[Edward Conard] défend l'idée que l'énorme et sans cesse croissante inégalité des revenus aux Etats-Unis n'indique en rien que l'économie est grippée. Bien au contraire [...]. Si même l'inégalité était encore un peu plus forte, tout le monde s'en porterait mieux, notamment les 99 %.
[...Selon lui,] la plupart des Américains [...] ignorent que les super-riches ne dépensent qu'une fraction de leur fortune pour leur confort personnel ; que le gros de leur argent est investi dans des affaires productives qui améliorent la vie de tout le monde.
[...] L'idée que la société profite de la saine concurrence entre les investisseurs est assez largement répandue. Éminent économiste de gauche, Dean Baker [...] estime que pour chaque dollar que gagne un investisseur, le public reçoit l'équivalent de 5 dollars en valeur.
[...] Selon Conard, cependant, Baker sous-estime les bénéfices sociaux de l'investissement. Il prend l'exemple de l'agriculture : depuis les années 1940, grâce à un flux constant d'innovations, le coût de l'alimentation a régulièrement diminué. Si les entreprises qui ont bénéficié de ces innovations, comme les semenciers ou les chaînes de restauration rapide, ont fait la fortune de leurs propriétaires, le consommateur américain moyen en a profité encore plus. Conard conclut que, pour chaque dollar entré dans la poche d'un investisseur, le public récolte jusqu'à 20 dollars en valeur.
[...] Jamais avare de vacheries, il [appelle] "diplômés en histoire de l'art" [...] tous ceux ayant la chance de naître avec le talent et les opportunités qui leur permettrait de rejoindre la mécanique de la prise de risque et de la chasse à l'innovation, mais préfèrent choisir une vie moins compétitive.
[...] La seule façon selon lui de convaincre ces "diplômés en histoire de l'art" de rejoindre la redoutable mécanique de la vraie compétition économique est de les attirer avec des rétributions hors normes.
[Selon lui], les gagnants doivent obtenir "des gains impressionnants" pour provoquer "une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus juste".
Alternatives Economiques, 02/2013, p. 14.
[...] En 2008, ce sont les grands fonds de pension, les compagnies d'assurance et d'autres énormes investisseurs institutionnels qui ont retiré leur argent dans un mouvement de panique. Avec le recul, Conard juge que ce sont ces retraits qui ont conduit à la crise, et non, comme tant d'autres l'ont avancé, une orgie de prêts irresponsables.
[...] Le rôle central des banques est de transformer les avoirs à court terme d'épargnant nerveux en prêts à long terme risqués favorisant la croissance. [...] Ce à quoi elles ne s'attendaient pas, c'est que les déposants retirent leur argent, chose qu'ils n'avaient pas faite en masse depuis 1929.
Books, 03/2013, p. 25.
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