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Privatisation de PIB...

Si un système d'assurance santé privé coûte plus cher qu'un système public, sans que la qualité des soins soit véritablement supérieure, comme le laisse à penser la comparaison entre Etats-Unis et Europe, alors le PIB sera artificiellement surévalué dans les pays reposant davantage sur un système privé.
Thomas PIKETTYLe capital au XXIe siècle, Seuil, 2013, page 155.

Productivité optimisée...

Les [travailleursFrançais sont parmi les plus productifs au monde [avec 75 000 € de richesses produites en 2012 par emploi]. [...] Mais les Irlandais sont censés être beaucoup plus efficaces encore avec 89 000 euros par emploi [...]. Une fiction qui ne résulte que des manipulations frauduleuses des multinationales pour transférer en Irlande les bénéfices réalisés ailleurs en Europe
[Ces multinationales] pratiquent l'optimisation fiscale de façon de plus en plus agressive, via les "prix de transferts" auxquels les différentes entités d'un groupe se vendent ou s'achètent produits et prestations de services afin de localiser les profits là où l'imposition des bénéfices est la plus faible, ce qui n'est pas le cas de la France. Comme le souligne l'économiste Philippe Askenazy, ce facteur peut avoir un effet non négligeable tant sur [la] valeur ajoutée [des pays] que sur leurs profits et le déséquilibre des échanges extérieurs.
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 11/2012, p. 7.

Dans le même genre, la Suisse...
[...] Si la Suisse regroupe moins de 2 % des effectifs à l'étranger de l'ensemble des entreprises françaises présentes hors du territoire, le pays pèse pour 9 % de leur chiffre d'affaires étranger. Un écart qui n'est sûrement pas dû à une exceptionnelle productivité de l'employé suisse...
Christian CHAVAGNEUX, Alternatives Economiques, 05/2013, p. 59.

Dons à gogo...

[...] Combien il serait nécessaire de donner pour s'assurer que les plus pauvres aient la possibilité de vivre une vie décente [...] ? 
Une façon de le calculer serait de se référer aux Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU en 2000. D'après ces "objectifs", en 2015 il faudrait avoir divisé par deux la proportion de gens vivant dans une pauvreté extrême (pouvoir d'achat inférieur à un dollar par jour), de ceux souffrant de la faim et de ceux n'ayant pas accès à une eau de qualité ; assuré à tous les enfants l'accès à un enseignement primaire complet ; éliminé la discrimination sexuelle dans l'enseignement ; réduit des deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans et des trois quart le taux de mortalité maternelle ; commencé à réduire l'incidence du sida, du paludisme et des autres grandes maladies. En 2005, un groupe d'experts de l'ONU dirigé par l'économiste Jeffrey Sachs, de l'université de Columbia, a évalué le coût annuel des mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs à 121 milliards de dollars en 2006 et 189 milliards en 2015. 
[...] Les 0,01 % des plus hauts revenus [américains] représentent 14 400 ménages, gagnant chacun en moyenne 12,77 millions de dollars, le total représentant 184 milliards. Le revenu annuel minimum au sein de ce groupe est de plus de 5 millions. Il semble raisonnable de supposer que tous pourraient sans trop en souffrir donner un tiers de leur revenu annuel [...]. 
Si l'on prend le reste des 0,1 % des plus hautes revenus, cela forme un groupe de 129 600 ménages, avec un revenu annuel moyen de 2 millions et un revenu minimum de 1,1 million. S'ils donnaient chacun un quart de leur revenu, cela fournirait 65 milliards, les laissant avec un minimum de 846 000 dollars annuels.
Peter Singer continu ainsi par tranches successives jusqu'aux 10 % des plus hauts revenus...
[...] S'ils donnaient la dîme traditionnelle, 10 % de leur revenu, soit 13 200 dollars en moyenne chacun, cela fournirait environ 171 milliards [de plus] et leur laisserait un revenu minimum de 83 000 dollars. 
[...] Le résultat remarquable des ces calculs est que des dons n'impliquant pas de sacrifices majeurs à quiconque fournissent un total de 404 milliards de dollars, venant de seulement 10 % des foyers américains. 
[...] Étendre au reste des pays riches le schéma que j'ai proposé, fournirait 808 milliards de dollars annuels pour l'aide au développement. C'est plus de six fois ce que le groupe de Sachs jugeait nécessaire pour 2006 et plus de seize fois la différence entre cette somme et les engagements de l'aide officielle.
Peter SINGER (The New York Times, 12/2006), Books, 03/2013.

