La technologie des usines à fission en service aujourd'hui [et partout dans le monde] n'a pas été choisie parce qu'elle était la plus sûre, ni d'ailleurs la plus efficace ou la plus sobre en déchets.
[...] Au début du nucléaire [...], les choix des réacteurs ont été guidés par leur capacité à produire le plus rapidement possible du plutonium, [nécessaire à la conception des bombes atomiques]. [...] Les attributs de sûreté de ces premières unités militaires n'étaient pas une priorité.
[...] Ce manque criant va ensuite concerner la propulsion nucléaire des sous-marins, nouvelle priorité des États-Unis après la guerre. [La technologie retenue parmi une dizaine de concepts], est celle qui permet de réaliser un engin simple, pour ne pas dire rustique, donc rapide à mettre en oeuvre, et [...] très compact [ce sera le "réacteur à eau sous pression", ou REP] dont 58 spécimens trônent aujourd'hui en France.
[...] Conséquence directe : à l'heure de retenir un type de réacteur civil producteur d'électricité, l'Atomic Energy Comission choisit le REP pour la simple raison qu'il est... déjà fin prêt. [Les scientifiques ont beau rappeler qu'ils n'ont] presque jamais comparé la sûreté intrinsèque de ce réacteur avec celle de ses concurrents, [ils] n'ont plus voix au chapitre. Deux grands industriels, General Electric et Westinghouse, ont pris la filière en main. [Pourtant] des réacteurs dits "à sels fondus", à base de thorium plutôt que d'uranium, feraient aussi bien, mais sans risquer de provoquer des Tchernobyl ou des Fukushima.
Science & vie, 11/2011, p. 72.
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