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Lourd...

L'agression dissimule souvent un désir de séduction, je l'avais lu chez Boris Cyrulnik, et Boris Cyrulnik c'est du lourd, un type à qui on ne la fait pas, au niveau psycho un mec à la coule, un Konrad Lorenz des humains en quelque sorte. D'ailleurs elle avait légèrement écarté les cuisses en attendant ma réponse, c'était le langage du corps ça, on était dans le réel.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015, page 42.

Soumission fiction...

Le programme politique du président musulman imaginé par Michel Houellebecq...
[...] La conséquence la plus immédiate de son élection est que la délinquance avait baissé, et dans des proportions énormes : dans les quartiers les plus difficiles, elle avait carrément été divisé par dix. Un autre succès immédiat était le chômage, dont les courbes étaient en chute libre. C'était dû sans nul doute à la sortie massive des femmes du marché du travail, elle même liée à la revalorisation considérable des allocations familiales [...] [augmentation intégralement] compensée par la diminution drastique du budget de l'Education nationale [...]. Dans le nouveau système mis en place, l'obligation scolaire s'arrêtait à la fin du primaire [...]. Ensuite, la filière de l'artisanat était encouragée ; le financement de l'enseignement secondaire et supérieur devenait, quant à lui, entièrement privé. [...] En ce qui concerne l'enseignement, la générosité des pétromonarchies était depuis toujours sans limite. Page 199. 
Mohammed Ben Abbes [...] se déclara influencé par le distributivisme [...]. Son idée de base était la suppression de la séparation entre le capital et le travail. La forme normale de l'économie y était l'entreprise familiale ; lorsqu'il devenait nécessaire, pour certaines productions, de se réunir dans des entités plus vastes, tout devait être fait pour que les travailleurs soient actionnaires de leur entreprise, et coresponsables de sa gestion. Page 202. 
[...] La nouvelle fonction dont, Ben Abbes venait de s'en aviser, l'attribution à un niveau trop large "perturbait l'ordre convenable", n'était autre que la solidarité sociale. Quoi de plus beau, s'était-il ému dans son dernier discours, que la solidarité lorsqu'elle s'exerce dans le cadre chaleureux de la cellule familiale !... [...] Le nouveau projet de budget du gouvernement prévoyait sur trois ans une diminution de 85 % des dépenses sociales du pays. Page 210. 
[...] Les négociations avec l'Algérie et la Tunisie en vue de leur adhésion à l'Union européenne avançaient rapidement, et que ces deux pays devraient avant la fin de l'année prochaine rejoindre le Maroc au sein de l'Union ; des premiers contacts avaient été pris avec le Liban et l'Egypte. Page 211. 
Mais en fin de compte, ce qui convainc le héros du roman à accepter un poste d'enseignant, à se soumettre, on y revient toujours avec Michel Houellebec...
- [...]
- [...] Dans votre cas, je pense que vous pourriez avoir trois épouses sans grande difficulté, mais vous n'y êtes, bien entendu, nullement obligé. Page 292. 
[...] Une nouvelle chance s'offrirait à moi ; et ce serait la chance d'une deuxième vie, sans grand rapport avec la précédente. 
Je n'aurais rien à regretter. Fin.
Michel HOUELLEBECQ, Soumission, Flammarion, 2015. 

Vieilles migratrices...

Des généticiens allemands ont enfin pu comparer finement, chez 623 hommes , certaines séquences du chromosome Y (père) à l'ADN mitochondrial transmis par la mère. Ils ont montré que les groupes [humains] qui étaient sortis d'Afrique il y a 75 000 ans étaient composés en majorité de femmes (dans un rapport d'environ 25 femmes pour 15 hommes selon leurs premières estimations), et qu'elles auraient ensuite conservé cette supériorité numérique (expliquée en grande partie par la polygamie).
Sciences & Vie, 12/2014, page 16.

Si ce surnombre de femmes s'explique par la polygynie, sa présence dès le paléolithique pourrait contredire d'autres raisons souvent évoquées...


Sanglant...

Selon Alain TESTART, le fait que les femmes aient toujours été essentiellement cantonnées aux activités domestiques et à la cueillette, et exclues de la chasse, ne provient pas d'un choix rationnel...
L'anthropologie sociale américaine a depuis longtemps une explication à ce sujet, ce que l'on peut appeler la thèse de la mobilité. Les femmes font les enfants, et ensuite, allaitent longtemps, le sevrage n'étant pas effectif dans ces sociétés avant trois ans. [...] Embarrassées et encombrées qu'elles sont par cette marmaille et des grossesses répétées, elles ne seraient pas assez mobiles. [...] Puisque les femmes ne peuvent assurer tout le temps l'approvisionnement du groupe en gibier, il est plus simple de les spécialiser dans l'activité de cueillette, et de spécialiser les hommes dans celle de la chasse. Page 18.

