Affichage des articles dont le libellé est Développement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Développement. Afficher tous les articles

Vetocratie...

Le système [institutionnel américain] souffre selon [Fukuyama] d'un double mal : ce qu'il appelle la "vetocratie", le blocage systématique de l'exécutif par des partis incapables de compromis  ; et la "repatrimonialisation" de l'Etat qui, sous des dehors démocratiques, serait gouverné au profit de quelques-uns, l'auteur en prend notamment pour preuve l'explosion du lobbying à Washington et le creusement des inégalités.
Books, 12/2014, p. 102.

Rentabilité préventive...

Les statistiques attestent [...] que la recherche sur les facteurs sociaux pathogènes améliore davantage la santé publique que les travaux portant sur les traitements potentiels des maladies qui en résultent. Selon une étude américain récente, les interventions cliniques ne peuvent produire que 20 % des progrès dans ce domaine, le reste étant imputable à l'action sur l'environnement social : les conditions de vie, le travail, les inégalités, la pollution ainsi que l'accès aux drogues, à l'alcool et aux aliments excessivement caloriques. Autrement dit, la recherche pratique sur la prévention pourrait bien être la plus efficace.
Kwame McKenzie, Literary Review of Canada, 06/2014.
Books, 12/2014, p. 62.

Hasard relatif...

Le hasard ne favorise que les les esprits préparés.
Louis Pasteur.

Art inégalitaire...

Si la misère proprement dite devait être exclue (le secours par l'aumône constituant même un des cinq piliers de l'Islam), celle-ci ne devait pas moins maintenir un écart considérable entre la grande masse de la population, vivant dans une pauvreté décente, et une infime minorité d'individus fastueusement riches, suffisamment pour se livrer à des dépenses exagérées, folles, qui assuraient la survie du luxe et des arts. Cette position aristocratique venait, cette fois, directement de Nietzsche [...].
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 272.

Famille anti-libérale...

[...] Autant l'individualisme libéral devait triompher tant qu'il se contentait de dissoudre ces structures intermédiaires qu'étaient les patries, les corporations et les castes, autant, lorsqu'il s'attaquait à cette structure ultime qu'est la famille, et donc à la démographie, il signait son échec final ; alors venait logiquement le temps de l'Islam.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, Page 271.

Elitisme abbasside...

[...] Pourquoi le savoir et la science ont-ils reculé si rapidement dans le monde arabe [après son âge d'or vers les XIe et XIIe] ? 
[Ehsan] Masood avance que la science, dans les cultures musulmanes, manquait d'une base sociale et institutionnelle. Ainsi, c'était à proximité ou à l'intérieur même des palais de leurs riches protecteurs, et non dans les universités, que les scientifiques travaillaient. Et leurs recherches, la plupart du temps, n'étaient pas éligibles aux fonds de charité et d'utilité publique tels que les waqfs, les fondations pieuses. Les financements dépendaient étroitement de chaque dirigeant, la recherche scientifique s'exposant à en subir les conséquences chaque fois que l'un d'eux disparaissait ou délaissait ce domaine.
Ziauddin SARDAR, The Times, 1999.
Ehsan MASOOD, Science and Islam. A history, Icon Books, 2008.
Books, 03/2011, page 37.

Céréaliriziculture...

[Selon Thomas TALHELM, doctorant en psychologie sociale à l'université de Virginie aux Etats-Unis] les différences culturelles [entre populations d'Occident et d'Extrême-Orient asiatique] trouveraient en partie leur fondements dans... la céréaliculture
[...] La riziculture demande une importante coopération entre agriculteurs [...]. Au fil du temps, ce besoin de coopération aurait favorisé le développement de valeurs collectivistes dans cette région. 
[...] A l'inverse, la culture du blé, assistée depuis plus de deux mille ans par la traction animale, ne nécessite pas une telle coopération entre agriculteurs. Dès lors, ce type de d'agriculture aurait permis l'émergence de valeurs plus individualistes
[...] Mais ce n'est pas tout. Ces valeurs opposées auraient ensuite induit une deuxième différenciation [...] concernant [...] le mode de réflexion. 
Côté occidentaux, l'individualisme aurait favorisé une réflexion de type analytique : elle consiste à attribuer des propriétés aux objets afin de les ranger dans des catégories, indépendamment de leur contexte. 
Côté Sud-Est asiatique, le collectivisme aurait poussé au développement d'une pensée plutôt holistique, c'est-à-dire d'un mode de réflexion organisé "autour des relations plutôt que des catégories, des systèmes plutôt que des objets, le tout marquant une plus grande attention au contexte". 
[...] Les habitants de provinces chinoises cultivant du riz ou du blé ont été soumis a des tests psychologiques... 
1. [...] Les habitants des zones rizicoles favorisent à 88 % leurs amis, contre 61 % seulement dans les régions à blé. 
2. Plus une région cultive de riz, plus son taux de divorce a de chances d'être faible. Et inversement dans le cas de la culture du blé. 
3. A Pékin, ville située dans une région cultivant du blé, près de 20 % des clients déplacent la chaise [mise en travers de leur passage dans un café], préférant adapter leur environnement à leurs besoins. 
4. Dans les régions rizicoles, les associations se font sur la base de relations fonctionnelles (lapin,carotte), alors que dans celles qui cultivent le blé, elles se font par catégorie (lapin, chien) [quand il s'agit d'identifier l'intrus dans "chien, lapin, carotte"].
Elsa ABDOUN, Science & Vie, 12/2014, page 84.

