Tandis que tous les autres [Etats européens] sont le produit d'une seule communauté linguistique, et, souvent, d'une unité religieuse, celui de la France, cas unique en Europe, est le fruit de la victoire militaire d'un petit prince plus militarisé que d'autres [Philippe le Bel...].
Pour construire l'Etat français, nous avons détruit la culture bretonne, la culture occitane (au moins 500 000 morts), la culture alsacienne, la culture flamande [...] et nous avons, en gros, fait subir la même chose au petit morceau basque. La Corse, ça s'est fait dans des conditions telles et si tard que ça fait encore mal.
[...] Il résulte de cette triste singularité une grande méfiance du terroir français envers Paris et le centralisme parisien qui se sont imposés par la force des armes. La conséquence est que depuis le début du XXe siècle, nous avons constamment eu, même du temps de l'Espagne franquiste, plus de policiers pour 10 000 habitants que n'importe quel Etat européen. Conséquence symétrique, l'Etat central, qu'il soit républicain, royaliste ou impérial, ressent une méfiance toute aussi grande à l'égard des collectivités locales qui bénéficient de beaucoup moins d'autonomie chez nous que n'importe où ailleurs.
Michel ROCARD, La politique telle qu'elle meurt de ne pas être.
Alain Juppé, Michel Rocard, débat conduit par Bernard Guetta. J'ai Lu. 2011. Page 60.
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