anglo-saxons ont été rapidement rattrapés par les pays qui avaient perdu la guerre. A la fin des années 1970, les couvertures de magazine se multiplient aux Etats-Unis pour dénoncer le déclin américain et les succès des industries allemandes et japonaises. Au Royaume-Uni, le PIB par habitant tombe au-dessous des niveaux de l'Allemagne, de la France et du Japon, voire de l'Italie. Il n'est pas interdit de penser que ce sentiment de rattrapage, voire de dépassement, dans le cas britannique, a joué un rôle majeur dans l'émergence de la "révolution conservatrice". Thatcher au Royaume-Uni, puis Reagan aux Etats-Unis promettent de remettre en cause ce Welfare State qui a ramolli les entrepreneurs anglo-saxons, qui permettrait au Royaume-uni et aux Etats-Unis de reprendre le dessus.
Thomas PIKETTYLe capital au XXIe siècle, Seuil, 2013, page 158.

Start-down...

Pourquoi la France voit-elle son industrie péricliter ? Pourquoi génère-t-elle si peu d'entreprises innovantes ? Les avis des uns et des autres...
Les chefs d'entreprise ont besoin des sécurité fiscale et réglementaire pour investir. [Les] changements de pied incessants sont mortifères. Anne EVENO (propos de M. Jean-Eudes du Mesnil du Buisson), Le Monde, 06/11/2013, Supplément Eco & Entreprises, p. 2.
Les levées de fonds de capital-risque sont dix fois plus élevées aux Etats-Unis qu'en EuropeFleur PELLERIN, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 68.
[...] Les taux de créations d'entreprise de part et d'autre de l'Atlantique ne sont pas très différents, mais les entreprises européennes grandissent difficilement. 
[...] Cette divergence tient en partie au fait que beaucoup de créateurs d'entreprise, côté européen, préfèrent rester petits
Elle tient aussi à des facteurs financiers. Il est impossible de financer des croissances aussi rapides et aussi spectaculaires avec du crédit bancaire
[...] Pour monter dans le train de l'économie de l'innovation, il faut accepter que les champions établis se fassent bousculer. Or, en Europe, on a tendance à [les] protéger [...]. 
Ceux-ci rachètent les start-up, les assimilent, mais souvent aussi les brident
[...] Dans le secteur des biotechnologies, au sud de San Francisco, par exemple, beaucoup de petites entreprises [se sont] établies à peu près au même endroit. [...] Celles qui sont temporairement en difficulté licencient tandis que d'autres embauchent. [...] Cette démographie bouillonnante ne peut fonctionner que si les salariés vont d'une entreprise à l'autre. Ce type d'organisation du marché du travail, très éloigné du modèle de l'emploi stable, est très peu fréquent en Europe. Ce qui ne concourt pas à doper l'innovation. Jean PISANI-FERRY, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 44.

Fiscalité de Ponzi...

Selon une enquête publiée [...] par l'agence Bloomberg, Chesapeake, numéro deux du gaz naturel aux États-Unis, a réalisé 5,5 milliards de dollars de profits avant impôts en vingt trois années d'existence, mais ne s'est acquitté sur cette période que de 53 millions d'impôts sur les bénéfices. Soit 1 % alors que le taux en vigueur aux États-Unis est théoriquement de 35 %. [...] Les sociétés pétrolières ont [en effet] le droit d'inscrire dans leurs comptes les lourds investissements nécessaires à la réalisation d'un puits dans l'année où l'argent est dépensé, plutôt que d'étaler l'amortissement sur la durée d'exploitation du gisement. Ce qui permet à une société qui multiplie les nouveaux forages de différer sans cesse le paiement de ses taxes
[...] Le patron de Chesapeake a touché au cours de la seule année 2008 deux fois le montant versé par son entreprise au titre de l'impôt sur les sociétés en deux décennies.
Antoine de RAVIGNAN, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 45. 

L'exemple Apple...
[...] En 2011, la filiale irlandaise d'Apple (qui centralise les ventes d'iPad, iPhone et d'autres produits) a déclaré 22 milliards de dollars de bénéfices avant impôts et n'a payé que 10 millions d'impôts. [Ainsi] entre 2009 et 2011, 74 milliards de bénéfices avant impôts auraient échappé au fisc américain, rapporte le Financial Times.
Et ce que la défense en dit...
[... Apple] compte [...] insister sur le fait qu'elle a "créé des centaines de milliers d'emplois" et "généré des milliards de dollars de ventes pour les développeurs de logiciels". L'entreprise a contribué à hauteur de 6 milliards de dollars au budget américain en 2012. Elle se dit prête à verser davantage d'argent au Trésor américain si nécessaire. Apple "a d'importantes liquidités à l'étranger car il vend la majorité de ses produits en dehors des Etats-Unis", s'est défendu [Tim Cook] mardi, affirmant qu'il "gère avec attention ses liquidités à l'étranger pour soutenir ses activités internationales dans le meilleur intérêt de ses actionnaires".

Sobriété...

