Remède...

L'économiste Milton Friedman [...] suggérait de faire face à la déflation en jetant de la monnaie d'un hélicoptère. 
[Mais], compte tenu, à la fois de leur surendettement, et de la faiblesse de la demande, les entreprises ne sont [...] pas tentées d'emprunter pour accroître leurs investissements, aussi bas que soient les taux d'intérêts qui leur sont proposés. [...] Quand aux consommateurs, ils préfèrent, eux aussi, se désendetter plutôt que de consommer davantage. La conjonction d'une abondance de liquidités et d'une faiblesse de la demande amène les détenteurs de capitaux à investir dans des placements improductifs (immobilier, titres spéculatifs) sans effet sur le raffermissement de l'appareil de production. 
Keynes proposait, lui, de payer des chômeurs pour creuser des trous et d'autres pour les combler. 
[Mais], d'une part, au sein de l'Union européenne, une politique de relance [...] buterait sur les contraintes institutionnelles [...], d'autre part, dans une économie ouverte, toute relance de la demande risque d'entraîner l'apparition, ou l'aggravation, du déficit commercial [...]. 
Une politique de relance doit donc être orientée vers un renforcement de l'appareil productif. L'Etat peut décider des investissements publics allant dans ce sens. Il peut aussi réduire sensiblement l'imposition des entreprises qui procéderaient elles-même à des investissements visant à renforcer leur productivité. 
[...] La politique de relance [...] devrait être entreprise au niveau européen. 
[...] La véritable mise en oeuvre d'un véritable mécanisme de rééquilibrage des balances courantes ouvrirait la voie à une politique coordonnée, les pays excédentaires étant invités à relancer leur économie et à tirer, ce faisant, la croissance de la zone euro. 
[...] Les pays [...] devraient accepter une règle d'équilibre de leur budget de fonctionnement [...] en échange de la prise en charge par un budget européen étoffé du financement d'investissements visant à muscler l'appareil de production des Etats membres. 
[...] Ce budget serait financé par des crédits à long terme et à faible taux émis par la Banque centrale européenne
[...] Compte tenu de l'importance qui serait ainsi impartie au budget européen, on imagine mal qu'il ne soit pas soumis à un contrôle politique, soit du parlement européen, soit d'un ministre des finances de l'UE, amorce d'un véritable gouvernement communautaire. 
[...] L'UE risque [...] de s'enfoncer durablement dans la crise parce que le remède, qui suppose un approfondissement de la construction européenne, est perçu aujourd'hui comme la source du mal et non le moyen de le combattre.
André GRJEBINE, Le Monde, Supplément Eco & Entreprise, 12/11/2013, p. 9.

Philosophies obscurantistes...

[Pour] Justin Lin (ancien chef économiste à la la Banque mondiale) [...], les clés de l'ascension sociale [en Chine médiévale], symbolisée par l'accession à la haute bureaucratie, reposaient sur la maîtrise des philosophies classiques plutôt que sur les compétences scientifiques. A l'inverse, l'Occident, grâce à une classe d'aristocrates curieux, a investi dans les mathématiques et la démarche scientifique de l'expérimentation, permettant de généraliser le progrès technique à grande échelle.
Pierre JACQUET, Le Monde, 07/11/2013, p. 7.
Justin Lin, Demystifying the Chinese Economy, Cambridge UniversityPress.

Douane et cadastre...

D'après mes calculs, la Suisse prive la France, l'Allemagne et l'Italie de 15 milliards d'euros de recettes fiscales chaque année. Or, du point de vue des règles de l'Organisation mondiale du commerce, le secret bancaire apparaît comme une pratique anticoncurrentielle, contraire au libre-échange, et ces trois pays sont en droit d'imposer des tarifs douaniers d'un montant de 15 milliards d'euros à la Suisse. Cela correspond à des droits de douane de 30 % sur les exportations suisses. De telles sanctions, bien plus efficaces que des listes noires, convaincraient la Suisse d'abandonner le secret bancaire. 
[...] Je vous garantis qu'une coalition entre les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France appliquant une taxe de 50 % sur les exportations de Hongkong, – ce que coûte en impôts perdus son secret bancaire à ces pays ,– aurait un effet immédiat. 
[...] Il faut établir d'urgence un registre mondial des titres de propriété financiers en circulation – actions, obligations, dérivés…–, pour savoir qui possède quoi et où. De tels registres existent déjà dans des entreprises privées comme Clearstream et Euroclear. Je propose d'en transférer la gestion au FMI. Il s'agit de créer le cadastre financier du monde, sur le modèle du cadastre immobilier de 1791, pour soumettre à l'impôt les super-riches qui veulent s'y soustraire en se dissimulant derrière des sociétés écrans offshore ou des trusts. 
Une fois ce cadastre créé, il faut instaurer un impôt global sur le capital, prélevé à la source par le FMI et levé sur la base du fichier, tous les ans, à hauteur de 2 % de la valeur de chaque titre financier.
Gabriel ZUCMAN, Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 2.

Evasion sur le feu...

Sans l'évasion fiscale, la dette publique française ne serait pas à 95 % du PIB mais à 70 %.
Gabriel ZUCMAN (propos recueillis par Anne MICHEL), Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 2. 

Pas vu pas pris...

Quelques chiffres sur les paradis fiscaux, les sommes qui y sont dissimulées, et de l'impact sur les recettes fiscales...