Pauvrilégiés...

On peut nourrir un doute légitime sur l'ampleur de la misère que connaissent les foyers jugés officiellement pauvres. Aux États-Unis en tout cas, la majorité des personnes considérées comme telles ont accès aux biens essentiels, non seulement le strict nécessaire pour subsister, [...] mais aussi à ces éléments de confort qui sont au monde contemporain ce qu'était la légendaire chemise en lin sans laquelle le journalier d'Adam Smith aurait eu honte d'apparaître en public. 
[...] L'élaboration des statistiques sur la pauvreté est de nature intrinsèquement arbitraire (certains diraient politique). 
[...] Il existe au moins trois raisons d'être septique sur la signification de ces mesures de pauvreté. 
D'abord, toutes ces données révèlent l'ampleur du fossé entre ce que les pauvres gagnent et ce qu'ils déboursent. [Sont exclus, par exemple,] les avantages consentis à ces foyers à travers quatre-vingts programmes soumis à plafond de revenus comme la cantine scolaire, l'aide alimentaire aux personnes âgées, l'aide au logement [...]. Ce fossé reflète en partie un endettement croissant ([...] le surplus des dépenses par rapport au revenu déclaré [est passé] depuis le début des années 1970, de 139 % à environ 212 %), mais aussi la tendance des plus pauvres à ne pas déclarer l'ensemble de leurs revenus. Une proportion significative des bénéficiaires de prestations sociales pratiquent le travail au noir [pour ne pas perdre] ses droits aux allocations
[...] Deuxième motif de scepticisme : la dimension temporelle. [... Par exemple,] entre 2004 et 2007, le revenu des 31,6 % de la population est tombé au-dessous du seuil de pauvreté pendant deux mois ou plus, mais 2,2 % seulement des habitants y sont demeurés au long de ces quatre années. 
[...] Troisième motif : [...] leur niveau d'équipement témoigne de niveaux de consommation plus élevés qu'on ne l'imagine. A l'apogée de la récession de 2009, 40 % des familles officiellement pauvres étaient propriétaires de leur logement : le plus souvent une maison individuelle dont la valeur moyenne avoisinait les 100 000 dollars, avec au moins trois chambres, un porche ou un patio et un garage et une surface moyenne de 450 m² [sic]. C'est la dimension moyenne d'une maison neuve au Danemark et c'est plus que les habitations françaises ou anglaises
[...] Le tableau de la pauvreté qui se dégage ainsi fait apparaître un phénomène à la fois suffisamment important pour que seul un aveugle puisse ne pas le voir et suffisamment faible pour ne pas ressembler à la catastrophe annoncée par les chiffres officiels. A y regarder de plus près, on observe un réel problème d'indigence [estimée entre 2 % et 7 %], qui se cantonne pour l'essentiel à des personnes que leur état physique empêche de travailler. Dès lors, non seulement la question devient plus facile à gérer, mais les solutions prennent une couleur très différente de la seule aide financière. Cet examen plus attentif révèle également que les personnes à faible revenu (tout comme bon nombre des mieux lotis) qui peinent à joindre les deux bouts, luttent en vérité pour satisfaire des désirs de consommation modernes avec leurs maigres ressources. Elles ne livrent pas bataille pour mettre un toit au-dessus de leur tête, des vêtements sur leur dos et de la nourriture sur la table. 
[...] De minutieux calculs faits par Richard Burkhauser et ses collègues de l'université Cornell montrent que, après 1993, nous n'avons pas connu d'augmentation des inégalités au sein des 99 % les moins bien lotis de la population. Face à l'augmentation rapide du revenu des 1 % au sommet, tous les autres ont évolué à un rythme relativement lent. 
[...] On a ainsi dûment remarqué que la plupart des membres du mouvement "Occupy Wall Street" prétendant appartenir aux 99 %, font en réalité partie des 1 % à l'échelle de la planète. 
Certains américains seraient sans doute stupéfaits d'apprendre que la Hongrie est plus égalitaire et compte moins de pauvres (selon l'indice européen) que les États-Unis. La question de savoir se c'est une société plus juste dépend de la manière dont on considère la réalité suivante : à environ 800 dollars, le revenu mensuel médian hongrois se situe aux alentours de 55 % du seuil de pauvreté pour une famille de deux personnes aux États-Unis. 
[...] L'ironie de la chose, c'est que le ressentiment provoqué par les inégalités semble avoir remplacé le souci des pauvres.
Neil GILBERT (2012), The American Interest
Books, 02/2012, p. 50.