[...] On n'a assisté à aucune "explosion" [des dépenses publiques] au cours des dernières années, comme on l'entend souvent. Entre 2000 et 2012, les dépenses publiques ont augmenté en volume (c'est-à-dire une fois l'inflation déduite) et par habitant de 15 % en France, contre 14,8 % en Allemagne. C'est moins que la moyenne de la zone euro, deux fois moins qu'aux Etats-Unis et trois fois moins qu'au Royaume-Uni
[...] Du côté de l'appareil d'Etat [...] on ne constate là non plus, aucune dérive. [Son] fonctionnement [...] (salaires et consommations intermédiaires du secteur public) pesait 18,5 % du PIB en 2000, période faste pour le secteur privé, et 18,7 % en 2012, malgré la crise. De plus, l'appareil d'Etat français coûte non seulement nettement moins cher que celui des pays scandinaves, mais aussi que celui du Royaume-Uni (23,5 %) et des Etats-Unis (19,9 %). 
[...] En 1997, la France consacrait [...] 7,6 % de son PIB à l'éducation. Une part tombée à 6,9 % en 2011. La dépense d'éducation avait même pour la première fois baissé en volume entre 2010 et 2011 [...]. Une tendance à contre-courant des autres pays de l'OCDE [excepté Israël]. En 2009, [la France, avec 6,3 % de son PIB consacré à l'éducation,] était toujours légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE [6,2 %]. Devant l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne, mais derrière les Etats-Unis, la Suède et la Finlande. Le problème, c'est que malgré cet investissement conséquent, les résultats ne suivent pas... 
[...] La France est loin d'être le pays le plus généreux avec ses chômeurs : les Pays-Bas, par exemple, consacrent une part deux fois plus importante de leur richesse nationale à chaque demandeur d'emploi. [Autriche, Allemagne, Danemark, Finlande, Irlande dépensent aussi plus que la France. Italie, Espagne, Grèce, Portugal et Suède dépensent moins].
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 05/2013, p. 9.

Pourtant, selon le supplément Eco & Entreprise du Monde daté du 16/05/2013, la part des dépenses publiques dans le PIB en France est passée, entre 2001 et 2012, de 51,7 % du PIB à 56,6 % (soit 9,5 % de hausse) contre 47,2 % à 49,9 % en Allemagne (soit 5,7 %) et 47,6 % à 45 % pour la moyenne européenne (soit une baisse de 5,5 %)...

To schiste or not to schiste ?

Sous la surface de l'exploitation des gaz de schiste...
8. En octobre [2012], les Européens payaient ainsi leur gaz 3,3 fois plus cher que les Américains, et les Japonais 4,6 fois plus. Antoine de RAVIGNAN, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 44.
7. S'ils payaient leur gaz au prix auquel les Américains l'achètent, [les Européens] auraient dépensé 155 milliards d'euros de moins en 2012, soit 0,9 % de leur PIB. C'est la différence entre croissance et récession. Thierry BROS (Analyste de marché), Alternatives Economiques, 02/2013, p. 44.
6. Comment peut-on escamoter un tel débat ? [...] Depuis dix ans, le prix du gaz a chuté de 75 % pour les foyers américains, tandis qu'il augmentait de 65 % en France ! Le potentiel français n'a même pas été évalué : certains experts évoquent 5 000 milliards de mètres cubes exploitables en métropole et outre-mer, soit un siècle et demi de consommation. Des dizaines de milliers d'emplois sont à la clef : les Etats-Unis en auront créé, d'ici à 2015, 870 000 grâce à lui. Christine KERDELLANT, L'Express, 11/2012, p. 100.
5. On ne compte plus aux Etats-Unis, les nappes phréatiques polluées et les animaux malades, sans parler des gigantesques saignées sur les paysages [...] mais des normes et des garde-fous pourraient être posés. Christine KERDELLANTL'Express, 11/2012, p. 100.
4. Le conte de fée économique commence lui-même à prendre l'eau : avec la baisse des prix du gaz, certaines compagnies aux actifs dévalorisés se retrouvent en difficulté. La spéculation énergétique est aussi une bulle. Christine KERDELLANTL'Express, 11/2012, p. 100.
3. Aux Etats-Unis, il y a une règle extrêmement précise pour contrôler l'étanchéité du forage, sur 30 000 forages [d'exploitation de gaz de schiste], il y'a eu 2 accidents [de contamination de la nappe phréatique].Claude ALLEGREFrance 3, Ce soir ou jamais, 18/09/2012.
3.1. Claude Allègre, qui dit des choses souvent très intéressantes, devrait en bon scientifique, citer ses sources plus souvent, surtout quand il est à peu près le seul à avancer de tels arguments. Voir par exemple  (2) ou (4).
2. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a étudié l'eau au domicile d'habitants proches des puits de forage destinés à l'exploitation de gaz de schiste. Sur les 17 puits analysés, 11 étaient contaminés par des agents hautement cancérigènes : arsenic, cuivre, métaux lourds... L'Express, 09/2012, p. 38.
1. Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s'interroge. Le Monde.fr
1.1. Trop sensationnelle pour être vraie, cette affirmation a été très vite démentie... Le Monde.fr.

Ici, un rappel des (incroyables...) estimations de réserves d'énergies fossiles dans le sous-sol français >>

Dense...