Les paradis fiscaux...
Les 20 plus grandes firmes britanniques disposent de plus de 1 000 filiales dans les centres financiers offshore. Si les banques sont en tête du classement [Barclays en compte 298], les entreprises industrielles y sont également très présentes. Alternatives Economiques,  03/2011, p. 46. 
Le plus grand paradis fiscal du monde est la City de Londres. Créer une société écran n'y coûte aujourd'hui qu'environ 250 euros. Raphaël DIDIER (2009), Le capitalisme en clair. Ellipses, p 68. 
Les spécialistes de droit fiscal s'accordent pour évaluer le nombre de paradis fiscaux à 70 dans le mondeRaphaël DIDIER (2009), Le capitalisme en clair. Ellipses, p 69. 
Les sommes dissimulées...
Selon l'enquête menée par le grand reporter de La Croix Antoine Peillon (1), les Français dissimuleraient de l'ordre de 600 milliards d'euros dans les paradis fiscaux, dont 220 milliards seraient la propriété de personnes physiques, le reste provenant des entreprises. Chirstian CHAVAGNEUX, Alternatives Economiques, 05/2013, p. 58. (1) Ces 600 milliards qui manquent à la France. Enquête au coeur de l'évasion fiscale, Antoine Peillon, Le Seuil, 2012.
Gabriel Zucman évalue le patrimoine financier des Français dans les paradis fiscaux à 350 milliards d'euros. Anne MICHEL, Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 2.
[En 2012, James S. Henry] a passé en revue toutes les méthodes [d'estimation des richesses dissimulées dans les paradis fiscaux] disponibles pour en pointer les faiblesses et les omissions, afin d'arriver à l'estimation la plus crédible possible (1). Et le résultat fait peur : de 21 000 à 32 000 milliards de dollars [...]. La moitié de cette fortune serait détenue par 91 000 personnes, soit 0,001 % de la population mondiale [...]. Et l'autre moitié, par 8,4 millions d'individus, soit 0,14 % des habitants du monde. Alternatives Economiques, 05/2013, p. 58. (1) The Price of Offshore revisitedTax Justice Network, 07/2012. 
Gabriel Zucman [...] à partir des anomalies mesurées par le FMI dans la balance des paiements mondiale [...], estime qu' "environ 8 % de la richesse financière des ménages du monde entier est investie hors des frontières et hors de portée du fisc de leur pays, une proportion qui peut être majorée à 10 % pour l'Europe". Les avoirs des français fortunés dissimulés en Suisse (toutes banques confondues) s'élèveraient ainsi à... 100 milliards. Sophie FAY, Le nouvel Observateur, 03/2012, p. 83.

Les pertes fiscales...
Les manipulations [de prix de transferts opérés par les multinationales] pour faire apparaître les profits dans les pays à fiscalité faible ou nulle [...] réduisent de 30 % les recettes de l'impôt sur les sociétés. Gabriel ZUCMAN (propos recueillis par Anne MICHEL), Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 2. 
[...] Le syndicat [Solidaires Finances publiques] estime que la France perd [...] de 60 à 80 milliards d'euros de recettes fiscales par an [...]. Chirstian CHAVAGNEUX, Alternatives Economiques, 05/2013, p. 58.
Gabriel Zucman, (chercheur spécialiste des paradis fiscaux), propose des chiffres probablement plus proches de la réalité...
[...] La fraude permise par le secret bancaire représente au bas mot 130 milliards d'euros de pertes d'impôts au niveau mondial, dont 50 milliards dans l'Union européenne et 17 milliards pour la France. Gabriel ZUCMAN (propos recueillis par Anne MICHEL), Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 2. 
[Les 4725 détenteurs de compte à l'étranger qui se sont fait connaître en 2009, ont permis au fisc d'encaisser] 1,2 milliards d'euros de droits et de pénalités. 7 milliards d'euros de capitaux ont été rapatriés en France, qui rapportent 100 millions d'impôts sur la fortune supplémentaire par an. [...] Sur les 4725 contribuables qui ont régularisé leurs avoirs à l'étranger, seuls 68 figuraient sur la liste HSBC [100 000 noms et numéros de comptes]! Sophie FAY, Le nouvel Observateur, 12/2011, p. 122.

Fumistes...

[...] Valeur ajoutée par salarié selon le secteur d'activité en 2003. Il est facile de constater que le critère public/privé n'est pas pertinent pour statuer sur la question de la productivité : l'énergie, où 85% des effectifs concerne le secteur public, possède une valeur ajoutée par salarié très supérieure à celle de tout autre secteur industriel, et l'administration est plus productive, par salarié (car la valeur ajoutée n'est rien d'autre que la contribution au PIB), que le commerce !


Pas de chiffres plus récents sur le net, ni d'informations sur les modalités de calcul... dommage...

Dépense publique ? Bof...

