Les temps troublés de la Révolution expliquent en partie le retard français par rapport à la Grande-Bretagne, que l'on observe au début du XIXe siècle [en particulier dans l'industrie textile]. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 327.
En aparté, il semble que le secteur agricole n'était pas mieux loti...
La productivité agricole y était inférieure de moitié à celle de l'Angleterre, et le pays avait une démographie très au-dessus de ses moyens.Norman HAMPSON (London review of books, 1981), Books, La révolution et ses pauvres, 07-08/2012, p. 51.Jacques Attali propose une raison moins académique...
Mais confirme le manque d'opportunisme en France...Les rares forêts dont [l'Angleterre] dispose doivent être précieusement conservées pour l'armement naval, si stratégique ; et comme il n'y a pas de hautes montagnes, il n'y a pas de torrents. Pour trouver l'énergie qui lui manque, la gentry [noblesse sans terre] va s'appuyer sur l'innovation technique d'un Français, Denis Papin, que l'abondance des forêts françaises a fait négliger à Paris : la machine à vapeur. Jacques ATTALI (2006), Une brève histoire de l'avenir. Fayard, p. 107.
Malgré les idéaux des Lumières, la France reste dominée par une caste foncière et bureaucratique qui monopolise la rente agricole et ne l'oriente pas vers l'innovation. Jacques ATTALI (2006), Une brève histoire de l'avenir. Fayard, p. 108.
[...] L'essor industriel de la France est incontestable à partir de la fin des années 1830, comme en témoigne le développement de son réseau de voies ferrées (qui passe de 3 000 km en 1850 à 17 500 en 1870 et à 50 000 en 1913). Il est attesté aussi par les industries textiles, minières et sidérurgiques, ces deux dernières bénéficiant de ce nouveau moyen de transport en étant amenées à produire l'énergie, les rails, les wagons... La "performance" française [est] inférieure à celle de l'Angleterre durant les deux premiers tiers du siècle, et à celle des Etats-Unis et de l'Allemagne dans le dernier tiers. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 421.
[...] Le comportement timoré des épargnants français au XIXe siècle est bien connu [...]. Ils préfèrent les placements "sûrs", comme la terre, la pierre, les bons d'Etat (français ou étranger), ou, à la rigueur, les obligations privées [...] et ne s'orientent qu'avec réticence vers le financement direct des entreprises productrices. [Cela s'explique en partie] par la constitution tardive du système bancaire français, et l'attitude de ce milieu face au monde de la production. [Enfin,] après 1850, la France a suivi les traces de l'Angleterre pour devenir en 1914 le second pays exportateur de capitaux [avec 8,7 milliards de dollars sur un total de 44 milliards]. [...] Il est certain que l'investissement et l'industrialisation auraient été plus importants en France si l'épargne nationale avait été directement utilisée en dépenses productives. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 423.
[...] La France n'a pas connu de véritable "révolution industrielle", si on compare son évolution aux bouleversements rapides de l'Angleterre au début du XIXe siècle, ou des Etats-Unis, de l'Allemagne ou du Japon après 1870. Cela tient sans doute principalement au fait que la France est demeurée longtemps un pays à dominante agricole, à tel point que J. Marczewski situe vers 1885 le moment où la production industrielle y dépasse celle de l'agriculture, alors que cela s'était produit vers 1820 en Grande-Bretagne. [Le maintient] d'une agriculture de subsistance (où domine la petite et moyenne propriété foncière) [grâce aux] protections douanières (sauf de 1860 à 1880 environ) [rend] l'offre de main-d'oeuvre à destination de l'industrie insuffisante pour provoquer une chute brutale des coûts salariaux [...]. BEZBAKH P. (2004), Petit Larousse de l'histoire de France, p. 430.
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