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Céréaliriziculture...

[Selon Thomas TALHELM, doctorant en psychologie sociale à l'université de Virginie aux Etats-Unis] les différences culturelles [entre populations d'Occident et d'Extrême-Orient asiatique] trouveraient en partie leur fondements dans... la céréaliculture
[...] La riziculture demande une importante coopération entre agriculteurs [...]. Au fil du temps, ce besoin de coopération aurait favorisé le développement de valeurs collectivistes dans cette région. 
[...] A l'inverse, la culture du blé, assistée depuis plus de deux mille ans par la traction animale, ne nécessite pas une telle coopération entre agriculteurs. Dès lors, ce type de d'agriculture aurait permis l'émergence de valeurs plus individualistes
[...] Mais ce n'est pas tout. Ces valeurs opposées auraient ensuite induit une deuxième différenciation [...] concernant [...] le mode de réflexion. 
Côté occidentaux, l'individualisme aurait favorisé une réflexion de type analytique : elle consiste à attribuer des propriétés aux objets afin de les ranger dans des catégories, indépendamment de leur contexte. 
Côté Sud-Est asiatique, le collectivisme aurait poussé au développement d'une pensée plutôt holistique, c'est-à-dire d'un mode de réflexion organisé "autour des relations plutôt que des catégories, des systèmes plutôt que des objets, le tout marquant une plus grande attention au contexte". 
[...] Les habitants de provinces chinoises cultivant du riz ou du blé ont été soumis a des tests psychologiques... 
1. [...] Les habitants des zones rizicoles favorisent à 88 % leurs amis, contre 61 % seulement dans les régions à blé. 
2. Plus une région cultive de riz, plus son taux de divorce a de chances d'être faible. Et inversement dans le cas de la culture du blé. 
3. A Pékin, ville située dans une région cultivant du blé, près de 20 % des clients déplacent la chaise [mise en travers de leur passage dans un café], préférant adapter leur environnement à leurs besoins. 
4. Dans les régions rizicoles, les associations se font sur la base de relations fonctionnelles (lapin,carotte), alors que dans celles qui cultivent le blé, elles se font par catégorie (lapin, chien) [quand il s'agit d'identifier l'intrus dans "chien, lapin, carotte"].
Elsa ABDOUN, Science & Vie, 12/2014, page 84.

Panne selon Robert GORDON...

Les raisons structurelles de la baisse progressive du taux de croissance dans les pays riches selon Robert GORDON...

Démographie...
La seconde moitié du XXe siècle a profité de l'arrivée des femmes sur le marché de travail, ce qui a permis, pour un même niveau de population, d'accroître le nombre d'heures travaillées. Un beau soutient à la productivité. Pour les décennies qui viennent, ce dividende démographique ne joue plus. A l'inverse, le vieillissement des populations et leur longévité accrue vont se traduire, à un niveau de population donné, par une baisse du nombre d'heures travaillées.
Education...
La capacité des personnes au travail à produire mieux tient en partie à leur niveau d'éducation
Inégalités...
Des écarts de richesse croissants se traduisent par une paupérisation relative de plus en plus forte d'une partie importante de la population, ce qui accroît les mauvais résultats à l'école [...]. Là encore, la capacité à produire plus et mieux s'ne trouve affectée.
Etat-providence...
Le niveau d'endettement des Etats va les obliger à raboter leur degré d'intervention sociale. Les ménages les moins favorisés seront de moins en moins aidés ce qui contribuera à les laisser dans une situation précaire. Une évolution qui renforcera les inégalités et leurs effets négatifs sur la productivité.
Mondialisation...
La montée en puissance des pays émergents entraîne à la fois des délocalisations et des pertes d'emplois en même temps qu'une pression à la baisse sur les salaires du nord [... et entretint ainsi] la hausse des inégalités.
Environnement...
[...] La lutte contre le réchauffement va imposer des normes de production dont les coûts réglementaires vont croître. L'évolution technologique permettra peut-être de passer à des systèmes de production plus économes en énergie mais cela réclamera des investissements en capital très importants [mais dont] les effets sur la productivité n'auront rien à voir avec ce qu'il s'est passé il y a un siècle, lorsque le réfrigérateur a remplacé les pains de glace ou la voiture, le cheval.
Christian CHAVAGNEUX, Alterntives Economiques, 09/2014, p. 60.

Plus de place...

La France arrive en dernière position au sein de l'Union européenne pour le poids de la fiscalité environnementale dans ses recettes fiscales.
Eloi LAURENT, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 79.

Agro-écologie, ou pas...

Sous la surface des pratiques agricoles  et de leur impact écologique. Sous la surface de l'écologie, et son impact sur l'agriculture...
5. La surface totale des surfaces agricoles disponibles sur Terre stagne depuis 1991 et est même repassée sous les 1,4 milliards d'hectares. Manuel DOMERGUE, Alternatives EconomiquesHors-Série n°97, p. 60. 
4. L'agriculture a doublé sa consommation d'eau depuis 1960 et triplé ses prélèvements sur les stocks d'eau non renouvelables dans les nappes phréatiques. Thierry PECH, Alternatives Economiques09/2012, p. 33. 
3. Il faut à peu près une tonne d'eau pour produire un kilo de céréales, quelle que soit la céréale. Pour produire un kilo de poulet, il faut quatre tonnes d'eau. Pour produire un kilo de porc, il faut six tonnes d'eau. Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012. 
2. [...] Les terres arables se font plus rares : on comptait 0,35 hectare par personne en 1960, contre 0,2 aujourd'hui, soit un tiers de moins. Thierry PECH, Alternatives Economiques, 09/2012, p. 33. 
1. 10 000 mètres carrés de terres agricoles disparaissent chaque seconde dans le monde (dont 25 mètres carrés en France). Alternatives Economiques, 07-08/2012, p. 99.