Avec sous les yeux quelques chiffres et graphiques clés sur la structure de la dépense publique, voyons ce qu'en disent ceux qui ne sont pas inquiets outre-mesure...
[...] Au chapitre "services généraux", la France dépense moins que la moyenne européenne
[...] Le rôle historique de la France lui a conféré une place à part en matière de Défense, mais ce poste ne creuse l'écart que de 0,5 points de PIB. 
[...] Les dépenses de l'Etat (22,4 %) sont inférieures à la moyenne de la zone euro (22,6 %), bien moins par exemple qu'au Royaume-Uni (44,8 %). 
[...] En matière de protection sociale, la France dépense plus dans un seul domaine : les retraites (13,5 % du PIB, contre de 8 à 11 % dans la plupart des autres pays [européens] en 2011.
Deux raisons invoquées par l'auteur sur ce dernier point...
[...] L'ampleur et la durée inégalées du baby-boom dans l'Hexagone, ainsi que la progression du taux d'activité féminin
[...] La plus grande partie de notre point d'écart [dans les dépenses de santé] provient de notre médecine ambulatoire [...] et de notre surconsommation de médicaments
[...] L'administration des infrastructures [logement, routes, bâtiments publics...], pour l'essentiel dévolue aux collectivités est [...] très coûteuse comparée au reste de l'Union européenne
[Contrairement à ce qui est souvent avancé], avec 10 800 euros par élève [du secondaire], la France se situe en 7e position sur les 14 pays les plus développés de l'OCDE, loin derrière la Norvège, le Danemark, ou les Etats-Unis
Louis MAURIN, Alternatives Economiques, 09/2013, p. 34.


Et si plutôt que de comparer les coûts bruts, l'on se penche sur les résultats, l'efficacité des dépenses publique. Quelles conclusions peut-on tirer ?

Bas de laine...

Sur le plan strictement macroéconomique, un déficit extérieur, ce n'est pas un problème d'exportations, ce n'est pas un problème d'importations, c'est un problème d'arbitrage entre l'épargne et la consommation. [...] Un pays qui est en déficit est un pays qui n'épargne pas assez, un pays qui est en excédent [...], est un pays qui épargne, et un pays qui épargne est un pays qui consomme moins.
Jean-Marc DANIEL, Les Experts BFM, 05/11/2013.

Demi-providence...

La France consacre autour de 57 % de son PIB à ses dépenses publiques. Environ 45 % de ces dépenses sont reversées aux ménages sous forme de prestations socialesPour financer une partie de ces dépenses, le pays applique un taux de prélèvements obligatoires de l'ordre de 45 à 46 % du PIB (en 2012).
[Ces chiffres] ne sont pas le signe que nos services publics sont plus chers qu'ailleurs, mais que, pour l'essentiel, notre pays a opté pour une réponse collective et moins inégalitaire aux besoins sociaux, quand d'autres laissent faire le marché.
Louis MAURIN, Alternatives Economiques, 07/2013, p. 34. 

Et pourtant...
La France se distingue de ses voisins par le fait que les familles sont encore plus sollicitées qu'ailleurs [dans le financement des études]. Elles fournissent 52 % des ressources étudiantes (contre par exemple seulement 3 % au Danemark). [...] En moyenne, le logement représente [...] 55 % du budget d'un étudiant loin devant l'alimentation (22 %).
Naïri NAHAPETIAN, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 39.
La France est, derrière l'Espagne, l'un des pays où le taux de pauvreté a le plus augmenté entre 2008 et 2011, quasiment trois fois plus que moyenne de l'Union européenne. Ce taux a en revanche sensiblement baissé dans plusieurs pays pourtant plus gravement touchés par la crise que l'Hexagone comme l'Irlande, le Royaume-Uni et le Portugal
Il en va de même sur le plan des inégalités : en moyenne, elles ne se sont pas accrues dans l'Union européenne entre 2008 et 2011. [...] Les inégalités ont même augmenté davantage en France qu'en Grèce entre 2008 et 2011, selon Eurostat !
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 10.
Alors que le gouvernement s'apprête à réformer la formation professionnelle, le bilan n'est pas encourageant nous dit l'INSEE : plus on vieillit, moins on a l'accès à la formation, plus on est qualifié et mieux on est formé, et je ne parle pas des chômeurs, qui le sont beaucoup moins que les actifs en emploi. En résumé, ils faut être jeune, cadre, urbain, dans une grosse entreprise pour espérer être employable.
Sandrine FOULON, On n'arrête pas l'éco, France Inter, 11/2013.
La France est l'un des pays en Europe où les inégalités sociales de mortalité sont les plus fortes. [...] Ces inégalités ne cessent de s'aggraver. Le risque de mourir d'un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois supérieur chez les ouvriers que chez les cadres et les professions libérales.
Le Monde, 30/10/2013, Supplément Science & Médecine, p. 2.

Structure de la dépense publique en France...

La représentation la plus synthétique de la structure de la "dépense publique" totale (1 068 000 000 000 € en 2009) est celle-ci...

Lecture : 4,3 % du total de la dépense publique en 2009 a servi à payer
les intérêts de la dette publique.

On peut aussi décomposer ces dépenses comme suit, en comparant par la même occasion avec quelques pays de l'Union européenne...

Lecture : 1,1 % du PIB sont utilisés par les administrations publiques
pour financer la protection de l'environnement.
Alternatives Economiques, 09/2013, p. 35.

La dépense publique au sens large peut également être analysée à travers les dépenses respectives des trois types d'administrations publiques : l'Etat, les Collectivités territoriales et la Sécurité sociale...

Administrations publiques centrales...
Elles regroupent l'Etat lui-même, ses ministères et plus de 700 organismes (de l'ADEME au CNRS en passant par l'IGN ou les Musées nationaux)...


