Le débat agite l'Allemagne depuis le mois dernier, quand deux députés du Bundestag se sont vu refuser l'accès aux coffres de la Banque de France : les réserves d'or allemandes, dont le dixième est stocké chez nous, ne seraient pas en lieu sûr.
[...] C'est en 1951 que la RDA a recommencé à accumuler des excédents commerciaux. [...] La Bundesbank [a fini par] se constituer un joli stock, 3 396 tonnes, le deuxième du monde après les États-Unis (8 133 tonnes). Très vite l'essentiel du trésor a été "caché" à l'étranger, car Bonn craignait une invasion du territoire allemand par l'Union soviétique : 1 536 tonnes se trouvent toujours à la Fed à New York, 450 tonnes à la Banque d'Angleterre et 374 tonnes à la Banque de France.
[...] La perte de confiance dans les pays alliés, que révèle l'affaire des réserves d'or, nous concerne à double titre. D'abord, comme le dit l'économiste suisse Michel Santi, "elle achève de nous démontrer que l'esprit allemand, qui prévalait depuis 1945 et soudait le sort de sa nation à l'Occident, a vécu, pour laisser place à l'Allemand farouche défenseur de ses intérêts nationaux." Ensuite, si les Allemands s'inquiètent pour leur or, c'est qu'ils s'inquiètent pour l'euro : ils veulent disposer de leurs stocks en cas d'implosion de la monnaie unique, afin de conforter un éventuel retour au Deutsche Mark.
Christine KERDELLANT, L'Express, 11/2012, p. 90.
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