Dégazage...

Le réchauffement du Gulf Stream [...], ainsi que les changements dans sa trajectoire depuis 5 000 ans, déstabilisent les vastes stocks d'hydrates de méthane [mélange de gaz et de glace dans les sédiments marins] gisant au large de la côte est des Etats-Unis. 
[...] D'après les calculs [de Matthew Hornbach et Benjamin Phrampus de l'université du Texas], 2,5 milliards de tonnes seraient en train de "dégeler" avec la hausse des températures des fonds marins, menaçant de laisser échapper leur puissant gaz à effet de serre
[...] "Le transfer du méthane qui serait libéré de l'océan vers l'atmosphère, donc son impact sur le climat, demeure incertain." reconnaissent les scientifiques.
Science & Vie, 01/2013, p. 22.

Streaming...

Un certain Richard Seager émet des doutes sur le fait que le Gulf Stream soit à l'origine de la relative douceur des températures hivernales en Europe de l'Ouest comparées à celles relevées sur la côte Est de l'Amérique du Nord, pourtant située aux mêmes latitudes...
En plein coeur de l'hiver, les températures enregistrées en Europe occidentale, îles britanniques, Scandinavie, France sont en moyenne 15 à 20° C supérieures à celles mesurées aux mêmes latitudes sur la côte est de l'Amérique du Nord Terre-Neuve, Labrador. 
[...] Nous avons [...] trois phénomènes en compétition pour expliquer la relative douceur des hivers européens. Le premier est le stockage saisonnier de la chaleur dans la couche superficielle de l'océan et sa libération dans l'atmosphère. Le deuxième est effectivement le transport de la chaleur par le Gulf Stream des tropiques vers le nord, et sa dissipation dans l'atmosphère. Le troisième, moins connu, est le transport de chaleur par les ondes stationnaires
[...] L'atmosphère transporte d'énormes quantités de chaleur vers les pôles via les tempêtes hivernales qui balaient les océans. [...] Nous avons [...] calculé les conséquences en termes de température : en l'absence de cette composante atmosphérique, les températures hivernales de la région située au-delà de 35° de latitude nord seraient inférieures de quelque 27° C à ce qu'elles sont ! 
[...] Ces simulations numériques montrent également que le transport océanique de la chaleur augmente les températures hivernales de l'Est de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale de 2 à 3° C laissant le contraste entre les deux inchangé. Ce réchauffement ne représente que 10 % de celui généré par les mouvements atmosphériques ou de celui lié à la libération saisonnière du stock de chaleur des océans ! De façon surprenante, l'Est américain reçoit finalement autant de chaleur des courants océaniques que l'Ouest de l'Europe. 
[...] Enfin, lorsqu'on élimine les montagnes des simulations climatiques, les méandres des ondes stationnaires s'atténuent et les vents soufflant dans la direction nord-sud s'affaiblissent. En particulier, la zone de basse pression qui se trouve habituellement au-dessus de la côte est de l'Amérique du Nord, résultant de l'écoulement des masses d'air au-dessus des montagnes Rocheuses, disparaît. L'air ne vient plus du nord du Canada mais de l'ouest du continent nord-américain. Conséquence : sans les Rocheuses, la température de l'Est des États-Unis augmente de 6° C. De l'autre côté de l'Atlantique, les vents chauds du sud-ouest laissent la place à des vents d'ouest plus froids. Et l'Europe se refroidit de 3° C.

Stress test...

[Dans une expérience], des abeilles Apis mellifera carnica apprennent à associer une odeur A à une récompense et une odeur B à une punition. [...] Les abeilles "chahutées" [après exposition à l'odeur A,] sont plus enclines à interpréter les odeurs ambiguës comme annonçant une punition, elles "voient le verre à moitié vide". Leur jugement, et plus globalement leur perception du monde, devient entaché d'un "biais cognitif pessimiste", tel un humain dépressif. Preuve que l'abeille peut connaître un état anxieux.
Science & Vie (Current Biology, 2011, université de Newcastle), 01/2013, p. 79.

Dans le même article, une autre expérience laisse sceptique...
[... Si le crabe] choisit l'abri A, [celui correspondant le plus à ceux] que ces animaux recherchent naturellement à marée basse pour échapper aux prédateurs, il reçoit [...] une décharge électrique qui lui fait généralement quitter le lieu. Au deuxième essai, il a plutôt tendance à choisir encore une fois l'abri A, même s'il est de nouveau électrocuté. Mais à partir du troisième essai, sur 41 spécimens, la plupart commencent à tirer les enseignements  de l'expérience pour se tourner vers l'abri B...
Attention, la conclusion qui tue...
... Ce qui revient à éviter de reproduire une expérience jugée désagréable. Par leur raisonnement, ces crustacés montrent donc qu'ils ont éprouvé une sensation douloureuse !
Science & Vie (Current Biology, 2011, université de Newcastle), 01/2013, p. 83.

On voit mal comment un organisme vivant pourrait avoir trouvé sa place dans un écosystème sans avoir l'aptitude de détecter et fuir tout ce qui peut nuire à son intégrité physiologique, d'autant plus s'il s'agit, comme dans le cas du crabe, d'un organisme pourvu d'un système locomoteur élaboré...

Facture EDF...

Sous la surface de l'énergie nucléaire : le coût financier de sa maintenance, de son démantèlement...
5. Fermés dans les années 1980-1990, neuf réacteurs EDF de première génération n'en sont toujours qu'aux premiers stades de leur démantèlement. Les raisons de ce blocage vont de l'imbroglio administratif aux difficultés techniques propres à certaines technologies, en passant par les retards de construction du centre d'entreposage [...] : décisions administratives pour des manquements divers et variés, incendie, inondation [Brennilis], [...] coeurs nucléaires particulièrement volumineux et complexes [des réacteurs graphite-gaz] ne seront démontés qu'à partir de 2022, [...] mauvaise surprise de découvrir que le sodium [de Superphénix] s'était solidifié à certains endroits du circuit [...]. Science & Vie, 02/2013, p. 96.
4. Selon un récent rapport de la Cour des comptes, le calcul théorique [d'EDF sur le coût du démantèlement (18,1 milliards d'euros)] paraît bien optimiste : pour ce même parc, la méthode d'estimation utilisée au Japon donnerait plutôt un résultat de 39 milliards d'euros, voire 46 milliards selon le mode de calcul en vigueur en Grande-Bretagne... et jusqu'à 60 milliards en Allemagne ! Une disparité reflétant les grandes incertitudes qui règnent dans ce domaine. Science & Vie, 02/2013, p. 103.
3. [Avec les] 1 000 nouveaux dispositifs pour mettre à niveau la sécurité des centrales, suite à l'accident de Fukushima], l'ardoise finale pour la maintenance des réacteurs devrait s'élever à 55 milliards d'euros sur dix ans. Ajoutez les 15 milliards ces sept prochaines années pour rénover le réseau électrique souvent hors d'âge. Guillaume MALAURIE, Le Nouvel Observateur, 12/2012, p.92. 
2. On a constaté que dans les chiffres d'EDF, le coût du démantèlement, tournait aux alentours aujourd'hui de 18 milliards. Les méthodes qui étaient utilisées par EDF pour faire ce calcul étaient solides mais qu'elles demandaient à être validées sur un certain nombre de points très techniques. [...] On a constaté aussi que les résultats d'EDF se situait en bas de l'échelle des comparaisons internationales. Mais ces comparaisons internationales donnent des chiffres très différents, de un à trois. On en a donc conclu que personne ne savait vraiment quel était le coût du démantèlement. Michèle PAPALARDO, France Inter, Le téléphone sonne, 29/08/2012.
1. EDF avait évalué le coût [du démantèlement des centrales actuelles] à 16,9 milliards d'euros [...]. Au regard des évaluations réalisées au Royaume-Uni et en Suède pour leur propre parc, en suivant leurs règles de calcul, l'addition en France se situerait entre 100 et 200 milliards ! Marc CHEVALIER, Alternatives Economiques, 05/2011, p. 53.

