[Selon Hyman Minsky] la chronologie des crises est toujours la même. Au sortir d'une phase de crise, le secteur financier est bridé politiquement par les réglementations et les institutions publiques mises en place à l'occasion de la crise et des scandales qu'elle a mis au jour. La prudence naturelle guide aussi les prêteurs et les emprunteurs privés, impressionnés par les faillites récentes. Dans cette phase du cycle, le financement "couvert" domine [selon Minsky, financement dans lequel les flux de revenus réguliers futurs de l'emprunteur couvrent à la fois le paiement des intérêts, et du principal. Le financement est dit "spéculatif" quand seul le paiement des intérêts peut être assuré ou "à la Ponzi", quand ni le principal, ni les intérêts ne peuvent être payés]. La prospérité se développant, la vigilance publique et privée se relâche, l'endettement s'accélère, finançant des projets de plus en plus spéculatifs. La sphère financière s'enrichit tout particulièrement, ce qui renforce son influence politique, qu'elle utilise à réduire plus encore la réglementation financière. L'enrichissement des financiers développe les inégalités de revenus, augmentant ainsi le taux d'épargne moyen (les super-riches peinent à consommer tout leur revenu et participent au contraire à la bulle des actifs financiers ou immobiliers, des oeuvres d'art, etc.) ; autrement dit, la propension à consommer de l'économie baisse.
Le Nouvel observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 75.
Une autre approche des réflexions de Minsky...
A l'origine de chaque crise financière, il y a toujours un "boom", une invention, une découverte, une nouvelle technologie [...].
[...] Ce boom euphorise les agents et leur fait anticiper des profits importants. Confiants, ils veulent investir et empruntent avec succès auprès des banques qui, elles aussi, gagnées par l'euphorie du moment, ouvrent grand les vannes du crédit.
[...] Or, le moment arrive forcément où les opportunités d'investissement se réduisent, où l'argent commence à manquer et le prix de l'argent (le taux d'intérêt) à augmenter. L'endettement vire au surendettement. On retrouve alors le schéma d'Irving Fisher : entreprises et ménages veulent à tout prix se désendetter et bradent leurs actifs, ce qui déclenche une baisse du prix de ces actifs (actions, maisons, etc.).
Jézabel COUPPEY-SOUBEYRAN, Alternatives Economiques, 01/2013, p. 56.
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