Opulence...

Sous la surface de  l'apparition des inégalités : les contraintes démographique et écologique...
Dans un régime de chasseurs-cueilleurs nomades [mode de vie de nos ancêtres du paléolithique], [...] Chacun sait où trouver de quoi se nourrir et de quoi nourrir les siens. Chacun sait fabriquer un arc, ou sait fabriquer quelque objet utile qu'il échangera avec celui qui fabrique de meilleurs arcs. L'incitation principale qui pousse à acquérir en quantité les terres arables, les charrues ou les attelages, n'existe pas parce qu'il n'existe pas de gens suffisamment démunis auxquels on pourra les louer et en tirer un profit ou une rente.
Alain TESTART, Avant l'histoire, Gallimard 2013, p.273.

Pour Alain Testart, le profit, est une conséquence des inégalités.

Indécis...

[...] Le plus inquiétant, c'est même pas de sortir du nucléaire, parce que le nucléaire, [de fait], on en sort tout doucement parce qu'on n'a rien décidé.
[...] Les gouvernants ont décidé, en bon gouvernants actuels, de ne rien décider, c'est-à-dire de tout confier aux marchés. Alors qu'on sait très bien à quel point le marché est efficient pour, évidemment, baisser le prix de l'énergie qui n'a jamais cessé d'augmenter depuis que le marché, en particulier de l'électricité, a été libéralisé. On sait très bien que cette libéralisation a asséché les comptes d'EDF qui, plutôt que d'investir dans l'entretien des centrales nucléaires, a été incitée à acheter des centrales à droite à gauche, ce qui a plombé ses comptes. Et puis le marché du carbone, on sait à quel point il est efficace. Ça a rapporté des milliards aux fraudeurs [récupération frauduleuse de TVA], ça a coûté 1,5 milliards sans doute, à l'État français ; y'a toujours pas de procès d'ailleurs... 
[...] En tenant compte des 40 ans [durée de vie des réacteurs dont il est question], il y'aura [...] 22 réacteurs de 900 MWh chacun qui vont devoir fermer. 2020, c'est dans sept ans. 22 réacteurs de 900 MWh, ça fait 20 GWh en moins. On va les remplacer par quoi ? Ce qu'il y a de terrifiant dans le problème actuel, c'est que personne n'a décidé de quoi que ce soit. On est un pays qui en douze ans, entre 1979 et 1991 a fabriqué 45 réacteurs nucléaires. 80 % de notre capacité nucléaire a été érigée en douze ans aux frais du contribuable et aux frais de nos factures. Et on s'est endormi sur nos lauriers et aujourd'hui on est incapables de décider quoi que ce soit. La "nucléocratie", si j'ose dire, n'a même pas été dans sa logique qui aurait dû la pousser à continuer régulièrement à fabriquer des réacteurs. [...] On a fait un EPR, mais parce qu'on a perdu du savoir faire, on n'arrive pas à le faire. Y'a même pas de décisions pour remplacer concrètement ces 20 GWh par d'autres sources de production d'énergie. 
Frédéric DENHEZ, France Inter, CO2 mon amour, 25/05/2013.

Vert de travail...

