Ce qu'une maman peut faire pour son enfant aveugle peut s'exprimer simplement : lui donner naissance une seconde fois. C'est ce que la mienne fit pour moi. Mon seul travail à moi, était de m'abandonner à elle, de croire ce qu'elle croyait, de me servir de ses yeux chaque fois que les miens me manquaient. A la compétence, elle a ajouté l'amour, et l'on sait bien que cet amour là dissout les obstacles mieux que le feraient toutes les sciences. [...] La cécité est un obstacle, mais ne devient une misère que si l'on y ajoute la sottise. [...] Il existe pour un enfant aveugle une menace plus grande que toutes les plaies, et bosses, que toutes les égratignures et que la plupart des coups, c'est l'isolement à l'intérieur de lui-même. Pour éviter cette tragédie, il suffit, je le répète, que les voyants ne s'imaginent pas que leur manière de connaître l'univers est la seule.
Jacques LUSSEYRAN (1953), Et la lumière fut. La table ronde.
Cité par Jean-Claude AMAISEN, France Inter, Sur les épaules de Darwin, 24/11/2012.
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