Amateurisme...

L'impact qu'ont eu les outils digitaux sur les révolutions du Proche-Orient est très complexe et multidimensionnel. Si ces plateformes ont été utilisées par les mouvements de protestation, elles ont également influé sur l'organisation de leur structure politique. Les révolutionnaires ont favorisé la décentralisation, l'absence de hiérarchie, etc. Mais ils ont payé cette fantaisie à un prix très élevé, tant cette décentralisation inspirée d'Internet s'est révélée faible face à l'autorité structurée et charismatique des Frères musulmans. [...] Dire que les réseaux sociaux et les blogs vont sauver la Chine et l'Iran est un non-sens.
Evgeny MOROZOV, Philosophie Magazine, 02/2013, p. 55.

Richard III, le retour...

[Londres] abritait depuis le milieu des arènes 1570, une véritable industrie du spectacle. Localisée à la périphérie, là où la juridiction, et donc le contrôle de la municipalité de Londres, ne s'exerçait pas, elle reposait sur un ensemble très varié de divertissements. Les théâtres n'en formaient qu'une partie, à côté des arènes pour les combats d'animaux ou pour les démonstrations de tir ou d'escrime
[... Pour les troupes de théâtres], attirer le plus grand nombre de spectateurs est un impératif économique. Une tâche d'autant plus difficile que, dans les années 1590, chaque troupe peut donner plus de vingt représentations par mois, hors périodes d'épidémies ou de troubles politiques, durant lesquels le pouvoir royal fait fermer les théâtres. Les troupes peuvent jouer tous les jours, à l'exception du dimanche, pour des raisons religieuses. Les représentations sont données dans l'après-midi : elles débutent le plus souvent à 14 heures ou à 16 heures. [...] Les spectateurs versent un penny (le prix d'un demi-litre de bière) pour s'installer dans la cour, et un penny de plus s'ils désirent gagner les galeries. [...] Le prix des places [étant] faible, [...] un public très varié pouvait assister aux représentations : des nobles jusqu'aux apprentis londoniens, portés à la rixe et au tapage, en passant par les marchands, les artisans, les fermiers de passage dans la capitale et les prostituées
[...] L'installation dans des amphithéâtres donne aux artistes des possibilités nouvelles. Musique, danse, effets pyrotechniques parfois spectaculaires sont désormais aussi importants que le texte joué. Les troupes à la fin du XVIe siècle comptent souvent entre douze et quinze acteurs [...]. 
[...] Alors qu'il y avait des femmes dans les troupes italiennes, en particulier dans la commedia dell'arte, il faut attendre la restauration Stuart en 1660 pour pouvoir, à Londres, applaudir des actrices. Jusqu'à cette date, les rôles féminins, limités, étaient interprétés par des garçons. L'interdiction venait de l'idée qu'une femme qui s'exposait à la vue de tous et qui était payée pour cela ne pouvait être que sans vertu. Mais les femmes avaient la possibilité de jouer dans un cadre privé, à la Cour par exemple. 
[...] Lorsqu'une pièce rencontre le succès, les acteurs-actionnaires cherchent fréquemment à tirer profit de cette réussite en réclamant à leurs dramaturges l'écriture d'une suite, d'une pièce mettant en scène le même personnage ou d'une pièce au thème similaire. 
[...] Pendant que se joue la comédie, on fait circuler dans l'auditoire boissons et nourritures : ceux qui le souhaitent peuvent aussi en avoir pour leur argent et refaire leurs forces. Thomas PLATTER (voyageur suisse contemporain de Shakespeare ayant assisté à une représentation).
François-Joseph RUGGIU, Olivier SPINA, L'Histoire, 02/2013, p. 40.

Déprimates...

[...] Les grands singes connaissent eux-aussi la crise de la quarantaine. C'est ce que révèle Alexander Weiss, psychologue de l'université d'Edimbourg, qui a examiné le bien-être de 508 chimpanzés et orangs-outangs vivant dans des parcs animaliers. L'analyse des questionnaires remplis par les soigneurs chargés de ces primates montre qu'ils présenteraient un certain mal-être au milieu de leur vie, entre 28 et 35 ans, selon une courbe en U caractéristique. Bons vivants dans leurs jeunes années et pendant l'âge mûr, ils "connaissent un passage à vide" à l'âge adulte. Moins investis socialement, ils font aussi moins d'efforts pour trouver de la nourriture. Sur la base de ces observations, les chercheurs estiment que la crise de la quarantaine chez les humains serait elle aussi liée à des facteurs biologiques et non pas seulement culturels.

Science et vie, 02/2012, p. 16.

Concours lépine...

Sous la surface de l'évolution d'Homo sapiens : les découvertes, les savoirs-faire...
3. Il y a 7 000 ans, les fermiers du Néolithique savaient déjà fabriquer du fromage [selon Mélanie Salque de l'université de Bristol au Royaume-Uni]. Science & Vie, 02/2013, p. 13.
2. Les premières pointes de lances en pierre seraient apparues en Afrique du Sud 200 000 ans plus tôt que ce que l'on pensait [soit il y a 500 000 ans]. Telle est la conclusion de Jayne Wilkins, de l'université de Toronto. Science & Vie, 01/2013, p. 19.
1. Les restes d'un feu de camp vieux de 1 000 000 d'années ont été découverts dans une grotte d'Afrique du Sud. Ce qui fait reculer de 600 000 ans le moment où les hommes ont fait un usage contrôlé du feu. On supposait déjà, à leurs dents, que nos ancêtres Homo erectus passaient moins de 8 % de leur temps à manger (les chimpanzés y consacrent un tiers de leur journée) : la cuisson fait gagner du temps. Philosophie magazine, 06/2012, p.14.