Administrations publiques locales...
Ce sont les collectivités territoriales (communes, départements et régions) et les divers organismes rattachés (les Chambres de commerce et d'industrie, les collèges et lycées publics, les services de secours, etc.)...
Administrations de sécurité sociale...
Ce sont les caisses et autres régimes de Sécurité sociale, les hôpitaux... Leurs dépenses servent à financer maladie, accidents du travail, famille, retraites, chômage...

Start-down...

Pourquoi la France voit-elle son industrie péricliter ? Pourquoi génère-t-elle si peu d'entreprises innovantes ? Les avis des uns et des autres...
Les chefs d'entreprise ont besoin des sécurité fiscale et réglementaire pour investir. [Les] changements de pied incessants sont mortifères. Anne EVENO (propos de M. Jean-Eudes du Mesnil du Buisson), Le Monde, 06/11/2013, Supplément Eco & Entreprises, p. 2.
Les levées de fonds de capital-risque sont dix fois plus élevées aux Etats-Unis qu'en EuropeFleur PELLERIN, Alternatives Economiques, 11/2013, p. 68.
[...] Les taux de créations d'entreprise de part et d'autre de l'Atlantique ne sont pas très différents, mais les entreprises européennes grandissent difficilement. 
[...] Cette divergence tient en partie au fait que beaucoup de créateurs d'entreprise, côté européen, préfèrent rester petits
Elle tient aussi à des facteurs financiers. Il est impossible de financer des croissances aussi rapides et aussi spectaculaires avec du crédit bancaire
[...] Pour monter dans le train de l'économie de l'innovation, il faut accepter que les champions établis se fassent bousculer. Or, en Europe, on a tendance à [les] protéger [...]. 
Ceux-ci rachètent les start-up, les assimilent, mais souvent aussi les brident
[...] Dans le secteur des biotechnologies, au sud de San Francisco, par exemple, beaucoup de petites entreprises [se sont] établies à peu près au même endroit. [...] Celles qui sont temporairement en difficulté licencient tandis que d'autres embauchent. [...] Cette démographie bouillonnante ne peut fonctionner que si les salariés vont d'une entreprise à l'autre. Ce type d'organisation du marché du travail, très éloigné du modèle de l'emploi stable, est très peu fréquent en Europe. Ce qui ne concourt pas à doper l'innovation. Jean PISANI-FERRY, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 44.

Philanthropie...

Quelles que soient les régions du monde dans lesquelles les études ont été menées, [...] les résultats démontrent que les individus ont plus de satisfaction à dépenser leur argent pour les autres que pour eux.
Le Monde, Supplément Eco & Entreprise, 31/10/2012, p. 7.

Service rendu...

[...] Si l'on accepte l'estimation (probablement très surévaluée) d'une perte de 20 millions d'heures en deux ans [dans les services à la personne] (soit environ 12 000 ETP [emplois temps plein]), celle-ci a permis un gain pour les finances publiques estimé à plus de 850 millions d'euros... soit de quoi financer près de 50 000 "emplois d'avenir" [...].
[...] Actuellement, ce sont plus de 6 milliards d'euros qui, par le biais des exonérations fiscales et sociales, profitent à ces services. Les trois quarts concernent les 10 % des ménages les plus aisés. La justification de ces aides ne repose au final que sur la création d'emplois, mais ces derniers, bien moins nombreux et bien plus coûteux que prévu, demeurent de très mauvaise qualité et alimentent largement la précarité et les inégalités.
François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau, Le Monde29/10/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 8.

Prof modèle...

Les modèles éducatifs performants, comme ceux de la Finlande, de Singapour ou de la province d'Alberta, au Canada, mettent tous l'accent sur le recrutement et la formation des enseignants. Pasi SAHLBERG. 
Catherine QUIGNON, Le Monde, Supplément WISE, 30/10/2013. 

Quelques précisions sur la formation...
Tout au long de leurs cinq années de formation, les futurs enseignants reçoivent de solides notions en pédagogie, psychologie, sciences cognitives. Ceux du primaire suivent un cursus de trois ans en sciences de l'éducation [...]. Ceux du secondaire [ont droit] à une année complète de pédagogie : "C'est-à-dire de quelle façon enseigner leur discipline, comment susciter l'intérêt de leurs élèves, varier les approches en fonction de chacun".
Véronique RADIER, Le Nouvel Observateur, 09/2012, p. 91.
Le système scolaire est centralisé à Singapour tandis qu'en Finlande les enseignants bénéficient d'une totale autonomie quant à leur façon d'enseigner. 
[A Singapour], dès le secondaire, l'éducation nationale repère les meilleurs élèves afin d'en faire peut-être, plus tard, des professeurs. Après avoir subi une formation drastique, les enseignants doivent faire preuve d'une implication très forte : leur journée type commence à 7 heures et se termine après 17 heures. 
A Singapour, comme en Finlande, l'accent est mis sur la formation en continue. [...] Comme en Finlande, la profession jouit d'un statut prestigieux et les enseignants touchent des salaires confortables. Pasi SAHLBERG.
Au lieu d'être de simples administrateurs, les chefs d'établissement jouent le rôle de chef d'équipe afin de motiver les professeurs autour d'un projet pédagogique commun.
Les élèves finlandais subissent très peu de stress des examens et n'ont presque pas de devoirs à faire à la maison, tandis que, dans le Sud-Est asiatique, la pression familiale est forte et les cours après l'école, une tradition très ancrée.
[A Singapour], les écoles sont publiques à une très large majorité. Même situation en Finlande où les établissements bénéficient tous de la même allocation de ressources
[...] Les pays aux systèmes scolaires performants bénéficient tous d'une situation sociale homogène et d'une bonne santé économique. Dans ces conditions, difficile de savoir dans quelle mesure la qualité du système éducatif influe réellement sur les performances scolaires des étudiants.  
Catherine QUIGNON, Le Monde, Supplément WISE, 30/10/2013.
[En Finlande] jusqu'à 9 ans les élèves ne sont absolument pas notés. Ce n'est qu'à cet âge qu'ils sont évalués pour la première fois, de façon non chiffrée. Puis plus rien de nouveau jusqu'à 11 ans. C'est dire qu'au cours de l’équivalent de toute notre scolarité primaire les élèves ne subissent qu'une seule évaluation. L’acquisition des savoir fondamentaux peut ainsi se faire sans le stress des notes et des contrôles et sans la stigmatisation des élèves plus lents. Chacun va pouvoir progresser à son rythme sans intérioriser, s'il ne suit pas au rythme voulu par la norme académique, ce sentiment de déficience voire de « nullité » qui produira tant d'échecs ultérieurs, cette image de soi si dégradée qui fait, pour beaucoup d'élèves, que les premiers pas sur les chemins de la connaissance sont si souvent générateurs d'angoisse et de souffrance.
Meirieu.com, 2006.
[...] Le système finlandais est organisé autour d'un tronc commun obligatoire de longue durée de 7 à 16 ans, sans filières ni différenciation de niveau. [...] Les enfants de tous les niveaux socio-économiques vont dans les mêmes écoles, puisque les établissements privés ont été supprimés. 
[...] Les écoles finlandaises offrent une prise en charge sociale complète des enfants : cela va de la cantine gratuite aux services de santé en passant par les dispositifs d'aide psychosociale et de soutient aux élèves dits "à besoin éducatifs spéciaux". 
[...] Notre école [...] accorde une grande importance à la question de l'équité. [...] Il existe des leviers pour lutter contre [les inégalités] : des parcours sans redoublement, un effort particulier de prise en charge des élèves en difficulté et une formation adéquate des enseignants sur ce point.
[...] A l'inverse [du "mouvement global de réforme éducative" (GERM) actuellement engagé dans la plupart des membres de l'OCDE], la Finlande a fait de la collaboration entre établissements, de l'équité et du professionnalisme de ses enseignants les principales lignes de force de son système.
Pasi SAHLBERG, propos recueillis par Suzi VIERA, Books, 09/2012, p. 23.

Esclavagisme d'Etat...

Non, les Français ne travaillent pas plus de la moitié de l'année pour "remplir les poches de l'Etat".
[...] Selon Henri Sterdyniak, les dépenses publiques représentaient l'équivalent de 211 jours de travail en 2011. 90 étaient immédiatement reversées aux ménages sous forme de prestations sociales, 77 leur profitaient directement (éducation, santé, culture, logement, environnement, police et justice). Seuls 44 jours de travail sont nécessaires pour le fonctionnement interne des administrations et pour financer la dette publique, la dépense et le soutien aux entreprises...
Alternatives Economiques, 07/2013, p. 18.

Perruchhhhut...

[...] Sur les 4 milliards annuels que touchent les organisations syndicales, le montant des cotisations s'élève à 3 %
[...] On est dans un pays où l'on achète la paix sociale
[...] Le rapport [dit "Perruchot" sur le financement des syndicats (2011)] est "enterré" pendant 25 ans.

Dé-formation...

30 milliards d'euros sont collectés chaque année au titre de la formation professionnelle, et, depuis des lustres, les ministres chargés du dossier se refilent la patate chaude du contrôle de l'utilisation de ces fonds.
Dans le collimateur [...], les formations comportementales visant à améliorer les performances et le bien-être des salariés dans l'entreprise.
D'après les estimations de la Miviludes, entre 10 % et 15 % de ces formations seraient sujettes à caution. L'an passé, sur les 187 structures contrôlées par l'administration dans ce champs précis, plus de la moitié ont fait l'objet d'une mise en conformité, tandis que 27 % ont été tout bonnement supprimées du registre officiel des organismes de formation.
Nicolas Perruchot, ancien parlementaire, fournit des chiffres du même ordre...
[...] Sur près de 80 000 organismes qui font de la formation, on peut estimer que 15 à 20 000 ne servent absolument à rien. Donc on a 6 à 7 milliards d'économies à faire sur ce sujet-là [...]
Nicolas PERRUCHOT, BFM Business, 18/10/2012.
Comment pourrait-on s'assurer de la qualité de l'offre ? [Selon Marc Ferracci], en instaurant des indicateurs de résultat ! Tout se passe comme si les prestataires étaient dédouanés de la question du retour à l'emploi de leurs clients. En Allemagne, au contraire, jusqu'à 70 % de la rémunération des organismes de formation peuvent reposer sur ce critère. Avec une telle réforme, les prestataires seraient obligés de suivre le devenir de leurs stagiaires, et aussi d'adapter leurs cours aux besoins des entreprises.
Béatrice MATHIEU, L'Expansion, 09/2012, p. 53.

