Jamais je n'aurais pensé me retrouver un jour minoritaire, sur le plan racial, culturel, religieux, au point de faire figure de perdant historique sommé de renoncer à ma culture pour mieux "accueillir l'autre".« Minoritaire sur le plan racial »...
Si l'on passe outre cette première définition du mot race...
[...] Catégorie de classement biologique et de hiérarchisation des divers groupes humains, scientifiquement aberrante, dont l'emploi est au fondement des divers racismes et de leurs pratiques. Petit Larrousse, 2005.... et que l'on se restreint à la race entendue comme...
[...] Subdivision de l'espèce humaine en Jaunes, Noirs et Blancs selon le critère apparent de la couleur de la peau. Petit Larrousse, 2005.... quelles sont alors les races représentées par ces hommes ? Où commencent-elles ? Où finissent-elles ?
Ce montage a été réalisé en à peine une heure en puisant dans les 60 joueurs de foot professionnels listés sur le site de la FIFA, à la seule lettre B. Il serait un peu plus coûteux en temps mais tout aussi simple de proposer un gradient continu (et même plus fin, plus subtil) parcourant toutes les couleurs de peau et les morphologies de l'espèce humaine.
Si il est, en pratique, impossible de classer les hommes selon le principe de race, que veut donc dire "minoritaire sur le plan racial" ? Objectivement, rien. Mais dans un cadre subjectif, on l'a bien compris, il s'agit pour Richard Millet, de signifier qu'il trouve ses concitoyens trop "bronzés", "noirs", "bridés", "crépus", "jaunes", "café-au-lait", etc.
Et s'il suffit de prendre le RER B à la Courneuve au petit matin, pour se considérer en minorité sur le plan ethnique, autant passer devant l'ANPE au petit matin pour se considérer comme appartenant à une minorité de gens qui veulent encore travailler, passer dans un troquet en milieu d'après-midi pour s'inclure dans la minorité des buveurs d'eau minérale, etc.
La culture se définit comme l'ensemble des usages, des coutumes, des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent et distinguent un groupe, une société mais aussi, comme un ensemble de convictions partagées, de manières de voir et de faire qui orientent plus ou moins consciemment le comportement d'un individu, d'un groupe. Le petit Larrousse, 2005.
Il ne fait aucun doute qu'on puisse trouver sans mal un cadre en entreprise ou un "intellectuel" parisien, d'origine étrangère, quelle qu'elle soit, avec qui Richard Millet partagerait, un mode de vie, une sensibilité culturelle et artistique, une conception de la religion et de la morale, plus proches, qu'avec une majorité de français "pure souche" qui pour la plupart d'entre-eux, ont un mode de vie qui a peu à voir avec la vie parisienne, ne vont jamais au théâtre ou à l'opéra, sont moins de 5 % à pratiquer leur religion (parmi les catholiques, comme Richard Millet), et auraient probablement du mal à bavarder éthique, religion ou beaux-arts avec l'écrivain... INSEE, Wikipedia.
« Minoritaire sur le plan religieux »...
L'Etat ne recense pas l'appartenance religieuse des citoyens. Il faut donc confronter diverses enquêtes et autres sondages pour avoir une idée de la proportion de catholiques dans la population française. Quelques résultats classés des plus récents aux plus anciens (provenant de sites qui indiquent leurs sources)...
41,6 % ...
51 % ...
Sondage CSA, 2007
80 % ...
62 % ...
Appartenance religieuse
|
Pourcentage dans la population
|
Catholiques |
62%
|
Musulmans |
6%
|
Protestants |
2%
|
Juifs |
1%
|
Sans religion |
26%
|
Linternaute.com, Sondage CSA, 2003.
Comme on s'en doutait, les catholiques restent largement majoritaires dans tous les cas, même pour le chiffre le plus bas trouvé sur le Web, à 25 %, qui par ailleurs, hasard ou pas, ne cite pas ses sources...
Pourquoi Richard Millet dit-il être "minoritaire sur le plan religieux" ? Dans la mesure où il est un écrivain français qui s'adresse, à priori, à des lecteurs français, ces mots font implicitement référence à une hypothétique minorité catholique. Comme on ne peut pas, en France, être minoritaire sur le plan religieux et catholique dans le même temps, si le but de Richard Millet n'est pas d'instiller une idée-fausse, ou qu'il n'a pas une étude rigoureuse qui viendrait démentir les chiffres évoqués ci-dessus, c'est alors qu'il est protestant, juif ou musulman...
A l'inverse, pour ce qui suit, le propos mérite réflexion, quand bien même on ne partage pas son point de vue...
Je voudrais rappeler qu'une grande partie de ma réflexion vise à comprendre la concomitance du déclin de la littérature et la modification de la France et de l'Europe toute entière par une immigration extra-européenne massive et continue, avec pour éléments intimidants les bras armés du salafisme et du politiquement correct au sein d'un capitalisme mondialisé, c'est-à-dire le risque d'une destruction de l'Europe de culture humaniste , ou chrétienne, au nom même de l'"humanisme" dans sa version "multiculturelle".
[...] Ainsi, le multiculturalisme n'est-il qu'une des formes de la décomposition culturelle, spirituelle et sociale de l'Europe, première étape d'une émigration dans le "genre humain" de l'indigène bientôt indifférencié, donc interchangeable, voire déshumanisé.
[...] Dans Langue fantôme, je tente de montrer que la perte du style, est aussi celle de la langue, donc de la littérature, et que l'affadissement croissant de la littérature conduit à la violence multiculturelle comme au soft totalitarisme mondialisé sous l'espèce de la démocratie américaine autant que de l'islamisme capitalistique, dont le Qatar est le modèle le plus pernicieux.
Richard MILLET, L'Express, 09/2012, p. 103.
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