A cela il rétorque...
Pourquoi en dehors [des périodes de grossesse et d'allaitement] ne feraient-elles pas la chasse ? Page 19. 
Il est assez étrange que ces sociétés qui ne connaissent par ailleurs aucune sorte de division du travail l'aient promue seulement en ce qui concerne les genres. Page 19. 
La chasse n'est pas toujours mobile [cas des Inuit postés près des trous d'air où viennent respirer les mammifères marins, chasse pratiquée exclusivement par les hommes]. Page 20. 
En Australie, les femmes chassent les petits animaux. [...] En d'autres occasions, plus rares et moins remarquées, les femmes pratiquent certaines chasses au gros gibier [trois cas seulement]. Page 20.
Quelle est donc sa thèse ?
[...] Nous constatons chaque fois que lorsque les femmes font la chasse, elles la font sans les armes typiques de la chasse, sans harpons, ni arcs, ni flèches, ni sagaies. Mais lorsque ces armes sont indispensables, les femmes sont exclues de la chasse. Page 25. 
[...] Les armes que n'utilisent pas les femmes sont celles qui font couler le sang des animaux. Page 25. 
[... Cette conclusion] évoque immédiatement les très nombreuses croyances, les interdits et les tabous, nombreux et variés, parfois hauts en couleur, qui entourent le sang des femmes dans presque toutes les sociétés de chasse et de cueillette, et même dans les sociétés d'hier de la vieille Europe. Page 26. 
[...] Le contrepoint de cette affaire est le suivant : si l'un des deux écoulements sanglants fait défaut, il n'y a plus cumul, il n'y a plus de problème. C'est ainsi que la chasse non sanglante peut être féminine, ainsi que nous l'avons vu. Mais aussi : si la femme ne saigne pas, elle peut faire la chasse, même sanglante. Page 28. 
[... Ainsi,] la femme qui présidait à la chasse chez les Grecs [Artémis] n'était pas tout à fait une femme aux yeux de ces mêmes Grecs, elle ne connaissait ni le mariage ni l'enfantement, ni le sang de la virginité, ni le sang de la maternité. Page 28. 
[...] Ce n'est pas le sang en lui-même qui fait problème, ce n'est pas tant le contact avec le sang animal que les us et coutumes des peuples du monde entier cherchent à éviter, c'est le sang dans son jaillissement. Page 31. 
[...] C'est Jeanne d'Arc, dont il est significatif qu'elle était "la Pucelle". Non seulement vierge, mais encore atteinte d'aménorrhée, ainsi qu'il est consigné dans les minutes de son procès. Et la conclusion est la même que pour Diane chasseresse : quand, en la femme, le sang ne coule pas, elle peut, comme les hommes, faire couler le sang. Page 36.
Alain TESTART, L'amazone et la cuisinière, Gallimard, 2014. 

Despotisme ruisselant...

Je ne saurais citer ici toutes les preuves tirées des sociétés primitives, mais je puis affirmer, en m'appuyant à la fois sur mes propres recherches et sur mes lectures, que dans ces sociétés où une fraction de la population vit dans la servilité, la condition de la femme, spécialement dans la vie conjugale, est proportionnellement inférieure à celle de l'homme. Ce fait apparaît souvent avec évidence dans les sociétés où la masse de la population est assujettie à une classe dirigeante qui l'exploite. Selon la remarque pertinente de Montesquieu, deux choses sont étroitement liées : le pouvoir despotique du prince entraîne naturellement la servitude de la femme ; l'esprit de la monarchie, la liberté de la femme.
E.E. EVANS-PRITCHARD, La femme dans les sociétés primitives, p. 38.

Ayatolérant...

Bien que la législation iranienne autorise la peine de mort contre les homosexuels, la République islamique aide à financer sept fois plus d'opérations volontaires de changement de sexe que l'Union européenne toute entière.
Lawrence ROSEN, The American Interest, 01-02/2013.
Books, 09/2013, p. 51.

Gynécène...

Sous la surface du statut de la femme dans l'histoire : la révolution civilisationnelle en cours...
[...] Cela fait longtemps que les filles réussissent mieux que les garçons les épreuves du baccalauréat et la majorité des étudiants sont désormais des étudiantes. Une fois diplômées, elles ont aussi davantage de chances qu'eux de trouver un travail et deviennent de plus en plus souvent le soutien de famille
[... Il s'agit certainement] de la plus grande révolution sociale de notre temps. 
[... Dans] une étude menée dans cinq pays par le spécialiste James Flynn, le QI des filles de 14 à 18 ans est légèrement supérieur à celui des garçons dans quatre pays sur cinq. 
[...] D'ici une génération, les Britanniques ne s’inquiéteront plus du manque de femmes à la direction des entreprises nationales. 
[...] Dans tous les pays riches, il y a désormais plus de femmes qui épousent un homme de niveau d'instruction inférieur que l'inverse (28 % contre 19 % aux Etats-Unis en 2007). [...] Au Japon et en Corée, [...] certains hommes recherchent une femme originaire d'une culture garantissant tranquillité et soumission. [...] Le démographe espagnol Albert Esteve, note pour sa part que bien des hommes de son pays préfèrent désormais épouser une immigrée d'Amérique latine ou d'Europe de l'Est : "Pour eux, les Colombiennes sont les Espagnoles d'il y a cinquante ans." 
[...] Le hook-up est une approche [...] directe, consistant à "ferrer" quelqu'un sexuellement, généralement le temps d'une soirée [...] qui s'est répandu comme un trainé de poudre dans les universités américaines. Il a été initié par les garçons, mais l'avantage est aujourd'hui nettement du côté des filles estime Hanna Rosin. [...] Les sociologues notent que, pour les filles issues de petites villes conservatrices, la découverte de la culture du hook-up est l'occasion d'une rupture au profit d'une vie sociale plus excitante, marquée par une vraie possibilité de carrière et un mariage retardé de dix ou quinze ans.
Dans le même temps...
Sur les campus du pays [Etats-Unis], une femme sur quatre sera violée ou agressée sexuellement avant la fin de ses études, selon un rapport de la justice américaine datant de 2010. Certaines facs font tout pour éviter que les victimes ne portent plainte. Cela donnerait une mauvaise image de l'université. Canal +, L'effet papillon, 06/2013.
[...] Le déclin de la discrimination scolaire et le développement de l'instruction au plus jeune âge permettent aux filles de récolter les fruits de leur maturité plus précoce, de leurs compétences verbales et de leur capacité de concentration
[...] Comme le montrent les économistes, les jeunes filles ont rapidement repensé leur avenir dès la généralisation de la pilule. Leurs carrières étant moins sujettes à interruption par les grossesses imprévues, elles ont commencé d'investir dans les études et la formation. Leurs parents aussi. Au printemps 2012, un important groupe de recherche américain [Pew Research Center] révélait que les jeunes femmes attachent désormais plus d'importance que les jeunes hommes à la perspective d'une carrière à hauts revenus
[...] Une étude savante fondée sur des statistiques danoises révèle que les hommes moins bien rémunérés que leur compagne sont plus susceptibles que les autres de suivre un traitement pour troubles de l'érection
[...] Les données américaines montrent que, en 2010, les femmes non mariées et sans enfants âgées de 22 à 30 ans gagnaient autant que leurs homologues masculins au sein de la population "blanche" et un peu plus au sein de la population "latino". Pour cette catégorie, l'écart habituellement observé entre la rémunération des hommes et celle des femmes a disparu. [...] Les Irlandaises sans enfants, quant à elles, sont payées 17 % de plus, en moyenne, que les Irlandais sans enfants. [...] Et, au Brésil, près d'une femme sur trois gagne davantage que son mari, nous apprend The Economist
[...] Nos contemporaines [...] renouent avec ce rôle originel de cosoutien de famille [cueillette à la Préhistoire]. L'université est faite pour le cerveau féminin. Car enfin, qu'y fait-on ? On s'y assoit. On y lit. On y écrit et on y parle. Helen FISHER, Bio-anthropologue.
Lyza MUNDI, The Spectator, 07/2012. Books, 06/2013, p. 25.

[...] Selon presque tous les critères, les garçons dans l'ensemble du pays [Etats-Unis], quel que soit le groupe démographique, sont en train de décrocher. Dans le primaire, ils ont deux fois plus de risques de se voir diagnostiquer des troubles de l'apprentissage que les filles, et deux fois plus de probabilités d'être placés dans des classes d'éducation spéciale
[...] Selon une étude de l'université du Michigan, le pourcentage des garçons disant n'avoir pas aimé l'école a augmenté de 71 % entre 1980 et 2001 [En France, 38 % des garçons disent s'ennuyer à l'école, contre 29 % des filles]. Mais c'est à l'université que l'évolution est la plus manifeste. Dans le premier cycle il y avait, voilà trente ans, 58 % de jeunes hommes ; ils sont désormais en minorité à 43 % en 2010. 
[...] Des universitaires, notamment Christine Hoff Sommers, de l'American Enterprise Institute, imputent la responsabilité du décrochage des garçons au dévoiement du féminisme. Dans les années 1990, [...] alors que les filles progressaient clairement et régulièrement vers la parité à l'école, les enseignantes féministes continuaient à les juger défavorisées et leur prodiguaient un maximum de soutien et d'attention. De leur côté, les garçons, dont les performances avaient déjà commencé de péricliter, étaient abandonnés à leur sort, et on laissa leurs difficultés s'aggraver. 
La première explication qui a été invoquée, c'est la féminisation massive du corps enseignant. L'instruction dispensée à l'école est identifiée aux rôles féminins. La culture, avec ses objets électifs que sont la lecture, le goût du langage châtié, c'est une affaire de filles, de "meufs", de "pédés". Elle est rejetée par les garçons. Ils se réfugient dans le repli, la contestation, la mise en cause du bon élève, du "bouffon"
[...] Je ne suis pas sûr que les garçons soient intrinsèquement déstabilisés par la concurrence de filles. En revanche, ils doivent forcément ressentir que les valeurs qui comptent au sein de la société actuelle sont des valeurs associées aux femmes : le rôle maternel, le soin, la sollicitude. D'où la tentation de se réfugier dans ces châteaux forts que sont l'informatique, le fric ou encore les spectacles sportifs, hauts lieux de la masculinité encore et toujours triomphante.
Marcel GAUCHET, philosophe et historien, Books, 06/2013, p. 35.

[...] En même temps, le nombre d'élèves par professeur a augmenté, la part dévolue à l'éducation physique et aux sports a diminué, et les récréations longues ne sont plus qu'un lointain souvenir. Ces nouvelles contraintes réduisent les points forts et accentuent les points faibles de ce que les psychologues appellent désormais le "cerveau de garçon", ce comportement agité, brouillon, très agaçant mais parfois brillant, dont les scientifiques pensent qu'il est non pas acquis mais inné
[... En réalité] le sujet [...] divise les chercheurs. Il n'en reste pas moins que nombre d'arguments plaident en faveur d'une plus grande fragilité du cerveau masculin : [...] troubles liés à l'autisme près de cinq fois plus fréquents chez les garçons, prévalence des troubles de l'anxiété 50 % plus élevée, 80 % des bègues sont de sexe masculin, deux fois plus sujets que les femmes aux maladies mentales graves et se suicident près de trois fois plus. De nombreux troubles psychiatriques sont liés au chromosome X ; [...] l'existence d'un deuxième X chez la femme, exerce peut-être un effet compensateur. 
[...] Presque tous les parents le savent, la plupart des gamines de 5 ans s'expriment mieux et savent reconnaître plus de mots. Les garçons ont une meilleure coordination visuomotrice, mais leurs gestes sont moins précis et certains peinent à contrôler le crayon ou le pinceau.
Voir des arguments relativisant ces capacités visuo-spatiales en faveur des hommes >> 
[...] Il y a trente ans, les féministes faisaient valoir que le comportement "masculin" classique était socialement déterminé ; aujourd'hui, les scientifiques pensent au contraire qu'il résulte de la différentiation chimique du cerveau mâle. [...] Les filles dont la mère a eu un haut niveau de testostérone durant la grossesse sont plus enclines à jouer avec des camions qu'avec des poupées. 
[...] Les primates préfèrent s'affronter les uns les autres plutôt que de paraître faibles. Selon les psychologues, c'est exactement le même impératif, dicté par l'évolution, qui pénalise les garçons au collège, et empêche les gamins en échec d'admettre avoir besoin d'aide.
C'est l'une des raisons pour lesquelles les jeux vidéo ont une telle emprise sur [les garçons] : il y a constamment de l'action, chacun peut choisir son niveau de défi, et quand on perd, c'est à l'abri des regards. 
[...] Confrontés à des images de personnes en pleurs, les filles [de 11 à 18 ans] activent la partie droite du cortex préfontal, comme les adultes. Chez les adolescents mâles, [...] ce sont les deux côtés du cortex qui sont utilisés, ce qui témoigne d'une moindre maturité cérébrale. Le traitement de l'information est en outre plus rapide chez les adolescentes. 
[...] A travers l'Amérique, des pédagogues sont en train de ressusciter une vieille idée : séparer les garçons des filles [comme au collège Roncalli de Pueblo, dans le Colorado]. [...] Il est encore trop tôt pour crier victoire, mais [dans cet établissement] les premiers signes sont encourageants : les plus timides des adolescents s'impliquent beaucoup plus. 
[...] L'un des indicateurs qui permet le mieux de prédire si un garçon réussira ou non au lycée tient en une seule question : y'a-t-il dans sa vie un homme qui puisse lui servir de modèle ? Trop souvent, la réponse est non. [...] 24 % des enfants américains de moins de 18 ans vivent avec leur mère seule. En France, c'est le cas de 17,7 % des "enfants" de moins de 25 ans. 
[... Dans] la Eagle Academy for Young Men de New York [...] presque chaque adolescent a un mentor, un policier, un avocat ou un chef d'entreprise issu du quartier, le South Bronx. L'impact de ce programme a été "abyssal" [selon David Banks son directeur].
Peg TYRE, Newsweek, 01/2006.
Books, 06/2013, p. 30.