Super-observateur...

On sait déjà qu'en transformant des données [recueillies lors d'expériences scientifiques] en images et en laissant des humains les observer, on surpasse les capacités d'un super-calculateur. Par exemple, la structure d'un protéine du virus simien Mason-Pfizer a été résolue en seulement trois semaines par les membres du projet participatif Foldit, alors qu'elle résistait depuis des années aux méthodes d'analyses automatiques. Et on sait que l'homme est capable de déceler de subtiles différences dans des compositions musicales et d'y trouver des schémas, c'est un grand sujet de recherche en neurologie. Faire chanter les données semble donc une piste intéressante à explorer.
Peter LARSEN, Science & Vie, 01/2013, p. 16.

Prime à l'amoralité...

Le directeur d'un centre de transfusion sanguine veut augmenter ses stocks, et offre pour ce faire , une prime aux donneurs. Mais à sa stupéfaction, le nombre de donneurs s'effondre ! 
[...] Les gens agissent soit par intérêts soit par soucis moral, mais pas pour les deux à la fois ! 
[...] A partir de là, il peut aller en arrière, ou plus loin en avant : augmenter les primes pour que les donneurs reviennent. C'est cette seconde voie que le capitalisme a choisie depuis le tournant des années 1980. Il augmente les primes et durcit les peines pour inciter à l'effort. Ce faisant, il détruit la "valeur travail" : le souci de bien faire, d'être respecté par ses collègues... Dans presque tous les domaines, le travail est devenu ce qui est écrit dans les livres d'économie : un moyen désenchanté de gagner sa vie. Il n'est plus en soi une source de satisfaction.

En introduisant la variable économique, vous perdez le bénéfice de "l'homme moral". D'une certaine manière, c'est aussi ce que le politologue américain Robert Putman, a démontré dans son livre célèbre, Bowling alone, où il regrettait la déliquescence de l'esprit civique américain, à partir des années 1960.
Daniel COHEN, Le Nouvel Observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 8.

Dans le livre qui rend [Albert Hirschman] mondialement célèbre, Exit, Voice and Loyalty [en1970], il montre que, même au sein du marché, les décisions des acteurs ne sont pas mues par le seul prix, mais aussi par des valeurs relevant du registre de la morale, comme l'attachement, la fidélité, etc.
Denis CLERC, Alternatives Economiques, 01/2013, p. 79.

Zéro pointé...

Sous la surface de la notation à l'école...
4. Les sociologues notent [...] que les élèves français se montrent particulièrement angoissés devant l'école. La peur de l'échec et du jugement prime ainsi sur le plaisir d'apprendre, ce qui invite à s'interroger sur le caractère précoce de la notation et des classements, mais aussi sur les pratiques pédagogiques et le rôle surdéterminant du diplôme et de la formation initiale dans l'Hexagone par rapport aux autres pays européens. Alternatives Economiques, 01/2013, p. 73.
3. On s'invite à tour de rôle dans nos chambres pour occuper nos soirées ; on parle encore un peu du concours d'entrée, pas mal des stages à venir, beaucoup du classement ; on tourne en rond. Pour tout élève de l'ENA, normalement constitué, c'est-à-dire à la fois conformiste et ambitieux, le classement de sortie est le sujet de conversation par excellence. C'est même à cela qu'on le reconnaît. Envoyez deux énarques sur une île déserte, avant d'évaluer leurs chances de survie, ils s'interrogeront sur leurs rangs respectifs. Olivier SABY, Ubu roi. Mes 27 mois sur les bancs de l'ENA. Flammarion, p. 24.
3.1. La notation dans ce qu'elle a semble-t-il, de plus... obsessionnel !
2. [Ne plus noter] va enlever tous les biais des notes : "toi t'es le premier, toi t'es le dernier". Donc dans ce sens là, ça peut enlever [ces problèmes de prophéties autoréalisatrices]. Sauf que la catégorisation, les prophéties autoréalisatrices [...] sont des phénomènes naturels, dans le sens où, parce que nous sommes des êtres sociaux, ils vont forcément se produire. Donc moi je veux bien que les petits finlandais n'aient pas de notes, mais moi je suis prêt à parier que le professeur, l'enseignant sait très bien dans sa classe qui est bon, qui ne l'est pas, et je suis prêt à parier que les enfants de la classe savent qui est bon et qui ne l'est pas. Même sans les notes, même sans classement [...]. Sylvain DELOUVEE (Maître de conférence en psychologie sociale à l'université Rennes 2), ApprendreAApprendre.com, 16/07/2012.
Ainsi, on est en droit de considérer que la notation produite par le "maître", puisse s'avérer être un facteur discriminant, là où l'appréciation qu'ont les élèves les uns des autres, du fait qu'elle reste cantonnée à la subjectivité de chacun, n'a probablement pas le même impact.
1. [En Finlande] jusqu'à 9 ans les élèves ne sont absolument pas notés. Ce n'est qu'à cet âge qu'ils sont évalués pour la première fois, de façon non chiffrée. Puis plus rien de nouveau jusqu'à 11 ans. C'est dire qu'au cours de l’équivalent de toute notre scolarité primaire les élèves ne subissent qu'une seule évaluation. L’acquisition des savoir fondamentaux peut ainsi se faire sans le stress des notes et des contrôles et sans la stigmatisation des élèves plus lents. Chacun va pouvoir progresser à son rythme sans intérioriser, s'il ne suit pas au rythme voulu par la norme académique, ce sentiment de déficience voire de « nullité » qui produira tant d'échecs ultérieurs, cette image de soi si dégradée qui fait, pour beaucoup d'élèves, que les premiers pas sur les chemins de la connaissance sont si souvent générateurs d'angoisse et de souffrance. Meirieu.com, 2006.
1.1. D'autres caractéristiques de l'école finlandaise >>

Bégaiement...

Dans la série "Je vous explique la crise"...
[Selon Hyman Minsky] la chronologie des crises est toujours la même. Au sortir d'une phase de crise, le secteur financier est bridé politiquement par les réglementations et les institutions publiques mises en place à l'occasion de la crise et des scandales qu'elle a mis au jour. La prudence naturelle guide aussi les prêteurs et les emprunteurs privés, impressionnés par les faillites récentes. Dans cette phase du cycle, le financement "couvert" domine [selon Minsky, financement dans lequel les flux de revenus réguliers futurs de l'emprunteur couvrent à la fois le paiement des intérêts, et du principal. Le financement est dit "spéculatif" quand seul le paiement des intérêts peut être assuré ou "à la Ponzi", quand ni le principal, ni les intérêts ne peuvent être payés]. La prospérité se développant, la vigilance publique et privée se relâche, l'endettement s'accélère, finançant des projets de plus en plus spéculatifs. La sphère financière s'enrichit tout particulièrement, ce qui renforce son influence politique, qu'elle utilise à réduire plus encore la réglementation financière. L'enrichissement des financiers développe les inégalités de revenus, augmentant ainsi le taux d'épargne moyen (les super-riches peinent à consommer tout leur revenu et participent au contraire à la bulle des actifs financiers ou immobiliers, des oeuvres d'art, etc.) ; autrement dit, la propension à consommer de l'économie baisse.
Le Nouvel observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 75.

