L'économiste Bruno Frey a distingué deux catégories de biens qui rendent les gens heureux : les biens extrinsèques, et les biens intrinsèques. Les premiers sont ceux qu'on acquiert parce qu'ils vous donnent un statut, une grosse voiture, une résidence chic, qui vous permettent de gagner la lutte sociale du prestige. L'autre catégorie est formée des plaisirs plus silencieux, ceux que procurent une conversation avec des amis, un livre qui vous élève, l'amour de ses proches.
[...] Mais le problème [...] est que les gens tendent à sous-estimer la satisfaction que leur offre les biens intrinsèques.
[...] Les enquêtes sur le bonheur montre que celui-ci tend à baisser à partir de l'âge de 25 ans et jusqu'à 60 ans, mais qu'il recommence à croître ensuite, retrouvant progressivement les plus hauts niveaux de la jeunesse ! Une explication est sans doute que l'âge rend plus attentif au bonheur des biens intrinsèques... On peut donc augmenter le bonheur à moindre coût...
L'économiste Richard Easterlin, père des analyses économiques du bonheur, a étudié les indicateurs de satisfaction en Chine. Malgré une multiplication par quatre (!) du revenu moyen en vingt ans, les indices chinois de bien-être stagne en moyenne. Le tiers supérieur augmente certes, mais à proportion de la baisse du tiers inférieur, le tiers médian restant quasiment au même étiage qu'il y a vingt ans.
Daniel COHEN, Le Nouvel Observateur, 04/2012, p. 80.
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