Sous la surface de la transition écologique : les emplois perdus, les emplois gagnés...
5. [...] Quand l'électricité sera produite par des éoliennes en mer, la production coûtera trois ou quatre fois plus, soit 100 000 € de plus [des 40 000 euros environ que coûtent au consommateur 1 GWh d'électricité nucléaire]. HPrevot.fr.
Henri Prévot ne prend pas en considération les possibilités d'économie et de sobriété énergétiques, prônées par exemple par l'association négaWatt. Voir 3...
[...] Dans l'industrie, la valeur ajoutée moyenne par personne employée est de 100 000 €. 
[...] Cette différence de 100 000 € permet [donc] de rémunérer pendant un an un emploi de plus que lorsque l'électricité est nucléaire. 
[...] Si les consommateurs avaient acheté de l’électricité nucléaire, ils auraient utilisé ces 100 000 € à autre chose. 
[...] Le ministre de l'Education nationale nous a dit que la suppression de 16 000 postes d'enseignants diminue les dépenses salariales de son ministère de 380 millions d'euros par an. Les 100 000 € dépensés en plus permettraient donc de maintenir à leur poste 4 enseignants pendant un an. Le même calcul donnera des résultats du même ordre pour les éducateurs ou des policiers ou encore 2 ou 3 chercheurs. 
[...] Nous consommons aujourd'hui 400 TWh (400 000 GWh) nucléaires par an. En remplacer la moitié par des éoliennes et du photovoltaïque créerait donc 200 000 emplois nets dans le secteur de l'énergie sans production supplémentaire d'électricité et détruirait des emplois (ou, ce qui revient au même, empêcherait d'en créer) au nombre de 400 000 à 500 000 dans d'autres secteurs fort utiles à notre société. 
L'association négaWatt aboutit à de tout autres résultats. Voir 4...
Et je ne compte pas les emplois qui seront perdus lorsque la hausse du prix de l'électricité aura rendu notre industrie moins compétitive. HPrevot.fr.
Sur le sujet de l'industrie, l'association négaWatt reconnaît que "la transition énergétique va de pair avec une profonde évolution de l’industrie [...]".
4. La mise en œuvre du scénario négaWatt aboutit à un effet positif sur l’emploi, de l’ordre de 240 000 emplois équivalent temps-plein en 2020 et 630 000 en 2030. Nous étudions la sensibilité des résultats aux hypothèses sur les prix de l’énergie importée, l’évolution de la productivité du travail, la répartition du coût entre ménages et administrations publiques, et enfin l’arbitrage consommation-épargne. L’effet sur l’emploi reste largement positif dans tous les cas. NegaWatt.org.
3. [... Le scénario négaWatt repose en particulier sur] une politique très volontariste de sobriété et d’efficacité énergétique, aboutissant à une diminution en 2050 de la demande en énergie primaire de 65 % par rapport à la situation en 2010 : l’exploitation du « gisement de négaWatts » permet de faire les 2/3 du chemin ! NegaWatt.org.
2. [...] La mise à niveau de sûreté « post-Fukushima » des 58 réacteurs français, qui engloutirait près de 60 milliards d’euros sans qu’un seul KWh supplémentaire soit produit ! Mise dans la compensation du « surcoût » actuel du photovoltaïque, cette somme permettrait de financer une production d’électricité solaire supérieure à un an de production de tout le parc nucléaire français ; investie en totalité dans la construction de systèmes photovoltaïques elle permettrait de produire plus de 20 TWh par an dès aujourd'hui et pour au moins 20 ans. Dans les  deux cas, elle contribuerait à accélérer la baisse des coûts vers la compétitivité du photovoltaïque. NegaWatt.org.
1. On évalue, pour l'ensemble du parc nucléaire français, le nombre d'emplois nécessaires [au démantèlement] à à peu près 6 000. Françis SORIN, France Inter, Le téléphone sonne, 29/08/2012.

Naissance de l'inégalité. L'invention de la hiérarchie - Brian Hayden.