Faux-ami ?

[...] Les habitants des pays pauvres, en moyenne, vivent évidemment mieux maintenant qu'il y a trente ans, c'est indéniable. Mais il ne faut pas surestimer les effets, ni les attribuer systématiquement à la mondialisation, ils progressent car ils se développent vite, partant de très bas, comme nous l'avons fait nous-même, sans mondialisation. 
[...] D'ailleurs, les quelques pays d'Asie, à commencer par la Chine, qui tirent pleinement leur épingle du jeu de la mondialisation sont essentiellement ceux qui, au contraire de l'Amérique du Sud ou de l'Afrique, n'ont jamais appliqué les recettes intégristes de la vulgate financiariste et ont protégé leur économie. 
[...] Car le problème est que cette forme de mondialisation [ultralibérale] a poussé ces pays à tourner leurs économies vers l'exportation, plutôt que vers le développement de leur demande intérieure, les fragilisant en cas de crise, et les enfermant dans un modèle de développement non durable [...].
Olivier BERRUYER, Les faits sont têtus, Les arènes, 2013, p. 138.

Détournement...

[...] 20 % du capital africain est actuellement possédé par des propriétaires étrangers. [...] Compte tenu du fait que certains éléments de patrimoine (par exemple l'immobilier d'habitation, ou le capital agricole) ne sont qu'assez peu possédés par les investisseurs étrangers, cela signifie que la part du capital domestique détenu par le reste du monde peut dépasser 40 % - 50 % dans l'industrie manufacturière, voire davantage dans certains secteurs. Même si les balances officielles ont de nombreuses imperfections, [...] il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'une réalité importante de l'Afrique actuelle. Page 118. 
Il n'est pas interdit de penser que [...l'] instabilité [politique chronique dans les pays africains notamment] s'explique en partie par la raison suivante : quand un pays est pour une large part possédé par des propriétaires étrangers, la demande sociale d'expropriation est récurrent et presque irrépressible. D'autres acteurs de la scène politique répondent que seule la protection inconditionnelle des droits de propriété initiaux permet l'investissement et le développement. Le pays se retrouve ainsi pris dans une interminable alternance de gouvernements révolutionnaires [...] et de gouvernements protégeant les propriétaires en place et préparant la révolution ou le coup d'Etat suivant. Page 121.
Thomas PIKETTYLe capital au XXIe siècle, Seuil, 2013.

Philosophies obscurantistes...

[Pour] Justin Lin (ancien chef économiste à la la Banque mondiale) [...], les clés de l'ascension sociale [en Chine médiévale], symbolisée par l'accession à la haute bureaucratie, reposaient sur la maîtrise des philosophies classiques plutôt que sur les compétences scientifiques. A l'inverse, l'Occident, grâce à une classe d'aristocrates curieux, a investi dans les mathématiques et la démarche scientifique de l'expérimentation, permettant de généraliser le progrès technique à grande échelle.
Pierre JACQUET, Le Monde, 07/11/2013, p. 7.
Justin Lin, Demystifying the Chinese Economy, Cambridge UniversityPress.

Saignée triangulaire...

Les différentes raisons évoquées pour expliquer le retard de développement de l'Afrique...
 
Mondialisation...
[Selon John Christensen (directeur de TJN)], l'une des failles les plus dangereuses de l'économie mondiale [les paradis fiscaux], a privé, par exemple, 33 pays africains de 1 000 milliards de dollars de capitaux depuis 1970.
Alain FAUJAS, Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 3.

