Calamagostris x acutifolia...

Où l'on découvre les règles de nomenclature des espèces botaniques en vigueur de nos jours, et jusqu'à nouvel ordre...

Pourquoi dans le nom des plantes, on trouve des mots avec majuscules, d'autres sans, des mots en italique, d'autres pas, des mots entre apostrophes comme dans Hosta sieboldana 'Elegans', ou encore des "×" comme dans Calamagrostis ×acutiflora ?
  1. Le premier terme est le nom du genre. L'équivalent de Homo pour les hommes dans la classification zoologique. La première lettre est toujours en majuscule et le terme en italique.
  2. Le second terme est l'espèce. L'équivalent de sapiens pour les hommes. La première lettre est toujours en minuscule, le terme en italique.
  3. Le troisième terme est la variété. L'équivalent d'une sous-espèce en zoologie. Pour les plantes, on trouve soit le terme en italique précédé de "var." quand il s'agit d'une plante croissant en milieu naturel, soit en style normal (pas en italique, quoi...) entre apostrophes quand il s'agit d'une plante cultivée (on parle alors de cultivar).
  4. Le "×", signifie qu'il s'agit d'un hybride (issu d'un croisement génétique).
Il est instructif de voir comment on peut vraiment se prendre le chou avec la taxinomie et les codes de nomenclature en botanique. Par exemple sur Tel Botanica.org...

Deux mots d'histoire...
Cette nomenclature est dite binomiale et a été imaginée par un suédois au XVIIIe siècle, Carl Von Linné (1707 - 1778). C'est lui qui nous a donné notre propre nom, Homo sapiens. Avant lui, les noms des organismes étaient constitués d'une série de mots latins résumant leurs caractères distinctifs, souvent en regard de leur utilité et leur visibilité aux yeux de l'homme. Linné a, d'une part, reconnu les espèces comme des unités fondamentales et établi les principes par lesquels les délimiter et les nommer, d'autre part, rangé les espèces au sein d'un vaste système taxinomique, basé sur la notion d'ordre naturel plutôt que sur les goûts ou les intérêts des hommes. En botanique par exemple, il a classé les plantes d'après la forme, le nombre et la configuration des organes de la fructification. Dans l'un de ses premiers systèmes de nomenclature, il autorisait l'emploi d'un maximum de douze mots par espèce. Même s'il l'a regretté dans un premier temps, du fait d'une perte de précision dans la description des organismes, Linné a fini par réaliser l'habileté du système binomial. Cela n'a pas été pour atténuer son ego gigantesque. Il écrit de lui-même à la troisième personne : 
Dieu a permis qu'il voie davantage de Son oeuvre créée qu'aucun mortel avant lui.

Dieu lui a octroyé la plus grande aptitude à pénétrer les secrets de la nature, plus grande que celle de toute personne avant lui...

Personne avant lui n'avait si complètement réformé la totalité d'une science et inauguré ainsi une nouvelle époque.
Personne n'avait avant lui classé tous les produits de la nature avec une telle lucidité. 
Pourvu d'une légendaire capacité de travail, d'une formidable mémoire et d'une grande aptitude à la synthèse, il a réalisé toute une série de livres dont l'ensemble ressemble plus à une production industrielle qu'à l'activité d'un seul homme. Ses oeuvres appartiennent aujourd'hui à la Société linnéenne de Londres, conservées dans un bâtiment appelé Burlington House, en plein Picadilly.
Stephen JAY GOULD, Antilopes, Dodos et Coquillages, Seuil, 2008.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire