Avec 4,8 %du PIB, le budget militaire des États-Unis est, proportionnellement, à peu près trois fois supérieur à celui des autres pays développés, et on peut aisément soutenir que le complexe militaro-industrialo-parlementaire a ruiné l'Amérique.[Dans] un rapport rédigé en 1965 par l'industriel britannique Donald Stokes [qui avait conseillé le ministère de la Défense dans le domaine des contrats d'armement] : "Bon nombre de ventes d'armes ont été réalisées non parce que quelqu'un souhaitait s'en procurer, mais à cause de la commission qui serait verser en cours de négociation." [...] Les fournisseurs du département américain de la Défense comptent avant tout sur les gigantesques besoins du Pentagone, l'électoralisme et la réticence des parlementaires à contrôler vraiment les processus d'approvisionnement. Les excès, comme ce marteau à 7 dollars, facturé 435 dollars..., ne cessent de transparaître sur la place publique, mais les enquêtes sur les pratiques illégales se traduisent pour les firmes impliquées par des amendes équivalent à une petite tape sur la main. Et rien ne change : les guerres d'Irak et d'Afghanistan ont été l'occasion de folles emplettes insuffisamment contrôlées. La demande de 33 milliards de dollars supplémentaires, faite en 2007 au titre de l'Iraq Supplementary Bill, fut justifiée par cinq pages de texte seulement. Linda Bilmes, de Harvard, eut alors ce commentaire laconique : "A mon humble avis, en tant que professeur de finances publiques, [...] ce n'est pas la meilleure façon de fonctionner pour le système budgétaire américain."
Alex DE WAAL (The Times Literary Supplement, 2012), Books, 01/2013, p. 50.
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