Femen...

Sous la surface des différences cognitives et comportementales entre hommes et femmes...
7. Les hommes sont deux fois plus sujets que les femmes aux maladies mentales graves et se suicident près de trois fois plus. Books, 06/2013, p. 33.
6. Les hommes sont 5 fois plus affectés que les femmes par des désordres liés à l'autisme. Ils sont deux fois plus nombreux à être sujets à des maladies mentales graves. Books, 11/2012, p. 36. 
5. Le déterminisme social [cher aux féministes, notamment] extrême a beaucoup de mal à expliquer pourquoi l'on trouve bien plus de gauchers parmi les garçons (12 %) que parmi les filles (8 %). Simon BARON-COHEN (The Psychologist, 11/2010), Books, 11/2012, p. 35. 
4. [...] Notre étude du nouveau-né, a montré que les filles regardent plus longtemps un visage humain tandis que les garçons se concentrent plus longtemps sur un mobile mécaniqueSimon BARON-COHEN (The Psychologist, 11/2010), Books, 11/2012, p. 35. 
3. Dans un récent ensemble d'études réalisées auprès de 200 000 hommes et femmes grâce à un site Web de la BBC, un test consistant à évaluer l'orientation de lignes, entre autres tâches visuospatiales, a révélé des différences non négligeables en faveur des hommes dans 53 pays. Diane HALPERN (Science, 12/2010), Books, 11/2012, p. 32.  
Quelques réserves à l'égard de ce genre d'études...
3.1. Ces tests [psychométriques d'aptitude cognitive] révèlent des différences de performances entre hommes et femmes [...]. Cependant, ces différences moyennes restent faibles comparées à la variation entre individus à l'intérieur de l'un ou l'autre genre. Paul SEABRIGHT, Sexonomics, Alma 2012, p. 187.
3.2. C'est aller trop loin que de déduire des différences cognitives ou comportementales à partir d'une disparité mesurable dans les processus cérébraux. La logique inverse serait même possible : la structure et l'activité de nos neurones pourrait bien être influencées par notre vécu quotidien. On a ainsi découvert que la partie postérieure de l'hippocampe des chauffeurs de taxi londoniens est plus grosse que celle du groupe de contrôle. Hillary et Steven ROSE, (London Review of Books, 09/2010), Books, 11/2012, p. 27. 
2. 80 % des bègues sont des hommes. Books, 11/2012, p. 25. 
1. 9 personnes incarcérées sur 10 sont de sexe masculin. Books, 11/2012, p. 25.

Corde au cou...

Sous la surface du développement des sociétés : le prix de la fiancée...
Toutes les sociétés horticoles, toutes celles de pasteurs, à quelques exceptions près [...], ont le prix de la fiancée [la dot consiste en un "paiement"]. Les chasseurs-cueilleurs sédentaires-stockeurs l'ont aussi [...]. Mais les chasseurs-cueilleurs nomades ne l'ont pas. 
Pourtant ils "paient" aussi, peut-on dire, pour les femmes, mais autrement : ils paient de leur personne. Le gendre se met au service du beau-père pendant des mois, des années, la longueur de ce temps coutumier étant très variable selon les cas [...] jusqu'à ce que, enfin, il puisse emmener la fille qui sera désormais considérée comme mariée. C'est ce que l'on peut appeler le "service pour la fiancée" [...]. Un tel brideservice se rencontre chez pratiquement tous les peuples agricoles ou éleveurs, mais c'est toujours, chez ces peuples, une type de mariage secondaire, [...] dévalorisé auquel le gendre a recours s'il ne dispose pas des biens du prix de la fiancée. [...] Mais chez les chasseurs-cueilleurs nomades, [...] c'est le seul, le mode normal et régulier. En tout cas chez les Pygmés, Négritos de Malaisie, les San [Bochimans], les Athapaskans et les Algonkins du Canada, les Shoshones du Grand Bassin, les chasseurs des Pampas, les Fuégiens, etc. 
La convergence de toutes ces données est claire : les chasseurs-cueilleurs sédentaires-stockeurs sont socialement très semblables à des céréaliculteurs, formant partout des sociétés fortement structurées par la richesse, alors que cette richesse semble ne jouer aucun rôle chez les chasseurs-cueilleurs nomades. Page 217. 
[...] Les chasseurs-cueilleurs [...] qui pratiquent normalement le service pour la fiancée, ont de bonnes raison d'améliorer la production, permettant d'abréger le temps du service ou même de l'abroger en donnant des biens à la place. Rien de tel [chez les Aborigènes d'Australie], non seulement parce que les obligations sont à vie [...], mais aussi parce que la quantité de ce qui est demandé n'est pas stipulée comme dans un contrat [...]. C'est pourquoi je dis que le chasseur n'a pas, dans ce type, d'intérêt ni d'incitation à accroître sa production. Page 275.
Alain TESTART, Avant l'Histoire, Gallimard 2012.