[... La France] rassemblait en 2012, 2,3 millions d'adultes possédant un patrimoine supérieur à un million de dollars. Un chiffre qui classe notre pays au troisième rang [mondial] derrière les Etats-Unis (11 millions) et le Japon (3,6 millions), et devant l'Allemagne (1,4 millions) et l'Italie (1,2 millions). Avec environ un millionnaire pour 28 habitants, la France présente même la plus grande densité au monde.
Thierry PECH, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 8.

Dons à gogo...

[...] Combien il serait nécessaire de donner pour s'assurer que les plus pauvres aient la possibilité de vivre une vie décente [...] ? 
Une façon de le calculer serait de se référer aux Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU en 2000. D'après ces "objectifs", en 2015 il faudrait avoir divisé par deux la proportion de gens vivant dans une pauvreté extrême (pouvoir d'achat inférieur à un dollar par jour), de ceux souffrant de la faim et de ceux n'ayant pas accès à une eau de qualité ; assuré à tous les enfants l'accès à un enseignement primaire complet ; éliminé la discrimination sexuelle dans l'enseignement ; réduit des deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans et des trois quart le taux de mortalité maternelle ; commencé à réduire l'incidence du sida, du paludisme et des autres grandes maladies. En 2005, un groupe d'experts de l'ONU dirigé par l'économiste Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, a évalué le coût annuel des mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs à 121 milliards de dollars en 2006 et 189 milliards en 2015. 
[...] Les 0,01 % des plus hauts revenus [américains] représentent 14 400 ménages, gagnant chacun en moyenne 12,77 millions de dollars, le total représentant 184 milliards. Le revenu annuel minimum au sein de ce groupe est de plus de 5 millions. Il semble raisonnable de supposer que tous pourraient sans trop en souffrir donner un tiers de leur revenu annuel [...]. 
Si l'on prend le reste des 0,1 % des plus hautes revenus, cela forme un groupe de 129 600 ménages, avec un revenu annuel moyen de 2 millions et un revenu minimum de 1,1 million. S'ils donnaient chacun un quart de leur revenu, cela fournirait 65 milliards, les laissant avec un minimum de 846 000 dollars annuels.
Peter Singer continu ainsi par tranches successives jusqu'aux 10 % des plus hauts revenus...
[...] S'ils donnaient la dîme traditionnelle, 10 % de leur revenu, soit 13 200 dollars en moyenne chacun, cela fournirait environ 171 milliards [de plus] et leur laisserait un revenu minimum de 83 000 dollars. 
[...] Le résultat remarquable des ces calculs est que des dons n'impliquant pas de sacrifices majeurs à quiconque fournissent un total de 404 milliards de dollars, venant de seulement 10 % des foyers américains. 
[...] Étendre au reste des pays riches le schéma que j'ai proposé, fournirait 808 milliards de dollars annuels pour l'aide au développement. C'est plus de six fois ce que le groupe de Sachs jugeait nécessaire pour 2006 et plus de seize fois la différence entre cette somme et les engagements de l'aide officielle.
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006), Books, 03/2013.

Sans intérêt...

Au cours des vingt dernières années, l'expansion du commerce international a aidé beaucoup de pauvres à sortir de la pauvreté, mais elle n'a pas bénéficié aux 10 % les plus pauvres de la population mondiale. Une fraction des extrêmement pauvres [...] n'a rien à vendre qui intéresse les riches, tandis que d'autres manquent des infrastructures qui leur permettraient d'acheminer leurs marchandises jusqu'au marché. Même s'ils parviennent à les acheminer jusqu'à un port, les subventions européennes et américaines font que souvent ils ne peuvent pas les vendre, bien que leur coût de production soit inférieur [...].
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006),
Books, 03/2013.

Pauvrilégiés...