Transparence déloyale...

[...] L'obligation de divulguer tous les éléments cliniques [des essais menés avant mise sur le marché de nouveaux médicaments] pourrait dissuader les firmes d'investir du temps, de l'énergie et de l'argent dans la production de médicaments innovants, alors que leurs concurrents pourraient se contenter de faire des "me-too" (copies) en exploitant les informations publiées. Scénario peut-être improbable pour une grande firme, mais vrai sujet pour des petites sociétés de biotechnologie qui n'ont pas le personnel et les ressources nécessaires pour concurrencer une multinationale.
Andrew MARSHALL, Nature Biotechnology, 05/2013.
Books, 09/2013, p. 44.

Ayatolérant...

Bien que la législation iranienne autorise la peine de mort contre les homosexuels, la République islamique aide à financer sept fois plus d'opérations volontaires de changement de sexe que l'Union européenne toute entière.
Lawrence ROSEN, The American Interest, 01-02/2013.
Books, 09/2013, p. 51.

Saignée triangulaire...

Les différentes raisons évoquées pour expliquer le retard de développement de l'Afrique...
 
Mondialisation...
[Selon John Christensen (directeur de TJN)], l'une des failles les plus dangereuses de l'économie mondiale [les paradis fiscaux], a privé, par exemple, 33 pays africains de 1 000 milliards de dollars de capitaux depuis 1970.
Alain FAUJAS, Le Monde, 08/11/2013, Supplément Eco & Entreprise, p. 3.

Paludisme
L'Afrique est le premier continent touché (avec 85 % des cas et 90 % des morts) [...]. Le paludisme y fait encore 660 000 morts par an, essentiellement des enfants. 
[...] En 2000, l'OMS publie [...] une étude choc : elle montre que le PIB de l'Afrique subsaharienne, 300 milliards de dollars à l'époque, serait supérieur de 100 milliards si le paludisme avait été éliminé dans les années 1960.
Le coût économique direct annuel du paludisme en Afrique est estimé à  12 milliards de dollars. On évalue à 1,1 millions, le nombre de victimes sauvées cette dernière décennie grâce aux nouveaux traitements.
Chloé HECKETSWEILER, Le Monde, 05/11/2013, p. 9.

Esclavagisme...
[...] Nathan Nunn (Harvard) montre que les pays d'Afrique les plus pauvres, comme l'Angola, l'Ethiopie et le Tanzanie, sont aussi ceux qui ont fourni le plus d'esclaves. Or, ces régions étaient initialement les plus riches, cette richesse leur permettant de procéder aux opérations d'échange et de crédits nécessitées par la traite des hommes. 
[...] James Fenske (Oxford) et Namrata Kala (Yale) montrent que, durant les périodes de sécheresse, la hausse du prix de la nourriture et l'augmentation de la mortalité avaient pour effet de réduire le commerce d'esclaves. Or, il se trouve que les ports situés près de ces zones sont aujourd'hui ceux qui connaissent le niveau de vie le plus élevé. 
Enfin, le découpage arbitraire du continent par les pays colonisateurs a entraîné la multiplication de conflits civils, et donc retardé le développement
[...] Selon Nunn, l'esclavage expliquerait 70 % de l'écart de niveau de vie entre l'Afrique et le reste du monde. S'il n'avait pas eu lieu, l'Afrique connaîtrait un niveau de vie semblable aux autres régions en développement.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 102.

Pas si net...

Serions-nous victimes d'Internet-centrisme, comme le pense le chercheur Evgeny Morozov ? Selon lui, la promesse portée par Internet autour des valeurs d'horizontalité, de décentralisation et d'émancipation nous porte à vouloir réformer le monde autour de nous selon les mêmes principes. Un biais idéologique naïf, selon lui. D'abord parce qu'Internet cache une autre forme de centralisation et de nouvelles hiérarchies. Ensuite parce que la participation et la décentralisation ne sauraient résoudre tous les problèmes.
Alternatives Economiques, 06-07/2013, p. 87.

Immobilisant...

Il existe une forte corrélation entre le taux de chômage et la proportion des ménages propriétaires de leur logement. Ce constat, dressé par l'économiste Andrew J. Oswald, se fonde sur l'examen des statistiques américaines, Etat par Etat, sur plusieurs décennies : quand le taux de propriété double, le taux de chômage est multiplié par plus de deux. Explication avancée : la propriété du logement freine la mobilité et allonge les temps de trajet domicile-travail...
Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 82.
High Home Ownership as a Driver of High Unmployment, www.voxeu.org.

Dommages...

[Suite à l'abolition de l'esclavage,] le Parlement de Londres a versé, en 1833, 20 000 000 de livres [de dommages et intérêts] aux 3 000 propriétaires d'esclaves, soit l'équivalent de plus de 30 000 000 d'euros chacun.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 07-08/2013, p. 102.

Mini...

Si le chômage est bas en Allemagne, c'est grâce aux dispositifs permettant de réduire le travail en période de crise, tels que le chômage partiel et les comptes épargne-temps.
[...] Si plus de 2 millions d'emplois ont ainsi été créés entre 2002 et 2011, le nombre de CDI à temps plein a lui... reculé ! A l'inverse, les mini-jobs, payés au maximum 450 euros et qui n'ouvrent pas droit à l'assurance chômage, représentent désormais un emploi sur cinq.
Gilles RAVEAUD (propos de Arnaud CHEVALIER), Alternatives Economiques, 06/2013, p. 88.