Misogynie cervicale...

Sous la surface du statut de la femme au cours de l'histoire : l'évolution de la taille du cerveau chez les ancêtres du genre humain, par Paul Seabright... 
[...] Les premiers humains colonisèrent une nouvelle niche évolutive particulièrement risquée. Il parièrent sur les gros cerveaux (ou plus exactement, la sélection naturelle fit ce pari pour eux) payant de ce fait un prix comportemental significatif : la période d'élevage de leur progéniture devint exceptionnellement longue.
[...] Plus les relations de coopération et de réciprocité sont sophistiquées au sein d'un groupe d'individus, plus le groupe est vaste, plus le défi cognitif que représente la mémorisation des obligations mutuelles est important. Chez les primates, les espèces qui ont de plus gros cerveaux (par rapport à la taille de leur corps) ont tendance à vivre dans des groupes plus larges.
Les gros cerveaux sont l'investissement nécessaire pour vivre dans de grands groupes (ce qui implique une pression sélective croissante en faveur de plus gros cerveaux au fur et à mesure que la taille du groupe augmente). 
[...] Pour la sélection naturelle le seul moyen de favoriser l'apparition de bébés nantis de crânes plus grands contraignit à la réduction des délais. Les petits humains furent, sont, des prématurés. Le bébé naît dans un état de dépendance qu'aucun autre animal (à l'exception des marsupiaux) ne pourrait gérer.
[...] La direction ainsi prise par l'évolution semble favorable aux femmes car les hommes [devaient contribuer] désormais à l'éducation de leur progéniture en apportant des ressources, notamment nourriture et protection, ce qu'ils ne faisaient pas à l'époque où nos ancêtres ressemblaient davantage aux bonobos et aux chimpanzés. 
Cette orientation favorable n'en eut pas moins un effet négatif pour les femmes dans leur pouvoir de négociation avec les hommes. Car si les hommes contribuaient davantage, leur contribution devenait plus indispensable. D'eux dépendaient largement les protéines nécessaires aux cerveaux des nourrissons. Mais il y avait plus grave : cet apport du mâle impliquait un engagement à plus long terme, que moins d'hommes seraient susceptibles de fournir. Les hommes pouvaient donc monnayer leurs apports. Ils devenaient plus rares.
Paul SEABRIGHT, Sexonomics, Alma, 2012, p. 138.

Démocratiegynie...

Sous la surface du statut de la femme au cours de l'histoire : l'invention de la démocratie en Grèce antique...
[...] Dans une étude consacrée au mariage en tant qu'échange de dons dans la Grèce classique, Claudine Leduc observe [...] que dans les cités-États les plus conservatrices sur le plan social, telles que Sparte et Gortyne, les femmes pouvaient être citoyennes et posséder leur propre domaine ; en effet la citoyenneté y était fondée sur l'appartenance à une communauté de propriétaires terriens fermée aux étrangers. Tandis qu'à Athènes, socialement plus innovante et ouverte aux étrangers, la citoyenneté demeurait liée au foyer (dominé par l'homme), et les femmes passaient de la maison du père à celle du mari. Elles n'étaient pas traitées comme des biens, mais plutôt comme des enfants. Leduc remarque que "la femme apparaît comme la grande victime de l'invention de la démocratie".

Semence en veux-tu en voilà...

Sous la surface des différences d'attitude face à la sexualité entre les femmes et les hommes : la loi de l'offre et de la demande appliquée aux cellules sexuelles...
[...] L'abondance de spermatozoïdes signifie qu'une femme peut et doit être sélective. Ses ovules ont de la valeur puisqu'ils sont rares ; non seulement elle n'en libère qu'un par mois, mais pour peu que celui-ci soit fécondé, elle portera le fœtus  ne pourra engendrer pendant au moins un an et se retrouvera alors avec un enfant qu'elle devra nourrir et protéger pendant des années. Si le père peut menacer de n'avoir aucun rapport avec ses enfants, le femme ne le peut pas. Ainsi les occasions d'avoir des enfants pour une femme sont bien trop précieuses pour qu'elle les gâche avec des hommes qui ne lui paraissent pas en valoir la peine. 
Le fait que les femmes soient très sélectives est un défi pour les hommes. Non seulement chacun doit trouver une femme féconde, mais il doit aussi la convaincre d'accepter son offre et entre en compétition avec ceux qui essaieraient d'en faire autant. Page 29. 
[...] Loin de se neutraliser, les pressions qui s'exercent sur les hommes et les femmes s'additionnent. C'est une spirale : la sélectivité des femmes encourage la persévérance des hommes, et plus ils sont persévérants, plus elles doivent se montrer sélectives. Page 30. 
Où l'on met un pied dans le grand sujet de l'accaparement des ressources et de l'apparition des inégalités... 
[...] Au cours de l'évolution de l'espèce humaine, les hommes trouvèrent des moyens pour compenser le peu de valeur de leurs spermatozoïdes autant que leur abondance. L'un des moyens les plus efficaces était d'accaparer les ressources économiques rares, pour lesquelles entrèrent à leur tour dans la compétition les femmes. Page 40.
Paul SEABRIGHT, Sexonomics, Alma 2012. 