On peut nourrir un doute légitime sur l'ampleur de la misère que connaissent les foyers jugés officiellement pauvres. Aux États-Unis en tout cas, la majorité des personnes considérées comme telles ont accès aux biens essentiels, non seulement le strict nécessaire pour subsister, [...] mais aussi à ces éléments de confort qui sont au monde contemporain ce qu'était la légendaire chemise en lin sans laquelle le journalier d'Adam Smith aurait eu honte d'apparaître en public. 
[...] L'élaboration des statistiques sur la pauvreté est de nature intrinsèquement arbitraire (certains diraient politique). 
[...] Il existe au moins trois raisons d'être septique sur la signification de ces mesures de pauvreté. 
D'abord, toutes ces données révèlent l'ampleur du fossé entre ce que les pauvres gagnent et ce qu'ils déboursent. [Sont exclus, par exemple,] les avantages consentis à ces foyers à travers quatre-vingts programmes soumis à plafond de revenus comme la cantine scolaire, l'aide alimentaire aux personnes âgées, l'aide au logement [...]. Ce fossé reflète en partie un endettement croissant ([...] le surplus des dépenses par rapport au revenu déclaré [est passé] depuis le début des années 1970, de 139 % à environ 212 %), mais aussi la tendance des plus pauvres à ne pas déclarer l'ensemble de leurs revenus. Une proportion significative des bénéficiaires de prestations sociales pratiquent le travail au noir [pour ne pas perdre] ses droits aux allocations
[...] Deuxième motif de scepticisme : la dimension temporelle. [... Par exemple,] entre 2004 et 2007, le revenu des 31,6 % de la population est tombé au-dessous du seuil de pauvreté pendant deux mois ou plus, mais 2,2 % seulement des habitants y sont demeurés au long de ces quatre années. 
[...] Troisième motif : [...] leur niveau d'équipement témoigne de niveaux de consommation plus élevés qu'on ne l'imagine. A l'apogée de la récession de 2009, 40 % des familles officiellement pauvres étaient propriétaires de leur logement : le plus souvent une maison individuelle dont la valeur moyenne avoisinait les 100 000 dollars, avec au moins trois chambres, un porche ou un patio et un garage et une surface moyenne de 450 m² [sic]. C'est la dimension moyenne d'une maison neuve au Danemark et c'est plus que les habitations françaises ou anglaises
[...] Le tableau de la pauvreté qui se dégage ainsi fait apparaître un phénomène à la fois suffisamment important pour que seul un aveugle puisse ne pas le voir et suffisamment faible pour ne pas ressembler à la catastrophe annoncée par les chiffres officiels. A y regarder de plus près, on observe un réel problème d'indigence [estimée entre 2 % et 7 %], qui se cantonne pour l'essentiel à des personnes que leur état physique empêche de travailler. Dès lors, non seulement la question devient plus facile à gérer, mais les solutions prennent une couleur très différente de la seule aide financière. Cet examen plus attentif révèle également que les personnes à faible revenu (tout comme bon nombre des mieux lotis) qui peinent à joindre les deux bouts, luttent en vérité pour satisfaire des désirs de consommation modernes avec leurs maigres ressources. Elles ne livrent pas bataille pour mettre un toit au-dessus de leur tête, des vêtements sur leur dos et de la nourriture sur la table. 
[...] De minutieux calculs faits par Richard Burkhauser et ses collègues de l'université Cornell montrent que, après 1993, nous n'avons pas connu d'augmentation des inégalités au sein des 99 % les moins bien lotis de la population. Face à l'augmentation rapide du revenu des 1 % au sommet, tous les autres ont évolué à un rythme relativement lent. 
[...] On a ainsi dûment remarqué que la plupart des membres du mouvement "Occupy Wall Street" prétendant appartenir aux 99 %, font en réalité partie des 1 % à l'échelle de la planète. 
Certains américains seraient sans doute stupéfaits d'apprendre que la Hongrie est plus égalitaire et compte moins de pauvres (selon l'indice européen) que les États-Unis. La question de savoir se c'est une société plus juste dépend de la manière dont on considère la réalité suivante : à environ 800 dollars, le revenu mensuel médian hongrois se situe aux alentours de 55 % du seuil de pauvreté pour une famille de deux personnes aux États-Unis. 
[...] L'ironie de la chose, c'est que le ressentiment provoqué par les inégalités semble avoir remplacé le souci des pauvres.
Neil GILBERT (2012), The American Interest
Books, 02/2012, p. 50.

Froussard...

[...] Barack Obama s'est rallié à la proposition de Mitt Romney de réduire le coût de l'assurance retraite publique. Comme l'indique Dean Baker, coprésident du CEPR à Washington, la Social Security est un système efficace, peu coûteux et très populaire. En réalité, note Baker, ce qui dysfonctionne aux États-Unis, ce sont les systèmes de retraite privés, qui gardent pour eux jusqu'à un tiers (!) des cotisations des adhérents, et qui versent des pensions aux montants aléatoires
[...] Pour Baker, c'est parce qu'Obama avait peur [...] de déplaire à la pensée unique de "Washington", qui considère les coupes dans les dépenses publiques comme des mesures "courageuses". [...] Peur d'affronter ceux qui n'ont pas besoin de la retraite publique pour leurs vieux jours.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 88.


Conditionnement...