Une autre approche des réflexions de Minsky...
A l'origine de chaque crise financière, il y a toujours un "boom", une invention, une découverte, une nouvelle technologie [...]. 
[...] Ce boom euphorise les agents et leur fait anticiper des profits importants. Confiants, ils veulent investir et empruntent avec succès auprès des banques qui, elles aussi, gagnées par l'euphorie du moment, ouvrent grand les vannes du crédit. 
[...] Or, le moment arrive forcément où les opportunités d'investissement se réduisent, où l'argent commence à manquer et le prix de l'argent (le taux d'intérêt) à augmenter. L'endettement vire au surendettement. On retrouve alors le schéma d'Irving Fisher : entreprises et ménages veulent à tout prix se désendetter et bradent leurs actifs, ce qui déclenche une baisse du prix de ces actifs (actions, maisons, etc.).

Repos forcé...

Sous la surface du sous-emploi, du temps partiel, de l'emploi précaire, ou considéré comme tel...
6. La 30 % des salariés à temps partiel déclarent vouloir travailler davantage [...] en grande majorité des femmes. Alternatives Economiques, 01/2013, p. 52. 
5. La France est [...] l'un des pays européens où le recours aux contrats précaires (CDD ou intérim) est le plus fréquent : plus de 15 % des emplois [13,8 % en Allemagne, 20 % au Portugal ou en Espagne]. Alternatives Economiques, 01/2013, p. 9. 
4. Le taux d'emplois à temps partiel (sur l'emploi total) a diminué en France de 14,2 % en 1995 à 13,6 % en 2011. Il a également diminué aux Etats-Unis (14 à 12,6) et en Suède (15,1 à 13,8). Il a augmenté au Royaume-Uni (22,3 à 24,6), en Allemagne (14,2 à 22,1) ou en Italie (10,5 à 16,7). Alternatives Economiques11/2012, p. 71
3. Les trois quarts des recrutements se font [...] aujourd'hui en CDDAlternatives Economiques, 10/2012, p. 15. 
2. Les travailleurs en sous-emploi [temps partiel ou temps complet un partie de l'année] étaient plus de 1,5 million début 2010. DORIVAL C. (2011). Le travail, non merci ! Les petits matins, 2011, p.45.  
1. On assiste à un fort développement des emplois de très courte durée. [Selon l'Acoss, entre 2000 et 2010, le nombre de CDD de moins d'un mois enregistrés, a augmenté de 126 %. Le nombre de CDI a diminué de 23 %]. Alternatives Economiques, 11/2011, p. 11. 

Perturbés...

Une récente étude publiée dans la revue Human Reproduction indique que la concentration de spermatozoïdes dans le sperme des Français a chuté de presque un tiers entre 1989 et 2005, pour atteindre 49,9 millions de spermatozoïdes par millilitre [seuil d'infertilité estimé à 15 millions]. 
[...] Les auteurs soulignent la probable effet de facteurs environnementaux, et notamment ceux des perturbateurs endocriniens [...]. Les phtalates, le bisphénol A et autres parabènes sont en effet très présents dans notre vie (contenants alimentaires, cigarettes, plastiques, insecticides, pesticides, etc.). 
[...] Autres signes des effets supposés de ces substances [...] : le nombre de cancers de la prostate a quintuplé entre 1978 et 1998, tandis que celui des cancers du sein et des testicules doublait. 
[...] Il aura fallu plus de vingt ans d'études démontrant les effets nocifs du bisphénol A, une substance largement utilisée dans les contenants alimentaires, pour que son interdiction soit décidée.
David BELLIARD, Alternatives Economiques, 01/2013, p. 51.

Too big to not bet...

[...] Le total des actifs de BNP Paribas représente l'équivalent du PIB de la France. Même chose pour le groupe Crédit Agricole. Lorsque ces mastodontes sont mal en point, toute l'économie en subit les conséquences. Les investisseurs savent alors très bien que le gouvernement ne les laissera jamais tomber, car elles jouent un rôle trop important dans l'économie. Cette garantie de sauvetage implicite permet aux banques d'emprunter à pas cher lorsqu'elles veulent spéculer. Un encouragement d'autant plus fort à développer des activités éloignées de ce que l'on attend prioritairement d'elles, à savoir distribuer des crédits à l'économie.
Christian CHAVAGNEUX, Alternatives Economiques, 01/2013, p. 34.

Pauvrilégiés...