Femmes libérées...

Sous la surface de certaines différences anatomiques et cognitives entre hommes et femmes, transparaît, selon Paul Seabright, les pratiques sexuelles de nos ancêtres et par là même, la place de la femme dans ces sociétés primitives... 
[L'incapacité des spécialistes] à constater des différences fondamentales [dans les aptitudes cognitives entre hommes et femmes], nous révèle quelque-chose de très significatif sur les conditions dans lesquelles notre espèce évolua. 
[...] Les tissus musculaires étant coûteux à produire et à entretenir, la sélection naturelle en a davantage pourvu les mâles qui en avaient besoin pour vivre à l'époque des chasseurs-cueilleurs. Les tissus cérébraux, eux, sont encore plus coûteux à produire et à entretenir que les muscles mais la sélection naturelle les a néanmoins également répartis entre les hommes et les femmes. 
[...] L'homme et la femme développèrent tous deux des cerveaux sophistiqués pour affronter des défis tout aussi complexes durant presque toute l'évolution humaine. La subordination et la dépendance qui ont largement caractérisé la condition féminine à des époques relativement récentes ne peut donc avoir été une constante depuis notre divergence avec les chimpanzés et les bonobos. 
Un deuxième indice anatomique, la taille des testicules, laisse entendre que dans la plupart des sociétés de chasseurs-cueilleurs, les femmes étaient beaucoup plus autonomes qu'elles ne le furent plus tard après l'adoption de l'agriculture. Les testicules des hommes sont en effet d'une taille intermédiaire entre ceux des gorilles et des chimpanzés...
[...] Les gorilles vivent dans des harems dominés par un seul mâle. C'est d'ailleurs parce qu'il ne peut y avoir qu'un vainqueur et qu'il faut sérieusement se battre que les gorilles mâles sont beaucoup plus grands que les femelles. Le mode de vie des chimpanzés et des bonobos, notre plus proche parentèle, est, lui, très différent. Les femelles de ces deux espèces vivent en petits groupes et s'accouplent de manière débridée avec quantité de mâles. Les mâles de ces espèces sont donc relativement plus petits que les gorilles mâles puisqu'ils n'ont pas à rivaliser. Pour être plus précis, les mâles chimpanzés et bonobos sont plus petits à tout point de vue, sauf en ce qui concerne les testicules qu'ils ont nettement plus gros. [...] Faute de monopoliser l'accès sexuel aux femelles, l'intérêt reproductif de ces mâles est d'avoir des spermatozoïdes aussi abondants que possible afin d'augmenter leur chance de féconder eux-même les femelles.
... [cela] laisse à penser qu'il était assez courant pour les femmes d'avoir des rapports sexuels avec plus d'un homme durant leur cycle oestral. Pas autant que les femelles de chimpanzés. Elles le faisaient toutefois suffisamment souvent pour que les hommes s'adaptent à la compétition spermatique, comme le font les chimpanzés mâles. Cette conclusion suggère que les femmes choisissaient assez fréquemment leurs partenaires
Outre la taille des testicules, celle du pénis humain est une exception encore plus frappante parmi les grands singes. Les hommes ont un pénis presque deux fois plus grand que les chimpanzés et quatre à cinq fois plus grand que les gorilles. Ils produisent également un plus grand volume séminal par éjaculat [...]. Nous ignorons si ce fait à pour origine la compétition spermatique, un pénis plus long offre un avantage en déposant les spermatozoïdes plus près de l'utérus, ou s'explique par la plus grande stimulation qu'un long pénis peut fournir et pour lequel les femmes pourraient directement avoir eu une préférence.
[...] La réduction de l'asymétrie de taille entre les hommes et les femmes depuis les premières espèces d'australopithèques semble indiquer que, dès les temps les plus anciens, la force comptait moins que la persuasion dans leurs relations. 
[...] Outre les nombreux éléments scientifiques tendant à le confirmer, beaucoup d'explorateurs, de missionnaires et d'anthropologues confortent ce point de vue, ayant rapporté dans leurs récits quantité d'histoires de rituels orgiaques, d'échanges enthousiastes de partenaires et de sexualité ouverte non entravée par la culpabilité ou la honte. 
[...] On peut aussi mentionner l'aptitude des femmes à l'orgasme retardé et multiple, de même que son caractère fréquemment bruyant, ce qui suggère que la sélection ne favorisait pas la discrétion.
 En conclusion...
[...] La proportion d'accouplements multiples pendant la préhistoire reste incertaine. Nous ignorons également jusqu'à quel point les femmes contrôlaient "librement" leur propre vie sexuelle. Ce qui nous intéresse ici, c'est que nos ancêtres femmes jouissaient presque assurément, avant l'arrivée de l'agriculture, d'un plus grand pouvoir de négociation avec les hommes.
Paul SEABRIGHT, Sexonomics, Alma, 2012, p. 128.

Proto-insémination...