[...] Comment et pourquoi l'inégalité est née des communautés égalitaires qui l'ont précédée ? Page 5. 
Contrairement à ce que l'on pensait au début du XXe siècle, le mouvement vers l'inégalité n'est pas lié à la production de la nourriture puisqu'il apparaît plusieurs millénaires avant l'agriculture. Page 6. 
Selon le paradigme des Lumières, la phase qui suit l'égalitarisme primitif se caractérise par la garde des animaux et l'établissement d'un contrôle politique au niveau de la parenté mais sans propriété privée. La phase suivante voit le développement de l'agriculture et l'institution de la propriété privée des ressources (en particulier de la terre), en même temps que la vie sédentaire, la division du travail, l'échange, le gouvernement de la communauté et les lois. On considère alors que c'est au cours de cette phase agricole que d'importantes inégalités apparaissent. La phase finale, dans ce schéma, aboutit à l'émergence de la civilisation. Page 8. 
Certains, comme Voltaire et Condorcet, estimaient que la pensée rationnelle (le raisonnement) et le désir d'améliorer son sort étaient à même d'élever le peuple jusqu'aux plus hauts sommets du progrès (impliquant un surcroît de richesse et de loisir) pour culminer en des civilisations complexes : ainsi la principale source des inégalités serait, avec l'environnement politique dans lequel on naît, l'éducation. Page 9. 
Pour d'autres, comme Turgot, ministre des finances sous Louis XV, et John Millar, l'adoption du pastoralisme et de l'agriculture seraient aussi des facteurs importants qui auraient entraîné l'augmentation démographique, les surplus, la propriété, les villes, le commerce, la division du travail, et les inégalités, dont l'esclavage. L'accumulation de richesses et la transmission par héritage de la propriété privée étaient considérées comme particulièrement importantes dans la création des inégalités. Page 9. 
Rousseau également incluait la possession des ressources et la division du travail parmi les facteurs responsables de l'émergence de conflits qui engendrèrent des lois et les systèmes politiques établissant les inégalités. Page 10.
Au milieu du XIXe siècle et au début du XXe, l'opinion majoritaire chez les intellectuels était alors que tous les hommes naissent inégaux, particulièrement en ce qui concerne la race, la classe et le sexe. Page 10. 
Cependant, quelques voix discordantes s'opposèrent à ce consensus  plus particulièrement celles de John Stuart Mill et de Karl Marx associé à Friedrich Engels. [...] Ils ne faisaient pas appel à des facteurs racistes ou biologiques pour expliquer les inégalités, insistant plutôt sur le rôle des élites exploiteuses qui utilisaient les facteurs technologiques et économiques pour créer des inégalités. Page 11. 
A la fin des années 1890, Emile Durkheim [...] avança que, livrés à eux-mêmes, les individus sont tenaillés par des désirs sans fin, dont la perpétuelle insatisfaction peut conduire au désespoir et au suicide. Le rôle de la société est de contenir les désirs et les aspirations sociales, en assignant les individus à des classes aux prérogatives inégales. Page 12. 
Parmi les approches modernes, le clivage fondamental se place entre celles qui mettent en avant les facteurs cognitifs, sociaux et culturels pour expliquer l'apparition de l'inégalité [position dite relativiste], et celles qui privilégient les facteurs matériels et écologiques [position écologiste]. Page 23. 
[La position relativiste] doit être extrêmement déterminée pour tenir position face à tous les faits récurrents que l'archéologie nous montre [...] : 
1) Premièrement, il existe une sorte d'universalité chronologique. [...] Ce n'est qu'à partir du Paléolithique supérieur et surtout du Mésolithique que des sociétés développant des hiérarchies économiques s'accroissent et s'étendent géographiquement. Page 23.
[...] Deuxièmement, il existe de fortes corrélations géographiques. [...] Il est évident que dans les environnements les moins productifs (comme le centre de l'Australie ou, en Amérique, le Grand Bassin) les inégalités sociales ne se développent pas, ou peu, tandis que dans les environnements plus productifs elles atteignent un haut degré. Page 23.
[...] Troisièmement, il existe de fortes corrélations socio-économiques et culturelles. Les sociétés dépourvues de hiérarchies sociales marquées [étaient le plus souvent caractérisées par des] ressources alimentaires limitées, une faible densité de population, aucun stockage, peu ou pas d'objets de prestige, une grande mobilité, une appropriation peu développée des ressources et des matières premières, une forte éthique du partage et un faible niveau de compétition, en particulier sur le plan économique. A l'opposé, les sociétés à hiérarchies sociales marquées se procuraient davantage de ressources, avaient une densité de population plus élevée, étaient plus sédentaires, instauraient l'appropriation des ressources et des matières premières, rivalisaient de surplus et transformaient ces surplus en d'autres services ou bien de prestiges qui pouvaient devenir objet de compétition. Page 24. 
[...] Suivant le modèle fonctionnaliste, le principal avantage [des hiérarchies élitaires] est que les inégalités socioculturelles aident les gens à affronter les problèmes de production, les crises, le stress, etc. De tels modèles sont souvent combinés avec des modèles démographiques : la pression démographique et le confinement engendreraient des famines ou des conflits à répétition. Suivant ces modèles, la population est plus ou moins acculée à accepter l'inégalité sociale ; les élites étant originellement formées de gens agissant de façon altruiste pour le bien de la communauté, elles ne doivent être qu'en petit nombre. Page 28. 
Contrastant avec ces vues coercitives, les approches politiques mettent en avant la quête de l'intérêt individuel comme force majeure de l'émergence des inégalités socio-économiques. Selon certaines versions, un changement dans les conditions environnementales autorise une petite majorité à profiter de leur situation et à exiger des concessions de la communauté. Page 28. 
[... Dans les villages mayas,] les élites locales n'apportaient strictement aucune aide matérielle aux autres membres de la communauté en temps de crise mais cherchaient au contraire les moyens de profiter de l'infortune des autres. Ce fut un tournant majeur dans ma façon de comprendre le développement des inégalités socioéconomiques. [...] Ce que j'ai lu ensuite d'une large gamme de témoignages ethnographiques venant de tous les points du globe m'a montré que c'était, en fait, typique des élites transégalitaires(1) dans les villages et les chefferies traditionnelles. [...] Dans presque tous les cas où des inégalités socioéconomiques existaient , la production de surplus de nourriture était un résultat prévisible en année normale. En outre, quand le niveau de surproduction augmentait, le niveau d'inégalité socioéconomique et le niveau de complexité sociale en général augmentait également. [...] Cette observation conduisait directement à la notion suivante : plutôt que d'être forcés à accepter des relations socioéconomiques inéquitables, peut-être que beaucoup, sinon tous les membres de la communauté étaient leurrés et attirés dans ce type de relations par des chefs pleins d'initiatives qui utilisaient d'une certaine façon les surplus à leur avantage. Page 30. 
(1) Les sociétés transégalitaires se situent entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs où l'égalitarisme est la règle générale et les chefferies clairement stratifiées. 
[...] Une variante du modèle politique basé sur les surplus postule que, dans des conditions favorables d'échange, ou dans des situations ou d'autres ressources de valeur peuvent être extraites et échangées contre de la nourriture, l'inégalité sociale peut également apparaître dans des zones ou l'agriculture n'est pas très productive [lieux stratégiques pour le contrôle des échanges, mines de sel, etc.]. Page 37. 
[...] L'accumulation de richesse en elle-même n'entraîne pas l'inégalité sociale et l'instauration de hiérarchies. [...] C'est le contrôle politique sur les gens [...] qui constitue en réalité la caractéristique de la complexité culturelle et de l'inégalité sociale. D'un autre côté, la maîtrise de la richesse est une des composantes les plus communes, sinon universelles, des stratégies utilisées pour établir des contrôles politiques. Page 39. 
[...] L'explication la plus populaire parmi les archéologues [...] est la pression démographique. [...] D'après ce modèle, les communautés investissent certain individus compétents d'un pouvoir et d'une autorité hiérarchique de façon à traiter rapidement et efficacement les situations défavorables. [...] Cependant, au niveau le plus basique, les mécanismes de la pression démographique ne sont pas réalistes. En effet, il existait une population entièrement contenue en Afrique pendant deux millions d'années qui ne pouvait s'échapper autrement que par l'isthme de Suez. Pourtant, l'émergence des sociétés transégalitaires, de la sédentarité et de la domestication s'est produite pratiquement en même temps, sinon plus tard, en Afrique que sur les autres continents. Page 41. 
Je suggère que la facteur clé, à l'origine de l'accélération exponentielle du développement et du changement au cours des trente derniers millénaires fut la capacité de produire, stocker et transformer des surplus de nourriture et l'introduction concomitante d'une compétition basée sur l'économie. Page 45. 
L'apparition de technologies de prestige, peut-être dès le Paléolithique moyen mais plus sûrement au Paléolithique supérieur, est le reflet de la capacité à acquérir et transformer des quantités significatives de nourriture de manière régulière et fiable. Page 48. 
Il y a trois composantes essentielles au modèle que je propose pour expliquer les origines de l'inégalité :
1) La production de surplus
2) Le transformation des surplus en dettes, obligations ou bien convoités (propriété, festins, objets de prestiges, prix de la fiancée et dots, accès au surnaturel, etc.).
3) La recherche de l'intérêt personnel entraînant l'introduction d'inégalités et des avantages particuliers. Page 49. 
D'après les psychologues, les formes extrêmes de personnalités (psychopathes) pratiquent le "profit" apparaissent dans une certaine mesure dans toutes les classes sociales indépendamment de l'éducation, et dans toutes les populations, même parmi les sociétés les plus simples de chasseurs-cueilleurs. Ainsi, il semble qu'il y ait une composante génétique à un tel comportement. Page 49. 
[...] La cause majeure de l'intensification de la production de nourriture dans les sociétés transégalitaires n'est ni le manque de nourriture, ni la pression démographique, mais bien plutôt la génération de davantage de surplus pour obtenir du pouvoir, de la richesse et des avantages de survie. Une fois que le stratagème des chefs est lancé et accepté, il implique pratiquement toute la communauté par ses ramifications et ses effets secondaires même si, au début, seules quelques personnes soutenaient activement les activités du leader. Une fois que le bon déroulement de la tactique des chefs est toléré, refuser d'y participer conduit à se marginaliser et à perdre du pouvoir au sein de la communauté. [...] Dans les sociétés non-industrielles, le travail humain est souvent le facteur limitant de la production de surplus si bien que la reproduction humaine croît également autant qu'il est possible, entraînant là un effet rétroactif. Il en est résulté la remarquable croissance exponentielle de la population, de la consommation d'énergie et de la complexité depuis l'apparition de la compétition économique dans les sociétés transégalitaires. Page 69.
Bryan HAYDEN, Naissance de l'inégalité - L'invention de la hiérarchie, Biblis, 2008.