[...] Pendant plusieurs jours, [on] administre à un cobaye un jus de fruit au goût inhabituel, associé à un antihistaminique. Après une pause, [on] réitère l'expérience. Cette fois, le patient reçoit la même boisson, mais accompagnée d'une gélule de placebo. La prise de sang révèle un phénomène surprenant : les anticorps sont plus nombreux, même en l'absence de la substance active antihistaminique. L'organisme a appris à faire la relation entre le goût du jus de fruit et la gélule. Grâce au conditionnement [terme employé par les spécialistes], des médicaments qui n'en sont pas vraiment, peuvent bel et bien influer sur le système immunitaire.
Mais le plus étonnant dans l'histoire...
Cet effet placebo ne repose pas sur l'anticipation et n'est pas orchestré par la conscience humaine. Lors d'expériences semblables menées sur des rats, ceux-ci présentent les mêmes réactions immunitaires.
Sans parler de l'effet placebo des médecins eux-même, que l'on imagine aisément, cet effet est aussi constaté dans le cadre d'opérations chirurgicales...
[...] A ce jour, les Pays-Bas sont le seul pays d'Europe où les opérations placebo sont possibles. Avant l'opération, les patients [sujets à des douleurs consécutives aux opérations dans la région de l'abdomen : les adhérences] qui se sont portés volontaires pour l'essai clinique, apprennent que seule la moitié des participants sera vraiment opérée. L'autre moitié subira seulement une coelioscopie dont les cicatrices ne laisseront aucune trace. Chaque patient doit ensuite être suivi pendant un an. Ni lui, ni son médecin ne savent à quel groupe il appartient [suivi en double aveugle]. Et le résultat a de quoi surprendre. L'étude néerlandaise a pu montrer que dans les deux groupes, y compris dans celui qui n'a pas été opéré, le même nombre de patients ont vu leur douleur soulagée. Aujourd'hui ils ont besoin de moins de médicaments et leurs analyses sont meilleures. Aux États-Unis, une autre étude a aboutit aux mêmes conclusions, cette fois concernant l'arthrose du genou. Une partie des patients a été opérée, une autre a reçu une simple arthroscopie du cartilage. Quant au reste des candidats, les médecins leur ont tout simplement fait croire qu'ils avaient été opérés. Au bout de deux ans, les médecins ont constaté que dans les trois groupes, le nombre de résultats positifs était exactement le même.
Arte, Xenius, 01/02/2013.

On remarquera que le pays européen en avance en ce domaine (proche de l'humain, source potentielle d'économies), est, comme souvent, un pays scandinave...

Vive le gras...