Sous la surface de nos opinions, nos croyances et nos certitudes, les forces de la culture poussent et pressent au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. Comme le dit Claude Lévi-Strauss, "l'anthropologie révèle que ce que nous considérons comme "naturel", fondé sur l'ordre des choses, se réduit à des contraintes et à des habitudes mentales propres à notre culture".
Petit tour de la perception de l'insémination dans différentes cultures...
[...] L'insémination avec donneur a son équivalent en Afrique, au Burkina Faso [...]. Dans cette société, chaque fillette est mariée de très bonne heure, mais avant d'aller vivre chez son époux elle doit, pendant trois ans au plus, avoir un amant de son choix et officiellement reconnu pour tel. Elle apporte à son mari le premier enfant né des oeuvres de son amant, mais qui sera considéré comme le premier-né de l'union légitime. 
[...] Dans d'autres populations africaines [...] un homme marié dont la femme est stérile peut, moyennant paiement, s'entendre avec une femme féconde [...]. En ce cas, le mari légal est donneur inséminateur, et la femme loue son ventre à un autre homme, ou à un couple sans enfant. 
[...] Au Tibet, [...] plusieurs frères ont en commun une seule épouse. Tous les enfants sont attribués à l'aîné, qu'ils appellent père. Ils appellent oncle les autres maris. Dans de tels cas, la paternité ou la maternité individuelle sont ignorées, ou l'on n'en tient pas compte. 
[...] Les Nuers du Soudan assimilent la femme stérile à un homme. En qualité d'"oncle paternel", elle reçoit donc le bétail représentant le "prix de la fiancée" payé pour le mariage de ses nièces, et elle s'en sert pour acheter une épouse qui lui donnera es enfants grâce aux services rémunérés d'un homme, souvent un étranger. 
[...] Chez les Yarubas du Nigeria, des femmes riches peuvent, elles aussi, acquérir des épouses qu'elles poussent à se mettre en ménage avec un homme.
[...] Dans tous les cas, des couples formés de deux femmes et que, littéralement parlant, nous appellerions homosexuels pratiquent la procréation assistée pour avoir des enfants dont une des femmes sera le père légal, l'autre la mère biologique. 
[...]Les sociétés sans écriture connaissent aussi des équivalents de l'insémination post mortem [...]. Une institution attestée depuis des millénaires (car elle existait déjà chez les anciens Hébreux), le lévirat, permettait et même parfois imposait que le frère cadet engendre au nom de son frère mort. 
[...] Chez les Nuers soudanais dont j'ai parlé, si un homme mourait célibataire ou sans descendance, un parent proche pouvait prélever sur le bétail du défunt de quoi acheter une épouse. Ce "mariage fantôme" comme disent les Nuer, l'autorisait à engendrer au nom du défunt, puisque ce dernier avait fourni la compensation matrimoniale créatrice de la filiation.
[...] Toutes ces formules offrent autant d'images métaphoriques anticipées des techniques modernes. Nous constatons ainsi que le conflit qui nous embarrasse tellement entre la procréation biologique et la paternité sociale n'existe pas dans les sociétés qu'étudient les anthropologues. Elles donnent sans hésiter la primauté au social, sans que les deux aspects se heurtent dans l'idéologie du groupe ou dans l'esprit des individus.
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie face aux problèmes du monde moderne, Seuil, 2011, p. 69.

Richard III, le retour...

[Londres] abritait depuis le milieu des arènes 1570, une véritable industrie du spectacle. Localisée à la périphérie, là où la juridiction, et donc le contrôle de la municipalité de Londres, ne s'exerçait pas, elle reposait sur un ensemble très varié de divertissements. Les théâtres n'en formaient qu'une partie, à côté des arènes pour les combats d'animaux ou pour les démonstrations de tir ou d'escrime
[... Pour les troupes de théâtres], attirer le plus grand nombre de spectateurs est un impératif économique. Une tâche d'autant plus difficile que, dans les années 1590, chaque troupe peut donner plus de vingt représentations par mois, hors périodes d'épidémies ou de troubles politiques, durant lesquels le pouvoir royal fait fermer les théâtres. Les troupes peuvent jouer tous les jours, à l'exception du dimanche, pour des raisons religieuses. Les représentations sont données dans l'après-midi : elles débutent le plus souvent à 14 heures ou à 16 heures. [...] Les spectateurs versent un penny (le prix d'un demi-litre de bière) pour s'installer dans la cour, et un penny de plus s'ils désirent gagner les galeries. [...] Le prix des places [étant] faible, [...] un public très varié pouvait assister aux représentations : des nobles jusqu'aux apprentis londoniens, portés à la rixe et au tapage, en passant par les marchands, les artisans, les fermiers de passage dans la capitale et les prostituées
[...] L'installation dans des amphithéâtres donne aux artistes des possibilités nouvelles. Musique, danse, effets pyrotechniques parfois spectaculaires sont désormais aussi importants que le texte joué. Les troupes à la fin du XVIe siècle comptent souvent entre douze et quinze acteurs [...]. 
[...] Alors qu'il y avait des femmes dans les troupes italiennes, en particulier dans la commedia dell'arte, il faut attendre la restauration Stuart en 1660 pour pouvoir, à Londres, applaudir des actrices. Jusqu'à cette date, les rôles féminins, limités, étaient interprétés par des garçons. L'interdiction venait de l'idée qu'une femme qui s'exposait à la vue de tous et qui était payée pour cela ne pouvait être que sans vertu. Mais les femmes avaient la possibilité de jouer dans un cadre privé, à la Cour par exemple. 
[...] Lorsqu'une pièce rencontre le succès, les acteurs-actionnaires cherchent fréquemment à tirer profit de cette réussite en réclamant à leurs dramaturges l'écriture d'une suite, d'une pièce mettant en scène le même personnage ou d'une pièce au thème similaire. 
[...] Pendant que se joue la comédie, on fait circuler dans l'auditoire boissons et nourritures : ceux qui le souhaitent peuvent aussi en avoir pour leur argent et refaire leurs forces. Thomas PLATTER (voyageur suisse contemporain de Shakespeare ayant assisté à une représentation).
François-Joseph RUGGIU, Olivier SPINA, L'Histoire, 02/2013, p. 40.