To schiste or not to schiste ?

Sous la surface de l'exploitation des gaz de schiste...
8. En octobre [2012], les Européens payaient ainsi leur gaz 3,3 fois plus cher que les Américains, et les Japonais 4,6 fois plus. Antoine de RAVIGNAN, Alternatives Economiques, 02/2013, p. 44.
7. S'ils payaient leur gaz au prix auquel les Américains l'achètent, [les Européens] auraient dépensé 155 milliards d'euros de moins en 2012, soit 0,9 % de leur PIB. C'est la différence entre croissance et récession. Thierry BROS (Analyste de marché), Alternatives Economiques, 02/2013, p. 44.
6. Comment peut-on escamoter un tel débat ? [...] Depuis dix ans, le prix du gaz a chuté de 75 % pour les foyers américains, tandis qu'il augmentait de 65 % en France ! Le potentiel français n'a même pas été évalué : certains experts évoquent 5 000 milliards de mètres cubes exploitables en métropole et outre-mer, soit un siècle et demi de consommation. Des dizaines de milliers d'emplois sont à la clef : les Etats-Unis en auront créé, d'ici à 2015, 870 000 grâce à lui. Christine KERDELLANT, L'Express, 11/2012, p. 100.
5. On ne compte plus aux Etats-Unis, les nappes phréatiques polluées et les animaux malades, sans parler des gigantesques saignées sur les paysages [...] mais des normes et des garde-fous pourraient être posés. Christine KERDELLANTL'Express, 11/2012, p. 100.
4. Le conte de fée économique commence lui-même à prendre l'eau : avec la baisse des prix du gaz, certaines compagnies aux actifs dévalorisés se retrouvent en difficulté. La spéculation énergétique est aussi une bulle. Christine KERDELLANTL'Express, 11/2012, p. 100.
3. Aux Etats-Unis, il y a une règle extrêmement précise pour contrôler l'étanchéité du forage, sur 30 000 forages [d'exploitation de gaz de schiste], il y'a eu 2 accidents [de contamination de la nappe phréatique].Claude ALLEGREFrance 3, Ce soir ou jamais, 18/09/2012.
3.1. Claude Allègre, qui dit des choses souvent très intéressantes, devrait en bon scientifique, citer ses sources plus souvent, surtout quand il est à peu près le seul à avancer de tels arguments. Voir par exemple  (2) ou (4).
2. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a étudié l'eau au domicile d'habitants proches des puits de forage destinés à l'exploitation de gaz de schiste. Sur les 17 puits analysés, 11 étaient contaminés par des agents hautement cancérigènes : arsenic, cuivre, métaux lourds... L'Express, 09/2012, p. 38.
1. Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s'interroge. Le Monde.fr
1.1. Trop sensationnelle pour être vraie, cette affirmation a été très vite démentie... Le Monde.fr.

Ici, un rappel des (incroyables...) estimations de réserves d'énergies fossiles dans le sous-sol français >>

L'alu totale...

