[...] Le point de départ de la crise de 2008, c’est l’accaparement par la Chine et d’autres, grâce à leurs bas salaires, d’une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c’est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C’est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s’endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s’élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l’échelle mondiale. Ainsi, l’endettement est appelé à compenser l’insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser, et les revenus, comme les importations, par s’effondrer [...]. Emmanuel TODD, Le Point, 13/12/2011.
[...] Et puis, d'un autre côté, comme tout ce beau mécanisme fonctionne pour dégager un taux de profit à 15 %, il y a une accumulation d'argent en haut de la structure sociale. [Or] les gens riches ont leurs problèmes : que faire de leur argent ? Prêter à l’État ! C'est totalement génial. Puisque vous avez, ou vous croyez avoir, une sorte de garantie maximum. [...]. Emmanuel TODD, BFM, 02/12/2011.