On peut nourrir un doute légitime sur l'ampleur de la misère que connaissent les foyers jugés officiellement pauvres. Aux États-Unis en tout cas, la majorité des personnes considérées comme telles ont accès aux biens essentiels, non seulement le strict nécessaire pour subsister, [...] mais aussi à ces éléments de confort qui sont au monde contemporain ce qu'était la légendaire chemise en lin sans laquelle le journalier d'Adam Smith aurait eu honte d'apparaître en public. 
[...] L'élaboration des statistiques sur la pauvreté est de nature intrinsèquement arbitraire (certains diraient politique). 
[...] Il existe au moins trois raisons d'être septique sur la signification de ces mesures de pauvreté. 
D'abord, toutes ces données révèlent l'ampleur du fossé entre ce que les pauvres gagnent et ce qu'ils déboursent. [Sont exclus, par exemple,] les avantages consentis à ces foyers à travers quatre-vingts programmes soumis à plafond de revenus comme la cantine scolaire, l'aide alimentaire aux personnes âgées, l'aide au logement [...]. Ce fossé reflète en partie un endettement croissant ([...] le surplus des dépenses par rapport au revenu déclaré [est passé] depuis le début des années 1970, de 139 % à environ 212 %), mais aussi la tendance des plus pauvres à ne pas déclarer l'ensemble de leurs revenus. Une proportion significative des bénéficiaires de prestations sociales pratiquent le travail au noir [pour ne pas perdre] ses droits aux allocations
[...] Deuxième motif de scepticisme : la dimension temporelle. [... Par exemple,] entre 2004 et 2007, le revenu des 31,6 % de la population est tombé au-dessous du seuil de pauvreté pendant deux mois ou plus, mais 2,2 % seulement des habitants y sont demeurés au long de ces quatre années. 
[...] Troisième motif : [...] leur niveau d'équipement témoigne de niveaux de consommation plus élevés qu'on ne l'imagine. A l'apogée de la récession de 2009, 40 % des familles officiellement pauvres étaient propriétaires de leur logement : le plus souvent une maison individuelle dont la valeur moyenne avoisinait les 100 000 dollars, avec au moins trois chambres, un porche ou un patio et un garage et une surface moyenne de 450 m² [sic]. C'est la dimension moyenne d'une maison neuve au Danemark et c'est plus que les habitations françaises ou anglaises
[...] Le tableau de la pauvreté qui se dégage ainsi fait apparaître un phénomène à la fois suffisamment important pour que seul un aveugle puisse ne pas le voir et suffisamment faible pour ne pas ressembler à la catastrophe annoncée par les chiffres officiels. A y regarder de plus près, on observe un réel problème d'indigence [estimée entre 2 % et 7 %], qui se cantonne pour l'essentiel à des personnes que leur état physique empêche de travailler. Dès lors, non seulement la question devient plus facile à gérer, mais les solutions prennent une couleur très différente de la seule aide financière. Cet examen plus attentif révèle également que les personnes à faible revenu (tout comme bon nombre des mieux lotis) qui peinent à joindre les deux bouts, luttent en vérité pour satisfaire des désirs de consommation modernes avec leurs maigres ressources. Elles ne livrent pas bataille pour mettre un toit au-dessus de leur tête, des vêtements sur leur dos et de la nourriture sur la table. 
[...] De minutieux calculs faits par Richard Burkhauser et ses collègues de l'université Cornell montrent que, après 1993, nous n'avons pas connu d'augmentation des inégalités au sein des 99 % les moins bien lotis de la population. Face à l'augmentation rapide du revenu des 1 % au sommet, tous les autres ont évolué à un rythme relativement lent. 
[...] On a ainsi dûment remarqué que la plupart des membres du mouvement "Occupy Wall Street" prétendant appartenir aux 99 %, font en réalité partie des 1 % à l'échelle de la planète. 
Certains américains seraient sans doute stupéfaits d'apprendre que la Hongrie est plus égalitaire et compte moins de pauvres (selon l'indice européen) que les États-Unis. La question de savoir se c'est une société plus juste dépend de la manière dont on considère la réalité suivante : à environ 800 dollars, le revenu mensuel médian hongrois se situe aux alentours de 55 % du seuil de pauvreté pour une famille de deux personnes aux États-Unis. 
[...] L'ironie de la chose, c'est que le ressentiment provoqué par les inégalités semble avoir remplacé le souci des pauvres.
Neil GILBERT (2012), The American Interest
Books, 02/2012, p. 50.

Froussard...

[...] Barack Obama s'est rallié à la proposition de Mitt Romney de réduire le coût de l'assurance retraite publique. Comme l'indique Dean Baker, coprésident du CEPR à Washington, la Social Security est un système efficace, peu coûteux et très populaire. En réalité, note Baker, ce qui dysfonctionne aux États-Unis, ce sont les systèmes de retraite privés, qui gardent pour eux jusqu'à un tiers (!) des cotisations des adhérents, et qui versent des pensions aux montants aléatoires
[...] Pour Baker, c'est parce qu'Obama avait peur [...] de déplaire à la pensée unique de "Washington", qui considère les coupes dans les dépenses publiques comme des mesures "courageuses". [...] Peur d'affronter ceux qui n'ont pas besoin de la retraite publique pour leurs vieux jours.
Gilles RAVEAUD, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 88.


Positivisme...

[...] Si "le coût humain du régime soviétique a été énorme et insupportable", le totalitarisme de l'URSS ne peut être assimilé à celui de l'Allemagne nazie. En effet, selon [Eric J. Hobsbawm], "l'un des pires régimes de la planète a joué un rôle positif sur la scène mondiale" car pour commencer, il a incarné pour des millions de gens, malgré sa nature réelle, l'espoir d'une société juste et fraternelle, il a ensuite contribué fortement à la défaite nazie, puis stimulé les pays capitalistes dans leurs politiques sociales et, enfin, il a servi de point d'appui aux mouvements de libération du tiers monde.

Corde au cou...

Les ethnologues ont identifié [le mariage] dans toutes les sociétés. [Malgré] les formes les plus variées [...] ils lui [ont attribué] une fonction universelle : celle de permettre que les nouveaux-nés soient reconnus légitimes par des parents. 
Cette approche a [... mis] en lumière la dissociation, fréquente dans nombre de sociétés, des rôles de géniteur et de détenteur de l'autorité parentale. Ainsi, dans les années 1950, l'anthropologue Edmund Leach [à travers l'étude du mariage nayar (1) en Inde du Sud, suggérait] que formation du couple, procréation et reconnaissance des enfants n'ont aucune raison objective de coïncider. 
Les sociologues, de leur côté, ont montré que le mariage, dans les sociétés modernes, a une spécificité qui ne se rencontre pas ailleurs : il tend à être systématiquement conçu comme devant résulter d'un choix personnel reposant sur des affinités électives. 
[...] A tel point que les préoccupations matérielles, quoiqu'elles demeurent évidemment présentes, sont aujourd'hui disqualifiées, dès lors qu'il s'agit de justifier un choix amoureux. De ce point de vue, le mariage homosexuel peut être compris comme une étape de plus dans un mouvement historique de longue durée qui sacralise la liberté de choix individuel et fait de l'authenticité du sentiment la seule norme recevable du mariage.
Cyril LEMIEUX, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 79.
(1) Caractérisé par trois rôles masculins : mari, géniteur et parent responsable.

L'article se termine par une parenthèse...
Toutes les études sociologiques montrent [...] la persistance d'un fait troublant : l'homogamie sociale, c'est-a-dire le fait que bien que nous ayons le choix plus ou moins complet de notre conjoint, nous nous unissons préférentiellement avec quelqu'un qui partage notre statut socio-économique.
Rien de bien "troublant" à cela : difficile de "choisir" un conjoint dans un groupe (social en l'occurrence) dont on ne côtoie pas les membres car ils n'ont pas les mêmes lieux de vie, les mêmes loisirs, les mêmes goûts culturels, les mêmes horaires de travail, etc.

Cause à effet ?

Sous la surface du taux de change...
    2. L'excédent [de la balance commerciale d'un pays] entraîne des entrées de devises dans les coffres de la banque centrale, qui peut les convertir en monnaie nationale, si bien que le taux de change monte. Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 70.
    2.1. Dire qu'un "taux de change monte" est ambigu. Si je peux avoir, mettons, plus de dollars contre mes euros (parce que la valeur de l'euro face au dollar monte), je peux dire "le taux de change monte, c'est cool !". Mais si le dollar prend de la valeur sur l'euro, je pourrais également être amené à formuler "le taux de change monte" car je dois donner plus d'euros pour avoir mes dollars.
    C'est peut-être (aussi ?) pour cela que les spécialistes emploient les termes "taux de change au certain" ou "taux de change à l'incertain". Le taux de change au certain signifie "nombre d'unités de monnaie étrangère que l'on peut obtenir avec une unité de monnaie nationale". Le taux de change à l'incertain signifie "nombre d'unités de monnaie nationale qu'il faut fournir pour avoir une unité de monnaie étrangère".