  • Près de 60 % des cancers du sein surviennent dans la région de l'aisselle où l'on applique les déodorants.
  • Deux tiers des déodorants commercialiés contiennent de l'aluminium.
  • On sait depuis longtemps que l'aluminium déclenche toutes sortes d'allergies.
  • L'utilisation de l'aluminium dans le traitement des eaux potables, serait un facteur aggravant de la maladie d'Alzheimer.
  • Alors qu'il est l'élément le plus abondant dans l'écorce terrestre, il n'assure aucune fonction biologique dans aucun organisme vivant.

Dégazage...

Le réchauffement du Gulf Stream [...], ainsi que les changements dans sa trajectoire depuis 5 000 ans, déstabilisent les vastes stocks d'hydrates de méthane [mélange de gaz et de glace dans les sédiments marins] gisant au large de la côte est des Etats-Unis. 
[...] D'après les calculs [de Matthew Hornbach et Benjamin Phrampus de l'université du Texas], 2,5 milliards de tonnes seraient en train de "dégeler" avec la hausse des températures des fonds marins, menaçant de laisser échapper leur puissant gaz à effet de serre
[...] "Le transfer du méthane qui serait libéré de l'océan vers l'atmosphère, donc son impact sur le climat, demeure incertain." reconnaissent les scientifiques.
Science & Vie, 01/2013, p. 22.

Facture EDF...

Sous la surface de l'énergie nucléaire : le coût financier de sa maintenance, de son démantèlement...
5. Fermés dans les années 1980-1990, neuf réacteurs EDF de première génération n'en sont toujours qu'aux premiers stades de leur démantèlement. Les raisons de ce blocage vont de l'imbroglio administratif aux difficultés techniques propres à certaines technologies, en passant par les retards de construction du centre d'entreposage [...] : décisions administratives pour des manquements divers et variés, incendie, inondation [Brennilis], [...] coeurs nucléaires particulièrement volumineux et complexes [des réacteurs graphite-gaz] ne seront démontés qu'à partir de 2022, [...] mauvaise surprise de découvrir que le sodium [de Superphénix] s'était solidifié à certains endroits du circuit [...]. Science & Vie, 02/2013, p. 96.
4. Selon un récent rapport de la Cour des comptes, le calcul théorique [d'EDF sur le coût du démantèlement (18,1 milliards d'euros)] paraît bien optimiste : pour ce même parc, la méthode d'estimation utilisée au Japon donnerait plutôt un résultat de 39 milliards d'euros, voire 46 milliards selon le mode de calcul en vigueur en Grande-Bretagne... et jusqu'à 60 milliards en Allemagne ! Une disparité reflétant les grandes incertitudes qui règnent dans ce domaine. Science & Vie, 02/2013, p. 103.
3. [Avec les] 1 000 nouveaux dispositifs pour mettre à niveau la sécurité des centrales, suite à l'accident de Fukushima], l'ardoise finale pour la maintenance des réacteurs devrait s'élever à 55 milliards d'euros sur dix ans. Ajoutez les 15 milliards ces sept prochaines années pour rénover le réseau électrique souvent hors d'âge. Guillaume MALAURIE, Le Nouvel Observateur, 12/2012, p.92. 
2. On a constaté que dans les chiffres d'EDF, le coût du démantèlement, tournait aux alentours aujourd'hui de 18 milliards. Les méthodes qui étaient utilisées par EDF pour faire ce calcul étaient solides mais qu'elles demandaient à être validées sur un certain nombre de points très techniques. [...] On a constaté aussi que les résultats d'EDF se situait en bas de l'échelle des comparaisons internationales. Mais ces comparaisons internationales donnent des chiffres très différents, de un à trois. On en a donc conclu que personne ne savait vraiment quel était le coût du démantèlement. Michèle PAPALARDO, France Inter, Le téléphone sonne, 29/08/2012.
1. EDF avait évalué le coût [du démantèlement des centrales actuelles] à 16,9 milliards d'euros [...]. Au regard des évaluations réalisées au Royaume-Uni et en Suède pour leur propre parc, en suivant leurs règles de calcul, l'addition en France se situerait entre 100 et 200 milliards ! Marc CHEVALIER, Alternatives Economiques, 05/2011, p. 53.

Inschistice...

[...] Un nouvel obstacle va se dresser sur la route des économies d'énergie : l'abondance des réserves de gaz et de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Selon le rapport de l'AIE, la production pétrolière américaine dépassera celle de l'Arabie Saoudite en 2020. Non seulement l'énergie (carbonée) très bon marché dont jouit déjà le plus grand pollueur du monde ne va pas l'inciter à contrôler sérieusement sa demande, mais elle va accroître le différentiel de compétitivité avec la Vieille Europe. Qui n'en aura que plus de mal à investir pour réduire aussi bien ses émissions de CO2 que sa facture énergétique. [...]

Excitation rafraîchissante...

A très haute altitude, vers 100 kilomètres [base de la thermosphère], la concentration en gaz carbonique grimpe deux fois plus vite que le prévoient les modèles [...]. Un phénomène non explicable par les seuls rejets des fusées, soulignent les chercheurs. Cela prouverait donc que les émissions de carbone liées aux activités humaines ont une influence jusqu'aux portes de l'espace.
L'Express, 11/2012, p. 35.
[...] Et cela a une conséquence : nous avons sous-estimé le refroidissement de la thermosphère. [...] L'effet dominant du CO2 à haute altitude est la collision avec des molécules d'oxygène : elles s'excitent, émettent un rayonnement vers l'espace, et donc, refroidissent localement.
John EMMERT (Naval Research Laboratory of Washington), Science & Vie, 02/2013, p. 24.

