Journaliste - Vous dites "L'homme est programmé pour favoriser la reproduction de l'espèce. Donc son besoin de jouir, ses envies d'attouchements, ses regards appuyés" , c'est pour vous "la traduction de sa condition".
Nancy HUSTON - Je pense qu'il y a de la programmation dans tout cela. Et ensuite la société gère ça à sa manière. Mais certainement, tous les hommes de l'espèce humaine, comme tous les mâles des espèces de primates supérieurs sont programmés pour reconnaître des femelles fécondables, et en l'occurrence, ça veut dire des femelles jeunes et belles. [...] Les femelles sont à leur tour très vulnérables au désir de plaire ou au désir de se soustraire à ce regard. Dans notre société contemporaine, le paradoxe est que le féminisme officiel, doctrinaire, prétend qu'il n'y a aucune différence de sexe autre que construite, et en même temps, ces sociétés exacerbent ces différences de façon très spectaculaire à travers les industries de la beauté et de la pornographie.
Journaliste - [...] Vous dites "Un garçon qui est mal dans sa peau va emprunter le chemin de la violence. Prenez le cas d'un homme qui a peu de ressource et un statut social médiocre, et qui du coup est sans intérêt pour les femmes. Dépourvu de tout de ce que désirent les femmes, il est engagé dans une impasse sur le plan reproductif. Comme il n'a rien, il n'a rien à perdre, et voilà pourquoi les hommes tout en bas de l'échelle reproductive, recourent le plus souvent à la violence."
Nancy HUSTON - C'est un citation d'un psychologue évolutionniste et je dis que parfois ils vont beaucoup trop loin, c'est un peu schématique. Mais il y a de cela. Je crois que la grande question aujourd'hui, c'est comment être un homme ? [...] On n'a plus besoin de force physique pour gagner des guerres, et donc c'est quoi être un homme : c'est être riche, être puissant dans la société. Hors la plupart des hommes sont exclus de ces possibilités-là et ce sont les plus machos, les plus violents.
France Inter, La librairie francophone, 01/09/2012.
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Il est aussi possible d'en rire...
Wiaz
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