[...] Combien il serait nécessaire de donner pour s'assurer que les plus pauvres aient la possibilité de vivre une vie décente [...] ?
Une façon de le calculer serait de se référer aux Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU en 2000. D'après ces "objectifs", en 2015 il faudrait avoir divisé par deux la proportion de gens vivant dans une pauvreté extrême (pouvoir d'achat inférieur à un dollar par jour), de ceux souffrant de la faim et de ceux n'ayant pas accès à une eau de qualité ; assuré à tous les enfants l'accès à un enseignement primaire complet ; éliminé la discrimination sexuelle dans l'enseignement ; réduit des deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans et des trois quart le taux de mortalité maternelle ; commencé à réduire l'incidence du sida, du paludisme et des autres grandes maladies. En 2005, un groupe d'experts de l'ONU dirigé par l'économiste Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, a évalué le coût annuel des mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs à 121 milliards de dollars en 2006 et 189 milliards en 2015.
[...] Les 0,01 % des plus hauts revenus [américains] représentent 14 400 ménages, gagnant chacun en moyenne 12,77 millions de dollars, le total représentant 184 milliards. Le revenu annuel minimum au sein de ce groupe est de plus de 5 millions. Il semble raisonnable de supposer que tous pourraient sans trop en souffrir donner un tiers de leur revenu annuel [...].
Peter Singer continu ainsi par tranches successives jusqu'aux 10 % des plus hauts revenus...Si l'on prend le reste des 0,1 % des plus hautes revenus, cela forme un groupe de 129 600 ménages, avec un revenu annuel moyen de 2 millions et un revenu minimum de 1,1 million. S'ils donnaient chacun un quart de leur revenu, cela fournirait 65 milliards, les laissant avec un minimum de 846 000 dollars annuels.
[...] S'ils donnaient la dîme traditionnelle, 10 % de leur revenu, soit 13 200 dollars en moyenne chacun, cela fournirait environ 171 milliards [de plus] et leur laisserait un revenu minimum de 83 000 dollars.
[...] Le résultat remarquable des ces calculs est que des dons n'impliquant pas de sacrifices majeurs à quiconque fournissent un total de 404 milliards de dollars, venant de seulement 10 % des foyers américains.
[...] Étendre au reste des pays riches le schéma que j'ai proposé, fournirait 808 milliards de dollars annuels pour l'aide au développement. C'est plus de six fois ce que le groupe de Sachs jugeait nécessaire pour 2006 et plus de seize fois la différence entre cette somme et les engagements de l'aide officielle.
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006), Books, 03/2013.
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