[...] Minsky alerte sur le mode spéculatif du financement [par] l'Etat : renflouer à chaque crise les agents privés par un endettement public croissant sans prendre de mesures plus fondamentales, c'est dévoyer la pensée de Keynes en pratiquant "le socialisme pour les riches".
[...] L'Etat et sa banque centrale, selon [lui], ne peuvent se contenter du rôle strictement financier de prêt-relais. Ils doivent mettre en place une forte réglementation bancaire et financière et cesser de vouloir réguler le crédit par le seul moyen des taux d'intérêts. Ils doivent favoriser le marché des actions aux dépens des produits de dette. Ils doivent aussi négocier le rachat de dettes illiquides contre un rôle économique actif du secteur public, visant délibérément le plein-emploi, y compris comme employeur direct. [...] Un large secteur public a aussi pour fonction d'absorber les vagues créées par l'instabilité de la sphère privée. Par contraste, Minsky suggère une limitation active de la taille des acteurs privés, pour limiter le développement d'entités trop grosses pour faire faillite, de sorte que le système se régule par de petites faillites régulières, plutôt que par un maelström rare, mais incontrôlable, affectant des entités privées gigantesques.
Le Nouvel observateur, Hors-série, Le pouvoir et l'argent, 11/2012, p. 75.
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