    L'auteur de l'article veut donc certainement parler du taux de change au certain. Il parle en effet d'excédent de la balance commerciale ; or lorsqu'un pays est excédentaire, sa devise, garantie par plus de richesses à la banque centrale (devises étrangères et or), prend de la valeur. Et c'est bien le "nombre d'unités de monnaie étrangère que l'on peut obtenir avec une unité de monnaie nationale" qui "monte".

    Ceci étant dit, le lien signifié dans l'article, entre hausse de la valeur de la devise du pays et le fait que la banque centrale crée de la monnaie reste obscur. La valeur d'une unité de monnaie augmente si la banque accumule des devises (ou de l'or à une autre époque) sans augmenter sa masse monétaire, auquel cas, chaque unité de monnaie est effectivement adossée à plus de richesse, plus de "valeur" à la banque centrale. A l'inverse, si la banque centrale doit se défaire de son stock, la monnaie en circulation se trouve adossée à moins de richesse et se déprécie. Il faudrait alors dégonfler la masse monétaire pour, éventuellement, maintenir la valeur de la devise.
    La cas de l'article soulève donc une question : si la masse monétaire augmente avec le stock de "richesse" détenu par la banque centrale, la valeur unitaire de la monnaie n'a pas nécessairement de raison d'augmenter...
    L'article se poursuit...
    De ce fait [la hausse du taux de change], les exportations de ce pays deviennent plus coûteuses et diminuent, ramenant les échanges vers l'équilibre. Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 70. 
    2.2. Les produits exportés par le pays en question reviennent plus chers à ses clients et se vendent moins. Si le contrat est libellé en euros, là où un américain mettons, déboursait 1 dollar pour une marchandise de 1 euro, l'évolution du taux de change étant en sa défaveur, il devra débourser par exemple 1,1 dollar pour le même produit. Si le contrat est libellé en dollars, là où l'exportateur vendait son produit, disons 1 dollar, et en obtenait 1 euro au change, il n'en obtiendra désormais plus que 0,9 euros, par exemple. Sa marge est réduite. Donc ses "exportations deviennent plus coûteuses".
    La suite de l'article soulève d'autres questions...
    D'autre part, ces entrées de devises accroissent la quantité de monnaie en circulation, ce qui entraîne la hausse des prix et réduit, là aussi, les exportations. Arnaud PARIENTY, Alternatives Economiques, 12/2012, p. 70. 
    2.3. Ici apparaît un paradoxe : si les entrées de devises font monter le taux de change (au certain) de la monnaie, toutes les marchandises importées sont alors meilleur marché. A l'intérieur du pays, cela contribue à tirer les prix vers le bas. Pourquoi alors l'augmentation de la masse monétaire aurait-elle nécessairement le dessus au point de faire monter les prix ?!
    1. Au Mexique, l'entrée massive de capitaux fait monter le taux de change et surévalue le peso. COMPAGNON, O. (2011), L'Histoire, 12/2012, p. 17.
    1.1 Faire entrer des capitaux dans un pays, signifie que des investisseurs étrangers achètent de la monnaie de ce pays (sa devise). Selon la loi bien connue de l'offre et de la demande, cette devise, réclamée par de nombreux acheteurs, prend de la valeur. Le cours du peso augmente.

    Conditionnement...

    [...] Pendant plusieurs jours, [on] administre à un cobaye un jus de fruit au goût inhabituel, associé à un antihistaminique. Après une pause, [on] réitère l'expérience. Cette fois, le patient reçoit la même boisson, mais accompagnée d'une gélule de placebo. La prise de sang révèle un phénomène surprenant : les anticorps sont plus nombreux, même en l'absence de la substance active antihistaminique. L'organisme a appris à faire la relation entre le goût du jus de fruit et la gélule. Grâce au conditionnement [terme employé par les spécialistes], des médicaments qui n'en sont pas vraiment, peuvent bel et bien influer sur le système immunitaire.
    Mais le plus étonnant dans l'histoire...
    Cet effet placebo ne repose pas sur l'anticipation et n'est pas orchestré par la conscience humaine. Lors d'expériences semblables menées sur des rats, ceux-ci présentent les mêmes réactions immunitaires.
    Sans parler de l'effet placebo des médecins eux-même, que l'on imagine aisément, cet effet est aussi constaté dans le cadre d'opérations chirurgicales...
    [...] A ce jour, les Pays-Bas sont le seul pays d'Europe où les opérations placebo sont possibles. Avant l'opération, les patients [sujets à des douleurs consécutives aux opérations dans la région de l'abdomen : les adhérences] qui se sont portés volontaires pour l'essai clinique, apprennent que seule la moitié des participants sera vraiment opérée. L'autre moitié subira seulement une coelioscopie dont les cicatrices ne laisseront aucune trace. Chaque patient doit ensuite être suivi pendant un an. Ni lui, ni son médecin ne savent à quel groupe il appartient [suivi en double aveugle]. Et le résultat a de quoi surprendre. L'étude néerlandaise a pu montrer que dans les deux groupes, y compris dans celui qui n'a pas été opéré, le même nombre de patients ont vu leur douleur soulagée. Aujourd'hui ils ont besoin de moins de médicaments et leurs analyses sont meilleures. Aux États-Unis, une autre étude a aboutit aux mêmes conclusions, cette fois concernant l'arthrose du genou. Une partie des patients a été opérée, une autre a reçu une simple arthroscopie du cartilage. Quant au reste des candidats, les médecins leur ont tout simplement fait croire qu'ils avaient été opérés. Au bout de deux ans, les médecins ont constaté que dans les trois groupes, le nombre de résultats positifs était exactement le même.
    Arte, Xenius, 01/02/2013.

    On remarquera que le pays européen en avance en ce domaine (proche de l'humain, source potentielle d'économies), est, comme souvent, un pays scandinave...

    Cordes sensibles...

    Magie de la musique ou quand l'émotion et la beauté surgissent avec quelques notes seulement... Par Gustavo Santaolalla...

    Small is beautiful...

    Le rôle joué par les entreprises de taille intermédiaire, entre la PME et la grande entreprise, intéresse de plus en plus les économistes. [Selon une étude menée par deux professeurs de l'Essec sur ces entreprises] en France et dans trois autres pays européens, bien qu'elles ne représentent qu'entre 1 % et 2 % des sociétés, elles génèrent un tiers du chiffre d'affaires du secteur privé et emploient un tiers de la main d'oeuvre. Alors que les grandes entreprises ont supprimé près de 1,5 millions d'emplois dans les quatre pays étudiés depuis trois ans, elles en ont créé 200 000. [...] Elles ont un fort pouvoir sur le tissu économique local, 70 % de leurs fournisseurs étant locaux ou nationaux.
    Alternatives Economiques, 12/2012, p. 50.