Paludisme
L'Afrique est le premier continent touché (avec 85 % des cas et 90 % des morts) [...]. Le paludisme y fait encore 660 000 morts par an, essentiellement des enfants. 
[...] En 2000, l'OMS publie [...] une étude choc : elle montre que le PIB de l'Afrique subsaharienne, 300 milliards de dollars à l'époque, serait supérieur de 100 milliards si le paludisme avait été éliminé dans les années 1960.
Le coût économique direct annuel du paludisme en Afrique est estimé à  12 milliards de dollars. On évalue à 1,1 millions, le nombre de victimes sauvées cette dernière décennie grâce aux nouveaux traitements.
Chloé HECKETSWEILER, Le Monde, 05/11/2013, p. 9.

Esclavagisme...
[...] Nathan Nunn (Harvard) montre que les pays d'Afrique les plus pauvres, comme l'Angola, l'Ethiopie et le Tanzanie, sont aussi ceux qui ont fourni le plus d'esclaves. Or, ces régions étaient initialement les plus riches, cette richesse leur permettant de procéder aux opérations d'échange et de crédits nécessitées par la traite des hommes. 
[...] James Fenske (Oxford) et Namrata Kala (Yale) montrent que, durant les périodes de sécheresse, la hausse du prix de la nourriture et l'augmentation de la mortalité avaient pour effet de réduire le commerce d'esclaves. Or, il se trouve que les ports situés près de ces zones sont aujourd'hui ceux qui connaissent le niveau de vie le plus élevé. 
Enfin, le découpage arbitraire du continent par les pays colonisateurs a entraîné la multiplication de conflits civils, et donc retardé le développement
[...] Selon Nunn, l'esclavage expliquerait 70 % de l'écart de niveau de vie entre l'Afrique et le reste du monde. S'il n'avait pas eu lieu, l'Afrique connaîtrait un niveau de vie semblable aux autres régions en développement.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 102.

Collectivisation latente...

[...] On se trompe [...] quand on assimile nos économies monétaires à des économies purement marchandes, en associant du coup le combat en faveur de la décroissance à la lutte contre la "marchandisation du monde" : les économies développées se caractérisent en effet par une hausse tendancielle de la part des richesses qui échappe à une logique purement marchande et privée, via les fameuses "dépenses publiques".
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 71.

Diviser pour mieux unir...

La recherche de l'abondance par la production et le travail est aux yeux d'Adam Smith, par exemple, le moyen de renforcer la cohésion des sociétés en accroissant les liens d'interdépendance entre les individus. Un siècle plus tard, le sociologue Emile Durkheim reconnaîtra à son tour la fonction morale de la division du travail. Cette dernière induit une solidarité fonctionnelle qui tient au fait que chacun a besoin des autres pour produire.
Sébastien LEGAY, Alternatives EconomiquesHors-Série n° 97, p. 69. 

Coal or not coal ?

Un faisceau de facteurs se concentrent en Angleterre pour déclencher la révolution industrielle : une forte demande intérieure (grâce à la révolution agricole), l'unification du marché intérieur, l'accès aux marchés de la péninsule ibérique et de l'Europe du Nord, la pénurie de main-d'oeuvre stimulant l'innovation,...
La pénurie de main-d'oeuvre peut semble-t-il être relativisée...
[...] Des pauvres, il y'en avait alors beaucoup en Angleterre, du fait de la révolution agricole : privés de la possibilité de faire paître quelques bêtes sur les terres en jachères, ils affluent en masse dans les villes, à la recherche d'un emploiAlternatives Economiques, Hors série n° 97, Faut-il dire adieu à la croissance ? 2013, p. 14.
...un partage du pouvoir entre la noblesse volontiers entrepreneuse et la grande bourgeoisie, les capacités d'investissement liées à un système bancaire performant, un environnement culturel et religieux favorable à l'esprit d'entreprise... Alternatives Economiques, Hors série n° 93, Comment sauver l'industrie ? 2012. Alternatives Economiques, Hors série n° 97, Faut-il dire adieu à la croissance ? 2013, p. 17.
L'historien David Landes, souligne aussi le rôle des institutions, la liberté et les droits de propriété garantis grâce au régime de type quasi parlementaire établi dès 1688 en Angleterre avec la "Glorieuse Révolution" ayant contribué à rendre plus sûrs les investissements pour la production de biens et de services. 
... Autant de facteurs jugés secondaires par Kenneth Pomeranz, pour qui l'avantage décisif du Royaume-Uni (sur la Chine en particulier, considérée comme étant par ailleurs dans une situation comparable)...
... vient de sa réserve abondante de charbon, qui lui permet d'économiser le bois...
... et de ses colonies, qui lui fournissent la matière première de l'industrie cotonnière. La terre peut alors continuer à nourrir les hommes et l'industrie peut décoller.
Alternatives Economiques, Hors série n° 93, Comment sauver l'industrie ? 2012.