Fourbes...

[...] Un astéroïde de la taille de celui qui aurait provoqué l'extinction des dinosaures percute la Terre tous les 100 millions d'années, un corps d'une centaine de mètres tous les mille ans, et un rocher d'une cinquantaine de mètres tous les siècles. 
[...] Jusqu'à 50 m de diamètre, un astéroïde devrait se désagréger avant de toucher la Terre. La chaleur dégagée pourrait causer des incendies. Au-dessus de 75 m, il détruirait des villes entières et provoquerait des tsunamis. A partir de 1 km, il toucherait l'ensemble de la planète en modifiant la composition de l'atmosphère. Un corps de 15 km provoquerait une extinction massive. 
[...] La majorité des astéroïdes géocroiseurs n'a pas encore été vue [...]. Sur 61 804 astéroïdes qui orbiteraient à moins de 50 millions de kilomètres de l'orbite terrestre, seuls 14 % ont été détectés
[...] Les astéroïdes ne sont vus que quand ils sont à la fois éclairés par le Soleil et à son opposé par rapport à la Terre. 
[...] Après un premier passage d'un astéroïde auprès de la Terre, [sa trajectoire devient chaotique et] plus aucune prédiction quant à son orbite n'est possible.
Science & Vie, 10/2012, p. 20.

Bio pas top...

Où Robert Paarlberg fait part de son scepticisme quant à l'intérêt de l'agriculture biologique...
[...] Des critiques gastronomiques influents, des militants et des stars de la restauration entonnent en choeur ce refrain : l'"alimentation durable" de l'avenir doit être bio, locale et lente. Vous savez quoi ? C'est précisément le système dont joui déjà l'Afrique rurale, et il ne fonctionne pas ! Au sud du Sahara, les petits agriculteurs qui utilisent des engrais chimiques sont si rares que leur production est de facto biologique. Les coûts élevés du transport les contraignent à acheter et vendre sur place la majeure partie de leur récolte [...] 70 % des foyers ruraux en Afrique n'ont pas accès aux marchés urbains les plus proches car ils sont, par exemple, situés à plus de trente minutes à pied de la première route praticable en toutes saisons. [...] Quant à la cuisine, elle est terriblement lente. Le résultat n'est pas réjouissant : un revenu moyen de 1 dollar par jour et un risque sur trois d'être malnutri
[...] La conception et l'introduction dans les pays pauvres, au cours des années 1960 et 1970, de graines de blé et de riz à haut rendement, sous l'impulsion de l'Américain Norman Borlaug et d'autres scientifiques, ont eu des retombées très positives. [...] L'Inde, par exemple, a doublé sa production de blé entre 1964 et 1970 et a pu se passer d'aide alimentaire à partir de 1975. Rappelons à ceux qui parlent d'agriculteurs "endettés et mécontents" que le taux de pauvreté dans les campagnes indiennes est passé de 60 % alors, à 27 % aujourd'hui. 
[...] En Amérique latine, où les élites traditionnelles contrôlent étroitement l'accès aux terres fertiles et au crédit, l'arrivée des semences améliorées a creusé les écarts de revenus. [...] Cela étant, même en Amérique latine, le taux de malnutrition a diminué de plus de 50 % entre 1980 et 2005. 
[...] L'American Journal of Clinic Nutrition a récemment publié une synthèse de 162 articles scientifiques parus au cours des cinquante dernières années sur les bienfaits sanitaires du bio ; elle en concluait à l'absence de tout bénéfice nutritionnel
[...] L'agriculture biologique occupe moins de 1 % des terres cultivables aux États-Unis. Si les 99 % qui restent se convertissaient au bio, et donc se passaient de produits chimiques, il leur faudrait consommer une quantité plus grande d'engrais animal. Ce qui obligerait à multiplier par cinq environ les têtes de bétail. Ces animaux devant se nourrir de fourrage biologique, il faudrait dès lors mettre en pâture l'essentiel du territoire américain. Quant à l'Europe, le choix d'une alimentation exclusivement bio se traduirait par une extension de 28 millions d'hectares de la superficie des terres cultivables, l'équivalent des forêts de la France, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne et du Danemark réunis. 
[...] L'agriculture ne cesse de devenir plus verte. L'érosion des sols a brusquement ralenti dans les années 1970 grâce à l'introduction de la "technique culturale simplifiée", innovation qui a aussi réduit la consommation de diesel [...] En 2008, l'OCDE a publié un rapport sur la "performance environnementale de l'agriculture" dans les trente pays industriels les plus avancés. [...] La surface dédiée à l'agriculture a baissé de 4 %, les émissions globales de gaz à effet de serre de 3 %, et la surconsommation d'engrais azotés de 17 %. La biodiversité s'est elle-aussi améliorée, avec l'introduction de nouvelles variétés de plantes et de races animales. 
[... Dans tous les pays en développement] l'assistance au secteur primaire s'est révélée être un investissement très rentable. Y compris en Afrique. La Banque mondiale a évalué à 35 % par an en moyenne le taux de rentabilité des fonds placés dans la recherche agronomique sur le continent. Certains investissements ont même atteint des taux de rentabilité de 68 %. Aveugles à ces réalités, les États-Unis ont réduit de 77 % leur aide dans ce domaine entre 1980 et 2006.
Robert PAARLBERG, Foreing Policy (2010).
Books, 01/2013, p. 53.