Agences de collusion...

La Cour fédérale d'Australie a condamné l'agence de notation Standard and Poor's pour avoir fourni à treize collectivités territoriales des notations de produits financiers sous-estimant les risques. 
[...] Mi-novembre, le parquet de Trani en Italie, a demandé le renvoi en justice des dirigeants de la même agence et de ceux de Fitch pour avoir dégradé la note du pays à des fins spéculatives.
Alternatives Economiques, 12/2012, p.18.

Pourquoi les banques n'ont-elles jamais porté plainte contre les agences de notation après tant de milliards évaporés ? Après tout, ne serait-ce pas aussi (en théorie...), à cause des notations  fantasques fournies par ces agences ?
Une entente tacite qui confirme la collusion d'intérêts entre banques et agences.

L'oeuf ou la poule, encore...

[...] Quand on travaille sur les structures familiales et les indicateurs de fécondité, on est assez proche du sens profond de l'existence. Ce sont des variables chaudes. Et pour moi, les gens qui pensent que l'histoire se fait uniquement au niveau des variables froides, économiques surtout, sont proches de la schizophrénie, de la sortie de la réalité.

Jeter l'argent par la poubelle...

[...] Du frigo directement à la poubelle comme un aliment sur trois, parfois même un sur deux à l'échelle mondiale. C'est ce que révèle une étude britannique ["Global food : waste not, want not"]. Selon le rapport, la faute aux distributeurs et aux consommateurs dans les pays développés : respect des dates de péremption [trop restrictives], clients qui cèdent aux promotions et qui achètent donc plus qu'il n'en faut, d'autres qui veulent des fruits et légumes zéro défaut.
Canal +, La nouvelle Edition - Le JT, 12/01/2013.
[...] Dans les pays en développement, les pertes de nourriture ont lieu au début de la chaîne d’approvisionnement, entre le champ et le marché, du fait de récoltes inefficaces, d’infrastructures de transport locales inadéquates ou de conditions de stockage inappropriées. Et lorsque le niveau de développement de l'État augmente, le problème se déplace vers l’aval de la chaîne de production avec des déficiences au niveau des infrastructures régionales et nationales. Dans le Sud-Est asiatique, par exemple, les pertes de riz oscillent entre 37 % et 80 % de la production totale en fonction du stade de développement du pays, la Chine se situant par exemple à 45 % et le Vietnam à 80 %.

Les moissons de la fac...

Le secteur des universités aux États-Unis, donne des activités et des distractions à beaucoup de ceux qui, s'ils étaient en Europe, passeraient leur fin d'adolescence dans les rangs des jeunes sans emploi. Le jeune Américain moissonne ainsi les bénéfices psychologiques de l'oisiveté légitimée et des rituels de succès qu'assurent les universités de premier et second cycles à cette époque de la vie. En général, il en sort en se sentant reconnu et non déprimé. Comme solution au chômage des jeunes, le système des universités américaines doit être compté au nombre des grands triomphes de l'imagination humaine, ou peut être du hasard aveugle.