Jean-Marc Jancovici, par exemple, insiste sur le facteur déterminant de la disponibilité d'une énergie pas chère pour générer une croissance forte et à fortiori, une révolution industrielle >>


Jared Diamond souligne le rôle de l'insularité de l'Angleterre dans son succès économique...
En Europe même, l'Angleterre a bénéficié d'avantages supplémentaires : le fait d'être une île peu exposée aux risques d'invasion et de border l'océan Atlantique, qui s'est ouvert au commerce international après 1492.
Jared DIAMOND (New York Review Of Books, 06/2012), Books, 04/2013, p. 54.

Opulence...

Sous la surface de  l'apparition des inégalités : les contraintes démographique et écologique...
Dans un régime de chasseurs-cueilleurs nomades [mode de vie de nos ancêtres du paléolithique], [...] Chacun sait où trouver de quoi se nourrir et de quoi nourrir les siens. Chacun sait fabriquer un arc, ou sait fabriquer quelque objet utile qu'il échangera avec celui qui fabrique de meilleurs arcs. L'incitation principale qui pousse à acquérir en quantité les terres arables, les charrues ou les attelages, n'existe pas parce qu'il n'existe pas de gens suffisamment démunis auxquels on pourra les louer et en tirer un profit ou une rente.
Alain TESTART, Avant l'histoire, Gallimard 2013, p.273.

Pour Alain Testart, le profit, est une conséquence des inégalités.

Dépassés...

[...] Des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la « houille blanche », et qui convertissent en mouvement des énergies potentielles accumulées pendant des millions d'années, sont venues donner à notre organisme une extension si vaste et une puissance si formidable, si disproportionnée à sa dimension et à sa force, que sûrement il n'en avait rien été prévu dans le plan de structure de notre espèce : ce fut une chance unique, la plus grande réussite matérielle de l'homme sur la planète. [...] Or, dans ce corps démesurément grossi, l'âme reste ce qu'elle était, trop petite maintenant pour le remplir, trop faible pour le diriger. D'où le vide entre lui et elle. D'où les redoutables problèmes sociaux, politiques, internationaux, qui sont autant de définitions de ce vide et qui, pour le combler, provoquent aujourd'hui tant d'efforts désordonnés et inefficaces : il y faudrait de nouvelles réserves d'énergie potentielle, cette fois morale. [...] Le corps agrandi attend un supplément d'âme, et [...] la mécanique exigerait une mystique. Les origines de cette mécanique sont peut-être plus mystiques qu'on ne le croirait; elle ne retrouvera sa direction vraie, elle ne rendra des services proportionnés à sa puissance, que si l'humanité qu'elle a courbée encore davantage vers la terre arrive par elle à se redresser, et à regarder le ciel.

Corde au cou...

Sous la surface du développement des sociétés : le prix de la fiancée...
Toutes les sociétés horticoles, toutes celles de pasteurs, à quelques exceptions près [...], ont le prix de la fiancée [la dot consiste en un "paiement"]. Les chasseurs-cueilleurs sédentaires-stockeurs l'ont aussi [...]. Mais les chasseurs-cueilleurs nomades ne l'ont pas. 
Pourtant ils "paient" aussi, peut-on dire, pour les femmes, mais autrement : ils paient de leur personne. Le gendre se met au service du beau-père pendant des mois, des années, la longueur de ce temps coutumier étant très variable selon les cas [...] jusqu'à ce que, enfin, il puisse emmener la fille qui sera désormais considérée comme mariée. C'est ce que l'on peut appeler le "service pour la fiancée" [...]. Un tel brideservice se rencontre chez pratiquement tous les peuples agricoles ou éleveurs, mais c'est toujours, chez ces peuples, une type de mariage secondaire, [...] dévalorisé auquel le gendre a recours s'il ne dispose pas des biens du prix de la fiancée. [...] Mais chez les chasseurs-cueilleurs nomades, [...] c'est le seul, le mode normal et régulier. En tout cas chez les Pygmés, Négritos de Malaisie, les San [Bochimans], les Athapaskans et les Algonkins du Canada, les Shoshones du Grand Bassin, les chasseurs des Pampas, les Fuégiens, etc. 
La convergence de toutes ces données est claire : les chasseurs-cueilleurs sédentaires-stockeurs sont socialement très semblables à des céréaliculteurs, formant partout des sociétés fortement structurées par la richesse, alors que cette richesse semble ne jouer aucun rôle chez les chasseurs-cueilleurs nomades. Page 217. 
[...] Les chasseurs-cueilleurs [...] qui pratiquent normalement le service pour la fiancée, ont de bonnes raison d'améliorer la production, permettant d'abréger le temps du service ou même de l'abroger en donnant des biens à la place. Rien de tel [chez les Aborigènes d'Australie], non seulement parce que les obligations sont à vie [...], mais aussi parce que la quantité de ce qui est demandé n'est pas stipulée comme dans un contrat [...]. C'est pourquoi je dis que le chasseur n'a pas, dans ce type, d'intérêt ni d'incitation à accroître sa production. Page 275.
Alain TESTART, Avant l'Histoire, Gallimard 2012.