Kif...

Partout où il n'y aura rien, lisez que je vous aime.

Denis DIDEROT (1759), Lettre à Sophie Volland.

Moi vouloir Jane...

Sous la surface de l'homme et de son rapport à la violence...
[...] Les êtres humains sont capables d'une violence et d'une cruauté presque inimaginables à l'égard d'autrui [...] mais nous sommes également des créatures éminemment sociables, coopératives, qui ont viscéralement horreur de verser le sang humain. 
[...] Il faut avoir à l'esprit que nos ancêtres ont triomphé non en tant qu'individus, mais en temps que membres de communautés victorieuses. 
[...] Les raids des Yanomami [...est] la forme de guerre probablement menées par nos ancêtres préhistoriques. [Dans cette société tribale d'Amazonie étudiée par Napoléon Chagnon], la guerre est moins le résultat d'un désir de s'approprier les ressources que le produit de tensions psychologiques : jalousie sexuelle, accusations de sorcellerie, désir de vengeance. [...] Les femmes de chaque communauté encouragent les guerriers. C'est un cercle vicieux
[...] Les hommes qui ont tué, ont plus de femmes et plus d'enfants, que ceux qui n'ont pas tué. Napoleon Chagnon. 
[...] Brian Ferguson ou Keith Otterbein ont [...] proposé une hypothèse alternative cohérente, selon laquelle la guerre fut une "invention culturelle" remontant à environ 10 000 ans. 
[Au cours d'un échange] Einstein [écrivit] à Freud : "Vous avez montré avec une lucidité confondante que les instincts agressifs et destructeurs sont inséparablement liés dans la psyché humaine avec ceux de l'amour et du désir de vivre." 
[...] Dans l'immense majorité des cas, les autres espèces ne tuent leurs semblables que dans un combat individuel, en face à face. Pour trouver des prototypes de guerre chez les animaux non humains, il faut se focaliser sur les phénomènes d'"agression de coalition", que l'on trouve par exemple chez les chimpanzés
[...] C'est l'équipe de Jane Goodall, en 1974...
Ahhh... Jane Goodall...
... qui a pour la première fois observé un raid des chimpanzés. [...] Ils sont menés typiquement par une demi-douzaine à une douzaine de mâles [...]. L'un d'eux immobilise la victime et les autres vont à la curée, se livrant souvent à ce que les observateurs humains qualifient de "cruauté gratuite" : ils tordent un membre jusqu'à ce qu'il craque, arrachent la peau, les testicules et les ongles... Books. 
[...] Le guerrier a un double avantage. Non seulement il est particulièrement attirant pour les femmes de sa propre communauté, mais il peut aussi contraindre les épouses et les filles de l'ennemi. Ces deux facteurs ont pu oeuvrer de concert et fournir dans le passé aux hommes les plus violents davantage d'opportunités de se reproduire qu'aux hommes plus policés. Suivant la dynamique bien connu de la sélection sexuelle, les fils de ces unions ont eu toutes les chances d'hériter du tempérament belliqueux de leur père et ainsi, de génération en génération, les gènes de la violence masculine se sont propagés dans la population. David Livingstone Smith.
[...] Les animaux et les plantes emploient quantités de ruses pour se nourrir, se dissimuler et propager leurs gènes. Or, chez l'homme, se tromper soi-même aide à tromper les autres. Un menteur qui croit à ses propres boniments est bien plus convaincant que celui qui n'y croit pas. Cette faculté a donc pu être sélectionnée par l'évolution
[...] La plupart des gens restent indifférents à la majeure partie de la souffrance humaine. Pourquoi ? D'abord, nous sommes plus indulgents à l'égard de ceux qui nous ressemblent.
[...] Ensuite, nous penchons en faveur de ceux avec qui nous entrons en contact direct. [...Enfin], nous favorisons les membres de notre famille parce qu'ils partagent nos gènes.
[...] En même temps, cette préférence pour les membres de notre communauté contribuent à expliquer notre inhibition devant la perspective d'avoir à tuer quelqu'un. 
[...] Nous coopérons pour mieux entrer en compétition, et un haut niveau d'appartenance communautaire nous rend mieux à même de nous unir pour détruire nos rivaux. Robert Bigelow (biologiste).
Une expérience célèbre et édifiante sur la force du lien social >>
[...] Espèce "symbolique", selon l'expression de l'anthropologue Terrence Deacon, l'homme a ajouté une dimension entièrement nouvelle à la guerre, l'idéologie : "Aucun chimpanzé ne peut rêver d'établir une race de maîtres [ou] de conquérir la Terre Sainte [...] ". 
[...] Pour surmonter son horreur de tuer [...] le combattant peut s'immerger dans une forme particulière de mensonge à soi-même. [...] Le remède consiste alors à déshumaniser l'ennemi. [...] Faire de l'adversaire un animal dangereux, infrahumain, [...] un gibier [... ou] un parasite, un virus, un rat, un pou, etc. 
[...] Une autre technique consiste à déformer la réalité de la violence en transférant la responsabilité de l'acte sur une autorité spirituelle ou séculière. En Nouvelle-Guinée, des esprits ancestraux ou totémiques peuvent être présentés comme les véritables auteurs d'une tuerie, le guerrier ayant seulement agi comme véhicule de leurs désirs [...]. 
[J'ai montré] que la thèse suivant laquelle les mâles humains seraient des "tueurs naturels-nés" ne résistait pas à l'analyse. Verser le sang requiert des conditions extrêmes. "I'm a lover, not a fighter", ont confié au sociologue Charles Moskos quantité de soldats américains au Vietnam. [...] Même les chimpanzés manifestent une aversion à tuer leurs semblables. 
Johan Van DER DENNEN (Evolutionary Psychology)Books, 12/2012, p. 25.