    Cet intérêt (supposément) croissant pour les entreprises de taille moyenne, trahit certainement une défiance de plus en plus prononcée à l'égard des grande "multinationales"...

    Secours énergétique...

    Le paiement des factures d'énergie est le premier motif de demande d'aides dans les Centre communaux d'action sociale (CCAS) [...].
    Alternatives Economiques, 12/2012, p. 49.

    Scoopération...

    Sous la surface des Scop (sociétés coopératives et participatives)...
    5. Sauver une entreprise industrielle menacée de faillite en facilitant sa reprise par ses salariés, telle est l'image d'Epinal associée aux Scops. [...] En fait trois nouvelles Scop sur quatre sont des créations ex nihilo. Alternatives Economiques, 12/2012, p. 37.
    4. Depuis le début de la crise en 2008, les reprises d'entreprises en difficulté sous forme de Scop représentent moins de 10 % des nouvelles Scops. Valérie LION, L'Express, 11/2012, p. 90. 
    3. C’est un fait, le modèle coopératif, ou commerce associé, résiste à la crise. Par exemple, sur l’année 2008, alors que le commerce de détail souffrait du marasme ambiant et enregistrait une croissance négative (à -0,3 %), le commerce associé, qui représente près de 26 % du commerce de détail en France, affichait pour sa part une croissance de 4,9 %, contre +5,1 % en 2007. PointsDeVente.fr
    2. Tous métiers confondus, [le chiffre d’affaires des Scops] et leur valeur ajoutée ont doublé en 10 ans. Le taux de survie des entreprises créées en Scop s’élève à 57% au dessus de la moyenne nationale (52% source INSEE). LesScop.fr
    1. L’Organisation internationale du travail (OIT) recommande depuis 2002 la structuration coopérative du travail : Les coopératives ont un rôle d'émancipation en permettant aux couches les plus pauvres de la population de participer aux progrès économiques. Elles offrent des possibilités d'emploi à ceux qui ont des compétences, mais peu ou pas de capital et assurent protection en organisant l'assistance mutuelle au sein des communautés. Wikipédia. 

    "Cachets" ce sein...

    Sous la surface du cancer du sein, ses causes, ses coûts...
    6.[...] Des études faites dans les années 30 et 40 montraient que 30 % des cancers [du sein] survenaient dans [la région de l'aisselle]. Aujourd'hui nous en sommes à près de 60 %. [...] Il s'agit de la zone où l'on applique des produits chimiques [déodorants]. Philippa DARBRE (Cancérologue), Arte, 12/03/2013. 
    5. Coût total du cancer du sein : 3,2 milliards d'euros (2004). Coût total du dépistage organisé : 216,3 millions d'euros en 2008 (plus de 300 millions en 2010 selon l'UFC-Que Choisir). Science & Vie, 12/2012, p. 48.
    4. [...] On attendait une réduction de la mortalité de 30 % [grâce au dépistage]. Or la baisse semble plus faible, voire inexistanteScience & Vie, 12/2012, p. 48.
    3. [... Les chiffres obtenus par les études sur l'impact du dépistage sur la mortalité] sont très différents selon la méthodologie des études considérées [... 21 % de réduction relative en combinant les études]. Seule certitude : la mortalité a beaucoup baissé du fait des progrès des traitementsScience & Vie, 12/2012, p. 48.
    2. Second cancer le plus fréquent en France après celui de la prostateScience & Vie, 12/2012, p. 48.
    1. Son incidence en considérable hausse depuis 1990, serait liée aux modifications de facteurs hormonaux (traitement hormonal substitutif, âge de première grossesse...), à l'alcool et à l'obésitéScience & Vie, 12/2012, p. 48.

    Migrants...

    Dans la grotte de Tam Pa Ling (Laos), à 1170 m d'altitude, [Fabrice Demeter (Museum d'histoire naturelle)] a exhumé le crâne d'un Homo sapiens de 60 000 ans le plus ancien homme moderne retrouvé dans la région. La présence de ce possible ancêtre des premiers Australiens rend crédible l'existence d'autres voies de migration, qui n'auraient pas longé les côtes.
    Science & vie, 12/2012, p. 16.

    Vive le gras...