Mirage...

Nous nous sommes réjouis des 2 ou 3 % de croissance enregistrés par certains pays européens en 2010. Personne ne dit que, la même année, le déficit public de ces pays avait atteint 7 ou 8 % du PIB. Donc, si l'on schématise, ils ont payé 7 % de dette et en ont tiré 3 % de profit. Aucune raison de se réjouir ! Nous ne savons pas disjoindre la croissance de l'endettement. C'est la cause des problèmes dans le secteur bancaire, au niveau individuel comme au niveau macroéconomique. L'emprunt a généré une croissance artificielle. C'est l'une des explications de l'état désastreux de la situation financière.
Thomas SEDLACEK (co-auteur Le crépuscule de l'homo oeconomicus, Exils, 2012)
Books, 11/2012, p. 92.

Mal-mesure de l'industrie...

Les profits bruts des entreprises [du secteur manufacturier], ne représentaient plus que 21 % de sa valeur ajoutée en 2012, moitié moins que dans les services marchands, contre 34 % en 2000. 
[...] On peut certes relativiser quelque peu ces chiffres. La France est tout d'abord l'un des pays où le recours aux intérimaires, qui représentent près du dixième des employés dans l'industrie, est le plus massif. Mais ces emplois, comme la valeur ajoutée qu'ils créent, sont comptabilisés dans les services
[...] De plus, l'industrie est aussi le secteur le plus largement dominé par les multinationales. Or, celles-ci pratiquent l'optimisation fiscale de façon de plus en plus agressive [...].
Guillaume DUVAL, Alternatives Economiques, 11/2012, p. 7.

Polysémie des chiffres...

[...] Le ministère du Budget explique que "l'Allemagne a fortement réduit la part de ses dépenses dans le PIB entre 2003 et 2008. A l'inverse, la part de la dépense dans le PIB français demeure stable depuis plus de dix ans."
Pourtant, [...] si on prend trois années se trouvant à peu près à égale distance et à un stade similaire du cycle conjoncturel (1990, 2000 et 2011, par exemple), la dépense publique totale [en Allemagne] est presque inchangée (respectivement 44,2 %, 45,1 % et 45,6 % du PIB).
[...] Si on retient la période 2003-2008, comme le fait le ministère du Budget, on prend une période pendant laquelle le PIB croît rapidement (+ 10,3 % en volume), faisant baisser le ratio dépenses publiques/PIB. Dès que cette courte phase de croissance du PIB a pris fin, en 2009, le ratio a augmenté et retrouvé le niveau de 1990 et de 2000 !
Francisco VERGARA, Alternatives Economiques, 10/2012, p. 18.

Intégratrice...

C'est comme d'habitude, je suis très déphasé, le temps des politiques n'est pas le temps des démographes. [...] On va mesurer d'un côté des taux de chômage épouvantables chez des gosses d'origine immigré mais qui ne sont en fait qu'une partie des taux de chômage abominables de la jeunesse et qui reflètent que les plus faibles, les derniers arrivés, supportent encore plus que d'autres jeunes le coût de la baisse des conditions des jeunes. Mais si on regarde diverses mesures de l'acculturation, de l’acquisition de la langue, du système de moeurs, si on regarde les taux de mariage mixte, c'est pour moi à long terme, absolument évident que la France va tout à fait réussir à devenir une société [...] ou les notions de race blanche, race noire, ou blanc foncé, n'auront plus de sens, où ce sera une race nouvelle, un monde nouveau et on dira que la France a réussi. [...] Et les historiens diront "Ah putain, ils étaient super énervés au début du troisième millénaire. Vous avez vu cette campagne de 2012, qui avait totalement dérapé parce qu'un schizophrène de Toulouse [affaire Merah] avait fait quelque-chose [...] ?".
Emmanuel TODD, France 5, 2012, les grandes questions, 04/2012.