Où, une nouvelle fois, l'industrie pharmaceutique entretient le doute sur une supposée calamité sanitaire et plonge, par là même, la Sécurité sociale dans des abîmes de déficit...
[...] Les statines [molécule prescrite pour réduire le taux de "mauvais" cholestérol] sont le médicament le plus vendu dans l'histoire de la médecine. Pris par 13 millions d'américains, auxquels s'ajoutent une douzaine de millions de patients dans le reste du monde, ils ont représenté un chiffre d'affaire de 27,8 milliards de dollars en 2006. 
[...] Le coût de l'usage massif de statines se chiffre en milliards de dollars par an, si l'on compte, en plus du prix du médicament, les visites chez le médecin, les tests de niveau de cholestérol, et d'autres examens. 
[...En France] on peut évaluer le coût global pour la Sécurité sociale à deux milliards d'euros en 2011. Il est en baisse en raison de l'arrivée des génériques, mais les génériques coûtent deux fois plus cher en France qu'en Grande-Bretagne. 
Or...
[...] Nombre de chercheurs mettent en doute le besoin de faire baisser le taux de cholestérol
[...] Les données actuelles invitent à ne pas se préoccuper du tout de son taux de "mauvais cholestérol". Rodney Hayward (Université du Michigan). 
[...] Dans le seul grand essai clinique financé sur fonds publics et non par l'industrie, aucun bénéfice statistiquement significatif n'a été trouvé.
[...] La répartition des taux de cholestérol chez les malades cardiaques est le même que dans la population générale. Philippe EVEN (ancien doyen de la faculté de médecine Necker). 
[...] Les Espagnols ont un niveau de cholestérol LDL [le "mauvais cholestérol"] comparable à celui des Américains, mais leur taux de maladie cardiaque est plus de deux fois inférieur. Les Aborigènes australiens ont un bas taux de cholestérol mais un taux élevé de maladie cardiaque. 
[...] Les habitants de l'Hexagone [font] deux à trois fois moins d'infarctus que les Américains ou les Anglais alors que leur niveau de cholestérol est identique et qu'ils mangent plutôt plus de graisses animales.[...] La principale explication reste [...] que la consommation de vin par les Français les protège un peu de l'infarctus
[... Dans une étude récente dont les résultats ont été retardés par l'industrie pharmaceutique] les patients qui ont reçu le médicament qui fait le plus baisser le taux de cholestérol ont vu leur degré d'athérosclérose [accumulation dans la paroi des artères d'un des deux transporteurs du cholestérol (une lipoprotéine)] progresser davantage. 
[...] Dès 1959, des chercheurs américains et japonais ont montré que l'aorte des Japonais avait autant d'athérosclérose que celles des Américains. Or les Japonais avaient un bas taux de cholestérol. 
[...] Une étude de 1962 montre que manger des aliments riches en cholestérol, comme les oeufs, n'augmente pas le taux de cholestérol dans le sang. 
[...] Une étude indienne de 1967 [...] sur plus d'un million d'employés des chemins de fer indiens pendant cinq ans [a montré que] la mortalité cardiaque était près de sept fois plus élevée à Madras qu'au Pendjab, alors que les habitants du Pendjab absorbent presque dix-huit fois plus de graisses, principalement d'origine animale. [...] Le taux de cholestérol des guerriers nomades Masaï est le plus bas jamais mesuré, alors que 60 % des calories qu'ils absorbent sont dérivées de graisses saturées. En 1975, un chercheur anglais s'est demandé ce qu'il en était de Masaï urbanisés de Nairobi. Réponse : alors que leur alimentation comportait beaucoup moins de graisses animales, leur taux de cholestérol avait grimpé de 25 %. [...] Plus de trente autre études ont montré que les malades cardiaques ne se sont pas plus nourris que les autres de graisses animales. Huit études ont même montré que les victimes d'attaque cérébrale ont moins pris de graisses saturées que les autres. Et aucune étude n'a montré que la maladie cardiaque serait plus fréquente dans les pays où l'on mange plus de graisses saturées. Uffe RAVNSKOV (Médecin et chercheur danois). 
[...] Les statisticiens disent que le "nombre de sujets à traiter" (NST) pour qu'une personne tire un bénéfice [du Lipitor de Pfizer, une statine] est de 100. [...A titre de comparaison, le NST du] traitement antibiotique [...] contre l'ulcère à l'estomac [...] est de 1,1. Pour 11 malades qui reçoivent l'antibiotique, dix sont guéris. 
[...] Les statines sont en usage depuis vingt ans et on ne voit guère de réduction du NST à mesure que la durée du traitement s'allonge. 
Mais alors, d'où ça sort ?
[...] Le dogme s'est installé dès les années 1960, en raison de l'énorme succès de deux études qui ont été prises pour argent comptant : l'étude dite des "six pays" publiée par l'Américain Ancel Keys en 1953 et la grande enquête américaine dite de Framingham [...] en 1961. Tronquée et fallacieuse, l'étude des "six pays" prétendait montrer que la maladie cardiaque était directement corrélée aux taux de graisses animales dans l'alimentation. Les responsables de l'étude de Framingham, eux, prétendaient apporter la preuve que le risque d'infarctus est lié à un taux de cholestérol élevé, alors même que les données qu'ils avaient compilées démontraient le contraire. Uffe RAVNSKOV (Médecin et chercheur danois).
Et pourquoi ça continue ?
[...] Il est presque impossible d'éviter de tomber sur une publicité rappelant que ces médicaments [les statines] sont vitaux. 
[...] La publicité est souvent mensongère ou biaisée
[...] Les principaux essais cliniques qui ont servi à justifier la prescription des statines ont fait l'objet de différentes formes de trucages et de manipulations par les industriels qui les ont commandités. [...] Le témoignage [de Barbara H. Roberts, profosseure associée à Brown University, The truth about statins, Gallery Books, 2012] est d'autant plus intéressant qu'elle a elle-même participé à certains de ces essais.
[...] Les principaux universitaires américains qui défendent la cause des statines sont rémunérés par l'industrie
[...] L'essai avait été stoppé après moins de deux ans, soit deux ans avant le terme prévu, ce qui était en l'occurrence, contraire aux bonnes pratiques cliniques. [...] Dans le rapport, les chiffres de la mortalité cardiovasculaire étaient masqués ! [...] Les chiffres présentés étaient cliniquement impossibles. Contradictoires. [...] Cerise sur le gâteau : les courbes de mortalité avaient été grossièrement falsifiées. Michel de LORGERIL (Cardiologue, chercheur au CNRS). 
Les malades recrutés sont de fait, bien souvent, des malades idéaux, sans grand rapport avec le monde des malades réels. [...] Une autre méthode [pour biaiser les études] consiste à réduire le nombre des années mais à augmenter le nombre de malades, en faisant croire que cela revient au même. Philippe EVEN (ancien doyen de la faculté de médecine Necker). 
[...] Pfizer [fabriquant du Lipitor] objecte que [...] si des millions de gens prennent des statines, même le petit avantage procuré par un NST supérieur à 100 signifierait que l'on évite ainsi des milliers d'attaques cardiaques. 
[...] L'industrie et les autorités de santé minimisent les effets secondaires des statines. [...] On évalue à 10 à 15 % la proportion des usagers de statines souffrant d'effets secondaires, notamment de douleurs musculaires, des troubles cognitifs et des dysfonctionnements sexuels.
Et le comble...
[...] Le cholestérol LDL fait parti d'un système immunitaire méconnu. Les lipoprotéines LDL qui transportent le cholestérol captent aussi les toxines bactériennes et virales et les inactivent. De fait, des études portant sur des dizaine de milliers de sujets ont montré qu'un bas taux de cholestérol est un facteur de risque pour les maladies infectieuses. Et plus de vingt études montrent que les personnes âgées ayant un taux de cholestérol élevé ont une plus grande espérance de vie que la moyenne. Uffe RAVNSKOV (Médecin et chercheur danois). 
[...] Ce qui marche vraiment, c'est le mode de vie, l'exercice, une alimentation saine et la réduction du poids. [...] Ces remèdes ont aussi un NST élevé, mais leur coût est beaucoup moins élevé que celui des médicaments, et ils améliorent la qualité de vie. Jerome HOFFMAN (Université de Los Angeles).
Mais tout n'est peut-être pas perdu...
C'est peut-être en train de changer, cependant. L'industrie pharmaceutique va mal : tarissement des découvertes, expansion des génériques, amandes gigantesques pour ses falsifications. Et la FDA américaine, qui mène le jeu réglementaire, se fait de plus en plus exigeante. Elle impose désormais aux industriels de déposer à l'avance tous les détails de l'organisation de l'essai projeté, y compris les modalités d'arrêt. On dit qu'elle va leur imposer de permettre l'accès libre à l'ensemble des données réelles de chaque essai. Philippe EVEN (Ancien doyen de la faculté de médecine Necker).
Books, 02/2013, p.24 - 43. 