    Où, une nouvelle fois, l'industrie pharmaceutique entretient le doute sur une supposée calamité sanitaire et plonge, par là même, la Sécurité sociale dans des abîmes de déficit...
    [...] Les statines [molécule prescrite pour réduire le taux de "mauvais" cholestérol] sont le médicament le plus vendu dans l'histoire de la médecine. Pris par 13 millions d'américains, auxquels s'ajoutent une douzaine de millions de patients dans le reste du monde, ils ont représenté un chiffre d'affaire de 27,8 milliards de dollars en 2006. 
    [...] Le coût de l'usage massif de statines se chiffre en milliards de dollars par an, si l'on compte, en plus du prix du médicament, les visites chez le médecin, les tests de niveau de cholestérol, et d'autres examens. 
    [...En France] on peut évaluer le coût global pour la Sécurité sociale à deux milliards d'euros en 2011. Il est en baisse en raison de l'arrivée des génériques, mais les génériques coûtent deux fois plus cher en France qu'en Grande-Bretagne. 
    Or...
    [...] Nombre de chercheurs mettent en doute le besoin de faire baisser le taux de cholestérol
    [...] Les données actuelles invitent à ne pas se préoccuper du tout de son taux de "mauvais cholestérol". Rodney Hayward (Université du Michigan). 
    [...] Dans le seul grand essai clinique financé sur fonds publics et non par l'industrie, aucun bénéfice statistiquement significatif n'a été trouvé.
    [...] La répartition des taux de cholestérol chez les malades cardiaques est le même que dans la population générale. Philippe EVEN (ancien doyen de la faculté de médecine Necker). 
    [...] Les Espagnols ont un niveau de cholestérol LDL [le "mauvais cholestérol"] comparable à celui des Américains, mais leur taux de maladie cardiaque est plus de deux fois inférieur. Les Aborigènes australiens ont un bas taux de cholestérol mais un taux élevé de maladie cardiaque. 
    [...] Les habitants de l'Hexagone [font] deux à trois fois moins d'infarctus que les Américains ou les Anglais alors que leur niveau de cholestérol est identique et qu'ils mangent plutôt plus de graisses animales.[...] La principale explication reste [...] que la consommation de vin par les Français les protège un peu de l'infarctus
    [... Dans une étude récente dont les résultats ont été retardés par l'industrie pharmaceutique] les patients qui ont reçu le médicament qui fait le plus baisser le taux de cholestérol ont vu leur degré d'athérosclérose [accumulation dans la paroi des artères d'un des deux transporteurs du cholestérol (une lipoprotéine)] progresser davantage. 
    [...] Dès 1959, des chercheurs américains et japonais ont montré que l'aorte des Japonais avait autant d'athérosclérose que celles des Américains. Or les Japonais avaient un bas taux de cholestérol. 
    [...] Une étude de 1962 montre que manger des aliments riches en cholestérol, comme les oeufs, n'augmente pas le taux de cholestérol dans le sang. 
    [...] Une étude indienne de 1967 [...] sur plus d'un million d'employés des chemins de fer indiens pendant cinq ans [a montré que] la mortalité cardiaque était près de sept fois plus élevée à Madras qu'au Pendjab, alors que les habitants du Pendjab absorbent presque dix-huit fois plus de graisses, principalement d'origine animale. [...] Le taux de cholestérol des guerriers nomades Masaï est le plus bas jamais mesuré, alors que 60 % des calories qu'ils absorbent sont dérivées de graisses saturées. En 1975, un chercheur anglais s'est demandé ce qu'il en était de Masaï urbanisés de Nairobi. Réponse : alors que leur alimentation comportait beaucoup moins de graisses animales, leur taux de cholestérol avait grimpé de 25 %. [...] Plus de trente autre études ont montré que les malades cardiaques ne se sont pas plus nourris que les autres de graisses animales. Huit études ont même montré que les victimes d'attaque cérébrale ont moins pris de graisses saturées que les autres. Et aucune étude n'a montré que la maladie cardiaque serait plus fréquente dans les pays où l'on mange plus de graisses saturées. Uffe RAVNSKOV (Médecin et chercheur danois). 
    [...] Les statisticiens disent que le "nombre de sujets à traiter" (NST) pour qu'une personne tire un bénéfice [du Lipitor de Pfizer, une statine] est de 100. [...A titre de comparaison, le NST du] traitement antibiotique [...] contre l'ulcère à l'estomac [...] est de 1,1. Pour 11 malades qui reçoivent l'antibiotique, dix sont guéris. 
    [...] Les statines sont en usage depuis vingt ans et on ne voit guère de réduction du NST à mesure que la durée du traitement s'allonge. 
    Mais alors, d'où ça sort ?
    [...] Le dogme s'est installé dès les années 1960, en raison de l'énorme succès de deux études qui ont été prises pour argent comptant : l'étude dite des "six pays" publiée par l'Américain Ancel Keys en 1953 et la grande enquête américaine dite de Framingham [...] en 1961. Tronquée et fallacieuse, l'étude des "six pays" prétendait montrer que la maladie cardiaque était directement corrélée aux taux de graisses animales dans l'alimentation. Les responsables de l'étude de Framingham, eux, prétendaient apporter la preuve que le risque d'infarctus est lié à un taux de cholestérol élevé, alors même que les données qu'ils avaient compilées démontraient le contraire. Uffe RAVNSKOV (Médecin et chercheur danois).
    Et pourquoi ça continue ?
    [...] Il est presque impossible d'éviter de tomber sur une publicité rappelant que ces médicaments [les statines] sont vitaux. 
    [...] La publicité est souvent mensongère ou biaisée
    [...] Les principaux essais cliniques qui ont servi à justifier la prescription des statines ont fait l'objet de différentes formes de trucages et de manipulations par les industriels qui les ont commandités. [...] Le témoignage [de Barbara H. Roberts, profosseure associée à Brown University, The truth about statins, Gallery Books, 2012] est d'autant plus intéressant qu'elle a elle-même participé à certains de ces essais.
    [...] Les principaux universitaires américains qui défendent la cause des statines sont rémunérés par l'industrie
    [...] L'essai avait été stoppé après moins de deux ans, soit deux ans avant le terme prévu, ce qui était en l'occurrence, contraire aux bonnes pratiques cliniques. [...] Dans le rapport, les chiffres de la mortalité cardiovasculaire étaient masqués ! [...] Les chiffres présentés étaient cliniquement impossibles. Contradictoires. [...] Cerise sur le gâteau : les courbes de mortalité avaient été grossièrement falsifiées. Michel de LORGERIL (Cardiologue, chercheur au CNRS). 
    Les malades recrutés sont de fait, bien souvent, des malades idéaux, sans grand rapport avec le monde des malades réels. [...] Une autre méthode [pour biaiser les études] consiste à réduire le nombre des années mais à augmenter le nombre de malades, en faisant croire que cela revient au même. Philippe EVEN (ancien doyen de la faculté de médecine Necker). 
    [...] Pfizer [fabriquant du Lipitor] objecte que [...] si des millions de gens prennent des statines, même le petit avantage procuré par un NST supérieur à 100 signifierait que l'on évite ainsi des milliers d'attaques cardiaques. 
    [...] L'industrie et les autorités de santé minimisent les effets secondaires des statines. [...] On évalue à 10 à 15 % la proportion des usagers de statines souffrant d'effets secondaires, notamment de douleurs musculaires, des troubles cognitifs et des dysfonctionnements sexuels.
    Et le comble...
    [...] Le cholestérol LDL fait parti d'un système immunitaire méconnu. Les lipoprotéines LDL qui transportent le cholestérol captent aussi les toxines bactériennes et virales et les inactivent. De fait, des études portant sur des dizaine de milliers de sujets ont montré qu'un bas taux de cholestérol est un facteur de risque pour les maladies infectieuses. Et plus de vingt études montrent que les personnes âgées ayant un taux de cholestérol élevé ont une plus grande espérance de vie que la moyenne. Uffe RAVNSKOV (Médecin et chercheur danois). 
    [...] Ce qui marche vraiment, c'est le mode de vie, l'exercice, une alimentation saine et la réduction du poids. [...] Ces remèdes ont aussi un NST élevé, mais leur coût est beaucoup moins élevé que celui des médicaments, et ils améliorent la qualité de vie. Jerome HOFFMAN (Université de Los Angeles).
    Mais tout n'est peut-être pas perdu...
    C'est peut-être en train de changer, cependant. L'industrie pharmaceutique va mal : tarissement des découvertes, expansion des génériques, amandes gigantesques pour ses falsifications. Et la FDA américaine, qui mène le jeu réglementaire, se fait de plus en plus exigeante. Elle impose désormais aux industriels de déposer à l'avance tous les détails de l'organisation de l'essai projeté, y compris les modalités d'arrêt. On dit qu'elle va leur imposer de permettre l'accès libre à l'ensemble des données réelles de chaque essai. Philippe EVEN (Ancien doyen de la faculté de médecine Necker).
    Books, 02/2013, p.24 - 43.