Peinards...

Les observations très précises, chiffrées en temps de travail, de Richard Lee sur les Kung, population San (Bochimans) du Botswana, et les recherches ethno-historiques de Sahlins montrèrent [...] sauf peut-être dans les raisons arctiques, que les chasseurs-cueilleurs ne passaient en moyenne, par jour, pas plus de quatre ou cinq heures pour acquérir leur nourriture. Ainsi, ces chasseurs-cueilleurs, dont beaucoup vivaient dans des régions désertiques ou quasi désertiques, travaillaient moins, et même beaucoup moins que les travailleurs des sociétés industrielles.
Alain TESTART, Avant l'histoire. Gallimard, 2012, p. 119.

Résistance...

Quelles sont les forces à l'oeuvre sous la surface du développement des sociétés humaines ?
[...] On peut tenter de dégager les causes profondes de la résistance que [des] sociétés opposent souvent au développement.
Ce sont d'abord la tendance de la plupart des sociétés dites primitives à préférer l'unité aux conflits internes [...]
Quand les peuples de l'intérieur de la Nouvelle-Guinée apprirent des missionnaires à jouer au football, ils adoptèrent ce jeu avec enthousiasme. Mais, au lieu de chercher la victoire d'un des deux camps, ils multipliaient les parties jusqu'à ce que les victoires et les défaites de chaque camp s'équilibrent. Le jeu s'achève non pas comme chez nous, quand il y a un vainqueur, mais quand on est assuré qu'il n'y aura pas de perdant. Page 84. 
[...] Presque toutes les sociétés dites primitives rejettent l'idée d'un vote pris à la majorité des voix. Elles tiennent la cohésion sociale et la bonne entente au sein du groupe pour préférables à toute innovation. La question litigieuse est donc renvoyée autant de fois qu'il est nécessaire pour qu'on parvienne à une décision unanime. Parfois, des combats simulés précèdent les délibérations. On vide ainsi de vieilles querelles et on passe seulement au vote lorsque le groupe, rafraîchi et rénové, a réalisé en son sein les conditions d'une indispensable unanimité. Page 84. 
En second lieu, le respect qu'elles manifestent envers les forces naturelles [...]. Le développement suppose que l'on fasse passer la culture avant la nature, et cette priorité donnée à la culture n'est presque jamais admise sous cette forme, sauf par les civilisations industrielles.
Si de misérables communautés indigènes d'Amérique du Nord et d'Australie ont longtemps refusé, refusent toujours dans certains cas, de céder des territoires moyennant des indemnités parfois énormes, c'est, au témoignage même des intéressés, parce qu'ils voient dans le sol ancestral une "mère". Page 86.
[...] Les Indiens Menomini de la région des Grands Lacs en Amérique du Nord, bien que parfaitement au courant des techniques agricoles de leurs voisins Iroquois, se refusaient à les appliquer à la production de riz sauvage, leur aliment de base, pourtant très propre à être cultivé, pour la raison qu'il leur était interdit de "blesser leur mère la terre". Page 86.
Enfin, leur répugnance à s'engager dans un devenir historique. [...] Les sociétés dites primitives, nous apparaissent telles, surtout, parce qu'elles sont conçues par leurs membres pour durer. Leur ouverture sur l'extérieur est très réduite, ce que nous appelons en français "l'esprit de clocher" les domine. En revanche, leur structure sociale interne a une trame plus serrée, un décor plus riche que celle des civilisations complexes. Aussi, des sociétés de très bas niveau technique et économique peuvent éprouver un sentiment de bien-être et de plénitude : chacune estime offrir à ses membres la seule vie qui mérite d'être vécue.