Croisée des chemins...

Si on regarde sur le long terme, depuis les Trente Glorieuses, l'évolution de la croissance, on a une courbe logarithmique avec une asymptote, une limite. On s'aperçoit que les économies occidentales et singulièrement l'économie américaine sont à leur asymptote. Le PIB nominal américain, est quasiment à son maximum et qu'il ne pourra continuer à évoluer et s'accroître que s'il y a un véritable choc technologique. Et donc le véritable enjeu dans les profits de ces entreprises c'est que vont-elles faire de leurs profits ? Est-ce que ça va servir à créer la révolution technologique de demain ou est-ce que ça va être des retraites dans des fonds de pension ?
Jean-Marc DANIEL, BFM, 27/12/2012.

La question posée est très intéressante et séduisante mais, chose étonnante, il est impossible de trouver une courbe du PIB américain qui matérialise ce tassement de la croissance dont parle Jean-Marc Daniel. Voici à quoi elle ressemble quelle que soit les sources, ici d'après un article du (très bon) site d'Olivier Berruyer...

Si l'on exclu la baisse depuis 2007, la tendance "lourde" depuis les Trente Glorieuses ressemble plutôt à une exponentielle et non à une courbe logarithmique.
Pourtant, et c'est le plus étrange de l'affaire, l'évolution du taux de croissance par habitant sur cette période, diminue ! La courbe du PIB devrait donc effectivement "se tasser" avec le temps...

Après demande d'éclaircissement dans les commentaires de l'article, Olivier Berruyer répond qu'il s'agit d'un effet d'optique et qu'il faut zoomer sur la période 1960-2010 pour s'apercevoir que la courbe est bien logarithmique...
Voici un montage rapide avec le graphique 1800-2010 ci-dessus zoomé sur la période 1960-2010 avec en superposition le taux de croissance...


Toujours pas d'asymptote en vue... On pourrait à la rigueur approximer à une tendance linéaire (droite bleue), mais cela ressemble décidément plus à une courbe en cloche inversée (exponentielle donc). Pourtant les variations du PIB sont bien en phase avec celles du taux de croissance. Mais on ne voit toujours pas comment la courbe du PIB peut tendre à "s'envoler" alors que son taux de croissance va diminuant (observer la moyenne décennale en rouge clair)...

Ci-dessous, en passant, ce PIB américain depuis 1947 avec quelques repères historiques...

On note que pour Jean-Pierre Chevallier, "depuis l'après-guerre, la croissance du PIB réel est constante et régulière"...

Virage...

La protection des salariés  français contre les licenciements individuels reste [...] selon l'OCDE, sensiblement plus limitée qu'en Suède, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais aussi qu'en République tchèque, en Russie, en Inde ou encore en Chine. Rien d'exceptionnel donc dans la situation française de ce côté-là. 
[...] Du côté de licenciements collectifs [...] il y a certainement des choses à améliorer, notamment sur le plan des délais et de la sécurité juridique, mais l'OCDE situe au contraire clairement la France parmi les pays les moins protecteurs sur ce plan. En Italie, en Belgique, en Suède, an Allemagne, en Pologne, en Chine, au Royaume-Uni et même aux Etats-Unis, les contraintes qui pèsent sur les entreprises en cas de licenciement collectif son sensiblement plus importantes qu'en France.

Bio pas top...