Trop de pauvres tue le pauvre...

Comme toujours en période de difficultés économiques, il se trouve une partie de la population pour estimer que les droits en question [Sécurité sociale...] sont trop généreux, et pour souhaiter punir ceux qui y ont recours : le devoir se mue alors en contrepartie, car il s'agit de faire rembourser par le pauvre valide ce que la société lui a accordé. L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) s'en indigne, et montre que cette logique, d'esprit marchand, est aux antipodes de la solidarité et détruit le lien social, puisque le pauvre est suspecté d'abuser. Mais de quoi abusent les 62 % d'allocataires potentiels du RSA qui ne le demandent pas, s'indigne l'Onpes ?
Daniel CARDOT, Alternatives Economiques, 06/2013, p. 86.
Penser l'assistance, Rapport de l'Onpes, La Documentation française, 2013.

In and out...

Sous la surface de l'immigration et de l'émigration...
9. Le solde migratoire de la France est plus faible qu'ailleurs : il ne représente que 0,1 % de la population chaque année, contre 0,2 % en moyenne en Europe. Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques  06/2013, p. 60.
8. La France accueille la plus grande communauté musulmane d'Europe, 5 millions de personnes, dont la moitié est française. Le Nouvel Observateur, 09/2012, p. 104. 
7. Selon l'Institut national d'études démographiques (INED), la France comptait 5,1 millions d'immigrés [toute personne née étrangère, à l'étranger, et résidant sur le territoire national] au 1er janvier 2006 (soit environ 8 % de la population totale), dont 3,6 millions d'étrangers (5,8 % de la population totale). Ce qui signifie que 1,5 millions de ces immigrés sont en réalité de nationalité française. Alternatives Economiques, 05/2011, p. 60. 
6. Selon les Nations unies, la part des immigrés [toute personne ayant franchi au moins une frontière depuis leur naissance, donc y compris les français nés à l'étranger], dans la population hexagonale passe alors à 10,6 % selon les projections réalisées pour l'année 2010 [14 % en Espagne, 13 % en Allemagne, 13,5 aux Etats-Unis...]. Alternatives Economiques
05/2011, p. 60. 
5. Les immigrés originaires des pays membres de l'actuelle Union européenne à 27 représentent 35 % de la population immigrée totale, et près de 40 % si on y ajoute les pays européens non membres de l'Union. Alternatives Economiques, 05/2011, p. 60. 
4. Depuis 2003, ce sont entre 200 000 et 210 000 ressortissants étrangers qui s'établissent [légalement] en France chaque année [dont un quart de ressortissants de l'Union européenne]. Alternatives Economiques, 05/2011, p. 61. 
3. La famille reste le premier motif d'admission : il concernait 77 000 personnes en 2008, selon l'INED [dont 58 % sont des conjoints, des descendants ou des ascendants de Français]. Alternatives Economiques05/2011, p. 61. 
2. Depuis 1990, le solde migratoire [différence annuelle entre les entrants et les sortants] a augmenté, passant de 40 000 personnes par an à 75 000 en 2010 selon les estimations de l'INSEE. Ce chiffre reste deux fois moins important que celui enregistré dans les années 1960. Alternatives Economiques05/2011, p.62. 
1. Près de 32 000 personnes entrées irrégulièrement ont obtenu un titre de séjour en 2009 selon le rapport du Comité interministériel [...]. 228 000 ont été régularisés depuis 2002, contre 164 000 expulsionsAlternatives Economiques, 05/2011, p. 63.

Plus de place...

La France arrive en dernière position au sein de l'Union européenne pour le poids de la fiscalité environnementale dans ses recettes fiscales.
Eloi LAURENT, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 79.

Collectivisation latente...

[...] On se trompe [...] quand on assimile nos économies monétaires à des économies purement marchandes, en associant du coup le combat en faveur de la décroissance à la lutte contre la "marchandisation du monde" : les économies développées se caractérisent en effet par une hausse tendancielle de la part des richesses qui échappe à une logique purement marchande et privée, via les fameuses "dépenses publiques".
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, Hors-Série n° 97, p. 71.

Diviser pour mieux unir...

La recherche de l'abondance par la production et le travail est aux yeux d'Adam Smith, par exemple, le moyen de renforcer la cohésion des sociétés en accroissant les liens d'interdépendance entre les individus. Un siècle plus tard, le sociologue Emile Durkheim reconnaîtra à son tour la fonction morale de la division du travail. Cette dernière induit une solidarité fonctionnelle qui tient au fait que chacun a besoin des autres pour produire.
Sébastien LEGAY, Alternatives EconomiquesHors-Série n° 97, p. 69. 

Agro-écologie, ou pas...