Tricycle...

Le paramètre primordial en climatologie est l’énergie disponible à la surface de la Terre. Elle se résume au rayonnement électromagnétique du Soleil : de la lumière visible principalement, mais aussi des ultra-violets, des infrarouges, etc. Sans Soleil, pas d’énergie, donc pas de chaleur, et la Terre se retrouverait entièrement glacée en quelques années seulement.
La quantité d’énergie reçue de notre étoile varie dans le temps car la Terre n'est pas immobile, figée dans l'espace : elle tourne autour du Soleil et son axe de rotation (l'axe reliant les pôles) s'incline plus ou moins dans le temps tout en décrivant un cône (voir explication plus bas...).
L'évolution historique de ces trois mouvements est représentée par les cycles dits "de Milankovitch", du nom de leur découvreur.

Excentricité...
Le premier, dit cycle de l’excentricité, est dû à la forme plus ou moins étirée de l’ellipse (un ovale) que décrit la Terre autour du Soleil. Le Soleil n'est jamais au centre de l'ellipse mais toujours "décalé" sur l'un des foyers de l'ellipse. C'est ainsi qu'il y a un point (et un seul) sur cette trajectoire, où la Terre est au plus proche du Soleil (appelé la périhélie), et un point où elle en est au plus loin (l'aphélie)...


L'excentricité varie d’une valeur nulle, cercle presque parfait, à une valeur plus élevée, cercle légèrement elliptique, tous les 100 000 ans avec un maximum (de 7 %... pour les curieux) tous les 400 000 ans.
Cette variation a pour conséquences théoriques que lorsque l'excentricité est élevée (quand le cercle est le plus étiré), les effets des phénomènes d'obliquité et de précession sur le climat sont accentués...


Notez que sur ces illustrations, la forme de l'ellipse est très exagérée. Elle est dans la réalité si proche d'un cercle, que la différence ne se verrait pas à l'oeil nu si on la représentait rigoureusement.

Obliquité...
Le second cycle, dit de l’obliquité, est dû à la variation de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport à la perpendiculaire au plan de l'écliptique (trait blanc sur l'image ci-dessous). Il oscille entre 22° et 24° environ, tous les 40 000 ans...


Ce phénomène a pour conséquence théorique que les contrastes saisonniers s'accroissent avec l'obliquité. Par exemple, plus l'hémisphère nord "penche" (s'approche des 24,5°), plus les journées sont longues (et donc chaudes) en saison printemps-été, et courtes (et donc froides) en automne-hiver.

Précession...
Le troisième cycle, dit de précession des équinoxes, est dû au cône que décrit l’axe de rotation de la Terre autour de la perpendiculaire au plan de l’écliptique. On peut observer le même phénomène avec une toupie. Cette rotation effectue un tour complet tous les 21 000 ans environ...


Ci-dessous, une illustration des conséquences de ce phénomène : comme son nom le suggère, les équinoxes (les saisons, en somme) se décalent année après année. En un peu plus de 20 000 ans, elles font un tour complet sur l’écliptique. Par exemple, actuellement, au moment du premier jour de l'hiver (le solstice d'hiver, le 21 décembre dans l'hémisphère nord), la Terre est presque au plus près du Soleil.
Cela implique donc, en théorie, des hivers dans l'hémisphère nord plus doux (car la Terre est plus proche du Soleil à cet instant), et plus brefs (car près de la périhélie, un satellite, la Terre en l'occurrence, se déplace plus vite que près de l'aphélie)...




Aujourd'hui, l’excentricité faible (1,7 %), devrait encore décroître pendant environ 20 000 ans. Cette diminution du rayon moyen de l’orbite terrestre favorise théoriquement une hausse de la température moyenne du globe.
La valeur de précession actuelle situe la Terre au plus proche du Soleil au début du mois de janvier. Comme évoqué précédemment, ceci a deux conséquences théoriques : la saison froide (hiver-automne) dans l’hémisphère nord a tendance à être plutôt douce et légèrement plus courte que la saison chaude (dans l’hémisphère sud, c'est donc l'été qui est légèrement plus court mais qui a tendance à être plus chaud).

De l'avis de Milankovitch, la distance de la Terre au Soleil aurait moins d'importance que la durée des saisons : par exemple, le fait que la saison chaude soit plus brève que la saison froide, limiterait la fonte des glaces polaires pendant l'été et favoriserait ainsi un climat plutôt froid.
Notons que c'est exactement ce qui se passe actuellement, l'Arctique tend à se réduire fortement alors que l'Antarctique se maintient, même si ce n'est peut-être qu'un hasard, tant de nombreux autres facteurs entrent en jeu (émissions de CO2 d'origine anthropique, activité solaire, effets de rétroaction divers et variés, etc.).

L’obliquité actuelle est proche de 23° et devrait encore décroître pendant 10 000 ans. En conséquence, les contrastes saisonniers devraient théoriquement s’atténuer.

Enfin, la décennie 2010 devrait voir l’activité solaire s’accroître. Le rayonnement cosmique diminuant, on devrait observer une moindre couverture nuageuse et une tendance à la hausse des températures.

Une histoire complète du climat terrestre depuis la naissance du globe >>

Un site bien laid mais avec quelques animations qui aident à mieux comprendre ces cycles de Milankovitch >>

Et pour finir, un article complet d'Olivier Berruyer sur le sujet, pour ceux qui en redemandent >>