Où Robert Paarlberg fait part de son scepticisme quant à l'intérêt de l'agriculture biologique...
[...] Des critiques gastronomiques influents, des militants et des stars de la restauration entonnent en choeur ce refrain : l'"alimentation durable" de l'avenir doit être bio, locale et lente. Vous savez quoi ? C'est précisément le système dont joui déjà l'Afrique rurale, et il ne fonctionne pas ! Au sud du Sahara, les petits agriculteurs qui utilisent des engrais chimiques sont si rares que leur production est de facto biologique. Les coûts élevés du transport les contraignent à acheter et vendre sur place la majeure partie de leur récolte [...] 70 % des foyers ruraux en Afrique n'ont pas accès aux marchés urbains les plus proches car ils sont, par exemple, situés à plus de trente minutes à pied de la première route praticable en toutes saisons. [...] Quant à la cuisine, elle est terriblement lente. Le résultat n'est pas réjouissant : un revenu moyen de 1 dollar par jour et un risque sur trois d'être malnutri
[...] La conception et l'introduction dans les pays pauvres, au cours des années 1960 et 1970, de graines de blé et de riz à haut rendement, sous l'impulsion de l'Américain Norman Borlaug et d'autres scientifiques, ont eu des retombées très positives. [...] L'Inde, par exemple, a doublé sa production de blé entre 1964 et 1970 et a pu se passer d'aide alimentaire à partir de 1975. Rappelons à ceux qui parlent d'agriculteurs "endettés et mécontents" que le taux de pauvreté dans les campagnes indiennes est passé de 60 % alors, à 27 % aujourd'hui. 
[...] En Amérique latine, où les élites traditionnelles contrôlent étroitement l'accès aux terres fertiles et au crédit, l'arrivée des semences améliorées a creusé les écarts de revenus. [...] Cela étant, même en Amérique latine, le taux de malnutrition a diminué de plus de 50 % entre 1980 et 2005. 
[...] L'American Journal of Clinic Nutrition a récemment publié une synthèse de 162 articles scientifiques parus au cours des cinquante dernières années sur les bienfaits sanitaires du bio ; elle en concluait à l'absence de tout bénéfice nutritionnel
[...] L'agriculture biologique occupe moins de 1 % des terres cultivables aux États-Unis. Si les 99 % qui restent se convertissaient au bio, et donc se passaient de produits chimiques, il leur faudrait consommer une quantité plus grande d'engrais animal. Ce qui obligerait à multiplier par cinq environ les têtes de bétail. Ces animaux devant se nourrir de fourrage biologique, il faudrait dès lors mettre en pâture l'essentiel du territoire américain. Quant à l'Europe, le choix d'une alimentation exclusivement bio se traduirait par une extension de 28 millions d'hectares de la superficie des terres cultivables, l'équivalent des forêts de la France, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et du Danemark réunis. 
[...] L'agriculture ne cesse de devenir plus verte. L'érosion des sols a brusquement ralenti dans les années 1970 grâce à l'introduction de la "technique culturale simplifiée", innovation qui a aussi réduit la consommation de diesel [...] En 2008, l'OCDE a publié un rapport sur la "performance environnementale de l'agriculture" dans les trente pays industriels les plus avancés. [...] La surface dédiée à l'agriculture a baissé de 4 %, les émissions globales de gaz à effet de serre de 3 %, et la surconsommation d'engrais azotés de 17 %. La biodiversité s'est elle-aussi améliorée, avec l'introduction de nouvelles variétés de plantes et de races animales. 
[... Dans tous les pays en développement] l'assistance au secteur primaire s'est révélée être un investissement très rentable. Y compris en Afrique. La Banque mondiale a évalué à 35 % par an en moyenne le taux de rentabilité des fonds placés dans la recherche agronomique sur le continent. Certains investissements ont même atteint des taux de rentabilité de 68 %. Aveugles à ces réalités, les États-Unis ont réduit de 77 % leur aide dans ce domaine entre 1980 et 2006.
Robert PAARLBERG, Foreing Policy (2010).
Books, 01/2013, p. 53.

Falaise militaire...

Avec 4,8 %du PIB, le budget militaire des États-Unis est, proportionnellement, à peu près trois fois supérieur à celui des autres pays développés, et on peut aisément soutenir que le complexe militaro-industrialo-parlementaire a ruiné l'Amérique.
[Dans] un rapport rédigé en 1965 par l'industriel britannique Donald Stokes [qui avait conseillé le ministère de la Défense dans le domaine des contrats d'armement] : "Bon nombre de ventes d'armes ont été réalisées non parce que quelqu'un souhaitait s'en procurer, mais à cause de la commission qui serait verser en cours de négociation." [...] Les fournisseurs du département américain de la Défense comptent avant tout sur les gigantesques besoins du Pentagone, l'électoralisme et la réticence des parlementaires à contrôler vraiment les processus d'approvisionnement. Les excès, comme ce marteau à 7 dollars, facturé 435 dollars..., ne cessent de transparaître sur la place publique, mais les enquêtes sur les pratiques illégales se traduisent pour les firmes impliquées par des amendes équivalent à une petite tape sur la main. Et rien ne change : les guerres d'Irak et d'Afghanistan ont été l'occasion de folles emplettes insuffisamment contrôlées. La demande de 33 milliards de dollars supplémentaires, faite en 2007 au titre de l'Iraq Supplementary Bill, fut justifiée par cinq pages de texte seulement. Linda Bilmes, de Harvard, eut alors ce commentaire laconique : "A mon humble avis, en tant que professeur de finances publiques, [...] ce n'est pas la meilleure façon de fonctionner pour le système budgétaire américain."
Alex DE WAAL (The Times Literary Supplement, 2012), Books, 01/2013, p. 50.

Freakstory...

On doit à Robert Fogel [prix Nobel d'économie 1993] deux études importantes. L'une sur le rôle des chemins de fer dans la croissance économique des États-Unis au XIXe siècle, l'autre sur la rentabilité de l'esclavage. Sur la base d'une quantité colossale de documentation chiffrée, Fogel calcule ce qu'aurait été la croissance américaine si le chemin de fer n'avait pas existé. Résultat : à peine une différence de 5 %. "Aucun innovation, considérée isolément, n'a été vitale pour la croissance que XIXe siècle", dit-il. 
[...] S'agissant de l'esclavage, Fogel s'attaque à une autre idée reçue : l'esclavage a disparu parce que c'était un système économique inefficace. En utilisant les mêmes méthodes économétriques [la cliométrie], il réussit à prouver, chiffres à l'appui, exactement le contraire. L'esclavage était un système efficace et rentable... C'est donc la politique qui, cette fois-ci, a dicté sa loi. [...]