Sous la surface des pratiques agricoles  et de leur impact écologique. Sous la surface de l'écologie, et son impact sur l'agriculture...
5. La surface totale des surfaces agricoles disponibles sur Terre stagne depuis 1991 et est même repassée sous les 1,4 milliards d'hectares. Manuel DOMERGUE, Alternatives EconomiquesHors-Série n°97, p. 60. 
4. L'agriculture a doublé sa consommation d'eau depuis 1960 et triplé ses prélèvements sur les stocks d'eau non renouvelables dans les nappes phréatiques. Thierry PECH, Alternatives Economiques09/2012, p. 33. 
3. Il faut à peu près une tonne d'eau pour produire un kilo de céréales, quelle que soit la céréale. Pour produire un kilo de poulet, il faut quatre tonnes d'eau. Pour produire un kilo de porc, il faut six tonnes d'eau. Arte, Vers un crash alimentaire, 26/06/2012. 
2. [...] Les terres arables se font plus rares : on comptait 0,35 hectare par personne en 1960, contre 0,2 aujourd'hui, soit un tiers de moins. Thierry PECH, Alternatives Economiques, 09/2012, p. 33. 
1. 10 000 mètres carrés de terres agricoles disparaissent chaque seconde dans le monde (dont 25 mètres carrés en France). Alternatives Economiques, 07-08/2012, p. 99.

L'origine des langues - Merritt Ruhlen

[...] Depuis au moins deux siècle, les linguistes [... ont] montré que les langues actuellement parlées sur Terre (environ 5 000) sont toutes les descendantes d'une seule langue ancestrale. Page 13. 
[... Pourtant] la plupart des linguistes (en fait, pratiquement tous) n'ont pas conscience de l'existence d'une telle preuve dans la littérature linguistique. En effet, la plupart des détenteurs d'un doctorat en linguistique croient non seulement qu'elle n'existe pas, mais surtout qu'elle ne peut pas exister, pour des raisons imaginaires [...]. Page 14. 
[...] Les langues n'empruntent que certains types de mots. Le cas le plus fréquent est celui où le nom d'une chose est emprunté en même temps que la chose elle-même. En revanche, des mots du vocabulaire de base comme "je, moi", "tu, toi", "deux", "qui ?", "dent", "coeur", "oeil", "langue", "non", "eau" et "mort" sont rarement empruntés, et même jamais empruntés dans un grand nombre de langues couvrant des zones géographiques étendues. [...] Quand nous trouvons des mots de cette sorte qui se ressemblent dans une vaste zone géographique, l'explication la plus vraisemblable est que ces ressemblances dérivent d'une ancienne migration de peuples. Page 32. 
L'auteur propose de nombreux tableaux de mots issus de différentes langues qu'il propose au lecteur de classer par familles...
[...] Nous avons comparé des langues de toute la planète [...] et partout nous avons pu les regrouper en familles évidentes, qui sont toutes reconnues comme valides. Nous avons ensuite appliqué ces mêmes techniques à ces familles [...] et là encore, nous sommes parvenus à une classification convaincante, comprenant deux grands groupes et deux familles isolées. Et pourtant, la science des experts dénie tout lien entre aucune de ces familles. Comment est-ce possible ? Page 116. 
[...] Les experts ne savent que ce qu'ils ont appris à l'école. Page 118. 
[...] Il me semble que l'explication réside pour une large part dans l'ethnocentrisme, l'eurocentrisme, en l'occurrence, des savants [du XIXe siècle, qui] eurent l'espoir d'être [...] tout aussi uniques que [la] merveilleuse famille [de langue à laquelle ils appartenaient, l'indo-européen]? Page 120. 
[...] Mais comment les indo-européanistes ont-ils pu perpétuer cette mythologie pendant tout notre siècle ? Je crois sur ce point qu'ils ont bénéficié du changement d'optique affectant l'ensemble de la linguistique, qui est passée d'un point de vue historique à un point de vue structural. [...] Aucun des manuels [de linguistique] ne dit un mot de la façon dont on découvre des familles de langues : la classification, fondement de la linguistique historique, n'est purement et simplement pas abordée. Page 122. 
[...] Ces préjugés sont aujourd'hui toujours bien vivants, mais [...] ils semblent perdre de plus en plus de leur crédit. Des faits extérieurs à la linguistique [archéologie, génétique des populations], et les données même de la linguistique comparée, mises sous le boisseau pendant le dernier siècle, mènent les chercheurs à une vision de la préhistoire humaine bien plus complète que ce que nous osions espérer auparavant. Page 123. 
[...] Si un biologiste s'avisait d'exiger une reconstruction complète du proto-mammifère, avec une explication complète de comment cette créature a évolué en chaque espèce de mammifère connue, avant d'admettre le fait que les êtres humains sont apparentés aux chats et aux rats, ses collègues croiraient à une plaisanterie. C'est pourtant une absurdité équivalente que les indo-européanistes enseignent dans les universités depuis si longtemps que la plupart des linguistes ne sont même pas conscients de sa nature mythique. Page 194. 
[Le comble est que] William Jones [a découvert] la famille indo-européenne sans avoir d'abord reconstruit le proto-celtique, ni le proto-germanique, ni le proto rien du tout. William Jones a simplement vu que ces langues partageaient certaines ressemblances qui les distinguaient des autres langues. Page 203. 
[...] On attend aujourd'hui d'un spécialiste qu'il sache tout à propos de la famille qu'il étudie [...] Cette vision compartimentée de la connaissance a abouti a une situation dans laquelle [...] les spécialistes sont incapables de se rendre compte de l'existence des structures communes, même les mieux représentées, simplement parce qu'aucun n'est au courant de ce qui existe hors de son étroite approche. Page 202.
Merritt Ruhlen, L'origine des langues, Folio, 2007.