Irving Kirsch a découvert que les placebos étaient trois fois plus efficaces que l'absence de traitement [et] surtout, les placebos étaient à 83 % aussi efficaces que les médicaments. [...] La différence moyenne entre les molécules actives et les substances neutres n'étaient que de 1,8 point sur l'HAM-D [échelle de Hamilton, questionnaire mesurant la sévérité des symptômes de la dépression], différence significative du point de vue statistique mais non du point de vue clinique.
Marcia ANGELL, Books, 02/2012, p. 25.
[...] Ces médicaments sont nettement plus efficaces que les placebos lors d'essais contrôlés en double aveugle [ni les patients, ni les médecins ne savent quels cachets sont actifs, quels cachets sont placebos]. [...] Ces substances sont efficaces à court terme, ce sont les effets potentiels à long terme qui [peuvent être] remis en question.
[...] Dans sa méta-analyse de six produits, [Kirsch] a découvert que les médicaments actifs sont en fait substantiellement plus efficaces que les substances neutre. Kirsch rejette ensuite cette différence statistique en estimant qu'elle ne représente pas de "signification clinique" [...] . Mais d'autres chercheurs ne sont pas de cet avis. Par exemple Eric Turner et ses collègues (sans financement de laboratoire). [...] Tout en reconnaissant que les laboratoires ont exagéré l'efficacité apparente de ces produits [...], ils n'en ont pas moins révélé que les douze antidépresseurs sont statistiquement supérieurs aux placebos.
Daniel CARLAT (Professeur de psychiatrie à l'université Tufts, Boston).
Konstantinos Fontoulakis a montré que la méta-analyse de Kirsch était défectueuse : il avait mal calculé la différence moyenne entre médicaments et placebos (qui est en fait de 2,68, et non de 1,80) et exagéré ses conclusions.
Richard FRIEDMAN (Professeur de psychiatrie clinique).
[...] Mais la différence observée est très faible. [...] Kirsh a émis l'hypothèse que même ce petit effet pourrait ne pas être réel, dans la mesure où les patients qui reçoivent l'antidépresseur plutôt qu'un placebo inerte ressentent des effets secondaires susceptibles de leur révéler qu'une substance active leur est administrée, ce qui les incite à signaler une amélioration de leur état. A l'appui de cette hypothèse, Kirsch fait référence à quelques essais avec des placebos produisant eux-même des effets secondaires, où aucune différence n'a été constaté entre les médicaments et les substances neutres.
Marcia ANGELL, Books, 02/2012, p. 25.
Kirsh ajoute à l'appui de sa thèse que, plus les effets secondaires sont sévères, plus le moral des patients s'améliore.
[...] Si deux essais montrent que le médicament est plus efficace qu'une substance neutre, il est généralement homologué. Mais les labos peuvent financer autant d'expériences s'ils le veulent, dont la plupart peuvent se révéler négatives. Deux tests positifs suffisent pour justifier une AMM [Autorisation de Mise sur le Marché]. Notons au passage que les résultats des essais d'un même médicament peuvent différer pour de nombreuses raisons, notamment la façon dont le test a été conçu et mené, sa taille et les types de patients étudiés.
[...] Les laboratoires veillent à ce que leurs études positives soient publiées dans des revues médicales et portées à la connaissance des médecins, alors que les expériences négatives croupissent dans les archives de la FDA [Food and Drug Administration], qui considère qu'elles relèvent de la propriété privée et sont donc confidentielles.
Marcia ANGELL, Books, 02/2012, p. 25.
[...] En 2008, une analyse portant sur 74 essais cliniques d'antidépresseurs a montré que trente-sept études positives sur trente-huit avaient été publiées ; mais trente-trois des trente-six études négatives ne l'avaient jamais été, ou seulement sous une forme faisant ressortir un élément positif.
Il semble en fin de compte, ils semble bien que comparer les nouvelles molécules à des placebos soit un moyen de noyer le poisson...
[...] Un biais courant vient d'une pratique des firmes : le médicament est comparé à un placebo et non à un médicament existant, seule comparaison qui serait pertinente.
[...] Les médecins sont amenés à croire que les médicaments de marque nouveaux et plus chers sont supérieurs aux médicaments plus anciens ou aux génériques, même si cela n'est pas établi, les commanditaires ne comparant généralement pas leurs nouveaux produits aux anciens, administrés en même quantités.
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