On s'est rendu compte, par exemple, que pour le blindage des portes, plus vous aviez de diplômes, moins votre porte était blindée.
Causalité ou corrélation ? Lorsque l'on a plus de diplômes, a priori, l'on dispose d'un meilleur niveau de vie, donc d'un logement équipé et meublé avec plus de moyens, donc qui requiert une meilleure protection. N'est-ce pas, en réalité, que les diplômés peuvent se permettre des portes moins souvent blindées parce qu'ils ont les moyens d'investir dans des alarmes ? Ou surtout parce qu'ils ont les moyens de se loger dans des quartiers ou des immeubles mieux "sécurisés" ?
[...] Les dogons disent qu'une serrure sert non pas à fermer mais à ouvrir. [...] En français, l'idée d'ouverture apparaît en 1080, mais il a fallu attendre un siècle, 1180, pour qu'apparaisse la fermeture. [...] On peut se poser pleins de questions : sociétés ouvertes ? Sociétés fermées ? Est-ce un développement urbain ? Est-ce que de grandes peurs apparaissent ?
[...] Il a fallu attendre le XVe siècle pour qu'une serrure puisse se fermer de l'intérieur (sic)[l'auteur se trompe ici, il veut dire "extérieur", comme ça se confirme ci-après...]. Jusque-là, les serrures ne servaient qu'à ouvrir. [...] C'est-à-dire qu'à l'intérieur on se barricadait [au sens littéral, donc puisque la serrure n'existe pas] quand on se couchait. Sinon la porte était ouverte toute la journée. Il faut se rendre compte que dans ces sociétés traditionnelles, il y avait toujours du monde dans la maison. Et il a fallu donc l'urbanisation pour qu'on ait besoin de plus en plus de rentrer et de sortir, et on voit apparaître, donc au XIVe-XVe siècle, une serrure qui ferme de l'extérieur, et enfin de l'intérieur. Si vous voulez des preuves, vous allez aux Arts déco où il y a une chambre du XIVe siècle : ils se sont trompé, ils ont mis la porte à l'envers. Ils ont mis la serrure à l'intérieur, ils auraient dû la mettre à l'extérieur.
L'Arc de Triomphe ne servait pas tant à glorifier l'homme qui passait dessous qu'à le décharger. Et quand César, après ses triomphes, passait l'Arc de Triomphe, une porte au forum, un esclave lui sussurait à l'oreille "N'oublie pas que tu n'es pas un Dieu".
Le fornix, ce sont les premiers arcs voûtés en maçonnerie, et qui ont été au départ les premiers passages qui permettaient d'honorer un visiteur dans Rome. Et puis finalement, cela a été repris par l'ensemble des habitants comme une habitude pour consolider les maisons les unes contre les autres : entre chaque maison, on mettait une voûte. Et puis certaines dames s'y sont mis à l'abris, et du soleil et de la pluie. Et puis l'on a pensé que sous les fornix, c'était des forniqueuses, et un peu plus loin on a mis des maisons que l'on a appelé maisons de fornication. Et voilà comment une histoire maçonnique se déplace vers une histoire érotique.
Pascal DIBIE, France Inter, 3D le Journal, 30/12/2012.
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